Entre les tombeaux et les égouts, elle ne savait pas ce qu'elle choisirait. Honnêtement, les premiers n'étaient pas obligatoirement mieux que les seconds. Certes l'odeur n'était actuellement pas des plus agréables mais, pour l'instant, les réseaux souterrains comportaient moins de pièges qu'une bonne vieille pyramide. Elle l'avouait toutefois, la passionnée d'histoire avait son faible pour les triangles. Le charme de l'architecture, le pays des passions dans lequel elles trônaient... elle aurait pu en parler des heures si elle n'était pas actuellement occuper à blablater sur le dénommé Balthazar. De toute manière, du moment qu'il y avait quelque chose avec de la valeur au bout, elle était prête à faire copain-copain avec les rats comme les scarabées. Parlant de rat... ce n'était pas l'un d'eux qui venait de passer ? Probable que si ! Une chance qu'elle ait anticipé en mettant une paire de bottes assez simple plutôt que des chaussures hors de prix :

« ... ce que je trouve parfaitement ridicule au passage ! La sphère ne devrait pas être à droite, mais à gauche du côté du coeur... bon... peut être que ce démon là n'avait pas réellement de coeur. Mais dans le manuscrit ancien que Ben nous a rapporté le mois dernier, il est bien dit qu'elle se trouve à gauche ! Ce qui se tient beaucoup plus si tu veux mon avis. En tout cas, je suis certaine que cette sphère était un peu comme une boîte de Pandore et qu'il y emprisonnait l'âme des autres démons pour en tirer davantage de force. Il serait un peu moins vieux, et surtout un peu plus humain, on aurait sans doute pu en savoir plus mais on devra faire avec ce qu'on a. Quoiqu'il en soit, il aurait été enterré avec les fragments de cette sphère et ça doit valoir un paquet d'argent. Bien sûr, ça aurait été mieux si elle était intacte... mais Balthazar... on trouvera d'autres choses là bas, j'en suis sûre. Oh oh oh, peut être ce collier magnifique qu'il portait sur cette gravure... d'ailleurs, ça m'a toujours étonné ! Après tout, vu l'époque, impossible que les gravures viennent d'humains qui ne l'auraient jamais vu. Des démons artistes ! On aura tout vu ! »

Ouais, et on voyait même des momies se relevaient d'entre les morts ou des jeunes femmes regrettaient qu'une sphère maudite soit brisée.
...
Mais le plus étrange dans tout ça, c'était sa capacité de parler sans limites quand ça concernait l'archéologie, même démoniaque ! Qu'est-ce qu'elle y pouvait si elle avait un don pour la conversation historique ? Il n'était pas très risqué de parier qu'elle y serait encore si Marshall n'avait pas pris la parole autrement que par des petits sons.
Laissant de côté la suite de son discours sans fin, elle avait pris la peine de secouer la tête bien qu'il ne puisse pas la voir :

« Oui, on devrait pas en avoir pour très longtemps ! Il n'y a aucune raison que ça se passe mal. »

Oh vraiment ? Aucune ? Est-ce qu'elle se rappelait au moins des quelques autres fois où il n'y avait aucune raison que ça se passe mal !
Parfaitement, et ils étaient toujours en parfaite santé aujourd'hui, pas de quoi en faire un drame ! D'autant plus que personne n'en n'était jamais mort... presque personne.

« Et puis on a toujours ces machins si on est à court de temps... même si ça m'enchante pas plus que ça. »

Les machins en question étaient en l’occurrence trois seringues remplies de produit anesthésique, pour faire un petit somme en résumé ! Et malgré le fait qu'elle sache la prudence à avoir avec un loup-garou, elle n'avait jamais utiliser de violence comme de "douce" piqûre sur l'homme qu'elle aimait. Pour elle, Marshall était Marshall... c'est tout. Il était dangereux trois nuits par mois, d'accord, mais ça ne rendait en rien les choses agréables quand elles devaient être faites par sécurité.
Le couloir qu'ils suivaient avait tourné vers la droite et Roxy s'était mise à se remémorer le plan dans sa tête pour voir à peu près où ils en étaient. Oui... tout irait bien. Il n'y avait franchement aucun soucis à se faire.
Excepté que sur ce coup-là, les imprévus décideraient de s'en mêler un peu.

D'accord, vu sous son angle à lui, les seringues devenaient ses meilleures amies au cas où les choses tourneraient mal. Mais elle ne voyait même pas pourquoi ils en parlaient alors que tout se passerait bien, comme toujours. C'est vrai, ils connaissaient parfois quelques ratés, mais rien de méchant. Ils s'en sortaient toujours. Il n'y avait pas d'inquiétude à se faire. Après tout, il y a quelques jours, ils s'en étaient tirés, une nouvelle fois, alors qu'elle aurait très bien pu finir en repas pour vampire et lui rejoindre la tombe. La bonne étoile avait toujours été au-dessus d'eux et il n'y avait pas de raison pour que ça change ce soir.
Elle avait néanmoins hocher la tête, il était inutile de l'inquiéter en ronchonnant contre les gentilles seringues pour qu'il s'imagine ensuite qu'elle hésiterait :

« Je sais, mais on en aura pas besoin ce soir. Y'a vraiment pas d'inquiétude à avoir. Bientôt on y sera et on aura plus qu'à retourner sur nos pas. »

On aura plus qu'à retourner sur nos pas... malheureusement, ce plan intelligent, bien que simple, ne serait pas tout à fait possible dans quelques temps. Non, ils n'étaient pas perdus. Ils avaient pourtant marché une autre heure mais ils avaient suivi le bon chemin. Et puis, avec un loup-garou dans l'équipe, il était toujours compliqué de se perdre même en cherchant à le faire.
Si elle avait continué à parler avec entrain pendant tout ce temps, elle s'était mise à se demander intérieurement, au milieu de tous ses mots, si elle ne s'était pas trompée. Doute accentué quelques secondes plus tard par la question de son fiancé. Elle l'avouait, peut être que cette impression était passée au travers de ses yeux avant qu'elle hoche la tête.
Non, non, non. Elle avait fait de bonnes recherches. Elle avait tout étudié plusieurs fois. Le tombeau de Balthazar se trouvait ici, pas loin... quelque part... où ils devraient déjà être.
Scrutant les murs de sa lampe, elle avait continué à progresser derrière Marshall quelques minutes de plus avant qu'elle ne stoppe brusquement pour faire quelques pas en arrière :

« Attends. J'ai déjà vu ça quelque part... ce symbole. »

Effleurant la pierre froide de sa main, elle avait réfléchit quelques secondes de plus. Cette étoile à cinq branches avec une représentation démoniaque au coeur, c'était un symbole de Balthazar elle en était persuadée. Jetant un coup d'oeil à Marshall qui voulait probablement dire "tu vois, je ne me suis pas trompée" mais qui voulait également dire qu'elle commençait à douter, elle avait enfoncé la pierre sans hésiter une seule seconde.
Et si c'était un piège ?
Ok... elle n'avait pas pensé à ça. Mais hônnetement, un piège aurait été croisé bien plus tard qu'au tout début du tombeau. Car c'est ce que la pierre enfoncée avait ouvert, un passage vers le bas :

« On était au dessus tout ce temps.... »

ça expliquait pourquoi le chemin avait semblé plus long que prévu effectivement. Au moins n'avaient-ils pas loupé l'entrée.
Roxanne avait fait quelques pas, éclairant l'intérieur avant de se décider à descendre quelques marches. A partir de maintenant, il valait peut être mieux regarder où l'on mettait ses pieds et étant donné que l'entrée venait de se refermer derrière Marshall, il fallait également trouver une sortie. Sortie qui ne serait pas l'entrée, évidence qui était apparue quand Roxy avait examiné les pierres alentours.

« On trouvera une issue, y'a toujours une issue ! »

Il ne servait à rien de s'inquiéter, ils avaient du temps et il fallait bien ressortir si on voulait entrer de nouveau. Question de logique ! Se tournant donc vers l'avant du tombeau, elle avait décidé qu'il ne servait de toute manière à rien de rester là si ce n'est à perdre des minutes un peu plus précieuses désormais.

Roxanne avait préféré ne pas répondre. Parce qu’il avait raison ? C’est vrai, viendrait peut être un jour où ils n’auraient pas leur chance habituelle. Mais elle préférait ne pas y croire, pas plus qu’y penser. Ils trouveraient une sortie et se retrouveraient avant la nuit à regarder les reliques qu’ils avaient ramassées. Marshall ne blesserait personne cette nuit, pas plus elle qu’un autre. Tâchant donc de rester optimiste malgré cette porte qui venait de se refermer derrière eux, ruinant toute possibilité de revenir sur leurs pas si jamais le temps devenait trop court, elle avait préféré se dire qu’une sortie avait été logiquement conçue.
Et s’ils ne la trouvaient pas à temps ? Du temps, ils en avaient encore devant eux. Et s’ils tombaient sur un piège comme il y en avait beaucoup dans ce genre d’endroits ?
Non… si elle se mettait à douter de la bonne fortune, ça n’aiderait en rien Marshall. En avant pour une chasse au trésor comme ils les connaissaient si bien !
Comme à leur habitude, Marshall était passé devant et Roxanne avait suivi, concentrant son attention à la fois sur la recherche du chemin qui menait vers le tombeau ou vers une éventuelle sortie au cas où le temps leur impose de rebrousser chemin avant d’avoir fait fortune. Il ne fallait pas oublier la non négligeable contrainte de lune pleine.

Leur équipe était depuis longtemps bien rodée. Benjamin avait eu beau râler quand leur duo était devenu un trio la première fois, puis un quattuor avec Joni, il ne pouvait pas nier sans faire preuve de mauvaise foi que ces deux là étaient destinés à bosser ensemble. Elle se souvenait encore de sa jalousie boudeuse quand ils avaient du renvoyer Psammétique III au repos. Voir Marshall et Roxanne fonctionnaient si bien à deux aussi rapidement avait provoqué un peu sa possessivité. Et on ne parlait même pas du moment où ils avaient commencé à s’afficher en tant que couple !
Elle pourrait chercher pendant des siècles qu’elle ne trouverait pas meilleur partenaire en tout point comme l’était Marshall. Avec lui, le terme d’âme sœur prenait tout son sens. Aujourd’hui, après plusieurs années ensemble, elle était toujours capable de le regarder et d’avoir une pensée que certains qualifieraient de niaise, de sentir son cœur se mettre à battre plus rapidement ou encore de sourire sans raison particulière.
Quoiqu’il en soit, la chance semblait toujours leur sourire à voir la porte aux représentations significatives. Un sourire était apparu sur ses lèvres et les yeux de gamine à Noël s’étaient illuminés quand elle s’était mise à examiner la fresque :

« Y’a aucun tombeau qui nous résiste ! »

Quoi ? C’était vrai non ?
Après cette honnête vantardise donc, Roxanne s’était penchée avec plus d’attention sur les dessins pour les étudier avec l’âme du rat de bibliothèque qu’elle était. Elle était passée rapidement sur quelques scènes qu’elle avait jugé moins dignes d’intérêt que d’autres bien que si le temps n’avait pas manqué, elle en aurait sûrement pris pour les commenter avec passion. Il était inutile de perdre du temps à être une parfaite Roxanne au milieu d’un exposé. En revanche, on ne pouvait pas lutter entièrement contre sa nature et elle n’avait pu s’empêcher de lâcher un « ah » plein de satisfaction quand elle avait vu Balthazar sur son trône osseux devant ses fidèles agenouillés :

« J’le savais bien que c’était à gauche ! »

Et oui, il n’était pas possible d’empêcher une Roxanne de souligner quand elle avait raison. Elle s’était mise ensuite à réfléchir à voix haute, son regard finissant par passer du côté droit au côté gauche de la porte. Hormis cette scène, c’était la seule qui semblait se répéter des deux côtés et elle avait du mal à croire aux coïncidences, ou même à la simple haute estime que Balthazar avait probablement de lui.
Cette porte semblait comporter plusieurs parties qui pouvaient s’enfoncer, mais elle doutait qu’y aller à tâtons soit une excellente idée. Il fallait toutefois prendre une décision… la bonne serait le mieux. Ils n’allaient pas passer des heures devant cette porte.

« Je crois que c’est ça… il faut enfoncer la sphère des deux côtés en même temps. C’est la seule scène qui se répète et puis ça se tient. C’est la symbolisation suprême de son pouvoir. Dans le livre que Ben a ramené, il est dit que pour espérer accéder au savoir, il faut oser y toucher… visiblement, c’est au sens littéral. D’accord, ça sonne un peu trop simple… mais peut être que pour le coup, le piège serait de chercher plus compliqué ! »

Parce que ça lui semblait simple ? Au milieu de tout ce charabia imagé ? Ok, peut être pas tant que ça. Disons que ça semblait très logique !
Il fallait bien se lancer un jour ou l’autre ceci dit, et après un nouveau regard à son fiancé, elle avait posé sa main sur la sphère, inspirant et expirant un coup :

« Allez… à 3. 1… 2… et 3 ! »

Ne plus bouger et espérer que le bruit qu’ils entendaient était uniquement celui du mécanisme de la porte. Elle l’avouait, pendant les quelques secondes qui les avaient séparé de l’ouverture de la porte, elle avait eu un doute. Mais lorsque la salle s’était ouverte devant eux, elle avait retrouvé un large sourire et n’avait retenu le geste classique de la victoire en frappant dans la main de son fidèle partenaire avant d’entrer dans la… ok, elle ne dirait pas la caverne d’Ali Baba… cette salle était un peu sombre et ne donnait pas franchement envie de donner un banquet de la victoire. Ils n’allaient pas se plaindre du climat quand siégeait sur son trône osseux le démon, ou la statut du démon, en armure venue d’une autre époque avec à ses pieds un coffre gravé en argent d'une brillance parfait. A tous les coins de la pièce, une statue de soldat de l’armée de Balthazar en armure rouge sombre semblait garder les reliques de cette pièce. Hormis le coffre, il y avait des jarres, une table qui faisait office d’armurerie et quelques autres bricoles.

« Tu sais ce que j’aime à propos des statues ? C’est qu’elles ne se réveillent pas ! En théorie… au cas où, ne lisons rien et laissons le dans son coin. »

« lisons » ? Ok, elle ne lirait rien et laisserait le Balthazar en paix.

Pousserait-elle le culot jusqu’à répondre un : « toi comme moi » ? Ou prétendrait-elle ne pas avoir entendu sa réponse ? Visiblement, elle avait opté pour la deuxième option, éteignant sa lampe torche désormais inutile pour promener son regard sur la salle.
D’accord, d’accord, peut être que c’était un peu plus elle que lui. Et si elle avait eu la trace d’un vague sourire sur ses lèvres, elle n’avait ensuite plus pensé à partager les précédents torts, trop occupée à regarder ce que cette salle avait comme valeur au niveau de son contenu. Et tandis que son attention s’était finalement retenue sur le coffre splendide, Marshall jouait les acrobates. Hum, si cette statue là jouait le remake de la scène de fin de Ghostbusters, on ne pourrait pas dire que ce serait de sa faute. Ok, y’avait peu de chances, zéro chances, et Marshall avait retrouvé le plancher du tombeau sans encombres. Elle n’était plus de celles à convaincre de toute manière, le britannique était son héros voleur depuis des années. Y’avait pas meilleur que lui ! Et il le prouvait une fois de plus en lui tendant cette pièce si rare, si belle et surtout, fort probablement, si chère. Avec facilité, elle se serait perdue dans sa contemplation, mais elle savait d’avance que Marshall préférerait qu’elle le fasse une fois qu’attendre que la lune se lève ne soit plus une menace.

« Tu sais que t’es le meilleur mon cœur ? »

Vu le nombre de fois où elle le lui avait déjà dis, ouais… il devait le savoir. Mais allez ! Ce n’était pas le genre de choses qu’on disait trop !
Rangeant le fragment dans son sac, elle devait bien avouer qu’elle avait un instant espéré trouver l’objet en parfait état. Evidemment, si on prenait en considération sa faculté à déclencher des catastrophes, valait mieux ramasser un objet cassé et inoffensif, plutôt qu’une sphère susceptible de déclencher le chaos sur Terre ou quelque chose dans ce goût là.
Il ne fallait pas être trop gourmande. Même avec des fragments en plus, elle aurait été capable de vouloir reconstruire le puzzle. Et les puzzles, dans ce registre là, ce n’était peut être pas très prudent. Renonçant donc à fouiller plus la salle, elle avait écouté son fiancé pour le suivre sans même protester. Etant donné la situation, le plan correct était définitivement le sien. Trouver une sortie était la priorité du moment.
Mettant de côté sphère et autres fragments, Roxanne s’était de nouveau concentrée sur les murs et autres. Pessimiste, elle ne l’était pas encore, il avait fallut tomber sur les squelettes pour amorcer le tout. D’accord, sa première réaction avait été de détailler les armures pour situer à peu près la période. Rat de bibliothèque un jour, rat de bibliothèque toujours. Et Marshall avait été le premier à avoir la réaction qui fallait en l’entraînant vers l’entrée. Entrée déjà close. Finalement, elle se demandait si elle ne préférait pas les pièges des égyptiens, au moins c’était un peu plus honnête et expéditif que ça. Ceci dit, quand on ajoutait le facteur loup-garou, ça devenait un peu plus expéditif que pour ces romains.
Regardant Marshall frapper la porte, elle n’avait rien trouvé à dire qui lui semble très approprié sur le moment. Elle s’était contentée après avoir naïvement parcouru la porte des yeux de lui prendre la main :

« On va trouver une sortie. Les romains ne sont pas réputés pour être des lumières après tout. »

Ah oui ? Conquérir ne voulait pas dire être lumière dans un piège de tombeau ! En revanche, eux, c’était leur boulot.
Toujours capable d’optimiste ? Extérieurement peut être. Mais intérieurement, elle devait bien avouer qu’elle avait perdu un bon 30 % d’espoir. Chiffre qu’elle avait réduit à 20 quelques minutes plus tard, alors qu’ils étaient repartis sur le sentier de l’exploration. Ça ne servait à rien. Il y avait un moyen, il y avait toujours un moyen. Et peu importe ce que c’était cette fois ci, ils le trouveraient. Avec plus d’attention qu’au premier passage, elle avait regardé les murs, ils avaient même pris un chemin différent à un moment pour se retrouver dans un deuxième cul-de-sac… un peu trop à la mode dans le coin.
Ils étaient revenus une nouvelle fois sur leurs pas, et un nouveau couloir leur avait offert plusieurs choix de chemins. C’était le genre de moment où on préférait avoir moins à explorer. Quand le temps commençait franchement à manquer, il était préférable de ne pas avoir trop à examiner.
Ça faisait combien de temps maintenant qu’ils cherchaient une issue ? Bizarrement, elle n’avait pas envie de demander. Comme si ignorer pouvait arrêter le temps….
De toute manière, elle n’avait pas besoin de savoir l’heure exacte pour deviner que la nuit n’était plus très loin !

« Tu sais, je repensais aux fleurs, on devrait éliminer l’arrangement dans les tons jaunes. Il me plaît pas tant que ça finalement. »

C’était quoi ça ? Une méthode pour détendre l’atmosphère ? Un moyen de ne plus penser au principal ? Ou une genre de dernière conversation ? Parce que peu importe où on se plaçait, discuter d’arrangement floraux piégés dans un tombeau avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, en général, ça ne se faisait pas.

« Dis pas ça... y'aura pas de funérailles. Tout ce qu'il y aura, c'est une sortie. »

Et elle en était certaine ? Ouais. Même maintenant que le temps avait passé. Même maintenant qu'il était trop tard pour que tout se passe comme prévu. Le truc c'est que... elle n'était pas tout à fait certaine qu'ils trouvent cette sortie à temps. Le problème avec les populations anciennes était simple : ils n'avaient pas encore découvert ce fameux petit panneau lumineux qui portait aujourd'hui le nom de sortie de secours. Évidemment, c'était plus simple pour eux qui connaissaient la sortie !
Marshall avait été le premier à se décider pour la seule solution restante : les seringues. Amies ou pas, elles étaient désormais le dernier recours pour éviter à son fiancé de contempler une vision d'horreur le lendemain.
...
D'accord, et aussi pour qu'elle reste en vie et ne termine pas en repas. Ces temps-ci, elle était devenue un met comestible fallait croire.
Ouvrant son sac, elle avait plongé sa main à l'intérieur... et puis elle l'avait tourné, et retourné une seconde fois. Rien ? Comment ça rien ? C'était impossible qu'il n'y ait rien. Relevant les yeux vers Marshall, elle avait tâché de ne pas trop afficher le stress qui pouvait effectivement naître à un tel moment.
Les seringues étaient là... quelque part !
Après avoir opté pour la bonne vieille méthode de renverser le contenu du sac par terre, elle s'était accroupie, éparpillant davantage les objets au sol. Dans un ultime espoir, elle avait de nouveau secoué le sac avant d'y fourrer une nouvelle fois sa main.
Elle n'allait pas les faire apparaître par miracle, le constat était évident :

« Elles ne sont pas là.... »

Pourquoi ? Elle ne se souvenait pas que l'un ou l'autre ait décidé de les changer de place. Et pourtant, quelqu'un avait bien dû le faire à un moment non. Sinon elle aurait déjà donné l'une de ses seringues à Marshall.
Ils n'en n'avaient pas eu besoin depuis un moment maintenant. Peut être un trop long moment pour qu'ils y pensent réellement. Elles avaient toujours été là, sauf ce soir... ce soir où ils en auraient eu plus que besoin.
Et à ça, qu'est-ce que l'optimiste avait à dire ?
Pas grand chose.
Sans trop savoir pourquoi elle prenait la peine de le faire, elle avait rangé les affaires éparpillées sur le sol dans le sac. Ils étaient au milieu d'un dédale de couloirs qui semblait ne pas avoir de but, en tout cas de sortie, peu de temps avant que Marshall ne retourne à un état animal et elle prenait la peine de veiller à ne rien oublier ?
Disons que c'était plus ou moins une réaction à la situation quelque peu critique :

« Je suis désolée... tout ça c'est de ma faute. J'aurai dû vérifier avant.... Ou j'aurai dû proposer qu'on fasse demi-tour en voyant qu'on tournait en rond. »

Il était un peu tard pour les regrets maintenant... Il était un peu tard pour tout. Dans une autre vie, elle apprendrait à être moins idiote.... Relevant les yeux vers Marshall, elle avait ajouté :

« Je sais pas quoi dire... je m'en veux tellement d'avoir été stupide à ce point. »

Excuse moi de te servir de dîner ? ça c'était une première !
D'accord, ils étaient venus tous les deux et avaient décidé de le faire à deux. Mais si elle devait donner une note de responsabilité, elle avait l'impression de finir première de la classe sur ce coup là.
Passant une main sur sa joue, elle avait essuyé quelques larmes qu'elle n'avait même pas sentit couler. L'amour avait quelque chose de curieux, il était capable de beaucoup comme remplacer la peur qu'elle aurait dû avoir par de la tristesse.

C'était une excellente question et pourtant avoir la réponse ne les aiderait pas franchement à l'heure actuelle. La seule chose qui pouvait les aider actuellement c'était être capable comme par miracle de faire apparaître au moins l'une de ces fameuses seringues. Ou alors une sortie. Malheureusement, c'était impossible. A moins qu'un fragment de sphère démoniaque permette ce genre de choses, elle ne voyait pas trop quel choix ils pouvaient leur rester pour échapper à tout ça.
Si au moins il y avait un endroit inaccessible à un loup-garou où se planquer. Mais rien ! Elle n'avait rien vu ou alors, sur le moment, ça ne l'avait pas frappé. Et maintenant, le constat du manque du seul objet qui pouvait encore sauver la situation ne l'aidait en rien à réfléchir.
Sans rien ajouter de plus, elle avait laissé Marshall en venir à la même évidence qu'elle. Elle avait espéré être une mauvaise chercheuse de sac un instant et le voir brandir les seringues dans un soupir de soulagement.

Elle ne pouvait pas y croire... tout roulait pourtant d'habitude si bien. Pourquoi ce soir ? Parce qu'il fallait bien que ça arrive un jour ? Elle ne pouvait prendre ça comme une raison !
Serrant l'une des mains que Marshall avait posé sur ses joues, elle avait fermé les yeux. ça ne pouvait pas être la dernière fois qu'elle sentait ce simple geste ? Leur histoire ne pouvait pas se finir de cette manière dans le tombeau d'un stupide démon qui ne prévoyait pas de sortie plus voyante !
Secouant la tête, elle refusait de le laisser assumer les torts. Ce n'était pas parce qu'il était le danger qu'elle devait se montrer inconsciente à ce point. Elle ne pouvait pas le laisser se blâmer pour ça, et pour la suite. Parce qu'il le ferait, elle le connaissait. Il s'en voudrait alors qu'il n'y était strictement pour rien :

« Non... c'est notre problème. » ils allaient débattre de qui était responsable ou non ici ? « ça n'a plus franchement d'importance maintenant de toute manière... »

C'était le moment qu'elle avait toujours pensé ne jamais connaître, du moins avant un million d'années au milieu de quelques reliques qui avaient une valeur sentimentale, à parler du bon vieux temps où Ben était le vieux de l'histoire. C'était le moment de se dire au revoir... elle détestait ça. Mais partir sans un mot était encore plus détestable à ses yeux. Une dernière fois, elle voulait sentir sa peau sous ses doigts, sentir le goût d'un baiser... même en sachant que c'était le dernier. Posant une main sur sa nuque, elle était remontée jusque dans ses cheveux pour entortiller ses doigts dans quelques mèches comme elle l'avait si souvent fait. Difficilement, elle lui avait sourit avant qu'il ne pose ses lèvres sur les siennes, avant qu'elle n'appuie ce baiser comme s'il y avait moyen de lui donner un goût d'infini qui resterait malgré tout.
Elle le connaissait depuis des années et pourtant... elle ne l'avait pas vu venir tout de suite. Ce n'était que lorsqu'il lui avait dit qu'elle trouvait une sortie qu'elle avait fait le rapprochement avec son attitude. Non, il ne la rassurait pas avant l'inévitable... il lui disait au revoir avant de le commettre.

« Quoi ? Non... Non ! »

Elle n'avait pas été assez rapide et il avait déjà sortit le pistolet. Elle s'était stoppée, sentant que se rapprocher trop rapidement le pousserait à agir plus vite. Ce n'était pas comme si elle ne le connaissait pas, elle aurait du deviner avant qu'il penserait à faire ce genre de trucs. Elle aurait pu laisser la colère s'exprimer, lui dire qu'il était un idiot et qu'il n'avait pas intérêt. Mais franchement, si elle devait en avoir des traces quelque part au fond d'elle, c'était plus la peur qui prenait le dessus... une peur bien plus puissante que celle de se faire manger par un loup, paumée dans des égouts.

« Non... t'as pas le droit de me faire ça ! Tu t'imagines que ce sera plus facile pour moi ? Tu t'imagines que je peux continuer à vivre sans toi ? Ben t'as tort ! Je préfère mourir »

Les larmes en grand nombre sur ses joues, elle les sentait mais elle s'en moquait bien à présent.
Réellement, elle préférait mourir ce soir que vivre une seule seconde sans lui. C'était égoïste, elle l'admettait... et peut être que beaucoup auraient trouvé ridicule de se battre pour savoir qui allait mourir le premier mais l'incompréhension générale n'aurait franchement rien d'étonnant pour elle. Ce qu'ils avaient, ce qu'elle éprouvait pour lui, elle le définissait comme quelque chose d'unique.
Tendant la main, elle avait fait un pas de plus dans sa direction :

« Ne me fais pas ça... je t'aime... beaucoup trop pour ça. J'ten prie. »

Doucement, elle avait finalement posé sa main sur le pistolet, à la fois trop craintive que le coup parte en lui arrachant ou qu'il parte si elle lâchait la première. Au milieu des sanglots, peut être qu'elle avait ensuite déraillé quand elle avait ajouté :

« On va trouver quelque chose d'autre. On trouve toujours. Y'a peut être un endroit où je peux attendre le matin... et même s'il est trop tard, on peut encore essayer de trouver la sortie et je resterai de l'autre côté jusqu'à ce que tu redeviennes toi-même... »

Trop de peut-être ? Un brin d'espoir, même illusoire vu le temps restant, c'était toujours mieux que rien ...

Lentement, elle avait éloigné le pistolet de sa tempe, lentement, elle avait baissé le bras de l'homme qui comptait le plus pour elle dans sa vie. Quand elle avait entendu l'objet tomber sur le sol, elle avait poussé un soupir de soulagement, et ses mains s'étaient agrippées au dos de Marshall qui la serrait déjà contre lui. On sait, vu qu'ils avaient écarté l'option de rendre le loup définitivement inoffensif, elle aurait du courir se cacher. Même si ça ne servirait pas à grand chose avec un flair de loup un soir de pleine lune, c'était en tout cas le réflexe logique : mettre de la distance entre eux.
Mais le résultat serait le même non ? Alors, pour le temps qu'il restait, elle voulait au moins savourer cette dernière étreinte, se serrant davantage contre lui, plongeant son visage dans son cou et respirant son odeur une dernière fois.
Oui, c'était elle qui parlait de trouver autre chose et qui ne bougeait pas... mais l'optimiste n'y croyait pas trop. Jusqu'à ce que Marshall se coupe dans sa phrase et la regarde dans les yeux avec cette expression où l'espoir semblait être revenu un peu. Elle ne savait pas ce qu'il avait trouvé, mais il l'avait trouvé ! Il avait quelque chose pour que demain ils puissent discuter de tout ça en déplorant leur grande stupidité avant qu'elle ne reparle de ces fameux arrangements jaunes qu'elle comptait bien éliminer de la liste.
Sans discuter, elle s'était laissée entraîner, s'arrêtant à plusieurs reprises quand son fiancé le faisait pour se pencher avec un air inquiet sur son visage. Posant parfois une main sur son épaule qu'elle serrait doucement. Ce n'était pas sa première transformation qu'elle voyait, mais elle était incapable d'être insensible à la douleur de cet homme.
Ils étaient finalement de retour dans la pièce principale et elle avait finalement compris ce que Marshall avait dans la tête quand ils s'étaient arrêtés au bas de cette statue.

« Sauvés par un démon... pourquoi on y a pas pensé plus tôt ? »

Disons qu'ils avaient la situation critique pour eux. Ils retrouveraient leurs cerveaux demain, quand tout irait mieux. Parce que tout irait mieux. Ça marcherait. Ce n'était pas un palace où passer une nuit confortable, mais elle s'en moquait bien tant qu'elle pouvait toujours le serrer dans ses bras demain.
Avec l'aide de son Marshmallow, il avait été plutôt facile de monter jusqu'en haut, s'agrippant à ce qui pouvait bien s'agripper, ils étaient finalement arrivés jusqu'aux épaules. Tout irait bien maintenant. Ce n'était plus qu'une question de patience et elle n'avait pu s'empêcher de sourire enfin, prenant le visage de son homme entre ses mains :

« Marshall Montgomery tu es un géni ! »

ça va, ça va, plus tard les flatteries !
Sans broncher, elle avait pris le poignard. Evidemment, elle n'irait pas lui planter un œil et serait sans doute du genre à faire attention de ne pas trop l'amocher... mais ce n'était pas la peine de lui dire et elle avait hoché la tête. Elle s'en servirait s'il le fallait mais avec moins de conviction qu'une grande guerrière.

« Je t'aime plus encore... »

Et elle lui avait rendu son baiser, baiser où le goût d'adieu avait disparu.
Tout s'était passé ensuite très vite. Ses lèvres avaient quitté les siennes et il était retombé en arrière. Si elle avait bien sentit une douleur sur son bras, elle n'y avait pas regardé de plus près tout de suite, préférant porter son regard vers le bas pour s'assurer que la chute n'avait pas fait trop de dégâts. Son Marshall était trop costaud pour ça et dans un soupir de soulagement, elle s'était appuyée contre la tête de la statue.
Mais après le coup d'oeil qu'elle venait de jeter à son bras, elle savait que ce soir ne serait pas sans conséquences. Oui, c'était nettement moins critique que terminer en repas ou avec le corps d'un Marshall sur ses genoux... mais il ne s'en blâmerait pas moins pour autant.
En bas, elle l'avait vu tourner en rond autour de la statue à plusieurs reprises avant que finalement il ne lève ses yeux vers le haut. A ses premières tentatives, elle avait avoué avoir observé avec anxiété. Et puis, la tension était légèrement retombée lorsqu'elle avait vu que la manière de s'y prendre n'y changerait rien. Le loup ne pourrait pas y monter. Il avait pourtant été du genre persistant et avait essayé encore et encore sans jamais sembler se lasser. A un moment, elle avait lâché un cri de surprise en sentant la statue bouger et avait craint que l'édifice ne tombe sous les assauts répétés du loup. Mais elle était bien restée en place, aussi solide qu’elle semblait l’être.

Au bout d’un moment, il avait relevé la tête vers elle, quelques secondes pas plus avant de s’en désintéresser complètement.
Elle ne saurait dire ce qui avait changé. Est-ce qu’il s’était finalement lassé en voyant qu’il n’atteindrait jamais le haut de la statue ? Elle doutait que la faim du loup se soit calmée.
Poussant un soupir, elle avait levé les yeux vers le plafond. Est-ce qu’elle allait penser à son cas maintenant ? Franchement … tout ce à quoi elle était capable de penser c’était à un futur de quelques heures, pas à la prochaine nuit. Comment est-ce qu’elle allait lui dire ?
Second soupir… au moins, elle avait du temps pour y réfléchir. Honnêtement, si elle avait le choix… elle préférait ne pas lui en parler. Elle le connaissait, elle savait ce que ça allait donner. Plongeant la main dans son sac, elle en avait tiré un gilet qu’elle avait enfilé. Ce n’était pas vraiment une question de nuit fraîche, ou de tombeau où la température perdait quelques degrés. C’était plus reculer l’inévitable… c’était un peu idiot mais elle n’était plus à ça près aujourd’hui.
Lentement, le temps avait fait ce qu’il savait faire de mieux et, quelque part au-dessus d’eux, le soleil s’était finalement levé sur la Nouvelle-Orléans. En bas, Marshall avait finit par s’endormir et le loup en lui en avait fait de même.
Roxanne n’avait pas attendu qu’il se réveille pour descendre avec prudence de la statue. Se retenant aux épaules, elle s’était laissée glisser le long du buste avant de sentir une prise. Une minute plus tard, ses pieds retrouvaient le sol du tombeau.

Le bilan n’était pas si mauvais que ça non ? Elle était entière, Marshall était en vie… pas de quoi en faire un drame ! Présenter comme ça, elle pensait que ça passerait ?
…
Probable que non. Mais après tout, peut être que ce n’était pas grand-chose, peut être que ça n’avait rien fait ! C’était qu’une griffure, douloureuse mais qu’une griffure quand même et… ouais, en théorie ça marchait aussi ! Et puis, elle ne se sentait pas déjà bizarre ? Si… mais elle aurait le temps d’y penser plus tard. Appuyant sa main sur son bras, elle avait frotté doucement… il n’y avait pas grand-chose à faire contre ça.
Après s’être approchée de son Marshmallow, elle s’était agenouillée près de lui, le regardant dormir quelques minutes. Elle n’avait pas franchement envie de le réveiller. D’accord, ce n’était pas le meilleur endroit pour dormir et il valait mieux sortir d’ici au plus vite, même si la nuit avait amené une potentielle sortie qu’ils vérifieraient ensuite. Mais elle redoutait ce moment inévitable où il comprendrait.
Doucement, elle avait passé une main dans ses cheveux, glissant vers sa joue dans une caresse, un sourire sur les lèvres.

« Hey Sweetheart… »


De son visage, elle avait tâché de gommer toute appréhension. Tout allait bien, ils étaient en vie tous les deux. Doucement, elle s’était penchée pour déposer un baiser sur son front.

Ils étaient là, tous les deux, à partager le même air et même si celui-ci n'était actuellement pas le plus pur du monde, rien ne pouvait avoir plus d'importance que ça. C'est ce qu'elle mettrait en avant. Plus tard. Pour le moment, elle voulait juste savourer l'instant. Si des paris avaient été pris, elle misait sur un faible pourcentage concernant leur survie ou non. Ah les sceptiques ! Il fallait bien qu'ils comprennent un jour ou l'autre que leur bonne étoile ne les abandonnait pas si facilement !
D'accord, elle avait peut être émis quelques réserves hier soir, mais ce n'était que le stress du moment.
Dans un sourire, elle avait accueillit sa remarque. L'expérience n'avait pas besoin d'un deuxième essai... encore moins maintenant. Ce ne serait plus si grave pour eux, c'est vrai... en tout cas quand le lieu était un tombeau fermé sans public. Mais elle ne comptait pas lui répondre un truc pareil, raison pour laquelle elle avait sourit comme elle aurait dû le faire en temps normal :

« Je pense que c'est une excellente idée. »

Ouais, une idée qu'ils auraient du avoir avant ! Mais inutile de les sermonner en ce moment. De toute manière, l'un comme l'autre n'écouterait pas grand chose. Ce baiser chassait les peurs de la veille, et même s'il ne retirait pas les soucis à venir, Roxanne l'avait savouré ce goût de soulagement, encadrant son dos de ses bras.
Tout irait bien comme tout allait toujours bien. C'était ce qu'elle pensait à chaque fois que ses lèvres rencontraient celles de Marshall Montgomery. Hier soir avait perdu ce goût d'adieu, ce soir pouvait bien attendre... disons pour toujours ? Elle savait que c'était impossible, simplement... elle aurait bien aimé. Alors qu'ils avaient affronté des momies, ou encore plus récemment des vampires, elle redoutait de lui parler aujourd'hui.... L'image de la fière aventurière en prenait un coup.
Posant son front contre le sien alors que leur baiser avait pris fin, sa main était revenue caresser sa joue avec tendresse :

« ça va.... L'homme que j'aime vient de m'embrasser, ce qui veut dire qu'on est tous les deux en vie, on a trouvé ce magnifique objet brillant et en plus j'ai sympathisé avec Balthazar cette nuit qui m'a peut être filé une idée de sortie pour rentrer dans notre magnifique et confortable chambre d'hôtel. J'vois aucune raison pour que ça aille mal. »

Aucune vraiment ? Pas même ce qu'elle ressentait intérieurement ? Que de la fatigue après une mauvaise nuit ! Rien de plus.
Après avoir énuméré tous les points positifs, et volontairement oublié le point négatif du bilan, elle s'était relevée pour s'éloigner en direction de son refuge de la nuit. Si ça pouvait faire plaisir au gang de la franchise, lui mentir ne lui faisait plaisir en rien. Elle était pourtant une menteuse hors pair et ils s'étaient tous les deux racontés pas mal de mensonges le jour de leur rencontre. Mais aujourd'hui ils ne se cachaient plus rien sans même avoir eu besoin de le poser comme une condition sur leur contrat de couple. Alors oui, pour une bonne menteuse, la culpabilité était là. Mais ici et maintenant n'étaient ni le bon endroit, ni le bon moment. Si on ajoutait à ça qu'elle n'avait aucune idée de la manière avec laquelle elle allait aborder le problème, elle préférait orienter le débat vers la potentielle sortie.
Elle lui avait laissé le temps de s'habiller avant de finalement s'accroupir pour frotter le sol poussiéreux de sa main :

« J'pense que Balthie ici présent s'est assis dessus. »

Et maintenant que la poussière en moins laissait apparaître un début de rails, ça ressemblait moins à une hypothèse. Ce n'était peut être pas une sortie, mais ça en avait le goût :

« Il a pas eu l'air très content que tu tentes de le virer de là cette nuit mais il faut bien qu'il se bouge un jour ou l'autre. »

...pas pour de vrai. Assez d'un problème à la fois pour en plus avoir à faire avec une statue géante de démons dans les pattes.

Secouant la tête après un haussement d’épaules, Roxanne avait économisé les mots qui auraient dit qu’elle ne se voyait pas tellement vivre le restant de ses jours dans ce genre d’endroit. Restant de jours qui ne seraient pas très conséquent vu que manger et boire était un besoin pour le moins vital. Il ne restait plus qu’à espérer que le hasard ferait bien les choses et que Marshall en loup avait bien tenté d’escalader ce qui cachait la sortie.
Ils étaient tous les deux en vie. Y’avait quand même de quoi croire en leur bonne étoile non ? Bien sûr, le destin aurait pu choisir de les châtier pour leur incroyable imprudence de la nuit passée mais, franchement, il en avait assez fait. Ce serait déjà une belle punition que de devoir parler à Marshall plus tard.
Quand ?
Plus tard. Tout ce qu’elle voulait à l’heure actuelle c’était sortir d’ici et surtout ne pas penser au reste. En fait, si elle pouvait complètement chasser la mauvaise nouvelle de son esprit, elle prenait. D’accord, ça ne résoudrait pas les choses mais la fuite avait souvent un goût très agréable en bouche pour qu’on ne prenne pas la peine d’y penser quelques minutes.
Elle ne voulait simplement pas lui faire ça….
Y’avait bien cette conscience pénible qui lui sortait : « t’as pas le choix Roxanne ! », « plus vite tu le diras, mieux ce sera pour tout le monde » et tout le blabla qui allait avec. Mais franchement, sa conscience était débile. Ce n’était pas le moment. Pour l’heure, elle avait employé ses forces à pousser, pousser et encore pousser dans l’espoir de voir cette maudite statue se bouger un peu son illustre postérieur. Ce qu’elle avait finit par faire, ENFIN ! Dans un soupir, à la fois pour exprimer son soulagement et reprendre son souffle, elle avait fixé l’ouverture tout en fouillant dans son sac pour en tirer sa lampe de poche. Fallait être un peu contorsionniste, mais l’essentiel était de se tirer d’ici non ?

« Dès qu’on rentre, on se commande une montagne de pancakes et j’te promets une absence totale d’activité cérébrale ! »

Avant de te pourrir le reste de ta journée ?
Ouais, elle allait peut être pourrir celle d’un autre anglais avant ça. Sur ce coup là, Marshall pourrait bien avoir besoin d’un meilleur ami. Elle pourrait bien en avoir besoin aussi. En revanche, il y en avait un quatrième qu’elle se dispenserait bien d’appeler. Lui, il ne serait pas très utile à la situation. A part si crier, frapper dans un mur avant de crier de nouveau pouvait amener quelque chose… mais elle en doutait fortement.
Ils avaient progressé, doucement mais sûrement, et aucun d’eux n’avait déclenché de piège mortel. Ils auraient pu se trouver dans un nouveau dédale qui ne les mènerait nulle part mais, ce coup-ci, la chance semblait enfin leur être revenue quand quelques secondes plus tard, la plaque d’égout d’une ruelle déserte se soulevait pour leur laisser enfin respirer l’air pur. Air pur dont Roxanne avait inspiré une grande et large bouffée.
Non, ils ne pourraient pas se vanter d’un nouveau coup d’éclat et d’avoir été brillants sur ce coup-là, mais au moins ils mangeraient des pancakes ce matin non ? Point positif, rester sur l’énumération des points positifs.