Ce qui avait commencé par une excellente journée n’avait pas tardé à tourner au cauchemar. Ils s’en étaient tirés sans une égratignure… du moins Roxanne l’avait-elle fait croire aussi longtemps qu’elle avait pu. Une égratignure était précisément tout le nœud du problème. Une stupide, ridicule et insignifiante égratignure. Sauf lorsqu’elle était offerte par un loup-garou. Là, elle devenait bien moins insignifiante et représentait une damné malédiction. Et il l’avait donnée à sa fiancée.
Belle journée mon œil ouais !
Il était prêt à offrir tout le butin qu’ils avaient découvert la veille si ça pouvait les ramener suffisamment loin derrière pour éviter que cette blessure se produise.

N’exagérait-il pas un peu ? Être loup, ce n’était pas si terrible et il s’en était toujours très bien accommodé. Il utilisait ses talents surhumains plus d’une fois par jour et pour mille et une raisons. On ne pouvait pas appeler ça une malédiction dans ces termes-là.
Non, bien sûr que non, mais il y avait aussi les pertes de contrôles, la lutte contre les émotions fortes qui peuvent parfois faire de gros dégâts, comme la colère. Les sens décuplés, c’était pas mal, mais on devenait justement esclave de ces sens. Être un danger trois nuits par mois pour la population, malgré les trucs, il pouvait y avoir des dérapées, comme cette nuit l’avait prouvée. D’accord, personne n’était mort, mais Roxy avait écopé quand même.
Et, incapable de la regarder en face plus longtemps, il s’était enfui, la queue entre les jambes. Il s’était enfui comme un lâche parce que peu importe les raisons qu’elle lui donnait, il se sentait coupable et avait envie de se taper la tête contre un mur jusqu’à ce qu’elle éclate.
Vivre avec le loup, il s’étai fait à l’idée, mais le donner à quelqu’un, à Roxanne par-dessus le marché, c’était une toute autre histoire.

Il ne savait même pas depuis combien de temps il avait quitté leur suite de l’hôtel. Il marchait, tête baissée, sans trop regarder où il allait, relevant la tête de temps en temps au moment de traverser une rue.
Ce soir, c’était la deuxième nuit, la lune allait être parfaitement pleine et Roxy subirait sa première transformation. La plus douloureuse de toute. À cause de lui, la femme de sa vie souffrirait le martyr trois nuits par mois pour le reste de ses jours ! Et cette nuit arrivait trop vite pour trouver un moyen d’empêcher cette transformation et, ainsi, empêcher le gène du loup d’achever sa contamination.
Il regarda sa montre. Dans un peu plus de six heures, Roxanne allait devenir un loup-garou. Et il n’y avait rien qu’il pouvait faire pour empêcher ça.
La seule chose qu’il pouvait encore faire, c’était d’être là lorsque ça se produirait. Et bien sûr qu’il y serait, hors de question qu’il la laisse affronter ça toute seule.

Extirpé de force de sa bulle d’apitoiement, Marshall reprit contact avec le monde extérieur lorsque des bouquins s’échouèrent à ses pieds qu’il trainait plus qu’autre chose depuis une heure. Lentement, l’anglais leva les yeux pour longer du bas vers le haut une silhouette de gamine qui ne devait pas avoir vingt ans.
Tête ailleurs, il n’avait pas vraiment sondé sa nature et s’était aussi bien comme ça. Aujourd’hui, il en avait soupé des loups-garous !  

« Ça m’étonnerait » dit-il de son accent british qui laissait clairement entendre qu’il n’était pas du coin et que, par conséquent, il ne pouvait pas lui être familier.

Normalement bien plus sociable, aujourd’hui n’était définitivement pas un bon jour.
 

Malya allait recevoir la palme d'or du meilleur lâchée de livres bêtement. On ne pouvait pas faire plus stupide. Si il avait été une connaissance, un ami de longue date ou une rockstar cela aurait été compréhensible mais dans ces circonstances, rien n'est logique. Malya avait réagi d'une façon des plus étranges. Elle s'était pressée de ramasser ses affaires sur le sol. Elle reformait sa pile de bouquin lorsqu'elle inventa une excuse des moins crédibles. Qu'on lui pardonne toutes ses attitudes, elle n'est qu'une grande enfant de 18 ans qui ne maîtrise rien de la vie.

Semblait t'il convaincu des mots de Malya ? Non, pas tellement. On ne pouvait pas dire que cela avait marché. Malya se mît soudainement à le fixer. Il n avait pas l'air vraiment content de l'avoir croisé et il semblait avoir oublié tout signe de galanterie en la laissant tout ramasser. Elle se fichait bien de tout ramasser mais elle était habituée aux hommes demandant toujours " voulez vous de l'aide ?" ou ceux qui ne demandaient pas mais qui aidaient.

Son accent anglais la laissa perplexe et ce qu'il lui répondit ne l'aidait pas le moins du monde. Elle allait finir par se demander si il existait des loups comme elle qui étaient envahis par la joie de rencontrer un de leurs semblables car on ne pouvait pas dire que les personnes qu'elle rencontrait étaient gais à l'idée de se faire une nouvelle amie. Malya ramassa la totalité de ses affaires et se redressa face à l'homme. Comment réagir avec le sourire lorsqu'on lui présentait de la froideur ? Pourtant, Malya se mît à sourire. C'était comme ci elle avait ignoré la façon qu'il avait eu de réagir, c'était comme ci elle était immunisée par la bonne humeur fugace. Malya baissa les yeux n'aimant pas regarder une personne de mauvaise humeur. Elle avait le sentiment de l'avoir énervé, avoir été sur son chemin et être la personne qui gâchait sa journée. Elle qui se faisait une joie à l'idée de pouvoir poser un tas de questions en tout genre à un loup et bien c'était raté. À croire que tout ce petit monde était asociale.

«  Je voulais m'excuser alors... C'était un accident et je ne voulais pas vous mettre de mauvaise humeur. »

Elle se mordit doucement la lèvre, un peu vexé. Malya s'excusait d'un comportement semi-accidentel qu'elle avait eu. Il fallait dire qu'on ne croisait pas tous les jours, une jeune venant de toucher l'âge légal pour être adulte qui vous faisait une scène d'enfant devant son idole. Elle prenait la responsabilité d'avoir été la cause de cette distance froide. Malya n'osa même pas relever la tête pour regarder sa réaction. En réalité, elle avait un peu peur qu'il ne prenne mal ces excuses ou bien qu'il les accepte mais poursuit son chemin comme si de rien n'était. Certes, elle n'avait aucun argument pour le retenir. C'est tellement dur d'aborder un inconnu en lui disant que vous le connaissez mais pas par le fait de l'avoir déjà rencontré mais le fait d'avoir quelque chose en commun. Peut être était ce une solution ? Lui montrer qui elle était ou lui apporter les faits ? Quelle chance avait-elle qu'il la prenne au serieux ou qu'il veuille bien poursuivre la discussion ? Elles étaient minces mais...Qui ne tente rien, n'a rien ! Malya prit confiance en elle, inspira profondément et sortit sa lourde vérité :

« Je suis comme toi ! »

Elle sourit à l'extrême. Elle était tellement soulagée de lui avoir tout dit sans se soucier de ce qu'il pouvait se passer. Si elle n'avait pas tous ses livres dans les bras, elle lui aurait sautée au cou. Comment se sentir mieux qu'en ayant dit la vérité ? Elle ne s'était même pas rendue compte que sa phrase ne voulait rien dire. Elle ne disait pas ce qu'elle était. Elle se faisait pour une folle qui croyait avoir trouvé son frère jumeau. Et merde, le dialogue c'est pas son truc à la petite. Elle ne sait pas trouvée les mots devant tant de joie. Qu'il s'estime heureux qu'elle ait les mains occupés car rien qu'à voir les légers sautillements qu'elle faisait sur place. On pouvait estimer son taux de bonheur et il atteignait les 100. Si il ne faisait pas péter la jauge car son bonheur ne faisait qu'augmenter !

Marshall n’était pas quelqu’un de franchement altruiste. S’il avait été élevé pour être le gentilhomme par excellence, issue de ce monde étrange où l’aristocratie existait encore, cela faisait hélas trop longtemps pour cette gamine que le frisé était passé du clan des huppés au clan des voleurs. Et s’il était un riche voleur aujourd’hui, ça ne lui avait pas rendu ses manières. Il ne jouait les galants asservis qu’avec sa jolie fiancée ou lorsqu’il jouait un rôle. Cette adolescente ne correspondait ni à l’une ni à l’autre de ces raisons.
Et s’il lui arrivait parfois d’être aimable lorsqu’il était au moins à moitié en faute comme maintenant… eh bien, disons seulement que la pauvre gamine manquait cruellement de timing. L’anglais n’était pas d’humeur.
En quittant la chambre d’hôtel pour prendre l’air, il avait promis à Roxy de ne pas aller sombrer dans l’auto apitoiement quelque part dans une sombre taverne. Heureusement qu’il n’avait pas encore croisé d’endroit pouvant mettre à l’épreuve cette promesse, c’est tout ce que nous en dirons pour l’instant.

Mais il y avait encore de l’espoir. Lorsque la petite prit le blâme de sa mauvaise humeur, Marshall s’en voulut un peu. Seulement un peu, il n’était pas du genre à se soucier des sentiments des étrangers – c’était mauvais pour le business.

« C’est pas ta faute, laisse tomber. »

On pouvait difficilement révéler à n’importe qui qu’il ne pouvait être en cause parce qu’il venait tout juste de transformer sa fiancée en loup-garou et, par conséquent, qu’il n’était pas franchement souriant aujourd’hui ! Et encore aurait-il fallu que Marshall soit du genre à déblatérer ses malheurs au premier venu, ce qui était loin d’être le cas. Il n’y avait que Jonathan et Roxy pour lui extirper les vers du nez même lorsqu’il ne le souhaitait pas.
Si normalement après ça, il se serait contenté de poursuivre sa route, ce n’était pas sans compter la jeune fille qui n’en avait pas terminé avec lui. Pourquoi ça tombait sur lui ? Et pourquoi aujourd’hui ? Était-ce une farce ? Un complot ? Est-ce que Roxy avait engagé des gens pour l’espionner et l’empêcher d’aller croupir dans un coin sombre ? Parce que, franchement, elle aurait très bien pu le faire !
Mais Roxanne ne pouvait pas avoir fait ça. Pas après cette phrase. Je suis comme toi. D’habitude, il se plaisait assez à rencontrer des gens de sa race. Il était ouvert et appréciait partager l’expérience qu’il pouvait donner ou recevoir avec un compatriote, mais aujourd’hui ça ressemblait plutôt à une lame plantée dans son estomac et que cette gamine lui tombe dessus était le mouvement cruel qui tournait le couteau dans la plaie.
Il plissa à peine les yeux, concentré à chercher la vérité dans ce qu’elle avançait, espérant follement qu’il ait mal compris le sens de ses mots et qu’elle veule dire qu’ils partageaient les mêmes origines ou un truc du genre. Mais, à l’entendre, elle n’était pas issue de son coin du monde… et elle sentait le loup à plein nez, maintenant qu’il se donnait la peine d’y porter attention.

« M’ouais ? »

Incertain,  il la dévisagea de longues secondes, les sourcils froncés par l’interrogation.

« Et je devrais te faire la bise ou échanger une poignée de main secrète à cause de ça ? »

Un résultat peu festif, il va sans dire. Mais, même d’ordinaire, il ne se jetait pas au cou de ses congénères lorsqu’il les rencontrait. Bon, il avait peut-être arraché l’asiatique à son épicerie, la dernière fois, pour l’entrainer dans un café déguster une pâtisserie pendant qu’il lui posait quelques questions. Mais à ce moment-là, il venait tout juste de débarquer en ville, il désirait connaître les bonnes adresses pour enchainer le loup pendant la pleine lune et ça lui était avéré complètement inutile puisqu’il avait passé la première nuit coincée dans les égouts avec sa fiancée qu’il aurait très bien pu dévorer ! Oh, et comme il avait échoué là-dessus, il avait toutefois réussi à en faire une louve à son tour !
Mais est-ce que tout ça était la faute de cette gamine ?
Non, bien sûr que non.
Et Marshall retint un soupir. Le dieu qui s’amusait avec lui en ce moment avait un curieux sens de l’humour.

« Corrige-moi si je me trompe, mais t’as pas dû rencontrer beaucoup de gens comme nous, pas vrai ? »

En tout cas, elle savait les reconnaître dans une foule. Mais ça, c’était comme bien d’autres choses, ça devenait un instinct auquel on apprenait à se fier.
 

Malya était d'une joie incomparable. Elle était tellement heureuse en ce moment précis. Ce n'était pas la mauvaise humeur de la personne en face d'elle qui allait la rendre de mauvais poil. Il la tutoya et Malya eut l'impression de s'être fait un nouvel ami. Elle le regardait les yeux ronds comme si il était entrain d'offrir une sucette à cette pré-adulte gourmande. Il ne lui rejetait pas la faute dessus. Malya n'était que trop heureuse de se rendre compte qu'il n'était pas si froid qu'il le paraissait. Dans l'excès de joie, elle lui révéla ce qu'elle était de manière plutôt incompréhensible. Un " je suis comme toi" qui ne voulait absolument rien dire. Comment savoir où elle voulait en venir lorsqu'elle n'était pas très claire elle-même. Malya était ainsi dans la précipitation et l'envie de tout déballer d'un coup, elle disait ce qui lui passait par la tête sans réfléchir ni penser aux conséquences de ses mots. 

 Malya était émerveillée d'avoir pu lui dire au final qu'elle lui était semblable. C'était comme révéler un lourd secret, cela lui faisait tellement de bien. Malya se balançait de droite à gauche cherchant à savoir si il allait sourire, si il allait la soutenir, si il allait réagir de façon positive. Malya cherchait le feu vert de la bonne entente. Elle trépignait déjà d'impatience. Ce fut un tsunami de bonheur lorsqu il lui proposa une poignée de main ou lui faire la bise. En règle général, toute personne normale serait en droit de se sentir vexée mais pas Malya, elle avait tout pris au premier degré. Elle n'avait pas réfléchi qu'il disait pour plaisanter. À vrai dire, elle ne réfléchissait pas beaucoup lorsqu'il s'agissait d'avoir des amis. Elle lâcha une nouvelle fois les bouquins dans ses mains, son sac, tout tomba au sol et sans réfléchir, encore, elle lui sauta littéralement dessus. Elle se mît à l'agripper comme un koala autour de son cou. Un véritable pot de colle de 18 ans et plus. Elle ne s'inquiétait pas de l'état dans lequel elle avait jeté ses affaires ni son sac à main. Un pickpocket avait largement le temps de lui voler qu'elle n'aurait pas le temps de s'en rendre compte. Malya était bien trop occupée à se tenir au cou d'un inconnu dont seul elle connaissait sa différence des humains. 

Si quelqu'un observait la scène de loin, il pourrait se poser des tas de questions. Une gamine instable émotionnellement qui s'agrippe à tout ce qu'elle voit. Malya se sentait dans le meilleur des mondes durant quelques secondes lorsqu'elle comprit l'erreur qu'elle venait de commettre. Ce n'était pas parce qu'il était des amis de fourrure que cela lui donnait la permission de le câliner. C'était qu'elle ne croisait pas tellement de personne comme elle et lorsqu'elle en voyait, elle devenait folle alliée. Malya se recula et son visage afficha un " Oops, j ai fait une bêtise, je crois." Elle baissa les yeux comme une enfant qui attendait sa punition. Elle savait bien qu'elle n'aurait pas du avoir ce comportement, sauter à son cou mais ce fut plus fort qu'elle. Elle ne pût s'en empêcher et maintenant que c'était fait, il n'y avait pas de retour en arrière. Seul un léger regret qu'elle avait. 

Non, Malya ne rencontrait pas beaucoup de personnes comme eux. Cette phrase la fit sourire et lui donner l'impression d'avoir une opportunité de se racheter de sa bêtise. Elle avait l'habitude de croiser des personnes normales, enfin humains quoi. Elle était froide avec eux ou plutôt en retrait alors lorsqu'elle voyait un de ses semblables. C'est le genre apocalypse de la froideur et bonjour les câlins de cinglée. Ce n'était pas sa faute à la jeune, trop se contenir entraînée ce genre de réaction. C'était un véritable soulagement de pouvoir être soi-même, de pouvoir partager, de pouvoir apprendre. Voilà ce que Malya voyait lorsqu'elle flairait un membre de sa grande famille à poils. Elle devenait une folle incontrôlable.   

«  Oui, je n'ai pas l'occasion de croiser nos semblables. J'ai manqué de chance mais..plus aujourd'hui ! »

Malya au sourire extrême était de retour. Bonjour la psychopathe ! Elle considérait qu'aujourd'hui était un nouveau jour. Un jour où peut-être sa vie prendrait un nouveau tournant, peut-être qu'il allait pouvoir l'aider, qu'elle pouvoir blablater avec lui de tous les sujets sur la lycanthropie qu'elle ne maîtrisait pas. Elle espérait qu'il ne s'enfuit pas au courant ou qu'il ne l'abandonne pas. Oh sinon elle lui courrait après comme une groupie en manque d'autographes ! 

De la chance. Marshall n’était pas certain de vouloir appeler cette rencontre fortuite de la chance. Du moins, pas dans son cas. Dans son cas, il s’agissait plutôt d’une sale journée qui ne faisait qu’empirer plus les minutes passaient.
Mais ce n’était pas de la faute de cette fille, si ?
Ouais, son côté plus grincheux avait tendance à dire oui. Elle n’avait qu’à poursuivre son chemin comme n’importe quel autre passant au fond. Être un loup donnait le droit d’accoster les autres sans raison maintenant ? On ne voyait pas un black en arrêter un autre au milieu du trottoir et dire hey, on est pareil, allons prendre un café !
… Ok, c’était définitivement ce qu’il avait fait avec Parker… Mais ce jour-là, Marshall ne venait pas d’apprendre que sa fiancée était sur le point de devenir loup-garou à cause de lui !

« Yeah, lucky you. »

Ça manquait un peu de conviction. Mais que devait-il faire au juste ? Jouer la nounou ? Il devait accepter de s’asseoir quelque part et répondre à toutes ses questions ? Elle n’avait sûrement pas l’âge légal pour entrer dans un bar, ce qui était bien dommage parce que quitte à devoir endosser ce rôle, il aurait aimé pouvoir le faire devant un whisky !
Alors qu’il n’était même pas midi ?
Hey, un peu de considération pour le mâle dépressif s’il vous plait. L’anglais n’avait pas souvent l’occasion de boire son désespoir puisqu’il était rarement désespéré. Aujourd’hui était l’un de ces jours, ne faisons pas la fine bouche !
Si Joni était là, ils seraient sûrement déjà dans un pub. Mais Jonathan était de l’autre côté de l’Atlantique… sûrement dans un pub à se faire rejeter par la gente féminine plutôt que d’être de ce côté de l’océan à regarder son meilleur ami se morfondre… Plus passionnant, il va sans dire !

« Et tu dois pas être dans le gang depuis longtemps non plus, autrement tu ferais pas cette tête. »

Cet enthousiasme irrésistible lorsqu’on rencontrait ses semblables les premières fois, il avait connu ça également. Qui pourrait en vouloir à cette fille ?
Marshall pourrait ! Dans un mauvais jour comme aujourd’hui, il n’en aurait même aucune difficulté !
Passons l’égoïsme qui vient d’office avec le voleur et restons sur les bons côtés du malfrat. Parce que oui, il en a quelques uns !
Depuis les dernières vingt-quatre heures, il faisait ce constat souvent, mais… il allait le regretter.

« Très bien. »

Il abdiqua presque en soupirant. Un regard à la ronde lui fit repérer un café de l’autre côté de la rue et il le pointa du menton. S’il ne pouvait pas picoler, il allait au moins avaler une tonne de café et une pâtisserie.

« Qu’est-ce que tu veux savoir ? »

Et dès que la voie fut libre, il entreprit de traverser la rue, accompagné par la jeune fille. Yup, il allait définitivement le regretter à un moment où un autre…