« Je suis tellement désolée. Je sais que je t’avais promis de ne plus jamais le faire mais le monde en a voulu autrement… » Arielle était inconsolable, le cœur brisé, sans parler de la culpabilité qu’on peut ressentir à l’idée de rompre une promesse, de décevoir quelqu’un. Au bord des larmes, elle n’osait pas regarder son acolyte, qui la fixait avec jugement et grondait son mécontentement… « Je ne voulais pas que tu ais à subir ça… je me sens si souillée…  » Aucune réponse. Pas étonnant, elle avait brisé sa confiance et depuis, il gardait un silence buté, il la trouvait certainement indigne de son attention. « Pardonne-moi R2. Mais je dois quitter la batcave pour la journée.  » Elle avait posé un délicat baiser sur la tête du petit robot de star wars, toujours sans lui tirer un son, et avait attrapé son sac. Lunettes fumées en place pour se protéger du soleil trop longtemps ignoré, et elle était fin prête. Armée de sa carte et de la maudite pile de papiers qu’elle avait promis d’amener pour sa « conférence », notre sirène franchit les nombreux escaliers qui séparaient son bunker hi-tech de la vie réelle.

La réelle question qu’on se pose idiote, c’est pourquoi tu te décides à sortir de ton nid là, précisément, après des années à jouer la morte et à vivre des services de livraisons en ligne. Ah … simple. Son ancien lycée avait téléphoné. Apparemment, un de ses enseignants de l’époque – à qui elle devait beaucoup pour l’avoir recommandé chaudement auprès de l’université où elle a fait ses études, lui avait demandé de donner un cours. ELLE! Devant une classe! Comme si elle pouvait parler en publique, ou même, affronter des gamins è.é ! NOES! Mais ce vieillard avait fait sa part, elle devait payer sa dette. Elle y croyait elle, à l’honneur vulcain! Oui bon… des années dans un sous-sol avec les DVD de star trek, ça ravage une femelle, croyons-y. C’est à se demander comment un mec a pu l’endurer aussi longtemps par le passé… Bah quand on y pense, elle est divertissante. Et fait un excellent gâteau au chocolat *0* ! Et qui d’autre qu’elle peut traquer papa Noël avec des pièges… tsss. Bon ok, nostalgie tu nous prends, faiblesses aussi!

Nerveuse comme dix alors qu’elle se baladait dans les couloirs du lycée, animés de gamins qui ne remarquaient même pas sa présence, elle en était à savourer son dixième café. Elle, en mode panique! MAIS QU’ON VOUS Y VOIT! Affronter la vie sauvage de l’adolescence alors qu’elle s’était promis de vivre comme yoda, seule dans sa caverne! Le corps humain ayant sa limite, elle en était là dans sa réflexion lorsque les besoins naturels l’appelèrent. Encore une fois, ne confondons pas son âme de stalker à sa déficience sociale. À sa décharge, on dira que dans son sous-sol, il n’y avait aucune distinction entre les hommes et les femmes…Et c’est pour cette raison que le pictogramme, trop différent de son binaire habituel, ne la mis pas en garde lorsqu’elle pénétra dans la toilettes des hommes. Et les mecs qui se paient ta tête et sortent en vitesse alors que tu marche tout lentement dans la salle? Une coïncidence…Et pour ce qu’elle se souciait des autres… Arielle en était à se planter devant une urinoire, sans remarquer son copain d’urgence naturelle alors qu’elle se fit la réflexion, avec un air impressionné :

« Alors il existe enfin une version pour femmelles? Fascinant! Le monde a changé depuis mon exil!  » …. Te parler à voix haute? Vraiment. Mais t’es bête… Oh mais vous n’avez rien vu! Alors qu’on croyait le fond du baril atteint, son regard se posa sur son voisin, tout bonnement entrain de … ouai bon. MAMAMIA O.O Le démon était revenu?! OH NON PAS LUI!!! Et pas une ride! Palpitation, une main qui touche nerveusement ses cheveux comme pour s’assurer qu’ils sont en place. Rouge aux joues… à croire que pour la première fois depuis bien longtemps, elle se demandait si elle était au mieux et si elle avait un truc entre les dents!... Une fois la crise cardiaque passée, elle se raisonna intérieurement : ressemblance, impossible qu’il n’ait pas changé en six ans. Impossible qu’il soit ici. IMPOSSIBLE! Et arrête de le fixer pendant qu’il est à la salle de bain… Naméo… Elle baissa les yeux, pour ne pas le mettre malalaise mais, instinctivement, son regard de perverse se posa sur l’équipement de son vis-à-vis…Et on ne parle pas de tournevis! O.O Ressemblance on veut bien… Mais elle avait devant elle destructator! Un vieu camarade de sport! Sans se soucier qu’on pourrait l’entendre – heureusement il n’y avait plus personne, elle s’exclama en relevant son minois vers l’intrus :

« è.é ZACH! GROS OBSÉDÉ! C’EST LA TOILETTE DES FEMMES! » ………. Ok. On abandonne. Que la guerre commence.

Il y avait une chose qui différenciait parfaitement les femmes des hommes. Et cette chose, les hommes préféraient la faire seuls, tranquilles, de leur côté. Tandis que les femmes choisissaient de la faire en groupe, telle une meute préparant un plan démoniaque. Peu importe ce qu'elles foutaient pendant cette chose, les hommes se contentaient d'aller à l'essentiel. Pour faire simple, les hommes se contentaient de pisser. Et c'était précisément ce que Zachariah s'apprêtait à faire entre deux cours. On sait, ça en décevrait plus d'une, mais comme tout le monde, il avait des besoins simples et essentiels. Aller aux toilettes en faisait partie.
Après un énième cours à mourir d'ennui, après un énième cours à écouter ce qu'il savait déjà, il avait donc pris la direction des toilettes : seul. Parce qu'il n'avait pas besoin de compagnie. Parce qu'il pouvait très bien faire son affaire tout seul et qu'il était capable de la tenir sans l'aide de personne.
On sait, vous allez nous dire que, de toute manière, il avait tendance à faire les choses seul dans le coin. Un lycéen solitaire, ça existait. Mais un lycée de 470 ans présent sur cette Terre pour protéger l'équilibre... c'était plutôt rare. Rajoutez un côté demi-démon, et vous obtenez un cas unique.
Malheureusement pour lui, heureusement pour les lycéennes auprès desquelles il avait du succès, il était figé à un âge qui avait le don de l'irriter. Rien d'étonnant donc à le voir rembarrer un crétin de puceau en chemin. Et, de son côté, il ne serait pas étonné à ce que le dit lycéen décide de s'en plaindre à ses copains pour venir l'attendre après les cours... quelle belle preuve de courage.

« Hey Cooper, t'as encore pleuré chez ta mère hier ? »
« Hey Connard, tu sais que je me suis tapé la tienne ? »

Sur le coup, le lycéen lui avait lancé un air choqué et était resté bloqué de manière ridicule près de son casier.
Zachariah lui était passé devant sans qu'un son ne franchisse ses lèvres. Hum, la réplique était classique mais le QI de la population du coin ne permettait pas une grande répartie.

« Quand t'auras trouvé quelque chose à me répondre, tu m'appelles ? »

Le sourire de merdeux qui était venu sur ses lèvres, il n'avait rien de rare.
Oui, il était au lycée et blasé de l'être. Oui, ses camarades au masculin ne l'appréciaient que très peu. Ce qu'il expliquait, avec un brin d'arrogance, par de la jalousie. Mais, ce n'était pas pour autant qu'il se la fermait systématiquement.
La conclusion à tout ça était des visites fréquentes chez le proviseur. Visites qui avaient le don de plaire tout particulièrement à son frère aîné bien entendu.
On l'aura compris. Zach n'était pas d'humeur à être provoqué. Tout ce qu'il demandait : la paix. Chose qu'il avait naïvement espéré obtenir dans les toilettes. Ah ça, le démon lui avait laissé l'illusion. La bête lui avait laissé le temps de commencer son affaire avant de débouler dans les toilettes.
Quand il avait entendu la porte s'ouvrir, il n'avait pas tourné la tête. Qu'un crétin de plus vienne profiter des toilettes n'était pas son soucis. Mais quand il avait entendu certains de ses congénères se mettre à rire et d'autres se plaindre, il avait prêté plus d'attention à la nouvelle entrée. Vous êtes prêt ? Un Zach en mode figé dans ... 3... 2... 1....

« ... »

Oh non, il n'était pas sans voix parce qu'une femme venait de se planter de toilettes.
Non, il était sans voix parce que cette femme avait un jour partagé sa couche... de manière plutôt exclusive si vous voulez quelques précisions. Pour faire plus clair ? Celle qui s'était pensée homme était son ex. Et pas n'importe laquelle ! Une ex avec qui il avait eu une vraie relation... en quelque sorte... ça s'en rapprochait plutôt pas mal. Une ex qui avait disparu du jour au lendemain en mode « je suis morte, inutile de m'organiser un enterrement ».
« Alors il existe enfin une version pour femelles? Fascinant! Le monde a changé depuis mon exil!  » ... ouais, pas de doute, c'était bien elle ! Il n'y avait qu'Arielle pour se pointer dans les toilettes des hommes et sortir ce genre de répliques.
Mais l'heure était-elle réellement à l'hallucination ? Etait-ce bien le moment de rester planté là à pisser ?
La réponse était non. Elle ne l'avait pas remarqué et mieux valait prendre la fuite avant... avant qu'Arielle ne le remarque comme elle venait de le faire là. Avant qu'elle ne se décide à fixer une partie de son anatomie qui ne se fixait pas même quand on la connaissait plutôt bien.
Et c'était cette partie qui avait semblé lui faire définitivement reconnaître son partenaire en chambre. Il aurait trouvé ça plutôt flatteur... disons en quelque sorte dans une autre situation.

« Non. »

Une réponse aussi courte devant cette accusation assourdissante ?

« Ici... ce sont les toilettes des hommes. »

Et il avait apporté le point final à cette affirmation en rangeant son engin et en remontant sa braguette dans un juron. On ne pouvait donc plus pisser tranquille ? On allait leur retirer ce dernier droit ? Aux armes !
... plus tard. La révolution viendrait en un autre temps. A vrai dire, si Zachariah avait vu venir son ex plus tôt, il se serait arrangé pour sortir en toute discrétion. Et si vous vous demandiez pourquoi, sachez tout simplement qu'aux yeux de la belle, il aurait du prendre quelques années.

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

Tout dépendait du là. Ce qu'elle foutait dans les toilettes des hommes ? Probablement une erreur involontaire de jeunesse. Ce qu'elle foutait dans son lycée ? Peu de chances qu'elle le stalke. Ce qu'elle foutait encore en vie ? Et bien, elle n'était jamais morte. Maintenant qu'on avait répondu aux questions de la perverse, est-ce qu'on aurait le droit à une petite salutation plus chaleureuse. Un petit « Tu m'as manqué Arielle. Je suis si content de te revoir quand je te croyais six pieds sous terre »

« On t'as jamais appris à laisser un mot quand tu te cassais ? »

On lui avait pas appris à différencier les toilettes hommes des toilettes femmes... alors y'avait peu de chances qu'elle connaisse les formalités de départ.

Avait-il vraiment fallu que son regard se pose sur « Destructator » pour qu’elle reconnaisse son ex ? Bah, pour notre défense, nous soutenons que les jedis sont beaucoup plus facile à reconnaître de par leur sabre laser ! Et pour cette raison, elle avait du y jeter un œil afin de s’assurer s’il était du côté du bien ou du côté du mal. Difficile à dire, son sabre laser à lui, n’était ni rouge ni bleu… è.é qu’à cela ne tienne, l’innovation capote fluo existe désormais… Ok on sort ! Peu importe la façon dont elle avait fait 1+1, le résultat était le même : elle se retrouvait devant son ex alors qu’à  toute fin pratique, elle aurait du être morte à ses yeux. C’était la seule façon de protéger celui qu’elle prenait pour un humain frêle, de la meute qui voulait sa peau. Morte ce n’est pas compliqué ! Morte, ça impliquait de ne jamais le revoir, de ne plus jamais lui parler, de ne plus jamais filer des bonbons aux gamins du voisin pour les rendre hyperactifs et faire payer à ce fourbe d’avoir interrompu leur soirée tranquille avec sa musique affreuse… Morte à ses yeux, c’était l’oublier, ne plus jamais y penser et essayer de ne pas crever de douleur. Et surtout, en JAMAIS lui monter qu’il avait pu lui manquer. Parce que ça, c’était le mettre en danger…

Elle n’aurait jamais cru que jouer la morte, était aussi difficile.  Quand on y pense, en six ans, elle l’avait rayé de sa vie, avait oublié jusqu’aux nuits torrides et noyé sa peine avec de nouvelles figurines de Star Wars. Ça ne semblait pas si difficile, de tirer un trait quand il ne se retrouvait plus du tout devant ses yeux. Son visage s’était estompé avec le temps, et la douleur aussi, elle c’était conforté dans la certitude que le rayer de sa vie, c’était le protéger. Ça et ses nombreux défauts, beaucoup plus facile à lister quand son sexappeal ne vous brouille pas le jugement è.é…. Arielle… Faiblir pour un gamin, à vingt-trois ans, c’est bête. Faiblir pour un gamin une fois le cap de la trentaine franchit, c’est pratiquement perturbant ! NAMÉO. Qui a dit qu’elle faiblissait ! C’était la nostalgie qui avait fait loupé un battement à son cœur. C’était la mémoire qui lui jouait des tours lorsqu’elle se revoyait, une fois sa décision prise, abandonné tout derrière, en passant une dernière fois une main sur son visage endormi. Chassant rapidement tout sentiment pour conserver son air en contrôle – mature, elle avait bien vite réaliser qu’elle ne pouvait tout bonnement pas garder son calme avec lui… Six ans d’absence, et elle l’accueillait avec des reproches.

« Non. » Sa voix. Toujours la même è.é Toujours aussi chiante. Une partie d’elle avait envie de l’étrangler juste à l’entendre ! Ne surtout pas le regarder. SURTOUT PAS ! «Ici... ce sont les toilettes des hommes. » Un regard autour lui suffit faire 1+1. Bah forcément, il n’y avait qu’Arielle pour ne pas réaliser son erreur, pour ne pas remarquer que les urinoirs, c’est rarement côté femme. Bon ok, il avait raison… Mais allait-elle l’avouer si facilement ? S’excuser, s’expliquer ? Elle était quand même rendu à 31 ans, mature, calme, vieillie… Elle devait agir comme telle …. « è.é HAN !!! Tu devrais avoir honte de changer les dessins sur les portes juste pour que j’me trompe ! » ……. On abandonne, ne pas chercher la guerre quand elle était en présence de Satan était impossible. C’était sa personne toute entière qui la ramenait à la maternelle, à l’époque où pincer le garçon qui vous plait est le plus clair des rituels de séduction. Et encore… si elle c’était arrêté là : « Tu voulais juste que j’me pointe ici pour brandir ton arme devant moi hein ! PERVERS ! » …… Et pointer son entre-jambe pendant que tu dis ça, c’est mature peut-être ? …. Vieillir était un combat quotidien, et mentalement, elle arrivait très bien à repousser les limites… Et à sa décharge, c’était le seul sabre laser qu’elle ait jamais vu… Ok… mais ton hypothèse est ridicule… il ne savait même pas que tu allais venir… ROH !! C’est Zach dont on parle ! Il est coupable de tout ! Croisant les bras, elle se décide à relever son minois vers lui. «Qu'est-ce que tu fous là ? » Et dire qu’elle était la plus âgée ici… il la dépassait pourtant d’une bonne tête ! Ne jamais sous-estimer les naines !

… La question venait de la percuter. Il est vrai qu’elle avait bien joué la morte… Alors effectivement, elle lui devait des explications. Mais n’ayant jamais anticipé le revoir un jour, elle était un peu à sec côté rationalisation de sa connerie… La vérité c’est qu’elle avait craint chaque seconde de leur relation, qu’il découvre sa double nature et soit rebuté voir effrayé par elle. Elle se dégoutait elle-même alors pourquoi l’aurait-il accepté… Puis, quand les ennuis sont venus, quand elle fut mise sous menace par son ancienne meute, ce fut la seule solution qu’elle trouva. Après tout, à ses yeux, il était cet humain trop faible pour se défendre, trop naïf… Et bien qu’elle ne l’avouera jamais, il était cette chose précieuses qu’elle refusait de perdre. Alors elle avait pris le large, avait tenté de ne pas suffoquer sous cette douleur qui lui martelait la poitrine et était partie. Il s’en remettrait, elle le savait. Et ça faisait probablement plus mal ça, que de savoir qu’elle serait à jamais hanté par son minois. Comme en cet instant où les mots la percutaient, et que pourtant, elle ne trouvait pas de mensonge plausible pour expliquer sa conduite…Sans compter que, elle ment très mal… La preuve ? « Un mot ? Tu voulais un mot ! T’as causé la rupture ! Tu as égaré mon CD 2 de la trilogie originale de Star Wars !! J’pourrai plus jamais voir l’épisode 6 à cause de toi ! Et tu penses que je pouvais rester dans une relation alors que le lien de confiance était rompu !!??! » … Ok c’est minable.

Elle allait l’accuser à nouveau lorsqu’un « clic » très significatif se fit entendre. Suivi d’un rire moqueur – maudit lycéens – et de la voix du connard auquel avait répondu Zach « On va voir combien de temps ça prend pour que tu sois libéré Cooper ! Toute façon une merde comme toi, les chiottes c’est presque une seconde maison ! » Arielle s’élança vers la porte et se mit à tourner la poignée frénétiquement – OH QUE NON, elle ne serait pas enfermée avec lui. JAMAIS. Vérouillée. Encore, encore, mais sans succès. Les cours avaient repris après tout… alors personne n’était dans le couloir pour entendre. Elle aurait pu être positive mais…. « è.é REGARDE CE QUE T’AS ENCORE FAIT ! » … Ou pas.

Quand on y pensait, le hasard était parfois curieux… ou sadique. Ça faisait quoi ? Six ans qu’ils ne s’étaient pas vus. Du jour au lendemain, Arielle s’était évanouie… comme ça. Maintenant qu’il la voyait là, la fierté le pousserait probablement à dire qu’il ne l’avait pas cherché, qu’il avait constaté son départ… sans plus. En réalité, il était allé chez elle, plusieurs fois… il avait demandé à quelques personnes supposées la connaître si personne ne l’avait vu dans le coin. Sans succès. Il lui était arrivé, même longtemps après son prétendu « départ », de passer par chez elle pour voir si la chance ne lui sourirait pas plus. Et puis, il avait finit par se faire une raison.
Oui, tout ça montrait qu’il s’était attaché. Sans le vouloir, cherchant même à ne pas le faire, il avait finit par se sentir proche d’elle et même par avoir des sentiments. Depuis Rebecca, il s’était pourtant juré de ne pas commettre de nouveau cette erreur. Mais Arielle lui avait fait baisser sa garde sans qu’il s’en rende compte. Elle était pourtant… comment dire… spéciale. C’était ce qui faisait son charme après tout. Il s’était maudit plus d’une fois quand il avait finit par se rendre compte qu’Arielle était plus qu’une passade, qu’une relation traversant sa vie sans réelle importance… qu’une relation qui ne voudrait rien dire et le protégerait ainsi de la douleur. Mais il était trop tard pour s’en vouloir. Elle vieillirait, lui non. Elle finirait par mourir… il y avait peu de chances de son côté pour qu’il le fasse avant elle. Il avait voulu vivre cette relation avec elle sans se soucier du lendemain… ça avait plutôt bien marché au début et puis les questions étaient venues… les doutes avec et elle y avait coupé court en disparaissant du jour au lendemain.
Jusqu’à aujourd’hui…. Alors oui, le hasard était sadique. Elle faisait son retour, ici, dans son lycée… les coïncidences étaient parfois trop curieuses pour qu’on ne parle pas de destin.

« Tu m’as démasqué… autant plaider coupable. »

Vraiment ? Il allait lui laisser le dernier mot aussi facilement ? Il allait l’autoriser à s’enfoncer comme ça dans le mensonge ? Mouais, elle était probablement convaincue qu’il était réellement responsable mais passons. Quoiqu’il en soit, cette réaction plutôt étonnante de Zachariah n’avait pas encore connu sa fin, et il avait finit par rajouter avec ironie :

« Je savais que tu ferais ton retour d’entre les morts ce matin, ici, à la Nouvelle-Orléans, dans ce lycée. Je savais que tu aurais envie d’aller aux toilettes à cette heure précisément. Voilà pourquoi je suis venu changer les panneaux avant de t’attendre ici. Et, parce que je suis un gros pervers, j’ai décidé de pisser pile au moment où tu as franchi cette porte. »

Oui, Zachariah Cooper était un géni du machiavélisme avec le don de la divination. Mais un génie du machiavélisme rouillé en Arielle Dawner. La connaissant, elle serait bien capable d’acheter cette version. Pour son propre bien, il serait peut être utile de la guider dans le monde de la civilisation. Après tout, on ne voyait jamais les jedis allaient aux toilettes… ça pouvait expliquer le handicap la concernant.
C’était très certainement parce qu’il connaissait son ex qu’il avait donc finit par avoir le bon sens d’ajouter, avec une légère pointe moqueuse dans la voix :

« Le pictogramme avec un pantalon, c’est pour les garçons. Celui avec une jupe, c’est pour les filles. Garçons : pantalon. Filles : jupe. C’est finalement plutôt simple quand on prend le temps de réfléchir avant d’ouvrir une porte. A moins que ce ne soit toi la perverse qui joue l’idiote pour t’incruster dans les toilettes hommes ! »

Quelles belles retrouvailles ! Six ans qu’ils ne s’étaient pas vus et ils étaient déjà sur le point de s’étriper ! Ah c’était beau !
Zachariah ne soulignerait qu’une chose, une seule. Ce n’était pas lui qui avait commencé. Elle avait déclenché la guerre ! Normalement, elle aurait dû manifester un peu de gêne et s’excuser pour avoir disparu sans laisser de traces ! Mais non, elle préférait l’accuser de perversité alors que lui, il voulait simplement pisser en paix !
Alors c’était ça ? La fierté masculine en prenait un coup ? Au final, si on parlait concrètement, il venait de découvrir qu’il s’était inquiété pour rien. Elle se portait plutôt bien. Elle l’avait tout simplement, hum… c’était quoi le mot déjà ? Ah oui, elle l’avait plaqué. Elle n’avait juste pas trouvé le courage de le lui dire. Et maintenant que le problème était abordé, elle ne trouvait rien de mieux comme motif que de mettre Star Wars sur le tapis, ce qui avait déclenché un haussement de sourcil de notre éternel lycéen.

« T’es sérieuse ? »

Elle l’avait largué pour un cd Star Wars ?
Enfin largué… on ne pouvait pas dire qu’elle lui avait offert le privilège de rompre. Et alors qu’il allait rajouter autre chose sur le sujet, un « clic » avait précédé un rire moqueur avant qu’une voix malheureusement trop familière ne s’accuse du crime. Il n’avait même pas eu le temps de jurer qu’Arielle formulait une accusation à son encontre... ce qui avait causé chez lui un regard sceptique :

« Ouais… en plus d’inverser les panneaux, j’ai aussi demandé à ce crétin de nous enfermer aux toilettes ! »

Il l’avait laissé se débattre contre la poignée inutilement. De son côté, il avait préféré s’adosser au mur du fond pour regarder la demoiselle livrer sa vaine bataille. Une personne au courant aurait pu lui demander ce qu’il foutait. Vu sa condition, n’aurait-il pas pu au moins essayer de forcer la porte ? N’était-il pas capable de les libérer ? Oh… peut être que si. Il avait une certaine confiance en sa force pour ça. Quoique, vu le sens de l’ouverture, rien n’était moins sûr. Allez savoir.
Mais il était trop fatigué pour essayer.
Vraiment ?
Non. Mais ça la faisait chier, et c’était l’essentiel. Quel odieux personnage ! On pourrait le dire, n’empêche que ça lui donnait l’occasion d’avoir enfin ce qu’il méritait depuis six ans : de vraies explications ! En plus du bonheur de la voir enrager contre une serrure.

« Tu sais, j’ai aussi gardé en otage ta peluche Yoda. »

Et c’était la méthode pour demander des explications plus précises ?
Non, mais c’était celle pour l’enrager un peu plus.
Méchant Cooper, méchant !

Un grand sage – lire ici un singe à moitié fou dans un film pour enfants – avait déjà dit « n’oublis pas qui tu es » …. Et bien, à cet instant précis, Arielle aurait tout donné pour être amnésique. Pour ne pas se souvenir, pour ne rien ressentir, et surtout pour ne pas fixer son visage avec cet air figé et totalement choqué qui ne prouvait que trop bien qu’elle en avait quelque chose à foutre. Se retrouver avec Zach, c’était voir défiler devant ses yeux des mois de sourires, de baisé volés, de prises de bec et de douches – parce qu’on aime les douches. Revoir Zach, c’était douloureux, et ça ne faisait pas moins mal en baissant les yeux – surtout aux vues que l’attribut masculin qu’il lui fichait sous le nez cet obsédé è.é (Daidai est fier de toi jeune padawan, c’est comme ça qu’on courtise la femelle!) !!! Mais elle, elle était pure, elle n’était pas voyeuse du tout! Elle faisait simplement tout pour ne pas fixer son minois….ahem… on doute de cette affirmation Ari’ … Arg.

Ce visage qu’elle avait presque oublié avec le temps revenait la hanter. Elle était partie, et c’était pour le mieux, tout le monde est d’accord ! Alors pourquoi ce doute soudain! Le monde ne les voulait pas ensemble c’est pourtant simple à avaler! Dieu aurait été beaucoup trop jaloux du sex-appeal que leur progéniture aurait pu avoir… Ok tu divagues. Toujours est-il que c’était mort et enterré!  Alors pourquoi son cœur faisait un saut? Pourquoi elle avait aussi mal qu’en encaissant un coup de poignard devant son indifférence? Pourquoi ce besoin de le mettre hors de lui? Pour qu’il avoue ses fautes! « Je savais que tu ferais ton retour d’entre les morts ce matin, ici, à la Nouvelle-Orléans, dans ce lycée. Je savais que tu aurais envie d’aller aux toilettes à cette heure précisément. Voilà pourquoi je suis venu changer les panneaux avant de t’attendre ici. Et, parce que je suis un gros pervers, j’ai décidé de pisser pile au moment où tu as franchi cette porte. » HAN!!!! …

Si une personne normale aurait roulé des yeux, pris les nerfs en voyant comme il se fichait d’elle : pas Arielle. Des aveux sarcastiques étaient aussi valable à ses oreilles qu’une confession de bonne fois! Et pour la peine, elle croisa les bras en affichant une moue boudeuse. Oh oui, passé trente ans et toujours la mentalité d’une gamine chieuse. C’est grave docteur? Certainement. Mais il y a pire… genre 400 ans et des blagues de môme è.é ! Ouai on est terrible!

« è.é Je le savais! T’es le pire Cooper! Un vrai géni du mal qui prévoit tout, un démon !! Maintenant il serait plus que temps que t’avoue pour le gâteau! Je sais que t’as mangé la dernière part sans m’en laisser! JE LE SAIS!  »

… Arielle, tu vas vraiment le blâmer pour une querelle qui date de des années? Voir d’une autre vie? Mais absolument! Parce que dans ce corps, il n’avait aucun bar derrière lequel se cacher. VENGEANCE! En même temps, ses anciennes réincarnation se souvenait del’habit de princesse et ça, c’était un affront encore jamais pardonné…Sans parler de la cruauté d’un jello yamapi à seins! OUI! We remember!! Bref. Elle en était à proposer du champagne lorsqu’il lui renvoya ses accusations! « Le pictogramme avec un pantalon, c’est pour les garçons. Celui avec une jupe, c’est pour les filles. Garçons : pantalon. Filles : jupe. C’est finalement plutôt simple quand on prend le temps de réfléchir avant d’ouvrir une porte. A moins que ce ne soit toi la perverse qui joue l’idiote pour t’incruster dans les toilettes hommes ! » HAN! Elle? Perverse? QUE NÉNI! Il avait initié les hostilités de douches des années plus tôt è.é !!!

« Pourquoi j’voudrais m’incruster dans une toilette pour mâle! J’ai pas besoin d’errer en quête de sabre laser, j’ai celui de Luc et ça me convient parfaitement! Et puis… entre toi et moi, les années te vont mal, tu ressembles de plus en plus à Chewbacca. »

… Jalousie de son absence de ride? Certainement. Et de son absence de cheveux blancs… ça devait lui couter un bras en teinture… et ce visage parfait *0* Elle voulait le nom de son chirurgien! M’enfin, l’heure n’était pas aux conseils esthétiques, l’heure était visiblement à la crise, la crise parce qu’elle lui avait balancé la pire raison de rompre… Crise parce qu’au fond, elle n’avait pas touché aux dits DVD depuis la rupture, ne supportant pas de hurler « LUC JE SUIS TON PÈRE » avant personne d’autre que lui… Oh oui… ne sous-estimez jamais l’attachement du maître Jedi Arielle pour son Padawan de vice Zach… M’enfin, là, présentement, on pourrait en douter. Elle allait prendre la fuite lorsque des crétins pré-pubères verrouillèrent la porte, l’enfermant de ce fait avec la créature la plus effrayante jamais affrontée depuis l’incroyable Hulk! Ou Voldemort …. Comment savoir è.é Arielle faisait ce qu’elle avait toujours fait : blâmer le brun, alors qu’il répondait à sa demande de guerre en parlant de …

« …. YODA ??! » Les yeux ronds, les mains portées au cœur comme un coup fatale, elle était immobile. On aurait pu croire qu’elle allait pleurer, s’effondrer. Mais non, elle se mit à regarder frénétiquement autour d’elle à la recherche d’une arme. Dénichant finalement une magnifique ventouse à toilette, elle s’en empara en la brandissant vers lui d’un œil accusateur. Charmant… Merci.

« TU VAS PAYER TES CRIMES SEIGNEUR SITH! » Elle allait abattre le terrible attirait sur le pauvre jeune homme lorsque son regard se fixa sur quelque chose. Là. Devant elle. Hauteur plafond : La trappe d’aération. Si une personne normale aurait appelé le concierge, attendu, Arielle elle, était prête pour l’aventure. On ne s’ennuyait jamais avec elle! Arme brandie, elle la pointa vers Cooper avec un air de chef d’opération.

« Je demande un traité de paix temporaire et la libération de Yoda. Et en échange pour ta vie, j’exige que tu donnes ton corps à la cause et que tu me laisse te grimper dessus……. »

…….. Long silence. Souvenirs pas catholiques…, un regard moqueur qui croise une seconde celui du pauvre demi-démon.

«  Pour qu’on passe par la trappe là. Évidement! Obsédé! »

Oh non Cadet Cooper, il est bien inutile de faire cette tête. Oui Arielle était sérieuse. Et oui, au fond de toi, tu le savais qu’elle aurait exactement cette réaction et ne prendrait pas l’ironie… pour de l’ironie. Après tout, ils étaient sortis ensemble assez de temps pour qu’il soit capable de deviner cette réaction là. En fait, la seule question correcte, c’était comment. Comment avaient-ils pu former un couple ? Et pas n’importe quel genre de couple d’ailleurs. Si on prenait une après-midi au hasard, une soirée au hasard, ou qu’importe le moment passé ensemble, on pouvait même les qualifier de beau couple. C’est vrai, on avait tendance à imaginer Zach avec un autre type de fille. Et pourtant, avec Arielle, tout avait collé si facilement. Si facilement et si normalement qu’il était devenu bien normal de lui cacher ce qu’on ne pouvait cacher avec le temps. Avec elle, il avait connu une histoire comme d’autres pouvaient en connaître tout en la qualifiant d’unique. Ce qui n’était pas forcément clair pour d’autres l’était tout à fait pour lui. Nous n’épiloguerons pas sur le sujet mais il avait finit par se dire en voyant que leur histoire adoptait le sens de « durée » que dire la vérité maintenant était une manière de rompre… ce qu’il n’était pas prêt à faire, à l’époque. Clairement, Arielle s’était sentie plus prête sur le sujet.
Peut être qu’il ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Après tout, histoire d’amour et Cooper avaient toujours pour rime « échec ». Mais il s’était inquiété. Certes, il ne le reconnaîtrait pas mais le crime de la belle était impardonnable… beaucoup plus qu’une part de gâteau au chocolat qui s’évaporait mystérieusement. Gâteau qui revenait sur le tapis maintenant.

« Un jour, quand tu seras plus grande et prête pour ça, je t’apprendrai le sens du mot ironie. »

Moquerie un jour, moquerie toujours.
Et pour le gâteau ? Il comptait éluder le sujet ?
Sérieusement, ils allaient vraiment discuter de cette part maintenant ? Après tout ce temps et au vu des circonstances ?
Réponse : c’était Arielle. Il n’y avait sans doute jamais de bon moment selon elle.

« Et sache que je plaide toujours non coupable. »

Et il répondait pour de vrai ? C’était bien ça le pire. Sentons-nous soulagé qu’il ne développe pas plus sa défense. Après tout, ils étaient bloqués dans les toilettes des hommes et c’était sans doute beaucoup plus problématique que se justifier d’un crime dont il était innocent. Sans compter que la mention de Luke et de son sabre laser détournerait n’importe qui du vice du chocolat. Du côté de Zach, la réplique de son ex lui avait fait lever un sourcil dans une expression qui se traduisait sans doute possible par « sérieusement ? ». Ne réponds pas Zach, ne réponds pas à ça. La bonne stratégie à adopter est : la fuite. Il était encore temps, c’était toujours possible.
Mais la faire chier d’un vol de Yoda n’était pas le moyen de quitter cette pièce. Ça ressemblait plus à une déclaration de guerre déguisée… piètrement déguisée. Et ce qui devait arriver arriva… Arielle trouva son arme pour l’attaquer… une ventouse maléfique !
Ok, se moquer, même intérieurement, c’était moche. Mais sourire de cet air provocateur en regardant l’arme, ce n’était pas mieux. Pas plus que s’être regardé dans le miroir quelques secondes plus tôt pour lui souligner qu’il n’avait pas pris une ride. Il n’avait pas le charme d’un Chewbacca. D’un Han Solo, peut être… et encore, il était beaucoup plus sexy.
Remercions donc le brun de ne pas avoir parlé sur le sujet. Et remercions la brune d’avoir levé les yeux vers une possible sortie. Voilà qui ne ferait pas descendre la situation encore plus bas dans le ridicule. Et alors qu’il levait sa main pour se saisir de l’arme de la demoiselle, cette dernière avait présenté une requête qui avait fait revenir le naturel d’un autre temps au galop. Pendant une seconde, peut être même deux, leurs regards s’étaient croisés comme s’il n’y avait pas eu toutes ces années et la rancœur qui allaient avec :

« Avoues que c’est le genre de phrase qui porte à confusion. »

Serais-ce un sourire complice ?
Plutôt que de répondre à cette question, intéressons-nous aux faits. L’homme de la situation était finalement passé à l’action pour s’accroupir et aider Arielle à lui monter sur les épaules. Que les âmes sensibles se rassurent donc, il n’était pas question de tourner une scène interdite à un certain âge.
Se redressant une fois la demoiselle sur ses épaules, la pensée que la scène pouvait avoir l’air comique vu de l’extérieur ne lui avait pas effleuré l’esprit. Ils n’étaient plus à ça prêt :

« Comment ça se présente Maître Obi-Wan ? »

… ouais, ils avaient un truc avec Star Wars ces deux là, on sait.