Enfin un jour de repos. Depuis son retour de Corée, Jeremy n’avait pas fermé la boutique. Il s’excusait auprès de ses clients pour avoir fermé durant un peu plus de deux semaines, prétextât des problèmes de famille. Ce n’était pas vraiment un mensonge puisqu’il avait dû aller en Corée pour régler le problème Mewang.
En plus, avec Clara, ils avaient décidé de vivre ensemble et du coup, il fallait un brin réaménager l’appartement du démon pour qu’ils puissent y vivre à deux. Le Coréen devait avouer que sa vie était chamboulée depuis que la brunette avait décidé d’y entrer. Ils brulaient peut-être les étapes, mais il s’en fichait, il voulait juste qu’elle soit là.

Jeremy se réveilla doucement et serra le corps chaud de la photographe contre le sien. Malheureusement pour elle, elle devait travailler et il poussa un petit couinement de douleur quand il l’apprit.

Il pesta avant de se lever pour préparer un bon petit dej’ à sa petite amie et l’embrassa dès qu’elle passa à proximité. Peu de temps après, il se retrouva seul et décida de sortir faire un tour avec la deuxième femme de sa vie. Il prit une bonne douche, s’habilla et prit la laisse de Evie avant de sortir de l’appartement. Il lui fit d’abord faire ses besoins avant de l’emmener au parc pour la faire courir. Armé d’une balle Jeremy était équipé pour faire plaisir à la demi-louve qui ne demandait qu’à se dégourdir les pattes. Après quelques lancés de balle, Jeremy pu apercevoir une silhouette qu’il connaissait s’approcher de lui. Quand il comprit que c’était Sora, elle l’avait déjà vu, il ne pouvait pas fuir. Il poussa un couinement de désespoir, ce n’était pas sa journée.

Lorsque la Coréenne arriva à son niveau, le démon eu un sourire crispé. Il n’aimait pas cette fille et ne comprenait pas son besoin de lui donner goût à la vie. C’était son problème s’il ne voulait pas apprécier les humains, non ? Il avait Clara et c’était suffisant pour lui.

Avec elle, il n’arrivait pas à être vraiment méchant mais il ne la supportait pas tellement. Elle aurait très bien pu devenir amie avec lui mais elle n’employait pas la bonne manière. Jeremy était renfermé et ne supportait pas vraiment que les gens le brusquent.
Le jeune homme n’avait même pas pris la peine de lever ses lunettes, clairement, il n’avait pas envie de lui parler. Pourtant, il savait déjà qu’il était fichu et qu’il en avait pour des heures avant de se débarrasser d’elle. Définitivement, ce n’était pas son jour.

Un nouveau départ était ce don j'avais besoin pour complètement remonter la plante. Haebin m'avait aidé à ne plus sursauter aux moindres bruits qui m'entouraient, à reprendre des nuits de sommeil plus ou moins complète et ce en presque deux semaines. Je n'étais peut-être pas parfaitement remise, mais qui le serait après si peu de temps. J'avais été enlevé par des vampires et ce n'était pas vraiment le genre de choses que j'étais enclin à oublier en deux semaines. J'avais besoin de plus de temps pour me remettre de l'existence du surnaturel, des vampires et de bien d'autres trucs qu'on croirait tout droit sortit d'un film fantastique. J'étais à présent sans cesse sur mes gardes lorsque je sortais et surtout je faisais en sorte de ne plus travailler de nuit. Mais, je tentais plus que tout de reprendre une vie la plus normal possible. Les cours, le travail, le violon et toutes les autres activités qui me caractérisaient autrefois.

Je m'étais levée au aurore, non pas à cause des cours, mais du travail que j'avais repris il y avait peu de temps. Je m'étais dirigée vers ma salle de bain, j'avais pris une bonne douche bien chaude et de me vêtir avec la faible énergie dont je disposais actuellement. J'avais enfilé une robe blanche et un léger gilet orangé avant de me coiffer. Je m'étais coupée les cheveux la veille dans le but de rendre ce nouveau départ plus concret et surtout parce que je ressentais le besoin de changer quelque peu. Enfin, une fois que je fus prête, je fis une halte dans ma cuisine où je me servais un thé avant de sortir de mon appartement, sac en main et chaussure aux pieds.

Je m'élançais hésitante dans les rues de la Nouvelle-Orléans, regardant en temps à autre derrière moi. Une habitude que j'avais prise il y a peu et dont j'avais bien du mal à me débarrasser. Même si ma crainte était moins présente, elle était toujours bel et bien là. Elle ne contrôlait plus ma vie et c'était ça le principal pour me permettre d'agir le plus normalement possible. J'avais donc décidé de sortir en avance pour profiter d'un peu de répit, en plein jour et dans la foule qui se trouvait au parc à cette heure-ci. J'avais besoin de sortir pour ne plus retomber dans la folie avec autant d'aisance.

Je marchais tranquillement dans le parc quand j'aperçus, non-loin une connaissance qui me rappelait fortement Haebin dans les débuts où je l'avais connu. Ma mission n'annonçait beaucoup plus difficile avec lui, mais je n'avais pas la moindre attention de le laisser tomber. Je me dirigeais vers lui lentement, un faible sourire aux lèvres tandis que sa réaction complètement opposé à la mienne se faisait parfaitement comprendre. « Jeremy. » Le saluais-je faiblement avant d'être quelque peu amusé par ses paroles. « Je ne m'attendais pas vraiment à une autre réaction de ta part. Et oui, je suis toujours motivée. » Enchaînais-je calmement et honnête.

Ca matin-là, Jeremy se réveilla assez tôt même s’il ne se travaillait pas. Il serra faiblement le corps chaud blottit contre le sien avant de regarder Clara se réveiller. Il lui demanda si elle travaillait et lorsqu’elle lui annonça la mauvaise nouvelle, il tenta de lui demander de sécher mais c’était une mauvaise chose et ce n’était clairement pas le genre de la photographe.
Le Coréen pesta faiblement avant de se lever pour lui préparer un bon petit déjeuner. Une fois près de lui il l’embrassa avant de la laisser tranquille. Après tout, il la reverrait le soir. Qu’est-ce qu’il pouvait être heureux de vivre avec elle. Il n’avait plus cette pointe dans le cœur, il ne se demandait plus quand il aurait l’occasion de la voir.

Il décida de faire plaisir à la deuxième femme de sa vie et s’occupa d’Evie. Il lui mit sa laisse et lui fit faire un tour pour faire ses besoins avant de l’emmener dans le parc pour lui lancer une balle histoire qu’elle se dégourdisse les pattes.
Le jeune homme commençait à avoir mal au bras à force de lancer la balle mais la chienne avait encore de la force à revendre. Elle adorait ça.
Malheureusement, le moment maître-animal s’arrêta lorsque Jeremy aperçu Sora arriver au loin. Il n’aimait pas cette fille et sa manière de s’initier dans sa vie. Il ne put se retenir quand elle arriva à sa hauteur. Elle savait très bien comment était le démon et il devait avouer qu’elle était plutôt acharné pour une humaine.

Il remarqua un changement sur la demoiselle, elle avait les cheveux bien plus court que la fois d’avant mais… Il y avait aussi quelque chose en elle. Comme si sa joie de vivre avait eu du fil à retordre depuis quelques temps. Malheureusement, il en rajouta une couche en lui adressant la parole. Par chance, elle ne s’en formalisait pas, Jeremy n’était jamais de bonne humeur avec elle.
Il s’amusait de la situation, il était un amour avec Clara et son côté démoniaque ressortait quand Sora tentait de lui parler.

Jeremy ne supportait pas le patriotisme des Coréens. La raison était très simple, son propre village avec qui il avait grandi c’était retourner contre lui dès qu’il avait montré des signes de magie. Pourtant, ils n’étaient pas contre celle de la shaman…
Et puis, il n’était pas du tout famille alors il n’aimait pas ça.

Evie remontra le bout de son nez et Jeremy ne tarda pas à lui relancer sa balle. Ca le détendait, il pensait à autre chose, mais là, avec Sora, c’était compliqué à gérer.

Comme quoi, un démon reste un démon, et l’humanité et le besoin des humains d’aider les autres étaient des notions qu’il avait du mal à accepter.

Prendre un nouveau départ. Une action que j'avais déjà fait auparavant, mais qui ne m'avait jamais semblé aussi difficile. Mon emménagement à la Nouvelle-Orléans avait autrefois été pour moi un moyen de laisser la peine déchirante d'avoir perdue ma mère. A présent, je devais remonter la pente après un événement marquant. Etre enlevé par des vampires et apprendre l'existence d'un tout autre monde n'était pas vraiment ce à quoi je m'étais préparée. Je ne savais même pas si j'avais réussis à sortir du gouffre sans l'aide de mon meilleur ami. Haebin m'avait aidé à retrouver une partie de ma joie de vivre d'autrefois et ce même si cela avait signifié ne pas dormir pendant près de deux semaines. C'était le temps qu'il m'avait fallu pour être de nouveau moi et pour me faire prendre conscience que je ne pouvais pas fuir à jamais l'extérieur. J'avais décidé de sortir à nouveau, de reprendre mes cours, mon travail ce qui devenait plus que nécessaire. J'étais même passée chez le coiffeur pour finaliser mon nouveau départ.

Je m'étais levée au aurore espérant pouvoir me promener un peu avant de me rendre à mon travail. Je m'étais préparée dans le plus grand calme et avec autant d'énergie qu'il m'était possible de donner. J'avais passé un long moment dans la salle de bain pour me laver, m'habiller en toute simplicité avant de m'extirper de la pièce. Je m'étais rendus dans la cuisine où j'avais pris un petit déjeuner des plus ordinaires constitué d'un simple thé, d'un fruit et d'une barre de céréales. Enfin, je terminais ma préparation en agrippant mon sac et en me chaussant. Je m'élançais dans les rues d'un pas lent et prudent. Je ne pouvais pas m'empêcher de me retourner de temps à autres tandis que je me mêlais à la foule. La peur ne prenait plus autant de place dans ma vie, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être sur mes gardes à cause des derniers événements.

Je traversais le parc, laissant vagabonder mon regard sur les personnes qui se baladaient. Finalement, mes yeux se posèrent sur une personne familière. Une personne que je m'étais jurée d'aider comme j'avais pu le faire autrefois avec Haebin. La mission était bien plus compliquée avec lui, mais je n'avais pas l'intention d'abandonner, car ce n'était pas vraiment mon genre. Je m'élançais sans attendre à sa rencontre et sa réaction en me voyant ne me surprenait absolument pas. Je souriais faiblement et le saluais à mon tour. « Il ne faut pas chercher à comprendre. C'est juste comme ça. » Soufflais-je en esquissant un faible sourire. Il était vrai que je ne cherchais pas vraiment à comprendre, je voulais juste aider et ce de manière sans doute excessive pour certains.

Je me laissais un instant surprendre par l'animal de Jeremy qui pointait le bout de son nez pour ramener une balle et repartis presque aussitôt lorsque son maître la lança une fois encore. Je regardais le chien partir du coin de l'oeil avant de reporter mon attention sur mon aîné qui venait de reprendre la parole. « Outch ... » Lançais-je faiblement. « Ouvrir une pâtisserie n'est sans doute pas le meilleur moyen. Et puis, je ne t'oblige pas non-plus à me raconter ton histoire à une étrangère. » Ajoutais-je calmement et avec honnêteté. Je le collais, certes, afin de l'ouvrir davantage au monde, mais je ne le bousculais aucunement pour me raconter un passé qu'il ne voulait pas dévoiler. Surtout s'il voyait en moi la première venue.

Jeremy n’avait pas pu garder Clara avec lui dans leur lit alors il avait décidé de sortir Evie. Après tout, il ne travaillait pas et ne voulait pas rester dans l’appartement tout la journée. La chienne ne serait sûrement pas contre se dégourdir les pattes un peu. Le Coréen passait beaucoup de temps à la sortir car elle était un peu comme lui, besoin de ne pas être enfermé trop longtemps.
Une fois prêt, Jeremy se sassit de la laisse de la demi-louve avant de l’emmener faire ses besoins pour ensuite aller au parc pour la faire courir. Aller dans la forêt était impossible, la bête avait encore l’instinct animal pour rester proche de son maître.

Malheureusement, alors qu’il pensait passer une bonne mâtiné avec Evie au parc, il vit arriver Sora. Cette fille était tout ce qu’il pouvait détester, elle avait le même caractère que Seong Ra, l’ancienne hôte de Mewang. A chaque fois qu’il la voyait, il avait l’impression de voir son âme sœur. Les mêmes manies, les mêmes mimiques, ce même besoin de vouloir le rendre plus humain, un véritable supplice. Après tout, ils avaient passé quelques années avec elle avant de décider de se séparer parce qu’il ne pouvait plus supporter sa manière de faire. Quelques fois il regrettait – surtout le fait d’avoir tué son petit-ami par jalousie - et voir Sora remuait le couteau dans la plaie.
Il sentait déjà sa colère montait lentement. Il était bien trop à fleur de peau avec elle et restait systématiquement sur la défensive. C’était son moyen de se protéger. Son ton était celui d’un adolescent rebelle et il n’aimait pas ça. Il se sentait faible face à elle. Définitivement, il ne pouvait pas lutter contre ses souvenirs.

Evie ne tarda pas à revenir et Jeremy lui relança rapidement la balle pour ne pas qu’elle reste près d’eux. Sora aurait sûrement peur et il n’avait pas envie de devoir la calmer, non, de toute façon, il ne pourrait pas.

Il fallait qu’il arrête avec ce « je suis plus vieux », à l’extérieur, il ne faisait pas bien plus vieux qu’elle…
Et maintenant, pour ne pas arranger les choses, il entendait la voix de Mewang et non celle de Sora. Ses yeux commençaient à virer aux bleus lentement, chance qu’il ait des lunettes de soleil sur le nez. Cette fille le torturait et il ne voulait pas craquer. Il s’était pourtant jurer d’oublier cette partie de sa vie… Tout oublier jusqu’à son arrivé ici.
Il ne pouvait pas tolérer avoir encore des sentiments pour Mewang alors qu’il sortait avec Clara. Il était certes heureux de l’avoir retrouvé lors de son voyage en Corée mais il n’envisageait pas de reprendre une relation avec lui.

On pouvait sentir le ton de la défensive dans ce qu’il venait de dire. Comme quoi, il était aussi un humain parce qu’il voulait la blesser pour qu’elle le laisse tranquille.
Il n’aimait pas cette fille, elle lui rappelait trop de mauvais souvenir. Par reflexe sa main s’était posé sur son collier, on pouvait y voir une sorte de boule bleu scintillante… Ce qu’il partageait avec Mewang. Il avait eu l’espace d’un moment eu envie de l’arracher, mais ça serait bien trop douloureux pour lui.

Un nouveau départ, en plus d'une nouvelle coiffure et de l'apprentissage de l'existence d'un tout autre monde signifiait que je devais reprendre mes activités régulières. Il y avait quelques jours, j'avais non seulement repris les études, mais également mes petits boulots. Le dernier était indispensable si je voulais être capable de payer le loyer, mais encore et toujours, les anciennes dettes de mon père. Depuis qu'il m'avait lâchement abandonné, la vie n'avait jamais été facile, bien que niveau finance j'avais réalisé que la différence était minime. Malgré le temps qui passait, je devais toujours garder une partie de mon salaire pour l'argent qu'il devait et j'avais l'impression que le montant ne cessait d'augmenter. Enfin, mes activités ne concernaient pas uniquement l'argent ou bien les études. J'avais le violon et aussi ma fâcheuse manie de me mêler de la vie des autres. Ce dernier n'était d'ailleurs pas prévu au programme pour le moment, mais j'allais faire une exception pour Jeremy que j'aperçus lors de ma balade dans le parc.

Je le saluais avec l'énergie dont je disposais à présent et me heurtais une fois encore à un mur. Je ne savais ce qu'il avait contre moi en particulier, mais il ne mâchait pas ses mots et se montrait blessant sans hésitation. Enfin, ça n'avait pas été facile non plus avec Haebin au début, alors je pensais que c'était quelque chose qui se calmerait avec le temps. Hélas, cela ne semblait pas être le cas, ou bien c'était que sa carapace était bien plus dur que celle de mon meilleur ami. De toute façon, je lui avais dit à de multiples reprises que je ne comptais pas abandonner et que j'allais continuer en prenant le temps qui lui faudrait. Une idée qui lui avait déplaît et il semblerait que ce soit d'autant plus le cas à présent. Il n'avait d'ailleurs pas hésité à me dire qu'il ne comprenait pas mon acharnement, préférant de loin que je baisse les bras. Ma réponse fut simple et alliée d'un faible sourire. C'était ainsi et comprendre serait difficile. Après tout, j'étais ainsi et même si ma force de caractère en avait pris un coup, je voulais à tout prix reprendre du poil de la bête.

Je ne relevais pas les paroles de Jeremy, surprise par l'arrivée de l'animal de compagnie de ce dernier qui repartit aussitôt afin de récupérer la balle lancer par son maître. Je reportais ensuite mon attention sur le pâtissier et enchaînais la conversation. Il disait ne pas aimer être le centre d'intérêt de quelqu'un d'autre et pourtant il était devenu pâtissier ce qui représente quand même quelque chose. J'évoquais mon incompréhension sur ce point, car pour moi c'était un métier qui demandait d'avoir une certaine réputation auprès de la population pour avoir des clients et forcément, ces derniers lui porterait attention. Enfin, pour moi c'était la même chose et puis, j'insistait sur le fait qu'il n'était pas obligé de me raconter sur histoire. Je comprenais le fait qu'il ne souhaite pas en parler avec aisance si elle n'avait pas été facile. Ce n'était pas vraiment son passé que je visais, mais son avenir moins isolé.  « Tes clients doivent s'intéresser un minimum tout de même, je pense. Je n'ai jamais dis que tu avais cinq ans, je pense juste que personne ne mérite d'être seul. Et puis, je ne pense pas que tu sois bien plus âgé que moi... » Répliquais-je bien plus calme qu'il ne semblait l'être.

Sa réplique de Jeremy c'était faites plus blessante que d'ordinaire, mais je ne me montrais aucunement vexé. Étrangement, mon côté susceptible ressortait moins depuis quelques temps, depuis l'enlèvement et ce n'était pas plus mal en fin de compte. « C'est un peu dur, non? Je n'ai pas un besoin maladif d'aider les autres. Si c'était réellement le cas, je m'en prendrais à tous ceux que je pourrais croiser, mais ce n'est pas le cas. » Déclarais-je en lâchant un léger soupire. « Donne-moi une raison clair pour que je comprenne au moins et je te laisserais tranquille si tu souhaites tant vivre seul jusqu'à la fin de tes jours. » Ou pas. Après tout, je ne promettais rien et improviserais en fonction de sa réponse, si jamais j'en avais une ce que je doutais fortement. Enfin, de toute façon, j'avais du mal à me décoller de quelqu'un lorsque j'avais commencé et ce jusqu'à la fin.

Jeremy n’aurait jamais pensé qu'il existe une fille si semblable à l’hôte de Mewang…. Une fille motivé à le faire changer, à lui faire découvrir les joies de la communauté, le bonheur d’avoir des amis, des gens avec qui partager des choses. Sora avait ce besoin de voir son humanité chose que le démon détestait au plus haut point, il avait très bien vécu sans durant des années.
Le Coréen se mettait automatiquement sur la défensive quand l’étudiante lui parlait. Peut-être qu’après un long moment elle le laisserait tranquille ? Pourtant une partie de lui, lui disait que la demoiselle ne lâcherait pas facilement, elle avait cette énergie digne de sa moitié. Une véritable torture…

Evie ne tarda pas à revenir et Jeremy lui renvoya la balle quelques instants plus tard. Il n’aimait pas quand l’animal était dans ses pates surtout quand il était face à Sora. C’était une des seuls êtres avec qui le Coréen s’ouvrait un peu plus. Après tout, c’était une demi-louve, comme lui… Ça devait pas mal aidé.
L’humaine n’avait pas tort, ouvrir une pâtisserie n’était pas le bon moyen pour passer inaperçu. Mais comme il ne tarda pas à dire, c’était sa manière de gérer les choses, et au final, les gens ne s’intéressaient qu’à son talent et pas à sa vie ou sa manière d’être. Et puis, il devait avouer que c’était plus une promesse qu’une véritable envie d’avoir ouvert cette boutique.

Jeremy se sentait craquer lentement. On sentait la douleur dans sa voix. Il détestait clairement Sora pour lui rappelait tant d’année de bonheur avec Mewang. S’il avait ouvert sa pâtisserie, c’était parce qu’elle lui avait dit quand ils vivaient en France parce qu’elle trouvait que c’était un des meilleures moyens pour qu’il s’ouvre aux autres sans se sentir plus oppressé que ça. Et il fallait aussi dire que Jeremy montrait une toute autre facette de lui quand il cuisinait. Il était tellement humain.

Sous le ton défensif, on pouvait clairement sentir la douleur. Il avait tellement fait de mal dans sa vie qu’il ne voulait pas que ça recommence. S’attacher à des personnes impliquait souvent de les blesser dans le cas de Jeremy, même sans le vouloir. Il avait promis à Clara de rester, il ne pouvait pas se permettre de faire un pas de travers.
Et voilà que le démon se montra un brin plus blessant en envoyant à la Coréen qu’il détestait son côté trop altruiste. Sa main c’était automatiquement posé sur son pendentif, comme si ça pouvait apaiser la douleur qu’il sentait l’envahir lentement. Son poing se serra lentement et à la remarque de sa cadette, un air glacé commença à doucement se lever. C’était un vent typique de l’arrivée d’une tempête de neige. Bon sang, elle lui faisait perdre le contrôle si facilement ?!

Sa voix était partie dans les aigu sur la fin et des larmes avait coulé le long de ses joues. C’était ça, elle lui ressemblait trop et ravivait de vieilles blessures qu’il avait crues cicatrisé avec les années. Il s’en voulait pour ce qu’il avait pu faire subir à son âme-sœur, l’amour qu’il lui portait encore alors qu’il se sentait bien avec Clara.
Quelques personnes s’étaient retourné, mais par chance, ou plutôt par reflexe, Jeremy avait hurlé en Coréen cette phrase. Ses poings, le long de son corps, étaient serrés et il essayait de se calmer.

Sa voix tremblait, il était au bord de l’implosion. Mais au moins, il s’avouait enfin avoir besoin de Mewang dans sa vie, même simplement en ami. Définitivement, elle le mettait à fleur de peau, elle était sa faiblesse.
Lui qui ne voulait pas lui raconter sa vie, il en avait pourtant dit pas mal en l’espace de quelques secondes. Evie n’avait d’ailleurs pas tardé à revenir pour se coller à la jambe de son maître.

Une fois de plus, la discussion avec Jeremy n'était pas une chose aisée. J'avais envie de l'aider à s'ouvrir un peu plus au monde, le faire sortir un peu plus de sa coquille. Je n'avais pas de raisons présise, excepté peut-être qu'il me rappelait Haebin la première fois que je l'avais rencontré. Avec lui aussi les choses n'avaient pas été simple au début, mais elles s'étaient tassée avec le temps contrairement à Jeremy. J'avais l'impression que sa carapace était plus épaisse et que sans doute ses cicatrices passées étaient plus profondes. Hélas, je n'avais aucun moyen de le savoir, car il refusait de me parler et se montrait froid, distant en ma présence. Malheureusement pour lui, ma détermination était à l'épreuve des balles, enfin, même s'il y avait peu de temps cette affirmation s'avérait fausse. Elle avait fini par se reconstruire doucement et mon envie d'aider le pâtissier était toujours présente.

Sans réelle surprise, nos points de vue semblaient diverger une fois encore tandis que ses propos se faisaient toujours aussi blessant si ce n'est plus. Le miracle étant que je pouvais me montrer moins susceptible avec lui et puis, c'était un trait de caractère qui semblait s'être calmé depuis ma rencontre avec les vampires. Enfin, j'évoquais le fait que pour moi s'il n'aimait vraiment pas être le centre d'attention, ouvrir une pâtisserie n'était pas la meilleure solution. Après tout, tous pâtissiers avaient besoin d'une certaine notoriété pour se démarquer et son commerce n'était pas méconnue à la Nouvelle-Orléans. Il avait tout d'abord nié mon idée avant d'avouer que c'était le résultat d'une promesse et que la solitude lui convenait davantage. N'hésitant aucunement à dire que je ne pourrais pas comprendre ça, ce qui était plutôt évident, car il ne me permettait pas de le connaître plus que cela. J'avais vu de lui une carapace froide et distante avec un caractère quelque peu asocial. Je ne savais absolument des épreuves qu'il avait pu parcourir ou bien de son passé et honnêtement, s'il ne voulait pas m'en parler, je pouvais très bien faire avec. Je voulais qu'il me laisse au moins l'occasion de le comprendre. « C'est évident que je ne peux pas comprendre si tu ne prends pas la peine d'expliquer... Je ne peux pas lire dans les pensées. » Soufflais-je avant de lui demander de me donner au moins une raison pour que je puisse comprendre son comportement à mon égard. J'évoquais la possibilité de le laisser tranquille après, mais plus têtue que moi, c'était impossible.

Un vent étrangement glacial se leva soudainement, m'arrachant un frisson et surtout une incompréhension total. Un vent aussi froid en été était réellement possible ? J'en doutais, mais le sujet se plaça dans un coin de mon esprit lorsque Jeremy me donna enfin cette fameuse raison que j'attendais. Je ressemblais à quelqu'un qu'il avait connu. Une personne qui avait semblé tenir une place particulièrement importante dans son coeur pour qu'il accepte de lui promettre d'ouvrir une pâtisserie alors qu'il ne voulait pas être le centre d'intérêt des autres. Les larmes qui commençaient à couler le long de ses joues me confortaient dans cette idée tout comme la façon qu'il avait utilisé pour me le révéler. Je n'avais d'ailleurs pas immédiatement réagit au fait qu'il avait tenu tous ces propos en coréen, trop occupée à me demander qu'elle serait la meilleure réaction face à cette découverte.

« Je suis désolée, je ne me doutais pas que c'était à cause de ça... » Soufflais-je. Moi qui forçais sans doute un peu trop, je ne me serais jamais doutée que cela pouvait être la raison qui le poussait à être ainsi à mon égard. Je m'en voulais quelque peu d'avoir autant insisté et de l'avoir autant collé pour qu'il s'ouvre aux autres tout en faisant ressortir ainsi de vieux souvenir.

Jeremy avait tellement du mal à rester calme quand Sora était dans les parages. Cette fille était un supplice et le pire dans tout ça ? C’était qu’elle était têtue. Même quand le démon se montrait blessant, la demoiselle ne se laissait pas abattra et recommençait rapidement à essayer de lui faire aimer les autres.
Le Coréen lâcha finalement que s’il avait une boutique, c’était parce qu’il l’avait promis à quelqu’un. Sans Mewang, Jeremy n’aurait jamais ouvert de boutique, non, ce n’était pas son truc, et quand il vivait encore au Canada, une de ses clientes lui avait fait la remarque. Ce n’avait pas été méchant même plutôt drôle, et elle n’avait pas eu tort à l’époque. Le démon ajouta rapidement qu’il se sentait mieux seul, qu’elle ne pouvait pas comprendre pourquoi. D’un autre côté, comment lui expliquer qu’il avait 500 ans à son actif et qu’à chaque fois qu’il avait essayé de s’intégré, ça avait plutôt mal fini. Certes maintenant il avait Clara qui lui redonner l’envie de voir les autres, mais c’était encore quelque chose de difficiles pour lui.
La remarque de la brune le fit sourire.

C’était assez clair, non ? Pourtant la demoiselle était du genre à plutôt mettre les pieds dans le plat, d’ailleurs, elle avait fini par faire craquer Jeremy. La douleur qu’il ressentait avait fait venir un vent glacé alors que l’été était déjà là. Le jeune homme hurla même dans sa langue natale que s’il était si atroce avec elle, c’était parce qu’elle ressemblait à quelqu’un… Il ne fallait pas être bien intelligent pour comprendre que cette personne avait beaucoup compté à ses yeux. Le Coréen avait même versé quelques larmes. Sa voix trembla lorsqu’il reprit la parole, c’était trop dur pour lui… Encore trop vif malgré les années.
Evie retourna près de son maître et se colla à sa jambe pour lui montrer qu’elle était là. Jeremy serrait ses poings le long de son corps et tentait de reprendre son calme. Il s’étonnait de perdre si rapidement son calme, d’un autre côté, Sora était un cas particulier.

Lorsqu’elle prit la parole, Jeremy fut surpris qu’elle se rende compte si aisément qu’elle l’avait plus blessé qu’autre chose. Il soupira doucement et essuya les traces des larmes qui avaient coulé plus tôt. Il voulait oublier ce moment…

Jeremy remit la laisse à Evie avant de rentrer chez lui. Bizarrement, le vent glacé avait disparu à l’instant même où il avait quitté le parc. Rapidement, il arriva chez lui et se coucha sur son canapé, sans même enlever la laisse à sa chienne. Il jeta ses lunettes au sol et pleura. Il en avait besoin, ça lui donnait l’impression l’espace d’un instant que tout se calmait. Le Coréen priait pour que sa petite-amie ne rentre pas tout de suite, parce qu’il ne voulait pas qu’elle le voit dans cet état.

END