Gabriel avait eu cours toute la journée, et il s’était ennuyait. Pourquoi avait-il prit la littérature anglaise ? Il la connaissait sur le bout des doigts, il était même plus renseigné que ses professeurs. Le phénix passa par chez lui avant de filer bosser à la bibliothèque. Aujourd’hui, il travaillait jusqu’à une heure du matin, les joies d’une ville qui prend soin de ses étudiants et leur laisse l’opportunité de réviser jusque très tard.
Le brun prit une bonne douche avant de s’habiller rapidement et se rendre sur son lieu de travail. Encore fois, à la place de le laisser à l’accueil, on l’envoya ranger des livres dans des coins perdus de la bibliothèque. Il avait d’ailleurs croisé pas mal de couple réviser tout en gloussant. Ah ce qu’il pouvait détester ce genre de choses. Il était du genre pudique pour ses relations amoureuses et n’aimait pas du tout s’afficher aux yeux du monde entier.

Finalement, il prit un tas de livre du rayon histoire française à ranger et s’y dirigea mais à peine avait-il tourné dans l’allée que ses yeux avaient changé de couleur : Alexis. Cette fille avait le don de lui faire perdre tout son calme. Et avec le temps ça empirait, au début, il devait parler avec elle pour que ses yeux virent au rouge, mais maintenant, il fallait simplement qu’il la voit et il perdait le contrôle.


Il avait tenté de rester neutre mais sa voix avait trahit son état.
Gabriel ne comprenait pas pourquoi cette fille le perturbait tant, il avait déjà croisé des vampires et il n’avait jamais réagi aussi exagérément que là. Peut-être parce qu’elle était aussi cultivé et qu’il se sentait concurrencé ? Aucune idée d’ailleurs, il ne put s’empêcher de reprendre la parole.


Il disait ça et pourtant, il savait que ça lui ferait bizarre de ne pas la croiser de temps à autre dans les allées de la bibliothèque. Mais il ne comprenait pas se sentiments de manque alors qu’il ne pouvait se la voir en peinture. Gabriel n’était pas du tout le même avec elle qu’avec les autres et c’était d’ailleurs assez étrange.


Oh le vilain, c’était très bas de faire ce genre de chose, mais rien à faire, elle le rendait comme ça. C’était un réflexe totalement incontrôlable !

   

Dans la pénombre de la nuit, une silhouette se dessinait dans les ténèbres d'une ruelle. Elle marchait d'un pas lent et assuré en essuyant le coin de ses lèvres à l'aide d'une serviette en papier. « Celui-là était un peu trop sucré à mon goût. » Murmura la jeune femme qui s'extirpait de la ruelle déserte pour rejoindre la foule qui commençait à se bousculer dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Une petite ville bien agréable à la nuit tomber, même si le nombre de passant réduit grandement les chances de pouvoir se nourrir en toute tranquillité selon la belle brune. Cela dit, l'avantage est qu'elle ne peut pas s'ennuie lorsque sa journée début. Les inconvénients d'être l'une d'entre eux. Elle ne s'en est jamais plain, ne voyant aucunement cela comme une malédiction et puis, la nourriture était gratuite à présent. Rien que d'y penser, elle croquerait bien un morceau un peu plus à son goût que le précédent. Elle se retira instantanément cette idée de l'esprit en passant une main dans sa chevelure à présent légèrement châtain. Et oui, changer de couleur et de coupe était devenu une sorte de manie après quelques temps.

Se glissant entre les passants et cette odeur étrangement désagréable, la demoiselle s'élança vers son lieu de vie. Un joli petit loft dans lequel elle avait récemment emménager après un long séjour à l'hôtel. Il faut dire que plumer les pauvres petits humains étaient d'une facilité remarquable pour une personne de son genre. Ce n'était pas spécialement son genre, mais elle avait littéralement craqué sur ce loft où la bibliothèque était relativement grande. C'était d'ailleurs l'un des rares outils qu'elle utilisait dans son appartement, cela et sa salle de bain grand luxe. Etant éternellement jeune, elle pouvait bien se permettre de prendre un peu soin d'elle et ce surtout quand l'odeur nauséabonde des discothèques dans lesquelles elle se nourrissait lui collait à la peau. Elle ne prit aucunement la peine de voir si elle a du courrier, elle sait qu'elle n'en a pas et même pas des publicités. L'anonymat se trouve être un atout majeur lorsqu'on est mort-vivant.

Elle traversa les couloirs, referma la porte derrière et commença à laisser tomber ses vêtements un à un sur le trajet jusqu'à la salle de bain. Elle se prélassa ensuite longuement sous la douche, prévoyant déjà quel livre elle allait bien pouvoir dévorer à la bibliothèque en ce début de soirée. Après tout, même si elle dispose d'un grand nombre d'ouvrage, elle aimait particulièrement traîner dans les rayonnages de cette institution qui lui rappelait son ancienne demeure. Et puis, même si elle ne voulait pas se l'avouer, il y avait bien une personne qu'elle avait hâte de mettre hors de ses gonds. Un sourire amusé se dessinait sur ses lèvres à cette pensée lorsqu'elle se décida finalement à sortir de la douche pour s'enrouler dans une serviette et traverser la pièce jusqu'à sa chambre. Une pièce particulière sombre où les volets n'étaient jamais ouverts tout comme ceux qui se trouvaient dans le reste de l'appartement. C'était une question de sécurité primordiale pour ne pas carboniser en plein sommeil.

Trois quart d'heure plus tard, Alexie s'était vêtu d'un short en jean, d'un chemisier surmonter d'une veste en jean et de petites bottines. Ses cheveux étaient séchés et tombaient dans son dos. Elle s'était maquillée légèrement comme à son habitude et portait le bracelet qui lui restait de sa mère au poignet. Puis, sans un regard en arrière pour un appartement peu ranger, Alex fourra son portable dans sa poche et prit la direction de la bibliothèque. Lorsqu'elle fut enfin arrivée à destination, en un temps record, Alexie commença aussitôt à fureter entre les rayons de livre et se dirigea vers le coin le plus calme pour se plonger dans un récit en toute tranquillité. Hélas, elle aurait du se douter que le coin reculé de la bibliothèque était aussi un lieu populaire auprès des jeunes gens bourrés d'hormones. Elle leva les yeux au ciel en poussant un soupire exaspéré face à l'utilisation d'une bibliothèque par les jeunes d'aujourd'hui. Sans s'y attarder davantage, elle se glissa plusieurs rayons plus loin et laissa glisser sa main droite sur la reliure des ouvrages classiques français, dans la langue d'origine bien entendu. Il faut dire qu'étudier cette langue avait été comme une obsession durant son enfant sans qu'elle en connaisse la raison.

Elle s'apprêtait à prendre un ouvrage au hasard lorsqu'une voix l'arrêta dans sa lancer. Elle ne reconnaissait que trop bien cette voix. Cette dernière lui indiquait que la soirée allait être des plus amusantes et divertissantes. Alexie se retourna lentement et planta ses yeux dans ceux de son aîné. De toute évidence son petit jeu était déjà gagné d'avance puisque les yeux du jeune homme en face d'elle avait déjà prit une teinte aux couleurs des flammes. « Tiens, tiens. Gaby, sa faisait longtemps dis moi. » Quelques jours, quelques semaines tout au plus, mais cela n'avait pas grande importance, non? Contrairement à celle du démon face à elle, la voix de la jeune vampire était calme bien que trahissait une pointe d'amusant. « Pourquoi, tu n'es pas heureux de me revoir ? Et puis, tu sais très bien qu'on ne s'amuse pas autant dans les autres bibliothèques. » Répliqua-t-elle franchement sans réellement tenir compte de la pique que venait de lui lancer son aîné. Même si elle avait la fâcheuse tendance à s'emporter plus aisément en sa présence, il lui faudrait plus que cela pour la faire flancher. Elle a un peu plus de sang-froid que ça, heureusement.

La journée était passée lentement, Gabriel avait cru que d’un seul coup, les phénix avait eu la chance ou plutôt malchance dans son cas de contrôler le temps. Il avait l’impression que les minutes ressemblaient à des heures, lui le passionné d’étude en avait marre d’aller en cours. Peut-être parce qu’il connaissait trop bien le sujet et qu’il pouvait remettre à leur place tous les profs ou tout simplement parce qu’il avait enfin passé l’âge de faire des études. En plus de cent ans, il avait accumulé pas mal de diplômes et beaucoup de connaissances, il était lassé.
Ca lui faisait quelque chose de se dire qu’il ne voulait plus continuer l’université. Mais bon, la vie était pleine de rebondissent. Finalement, les heures de calvaires passèrent plus ou moins vite et Gabriel pu enfin aller à la bibliothèque. C’était un lieu calme et apaisant pour lui, du moins jusqu’à ce qu’une jeune fille décide d’y trainer.

Commençant tout d’abord par ranger des livres dans des coins déserts de la bibliothèque, il se lassa rapidement en voyant des tas de couples roucouler dans les allées. Il détestait ça, c’était irrespectueux mais bon, la nouvelle génération n’était pas réputée pour son respect des choses. Finalement, il opta pour ranger l’arrivage de livre sur l’histoire Française. Lorsqu’il tourna dans l’allée, il put voir une jeune femme aux cheveux châtains. Il aurait très bien pu lui faire un sourire mais c’était trop lui demander. Ce n’était pas une inconnue non, c’était une habituée des lieux, plutôt en nocturne certes, mais bel et bien une habituée. Alexie, ou comment mettre Gabriel sur les nerfs en quelques secondes. Les yeux du jeune homme avait trahit sa condition de démon, passant de brun à rouge, comme si des flammes s’étaient glissées à l’intérieur. Cette fille avait le don de le mettre sur les nerfs en moins de deux.
Toujours sa pile de livres à la main, le Français la salua, à sa manière, en lui lançant une bonne pique. Malheureusement, Alexie avait réussi à le titiller sur un point qu’il n’aimait pas, son prénom. Une chance qu’elle ne connaisse pas le deuxième se disait-il.


Il laissa quelques secondes de blanc avant de reprendre


L’éternel étudiant disait ça, mais au final, elle lui avait vraiment manqué, c’était comme-ci sa dose de disputes devait augmenter chaque semaine. Comme un accro à la cigarette mais lui c’était plutôt à leur prise de tête. D’un autre côté, ça l’intriguait de ne pas savoir pourquoi il sortait de ses gonds si facilement en sa présence.
Le jeune homme commença à ranger les livres qu’il tenait essayant tant bien que mal de se calmer. Si une personne le croisait avec ses yeux de phénix, il aurait quelques soucis pour s’expliquer. Malheureusement, juste la vue de la demoiselle faisait qu’il gardait cette flamme en eux. Finalement, il se retrouva tout proche d’elle pour ranger le dernier livre qu’il avait. Assez proche pour voir une petite trace au niveau de ses lèvres et il ne lui en fallait pas beaucoup pour comprendre qu’avec cette couleur là, ça ne pouvait être que du sang.


Gabriel avait utilisé une voix qu’on utiliserait pour réprimander gentiment un enfant, le tout en lui ébouriffant les cheveux. Elle n’avait qu’à pas dire Gaby.
   

Un repas au clair de lune, une longue douche et un temps indéterminé était le résumé parfait d'une nuit pour la jeune vampire. Bien entendu, il lui arrivait de changer, de se divertir autrement qu'avec un bon livre, mais cela dépendait du programme de cinéma ou de ses envies de moment. Toujours suivre ses moindres envies était la façon de vivre de la belle Alexie et elle ne s'en privait pas le moins du monde. Elle avait l'éternité autant ce faire plaisirs et s'amuser pendant le temps dont elle pouvait disposer. D'ailleurs, le jour arrivait souvent trop tôt à son goût. Elle s'était levée avec un petit programme en tête et l'avait parfaitement respecté. La jeune femme s'était abreuvée de son doux nectar quoiqu'un peu trop sucrée à son goût entre deux séjours relativement long dans la salle de bain. Profitant de sa seconde douche, plus longue que la première, pour réfléchir à sa prochaine lecture et accessoirement aux pics qu'elle allait bien pouvoir lancer à un certain employé de la bibliothèque. Même si elle ne voulait se l'avouer, Alex avait particulièrement hâte de voir ce beau brun sortir de ses gonds de plus en plus aisément en sa compagnie. Leur prise de tête rythmait ses semaines, accentuant son amusement. Ce fut, toujours plongé dans ses pensées, qu'elle sortit de la douche et s'enroulait tranquillement dans une serviette en prenant la direction de sa chambre. Une pièce sombre comme le reste de la demeure et qui disposait une décoration sobre bien que chic et féminine. Il ne fallu que peu de temps à la vampirette pour choisir une tenue et de terminer de se préparer. Une fois maquillée légèrement, vêtit et coiffée, elle sortit sans un regard en arrière. Contrairement à d'ordinaire son loft n'était pas irréprochable, mais elle ne voulait pas perdre de temps.

Peu de temps s'était écoulé avant qu'Alexie n'arrive à la destination. Elle ne s'attarda aucunement sur la personne présente au bureau à l'entrée, passa devant les premiers rayonnages sans détourner le regard de devant elle. Se rendant au fond de la bibliothèque, elle tentait d'oublier la présence d'adolescents qui semblaient prendre les rayonnages pour bien autre chose. Elle avait bien dû mal à se dire qu'elle était leur aînée que d'un ou deux ans, pas plus et que ses centres d'intérêts étaient tous autres. En même temps, durant sa période humaine, l'éducation qu'elle avait reçue était particulièrement différente. La jeune brune s'était peut-être amusé à draguer certains hommes, plus ou moins pervers, pour nourrir sa famille, mais elle n'avait jamais connu ce genre de situations. Elle en était d'ailleurs ravie. Lorsque le rayon des romans français arriva dans son champ de vision, elle avait déjà oublié tout cela. Un léger sourire se dessinait sur son visage lorsqu'elle laissa glisser sa main droite sur la reliure des ouvrages. Alex affectionnait sa sensation des vieux livres sous ses doigts et ce d'autant plus depuis que ses sens sont plus puissants.

S'arrêtant devant l'un des romans historiques du rayon, une voix se fit entendre non-loin d'elle. Une voix familière qui annonçait que la nuit allait être divertissante et qu'elle correspondrait à ses attentes pour cette dernière. Elle se tourna aussitôt vers Gabriel dont les yeux indiquaient que le jeu était déjà gagné pour la jeune vampire, il était sortit de ses gonds avant même qu'elle ne puisse lui lancer une pique. Cela dit, elle ne s'en priva pas non-plus et taquina le jeune phénix avec son prénom. Elle savait pertinemment qu'il n'aimait pas le surnom qu'elle lui donnait, mais elle aimait sa réaction. Calme, Alexie répliqua sans accorder la moindre attention à la pique de son aîné dont la réaction amusa d'autant plus l'être de la nuit. « Aoutch... Même pas un peu? Que de paroles douloureuses tu me dis là... » Répliqua-t-elle faussement touchée sur un ton quelque peu taquin. De telles paroles ne pouvaient pas la blesser aussi facilement, surement parce que c'était un véritable défis pour apercevoir le coeur de la demoiselle. Ses larmes n'avaient coulées qu'une seule et unique fois depuis fort longtemps, il lui en faudrait bien plus. Sans oublier que son humanité était différente de celle des autres êtres qui en disposaient d'une.

Profitant du fait que son aîné soit silencieux un instant pour ranger ses ouvrages, Alexie agrippa l'ouvrage qui l'avait intéressé quelques minutes plus tôt et lisait le résumé lorsqu'elle fut de nouveau interpellée par Gabriel. Mais, cette fois-ci son self-contrôle subissait un assaut un peu trop puissant pour qu'elle garde son calme légendaire. Elle pouvait supporter bien des taquineries, mais en tant que personne méticuleuse et consciencieuse Alex ne supportait pas qu'on suppose qu'elle n'ait pas su effacé la moindre trace de son repas. Le pire étant cette façon de l'avoir infantilisé à travers gestes et paroles. Elle se figeait instinctivement sa respiration inutile n'était plus tandis qu'elle faisait de son mieux pour que son visage ne change pas comme à chaque fois qu'elle sortait de ses gonds. « Pardon! » Un mot qui ne ressemblait en rien à une excuse, mais davantage à une menace. Son ton était aussi tranchant que les canines qu'elle tentait de ne pas faire sortir. La jeune vampire tentait en plus de cela de ne pas réduire le livre qu'elle avait en mains en miette en serrant uniquement l'autre. « Attention, papy, se sera bientôt ton tour d'en mettre partout et puis, je crois que ta vu fais des siennes. » Une menace déguisée? Peut-être après tout se serait bien le genre de la belle.