« Vous voulez connaître ma théorie sur ce tombeau ? C’est celui d’un autre pharaon, ou plutôt d’un pharaon. Nombreux sont ceux, moi le premier, à penser que Psammétique III n’est pas le dernier pharaon de la 26ème dynastie. Après tout, Eusèbe de Césarée lui-même en fait mention et parle d’un éthiopien au pouvoir au cours de ces six mois. Le dernier pharaon de cette dynastie était Amasis et personne d’autre. »

Hochant la tête avec vigueur, la jeune Roxanne semblait d’accord avec son interlocuteur. A la vérité, elle ne l’était pas… ce qu'il lui disait était un ramassis de conneries. Nombreux étaient également ceux à apporter des témoignages sur Psammétique III et ces quelques mois au pouvoir. Alors oui, ce tombeau pour les sceptiques du pharaon passait pour le tombeau d’un autre, un pharaon plus important. Mais pas pour Roxanne… Psammétique s’était intéressé à certaines choses au cours de son règne et avait une histoire bien plus passionnante que ce que les purs historiens pouvaient en dire.
Alors pourquoi manifester un total accord avec le binoclard qui continuait dans son monologue qui semblait pourtant les passionner tous les deux ? Parce que le médaillon qu’il lui avait montré avant de monter dans le 4x4 avait l’air bien plus intéressant que lui. A vrai dire, il avait tout d’une clé. Une clé qui leur serait bien utile à Benjamin et elle une fois sur les lieux. Voilà la raison essentielle qui faisait de ce petit binoclard, pas charmant pour un sou, le plus bel homme de leur expédition. C’était du moins l’expression de son partenaire et ami quand il avait vu la moue de dégoût de celle qu’il considérait comme sa fille à sa proposition de se rapprocher de l’homme pour lui dérober ce médaillon. Médaillon dont elle savait la présence dans sa poche. Juste une secousse, plus grosse que les autres et elle se lançait.
Son souhait avait finit pas être excaucé quelques secondes plus tard, alors même que l’envie de lui répondre qu’il se trompait sur toute la ligne la démangeait en bonne Mademoiselle-je-sais-tout. Avec innocence, sans qu’on puisse la soupçonner, elle s’était retrouvée contre lui, sa main s’agrippant à sa cuisse, en profitant pour tirer le médaillon, objet de ses désirs, de la poche de l’instruit qui avait lourdement rougit avant d’afficher un air clairement pervers… eurk… eurk… et re eurk.

« Désolée James… ces voyages sont toujours d’un inconfort ! »

Désolée, elle ne l’était pas. L’inconfort, elle avait connu pire. Mais dans son rôle, elle était tout simplement parfaite. Se redressant avec une fausse gêne sur le visage, elle lui avait sourit. Il n’avait pas conscience que son bien se trouvait désormais dans sa poche à elle… et cet ignare ne le regretterait peut être même pas avant d’avoir la preuve qu’il était utile. Gardant cette réflexion pour elle, elle s’était excusée une seconde plus tard, prétextant devoir retrouver le respectable professeur Hanson de la faculté… Benjamin en vérité, mais ce rôle lui allait à merveille… bien mieux que celui d’un jeune couple de passionnés en tout cas ! Ah la fierté masculine et le besoin de montrer à ses semblables qu’on pouvait se taper une petite jeune !
Bref, inutile d’épiloguer sur les quelques défauts de son mentor, il en avait assez pour écrire une encyclopédie, elle supposait toutefois que ça faisait une partie de son charme. Se redressant, elle n’avait pas prévu cette nouvelle secousse, bien assez importante pour la rasseoir dans la seconde, à ceci près qu’elle ne l’avait pas fait à sa place et était tombée sur son voisin.
« Pourquoi ce n’est pas lui qui a ce qu’on veut ? Pourquoi c’est toujours le moche ? »… c’était ce qu’elle avait demandé à Benjamin juste avant de monter dans le 4x4. Le faux professeur avait ensuite détaillé le jeune homme l’air de dire qu’il n’avait rien de bien extraordinaire.

« Désolée, je suis d’une maladresse ! »

Ça ou elle l’avait fait exprès pour contrarier Benjamin qui lui laissait toujours le soin de jouer les charmeuses niaises et autres, souvent avec des moches, mais se montrait toujours un brin possessif et jaloux quand elle en complimentait un autre que lui. Il n’y avait rien de plus que l’affection que partageait un père et une fille entre eux, mais c’était sans doute là le fond du problème.
Bref, savoir si Roxanne était maladroite ou désireuse de se venger du monologue bourré d’idioties du binoclard était une mission bien difficile.

Hum, lui n'avait rien d'un binoclard maladroit et malhabile. Disons qu'il savait où placer ses mains et ne faisait franchement pas preuve de gêne. Tout le contraire de son voisin en somme. Dans son rôle de frêle étudiante exploratrice, elle ne pouvait pas mener le débat dans ce registre, aussi elle s'était contentée de jouer les pauvres demoiselles en besoin d'assistance. Oui, Benjamin allait probablement s'en plaindre mais elle ne faisait que jouer son rôle ! La prochaine fois, il se coltinerait le postillonneux ! Certes, il avait moins "d'atouts" mais en brillant professeur, il pouvait tout de même opérer un rapprochement, quite à faire semblant d'aimer les hommes.

« Vous avez peut être raison, mais ne je voudrai pas vous incommoder. »

Rassure toi Roxanne, tu n'as pas l'air de le déranger si ça te tracasse vraiment. En revanche, ta dernière conquête a l'air de bien moins supporter ce rapprochement.
Aucune importance, elle n'avait plus besoin de lui désormais. Rester en bons termes était une bonne tactique au cas où, mais se frotter à lui n'était plus sa priorité maintenant qu'elle avait l'objet de ses désirs dans sa poche.
Mimant avec talent la jeune demoiselle mal à l'aise, elle était néanmoins rester à cette place tandis que les deux hommes discuter, en profitant au passage pour mémoriser le nom de l'inconnu. D'accord, il n'avait pas de médaillon, mais ça pouvait toujours servir. Et puis, il était charmant, un peu débraillé mais charmant. Si on ajoutait à ça qu'il savait s'exprimer sans déverser des litres de salive, elle préférait sa place actuelle à la précédente :

« Le Tibet ? J'ai toujours rêvé d'y aller ! »

Vraiment ? Elle n'y était pas allée deux ans en arrière, en compagnie de Benjamin ? Possible. Mais Maxime Carpenter non. Maxime Carpenter avait une bien maigre expérience sur le terrain. Elle rêvait certes d'aventures, mais elle était jeune et inexpérimentée. Elle rêvait de devenir une femme d'action mais ne faisait que le rêver. Elle finirait probablement dans un musée mais aurait néanmoins une brillante carrière bien en sécurité derrière un comptoir. Elle se marierait à 25 ans, avec un professeur d'histoire probablement, aurait deux enfants et finirait à 50 ans par regretter de ne pas avoir tenté le coup d'une vie plus trépidante. Elle regretterait peut être cet aventurier qui avait sans doute évolué dans sa vie rêvée mais ne ferait jamais que fantasmer dessus et sur ce qu'il représentait. Son personnage, elle le connaissait sur le bout des doigts, et quand le dénommé Simon avait opéré un rapprochement pour lui parler de Finlande, elle avait eu l'air hautement impressionnée :

« Quelle vie passionante vous devez avoir ! Je veux tout savoir ! Ce n'est que ma deuxième expédition... enfin... disons que la première ne compte pas, je me suis simplement documentée sur le terrain. Mais cette fois-ci, le professeur Hanson m'a promis que je pourrai participer activement aux recherches ! »

Fière, elle avait l'air de l'être et on pouvait noter une certaine admiration dans sa voix au nom d' Hanson. D'un mouvement de tête, elle l'avait désigné, en face d'eux. Ouais... à le voir comme ça, il n'avait pas l'air du type spécialement enjoué et ressemblait plus à Grincheux des sept nains. Profitant d'avoir la tête tournée pour être une incroyable gamine, elle avait opéré un discret tirage de langue avant de se retourner vers Simon :

« Je suis Maxime Carpenter, enchantée de faire votre connaissance. »

Polie, distante, voilà qui ne remettait en aucun cas en doute sa récente maladresse, même quand une nouvelle secousse l'avait collé contre le jeune homme et qu'elle s'était agripée à lui dans une exclamation surprise. C'était d'ailleurs probablement ça qui avait ramené le respectable professeur Hanson... respectable et aigri à voir la manière dont il avait balancé "du vent" au binoclard afin de pouvoir s'installer au milieu :

« Jeune homme, j'espère que vous n'êtes pas en train d'abuser de la naïveté de mon étudiante. J'ai promis à ses parents de veiller sur elle. Maxime, tu ne trouves pas qu'il y a assez de places dans ce 4x4 ? »

Pas de bonjour ni de présentation ? Le professeur Hanson ne cherchait pas à décrocher la place de favori de l'expédition !

« Tu l’as fais exprès ! Je sais que tu l’as fais exprès ! »

Roulant des yeux, Roxanne avait soupiré. Depuis qu’il était venu se mêler d’autre chose que de ses affaires dans le 4x4, Benjamin n’en décolérait pas. Visiblement, il n’était pas fan de Simon. Sans doute lui avait-il préféré l’homme aux postillons pour la simple, unique et excellente raison qu’il n’était pas du goût de sa partenaire. Elle avait eu le droit à tout un passage sur la nécessité ou pas de lui faire un grand numéro de charme, il avait ensuite enchainé sur la place disponible dans le véhicule avant de revenir à l’utilité de ce rapprochement. La plupart du temps, la demoiselle s’était contentée de répondre vaguement, préférant souligner qu’elle avait le médaillon et qu’elle était très talentueuse, très pro et tout le blabla qui allait avec. Mais dans le fond, même une fois le campement installé, c’était le même discours en bruit de fond qui revenait de temps à autre.

« Si t’es sûr de toi sur mon ignoble fourberie, on pourrait passer à autre chose ? »
« Je le savais, on aurait dû se faire passer pour un couple.»
« Visiblement non… je passe la première. »

Dans un énième soupir, Roxanne était entrée dans le tombeau, à l’arrière, à l’abri des regards. A cette heure-ci, le campement était endormi, profitant d’un ultime repos avant le début des fouilles. Si Benjamin ne semblait pas trop concentré sur leur tâche à cet instant, elle comme lui espéraient bien prendre ce qu’ils trouvaient réellement intéressant avant les autres. Derrière elle, son mentor avait poussé quelques jurons et elle avait entendu le bruit de son légendaire briquet qui allumait la torche de l’explorateur... tandis qu’elle sortait sa lampe de poche. Ok, elle n’allait pas se moquer de lui ce soir, fallait avouer que le feu avait son utilité dans les tombeaux, il n’y avait que les amateurs pour dire le contraire :

« Et puis, je ne l’aime pas beaucoup. Il ne m’inspire pas confiance….»
« Parce qu’on est tellement des gens de confiance !»
« Je suis un respectable et renommé professeur !»

Ne pouvant retenir un sourire plus longtemps, elle s’était retournée vers lui et son air malin avant de continuer à progresser dans le tombeau. Comme souvent, elle s’était mise à réfléchir à voix haute, sur l’emplacement des salles avant de s’arrêter à un mur aux hiéroglyphes « fascinants », du moins c’était elle qui le disait. La scène dépeignait l’ultime bataille de Psammétique III, celle au cours de laquelle il avait trouvé les plus beaux des cadeaux que l’on puisse faire à sa bien-aimée… un livre et un bâton… ok, dit comme ça… ça sonnait cadeaux merdiques. Tout en commentant la scène de bataille, elle avait effleuré le mur, parlant avec passion. Peu intéressé par le cours d’histoire qu’il avait déjà entendu un milliers de foi de la part de Roxanne, Benjamin s’était un peu avancé dans le couloir. Il lui avait bien semblé entendre un bruit étrange, mais ce qui l’avait le plus intrigué c’était le silence, silence qui intervenait au moment préféré qu’aimait racontait Rox. Et, quand il s’était retourné, il n’avait pu que constater son absence.
Pendant qu’en haut le « professeur » tâtonnait ce mur qui avait manifestement gobé sa presque progéniture, Roxanne manquait d’écraser quelqu’un, après une descente un peu trop longue à son goût, avec le mur qui venait de s’ouvrir pour la voir débouler. Par chance, elle ne s’était pas fait mal, c’était déjà un bon point. Certes, elle ne s’était pas fait mal parce qu’un obstacle lui avait empêché de se payer le mur d’en face, mais chaque chose en son temps. Une fois le choc passé, une fois le constat qu’aucune douleur abominable ne se faisait sentir, elle avait ouvert les yeux sur :

« Simon ? Qu’est-ce que vous faites ici ?»

Et on te retourne la question Sherlock ! Après tout, étant donné qu’il vient de manquer de se faire aplatir par un mur qui s’est ouvert sur ta gracieuse personne, étant donné que tu viens de malencontreusement le plaquer contre un mur, il serait sans doute d’usage de formuler quelques mots d’excuses polies. Vrai ! Retirant ses mains du mur, s’écartant un peu de celui sur qui elle aimait manifestement tomber aujourd’hui, elle avait ajouté :

« Désolée, on dirait bien que j’apprécie vous tomber dessus !»

Prêtant finalement un peu d’attention aux alentours, sa lampe avait éclairé des escaliers… le chemin de Simon peut être, et le futur de Benjamin sans aucun doute :

« Hum… j’imagine que mon chemin était plus rapide.»

Probable oui, mais, pour le moment, elle s’en était détournée, étudiant un peu le long couloir dans lequel elle venait d’atterrir. Celui-ci devait bien mener à autre chose qu’à une chute.

D’accord, d’accord, sa présence était toute aussi curieuse que la sienne. Normalement, l’un comme l’autre, était sensé attendre le début des fouilles le lendemain matin. Mais Maxime était une toute nouvelle exploratrice impatiente de prouver qu’elle était capable de faire autre chose que lire dans les bouquins. Bien sûr, ce serait sa seule et unique tentative et son futur était parmi les pages des vieux livres et tout ce qui allait avec. Mais dans le fond, quand elle analysait son personnage, elle trouvait son excuse pour ne pas attendre le matin excellente. Ceci dit, elle ne répondit pas pour autant à son regard, préférant balayer de sa main poussière et sable sur ses habits. Etant donné qu’il venait de lui servir de coussin, le silence était le meilleur des chemins.
Dans un sourire hautement innocent, elle avait accueillit sa seconde remarque. Elle aurait pu aller plus loin en sortant une phrase digne du personnage, genre destinée, ils étaient faits pour se marier et avoir beaucoup d’enfants blablabla. Mais pas sûr que Ben y voit une quelconque utilité. Ce qui ne l’aurait pas arrêté dans la niaiserie charmante à l’accoutumée, mais ses pensées étaient bien trop tournées vers l’objet de ses envies pour qu’elle veuille s’offrir un petit moment Maxime des prairies.

« J’espère que je ne vous ai pas fais mal au moins. Le professeur Hanson dit que j’ai tendance à être une catastrophe. »

Après un léger sourire plein de confusion, elle avait de nouveau porté son attention sur les alentours. La poisse. Qu’il ne le prenne pas mal ! Il avait l’air tout à fait… hum… charmant… bien qu’elle aurait plutôt dit sexy… mais elle était dans l’urgence. Mieux valait prendre de l’avance ce soir, voir terminer. Le troupeau endormi n’avait pas l’air bien doué et bien malin, il l’était du moins bien moins qu’elle, mais on ne savait jamais ! Sur un coup de chance, ils pouvaient faire LA découverte demain. Et ce n’est pas en faisant la conversation à Simon qu’elle avancerait à grand-chose. Adieu livre et bâton. Adieu beaux trésors. Adieu… hein ? Adieu Maxime ? Il se débarrassait d’elle ? Elle la timide et fragile Maxime ? Il la laissait rentrer au campement tout seul avec pour seule compagnie un chemin ?
Non, non, non.
Roulant des yeux alors qu’elle lui tournait le dos et faisait face à l’escalier, elle avait pensé intérieurement que ce Simon était bien étrange. Non, pas pour lui dire de faire demi-tour, normal, Max était une incapable. Mais pour ne pas se proposer comme escorte. Sérieusement ? Elle avait perdu tout son charme ? Depuis quand l’homme ne se dévouait plus pour espérer obtenir quelques faveurs ?
D’accord, ce n’était pas le genre de pensées d’une frêle jeune fille… mais Simon aurait dû les avoir au lieu de… au lieu de se balader dans un tombeau en pleine nuit sans même une source de lumière ?
Quatorze secondes, c’était le temps qu’elle avait pris pour finalement faire volte-face :

« Non, non, non. Il est hors de question que je rebrousse chemin maintenant. Moi aussi je peux être une grande archéologue. Moi aussi je peux faire des découvertes. Vous allez voir, je vais leur prouver à tous que je sais faire plus que lire et écrire. »

Voilà pour le personnage. Et maintenant ?

« Et puis, pourquoi ce serait pas dangereux ici pour vous aussi ? … sans lumière en plus de ça… vous êtes venu comment ? »

Voyons Roxanne, il avait des yeux capables de voir dans le noir !
Ahah, marrant, très marrant.
Mais le problème n’était pas trop la vision nocturne de l’homme. S’il cherchait à la faire sortir, il y avait peu de chance pour qu’elle arrive à le faire sortir de son côté. Ce qui voulait dire ? Il lui restait deux options, soit elle faisait semblant de partir et prenait un autre chemin, peut être le mauvais, au risque de retomber sur lui. Soit elle faisait le chemin avec lui au risque de tomber avec lui sur ses précieux petits trésors…
L’une comme l’autre, les options ne la séduisaient pas vraiment.

« Vous avez entendu ça ? »

Braquant sa lampe en direction du couloir, elle n’avait pas attendu de réponse avant de se diriger par là, plutôt que vers les escaliers.
Personnellement, on n’avait rien entendu… mais vous savez, les filles, ça avait tendance à se montrer Jeanne D’Arc sur les bords… du moins quand ça les arrangeait. Et manifestement, Max/Rox avait choisit la deuxième option avec l’idée de lui fausser compagnie à un moment ou à un autre sans doute. Elle s’était donc éloignée des escaliers pour s’enfoncer davantage dans le tombeau, laissant un Benjamin à la traîne qui trouverait bien le moyen de la retrouver de toute manière. Oui, il bouderait sans doute en voyant sur qui elle était tombée, mais on ne pouvait pas satisfaire tout le monde.

Ça, pour être fait solide, il devait l’être !
Et oui, si jamais vous vous le demandiez, jeune Roxanne venait peut être… disons fort probablement… d’avoir une pensée que nous pourrions qualifier de peu catholique… ou du moins de peu habillée. Qu’est-ce qu’elle y pouvait ? Elle avait toujours eu beaucoup d’imagination ! Et étant une femme d’images, elle aimait dépeindre dans sa tête ce qu’on lui disait.
…
Bref, peu importe ! L’heure n’était ni aux fausses excuses, ni aux confessions. La jeune Maxime, bien mieux éduquée que Roxanne, avait préféré sourire de l’air soulagé de la demoiselle qui n’avait pas trop gaffé.
Il est vrai que la remarque suivante de Simon méritait un écrit pour en garder des traces… mais principalement pour le futur. C’était le genre de citations qui était plaisante à ressortir quand on réveillait une malédiction ancestrale qui déclenchait au minimum l’équivalent des 7 plaies d’Egypte. Et on en doutait pas, la demoiselle à la torche ne manquerait pas d’user d’une bonne citation le moment venu.
Pour en revenir cependant au problème principal du moment, soit au Simon qui tentait de lui faire rebrousser chemin sans lui proposer le bras fort d’un homme en guise d’escorte, Roxanne n’était pas prête à laisser les découvertes à un autre. Surtout quand ces dernières avaient une valeur au nombre de zéros intéressant. Aussi, elle avait secoué la tête dans le rôle d’une Maxime bornée. C’est vrai, demain cette place allait connaître bien plus d’animation que ce soir. On renverrait la pauvre et gentille Maxime dans une tente pour dépoussiérer des objets sans réelle importance tandis que tout se passerait ici :
.

« Non. »

Non ? Certes, un seul mot, mais le mot était ferme.

« Je regrette mais j’y suis, j’y reste. »

Maxime et elle avaient au moins un point commun, quand elles avaient une idée en tête, il était difficile de leur faire changer d’avis. Tout particulièrement quand cette idée menait au bâton et au livre de ses rêves. Alors, elle l’avait dépassé, prétextant un bruit qui attirait son attention. L’excuse était faible, mais elle n’en n’avait pas moins progressé vers l’avant plutôt que de rebrousser chemin.
Quand ils avaient décidé avec Benjamin de venir ce soir, elle ne s’imaginait très certainement pas devoir faire avec Simon dans les pattes. Et s’il fallait admettre que la compagnie était au moins plaisante à regarder, elle n’avait pas le temps pour les batifolages ce soir. Mais elle en avait pour regarder un mur ? Ce n’était pas n’importe quel mur à en juger par les symboles qu’elle caressait désormais de ses doigts. A en juger par les derniers, l’objet le plus cher reposerait éternellement près de son cœur, mais parce qu’il fallait faire preuve de plus de sagesse, le danger serait écarté… de raison ? Ou alors…« T’auras pas le temps d’explorer quoi que ce soit si tu le perds à lire ces charabias. »… elle l’admettait, pendant quelques secondes, elle en avait presque oublié son manque de solitude. Sans redresser la tête, décidée à « lire ces charabias », elle avait roulé des yeux, secouant sa tête dans un mouvement de désapprobation avant de lui répondre :

« Lire ces « charabias » comme vous dîtes fait partie de l’exploration. Et ce n’est pas une perte de temps, en réalité… peut être qu’avec un peu plus d’éclairage… les « charabias » suivants prendraient un peu plus de… »

Brusquement, Roxanne s’était redressée. Si l’intervention de Simon n’avait pas semblé capter son attention, le bruit d’engrenage l’avait fait tout autant que le « oups » de son acolyte imprévu.
Abandonnant l’éclairage de son mur si passionnant, le faisceau de sa lampe s’était concentré sur les alentours. C’était quoi ce bruit ? Parce que ce coup ci il y en avait vraiment un… pas très amical d’ailleurs :

« … sens. »

Le temps de finir sa phrase, pas plus avant qu’une faux géante, si toutefois on pouvait nommer ça une faux ne descende du plafond dans une courbe parfaite visant à les tuer rapidement, elle ne voyait pas d’autre motivation. L’usage aurait voulu qu’elle rajoute une petite remarque, mais elle préférait rester en vie d’abord. Et c’est dans ce but qu’elle n’avait fait que quelques pas en arrière avant de s’applatir contre le sol, dos contre celui-ci. Niveau calcul, c’était juste, mais elle n’avait pas perdu un centimètre de son corps au premier passage de la faux. Et avant son retour, elle n’avait pu que se retourner et ramper que sur une faible distance. Ce n’était qu’ensuite qu’elle s’était relevée pour courir plus avant, se mettre à l’abri d’un troisième passage. Juste mais faisable pour eux deux :

« Définitivement un oups. Parce que ça... »

Pas le temps de finir sa phrase qu’un autre bruit en direction des deux murs les encadrant s’était fait entendre. Discuter plus tard. Courir d’abord. Un échange de regard avec Simon plus tard, et elle s’était élancée vers l’avant avant que les lames ne commencent à faire leurs chemins de gauche à droite. Elle ne savait pas trop comment ils y étaient arrivés. Visiblement, quand Simon déclenchait un piège, il aimait à choisir le plus terrible. Après la faux en haut, les faux qui naviguaient sur les côtés, il lui avait semblé entendre quelques douces armes siffler à son oreille, des flêches sans doute, et peut être même un bruit de marteau, mais ça elle n’en n’était pas très sûre. Quoiqu’il en soit, après cette course effrénée où quelques réflexes avaient été les bienvenus, elle s’était laissée glisser dans la première ouverture sur son chemin. Glisser parce que c’était une pente qui l’avait fait atterrir dans une nouvelle pièce. Aujourd’hui était un jour de chute. Mais surtout aujourd’hui n’était pas le jour pour mourir dans leur cas.
Finalement, peut être que Ben ne prendrait pas ce chemin là. Et étant donné le bruit lourd qu’elle avait entendu en direction de l’ouverture, elle pariait qu’ils ne prendraient pas ce chemin là non plus.
Quelques inspirations et expirations plus tard, elle tournait sa tête vers Simon dans un :

« C’était un peu juste... ces égyptiens et leur sens de l’hospitalité ! »

Un peu ? D’accord, disons que d’un simple pas, Simon avait mis de l’animation. Elle avait oublié le cours de sa phrase de base, les pièges avaient le don de vous faire perdre le fil de votre conversation.
Une chose ou deux étaient certaines en tout cas. Ils avaient progressé un peu plus vite dans cette ruine maudite et… Maxime, pour une jeune, naïve et inexpérimentée exploratrice, était un peu plus adroite que prévu.
…
Appelons ça la chance du débutant !

C’était bien vrai ! Ils se donnaient un mal de chien pour piller ces tombes, et ils n’avaient même pas de musique triomphale à l’arrivée ou quelque chose dans le genre. Une haie d’honneur ce serait pas mal. Un diplôme... pathétique, mais au moins ça montrait une certaine admiration et la reconnaissance du travail accompli, c’était un début. Ensuite, ils pourraient discuter de l’inutilité de ces pièges alors que les possesseurs d’origine étaient morts depuis bien longtemps. Sérieusement ! Ils risquaient leurs vies là !
Ok… ce petit goût d’aventure était un plus parfois, mais là n’était pas la question !
Et sinon, elle n’allait pas relever sa remarque ? Elle n’allait même pas prendre une moue de suspicion ? Elle n’allait même pas se demander avec quel genre d’explorateur elle faisait équipe ? Sur le coup, elle n’avait pas eu l’air de le faire en tout cas. Et plutôt que d’être un excellent Columbo qui ne laisse rien passer, elle avait répondu, un air d’approbation sur le visage :

« Des cookies ! Voilà qui serait sympa ! J’te jure, le manque de reconnaissance ça me tue ! Ils se rendent pas compte du boulot que ça demande ! »

…
C’était là ? Oui c’était à peu près là. En premier, elle s’était dit qu’il fallait peut être ralentir un peu l’excès de naturel. Sur le coup, quand on frôle la mort, ça peut arriver de se sentir un peu trop à l’aise avec le survivant. Elle l’avouait, elle en avait un peu oublié Maxime, et elle lui avait même sourit comme on le fait avec quelqu’un avec qui on vient de partager une bonne plaisanterie.
Et puis Columbo s’était un peu réveillé. Minute… il avait dit quoi au juste ? Dans un sourcil levé, elle l’avait regardé d’une manière différente.
Techniquement, elle n’avait rien dit de grave, ou de gênant pour Maxime. D’accord, Maxime s’était un peu lâchée. Mais lui, il ne venait pas de parler de dépenser un trésor sensé reposer dans un musée ?
Si… son audition fonctionnait parfaitement sur ce coup là :

« Où est-ce que tu m’as dis que tu avais étudié déjà ? »

Il ne l’avait pas dit et elle le savait très bien. Maintenant, est-ce que c’était le moment de se poser des questions sur son équipier imprévu ?
Pas vraiment… ils étaient partis pour l’explorer ensemble cette ruine, et il n’avait pas l’air du genre à la poignarder dans le dos. Autrement, il l’aurait laissé mourir quelques minutes plus tôt. Ce point noté, elle n’était pas allée plus loin dans sa réflexion devant la porte d’appel à la richesse qui se trouvait désormais face à eux. Ok, elle voulait bien accorder toute son attention à la porte et voir ensuite pour Simon. Sans ajouter une autre question à son interrogatoire, elle s’était donc approchée pour étudier de plus près l’entrée. Un sourire amusé n’avait pas tardé à se dessiner sur ses lèvres, tandis qu’elle fouillait dans son décolleté pour en sortir le médaillon volé plus tôt dans la journée à la pâle copie de Einstein :

« Paranos et stupides… c’était bien inutile de se donner tant de peine et de laisser traîner la clé n’importe où. »

Elle l’admettait, elle était ravie… et sans doute un poil fière. Sans attendre, elle avait placé le médaillon dans la fente qu’elle venait de repérer pour le faire tourner. Un bruit s’était alors fait entendre de l’autre côté, et la porte avait finalement glissé sur leur côté pour leur laisser la place de passer.
Après un échange de regard avec son « partenaire », elle était entrée dans la nouvelle salle. N’importe qui se serait intéressé en premier lieu aux babioles bien brillantes qui dominaient dans la pièce funéraire… pas Roxanne. Roxanne, ce qu’elle avait regardé amoureusement, c’était les deux tombes qui reposaient au milieu. Curieux… elle aurait pensé trouver deux salles funéraires, mais elle doutait que ce soit un simple domestique, un oncle ou une cousine qui se soit retrouvé enterré dans la caverne d’Ali Baba et elle n’avait pas tardé à s’approcher pour le confirmer :

« C’est ça… c’est la tombe de Psammétique III et de son épouse… c’est assez rare, c’était probablement une dernière volonté que de reposer auprès d’elle et non dans des salles différentes. Pour un pharaon, ça a même du faire du bruit à l’époque. A mon avis… »

A notre avis… Simon s’en fiche autant que le charabia
…
Ok. Elle garderait son discours passionné pour Benjamin, il ferait l’effort de l’écouter davantage. En attendant, il fallait ouvrir ces tombes !
Sérieusement ? Sérieusement. A l’aide de sa « clé », elle avait donc déverrouillé les deux sarcophages avant de s’appuyer contre la pierre du premier pour tacher d’en soulever le couvercle
…

« Sur ce coup là, j’aurai bien besoin d’un homme fort pour me filer un coup de main.»

Y’a une chose à ne pas oublier à propos des mâles : toujours mettre leurs muscles à contribution.
Du moins pour ceux qui en possédaient… et vu l’allure séduisante de son compagnon de tombeau, elle ne doutait pas qu’il soit capable de prouver sa virilité.

« Manchester… »

Et si ce simple nom était dit sur un ton méfiant, c'était sans aucun doute à l'encontre de Simon. Ce type n'avait pas plus fait ses études à Manchester qu'elle hein ? Il n'avait peut être même jamais fait d'études d'archéologie. Et elle pensait tout ça pour des cookies ? C'était quelque chose dans son attitude.... C'est vrai que depuis le début, il ne ressemblait pas du tout aux archéologues qu'elle avait l'habitude de croiser mais maintenant... elle avait l'impression qu'ils avaient peut être quelques points communs.
Toutefois, elle n'avait rien rajouté de plus qu'un "hum" avant de s'intéresser à cette fameuse porte qu'elle avait ouvert par tricherie selon les dires de son compagnon de route. Elle n'était pas d'accord ! Ce n'était pas de la triche ! Elle avait dû se coltiner l'autre emmerdeur pendant le trajet ! Cette clé, elle l'avait mérité plus qu'un autre ! Qu'il se mette dans la peau d'une pauvre Maxime et ils en reparleraient ! C'est sûr que lui, il n'avait pas eu à glousser à quelques répliques débordantes d'ennui :

« Crois-moi, l'obtenir n'avait rien d'agréable !»

ça faisait quelques répliques qu'elle lui parlait plus intimement non ? C'est vrai, elle avait laissé tomber un peu l'attitude de la timide et frêle Maxime. Mais honnêtement, après avoir esquivé les dangers de la mort plus tôt et parler de cookies, ce serait encore plus suspicieux. Et puis, frôler la mort ensemble rendait toujours un peu plus intime.
Quoiqu'il en soit, ils étaient entrés dans la chambre funéraire et son intérêt, comme le sien visiblement, s'était porté sur les sarcophages. Pour répondre à sa dernière question, Roxanne avait sollicité son aide sur l'ouverture du premier sarcophage. En plus de ne pas ressembler à un archéologue, Simon n'en n'avait pas la force. En général, cette catégorie possédait les muscles flasques d'une vie de bouquins. Mais sur ce coup là, elle ne pouvait pas dire que ça ne l'arrangeait pas de ne pas faire équipe improvisée avec un simple et classique archéologue... et puis, c'était bien plus plaisant pour le regard aussi, il fallait l'admettre.
A la vue de la momie, au contraire de Simon qui avait juré, elle n'avait pas prononcé un seul mot. Maxime aurait pu mettre ça sur le dos de son inexpérience, c'était toujours un peu flippant la première fois quand on manquait de force de caractère non ? Mais Roxanne... c'était la première fois qu'elle en voyait une dans cet état là. Ouais... celle là était vraiment ... comment dire ... eurk ? Ouais, disons que ça résumait assez bien.
Pendant d'autres secondes, elle l'avait regardé avant de finalement préféré détourner le regard de cette vision d'horreur. Elle était moche. Point barre. Et... Joni ? Médaillon ?
Se redressant, Roxanne s'était penchée sur l'autre sarcophage avant de reprendre la parole :

« Hey... "l'archéologue", aide-moi à ouvrir l'autre ! »

Alors les doutes étaient de retour ? Après ça, il était clair qu'il était aussi archéologue qu'elle ! Quoi ? Il cherchait ce médaillon pour un musée ? Et Joni était... disons le directeur qui lui avait demandé de se joindre à une expédition qui ne cherchait pas du tout un médaillon ?
Oh oui... dis comme ça, ce n'était pas du tout tiré par les cheveux ! Trêve de bavardages, elle était aussi douteuse que lui sur le sujet et il fallait soulever. Et Simon avait prouvé une seconde fois qu'il était... vraiment costaud... ce type devait faire de la muscu. Et... aucune importance, entre les mains de la momie, serrées près de son coeur, reposaient les deux objets de son désir. Sans se soucier plus du reste, elle s'était emparée du livre avant de tirer le sceptre... qui était venu avec une main :

« Charmant ...»

Tirant sur la main, elle l'avait replacé près de la momie avant de contemplé ses trouvailles. Elle ne pouvait croire qu'elle les tenait entre ses mains. C'était presque trop facile ! Ok, malgré la partie piège et tout le reste... et peut être que Simon avait un peu aidé également. C'est en se rappelant de sa présence qu'elle avait de nouveau posé les yeux sur lui. Elle supposait qu'elle lui devait bien un petit remerciement... mais il était hors de question qu'elle lui donne son butin ! Il n'avait qu'à trouver le sien et appeler ce Joni pour son médaillon ! A moins que... à moins qu'elle ne partage l'idée qu'elle ne venait d'avoir. Dans un soupir, elle s'était accroupie près du premier sarcophage, posant son butin près d'elle avant de fouiller dans le petit sac qu'elle avait apporté pour sortir un burin et un marteau d'une taille ridicule. Tout en parlant, elle s'était mise à frapper une fente au bas du sarcophage :

« Souvent, il arrive que le charabia soit bien utile. Savais-tu que, dans l'ancienne Egypte, certains sarcophages comportaient des compartiments secrets afin que le défunt puisse emporter les siens dans la mort ? En réalité, mon très cher collègue, ça a plutôt à voir avec le sens du partage des égyptiens. C'est vrai qu'il serait assez embêtant qu'une très vieille momie, un peu repoussante au passage, se voit dépouillée de biens précieux dans la mort et... ah enfin... c'est pourquoi, je pense que ceci est ton médaillon, y'a aussi une pierre et... un genre de cure-dent mais...»

Minute... cette amulette... trop tard, tu viens de lui lancer. Inutile de t'en approcher de nouveau pour mieux la regarder... et puis, c'était impossible. Les rares qui pensaient que ce n'était pas une légende, pensaient qu'elle avait été perdu il y a bien longtemps au cours d'une bataille... noyée dans les eaux du Nil et...

« Oh mon Dieu, est-ce que c'est l'amulette d'Apophis ? »

Tirant sur la main de Simon, elle avait de nouveau regardé cette amulette de plus près et surtout avec bien plus d'intérêt.
... Son livre, son bâton et lui son amulette. Le partage était la condition primordiale de la bonne entente !
Oui, oui, oui, mais elle pouvait au moins regarder non ?

Popo qui ? POPO qui ? Avec un air outré sur le visage, Roxanne avait accueuillit la remarque du prétendu archéologue. Il ne savait pas qui était Apophis ? Il ne savait pas qui c'était et il venait tout de même chercher cette amulette en se faisant passer pour un archéologue ? Sacrilège ! Il ne méritait pas de posséder pareil objet ! ELLE méritait de l'avoir ! Elle en prendrait bien plus soin que lui, c'était évident.
Ôtez-nous d'un doute, il y a quelques secondes encore, on en était pas au sens du partage !
Si... mais le sens du partage était inférieur à la nécessité de... sauver cette amulette ! C'est ça, elle voulait sauver cet objet de grande valeur des mains de l'outrageant faux archéologue. Et elle était certaine que Benjamin approuverait. A vrai dire, Benjamin aurait déjà tenté de s'emparer de l'objet. Alors qu'est-ce qu'elle attendait ?

« Popo quoi ? Apophis ! Le Dieu égyptien ! La personnification du chaos, de l'obscurité et tout ça ? Non ? Cette amulette est... roh laisse moi voir ! »

Et sur un regard mécontent, comme si elle allait le réprimander, elle avait tiré sa main de nouveau à elle pour lire cette fichue inscription. Ce charabia comme il le disait si bien... plissant des yeux, elle avait braqué sa lampe torche sur l'objet pour enfin être en mesure de voir les caractères qu'elle avait lu à voix haute.

« Je suis certaine qu'il s'agit bien de son amulette » et elle lui confirmait parce qu'elle serait plus vendable authentifiée pour lui ? « Donne la moi. »

Et il allait lui céder parce qu'elle le demandait simplement ? Probable que non, voilà pourquoi elle tirait désormais sur sa main pour tenter de s'approprier l'objet. Elle le voulait. Elle ne l'avait pas vu la première mais, après tout, c'était elle qui l'avait trouvé non ? Elle invoquait cette raison pour clamer l'amulette en tant que sa propriété.
Et c'est alors qu'ils étaient occupés à se chamailler que Benjamin avaient finalement fait son retour. A la vue de Simon, il avait froncé les sourcils et elle s'attendait à entendre une réplique dans le genre : "j'étais mort d'inquiétude et toi tu prenais du bon temps avec ce... ce... ce...". Ouais c'est ça, il chercherait ses mots, bégayant un peu avant de trouver l'insulte correcte, la bouche ouverte en... non, ce ne serait pas tout à fait l'expression de stupeur qu'il avait maintenant. Ce serait plus... plus dans la colère et la déception et.... Pourquoi pointait-il du doigt ?

« Courez ! »

Courez ? Courez ? Pourquoi courez ?
Il lui avait suffit de se retourner pour avoir la réponse à sa question... oh... voilà, elle partageait désormais la même expression de stupeur que Benjamin un peu plus tôt. Sauf qu'au lieu de pointer le danger, elle avait pointé Simon après s'être pointé elle-même dans un très utile :

« C'est pas moi... c'est lui ! »

... vraiment très mature.... Mais sans doute n'avait-elle pas le temps pour ça. En revanche pour ramasser son livre et son bâton alors que la momie réveillée et immonde venait de pousser un cri pas très engageant pour une relation amicale... ça elle avait le temps !
Quoi ? Elle n'allait pas laisser ça aux mains de Psammétique ! Il l'avait déjà eu ! Chacun son tour !
Benjamin avait rajouté une nouvelle suggestion de fuite un peu plus agacée et en voyant la momie sortir de son sarcophage, elle avait jugé bon d'obtempérer avant un troisième rappel à l'ordre !
Venaient-ils réellement de réveiller une momie ?

« Bravo Monsieur l'archéologue ! T'es le pire partenaire qu'on puisse avoir ! »

... hum, ce n'était pas elle qui avait réveillé l'affreuse momie en lisant cette inscription ? On reparlerait de ça plus tard, en fait on en reparlerait encore dans des années. Ce qui était plutôt rassurant pour leurs vies qu'ils tentaient désormais de sauver en courant le plus vite possible.