Je me réveille en sursaut, mon portable ne cessant de vibrer non-loin de moi. Je me redresse, encore endormis, sur la chaise sur laquelle je m'étais assoupis la veille. Les yeux toujours clos, je me frotte faiblement le bras avant d'agripper mon portable. Je décroche et me raidis en entendant une voix froide bien que familière. Il n'a fallu plus de temps pour que je sois parfaitement réveillée. J'écoute silencieuse, mon père me sermonner pendant une dizaine de minutes comme à son habitude. Il me laisse à peine le temps de prendre la parole, qu'il raccroche déjà. Je m'affale au fond de ma chaise, soupirant avant de lâcher mon portable sur mon bureau. Bureau sur lequel je me laisse tomber une fois encore au milieu de mes livres et de mes recherches. Je regrette parfois l'idée d'avoir une famille normale avec des parents qui n'appellent pas leur fille une fois tous les mois uniquement pour lui faire la morale. J'ai l'impression que l'incident de ma première chasse va me hanter jusqu'à la fin de mes jours. A cette pensée, l'une de mes mains se glisse lentement sur la cicatrice qui me rappelle sans cesse mon erreur. Comme si elle ne suffisait pas.

Je soupire de nouveau, décidant de me remettre au travail comme il se doit. Je commence par faire un tour dans la salle de main. Profitant d'une longue douche presque glacée pour émerger complètement et surtout retirer l'odeur immonde de transpiration sur mon corps après avoir suivis une piste pendant trop longtemps sans avoir la chance de revenir chez moi. Une dizaine de minutes s'écoulent lorsque je sors enfin de ma cabine de douche. Je me sèche et finalement, je vêtis. Une tenue simple et masculine comme d'ordinaire, mais surtout décontractée. Après tout, je prévois de passer plusieurs heures de plus dans les bouquins avant de me lancer à la poursuite du démon que je traque depuis plusieurs jours à présent. Je l'ai gardé à l'oeil, attendant d'être certaine qu'il est fait un faux-pas à une ou plusieurs reprises. Contrairement à certains, je ne veux pas que mes actes soient non-justifié. M'occupant uniquement des démons qui sont passés du côté obscure de la forme, autant dire que ce n'est pas les plus simples à détecter. Heureusement que je peux me montrer sérieuse, sinon j'aurais droit à plus d'un sermon par mois.

Sortant de la salle de bain, je laisse tous ces traquas et reprends mon travail avec une bonne tasse de thé. Le crayon dans une main, ma tasse dans l'autre, je me montre concentrée et assidus face à la tâche que j'accomplie avec soin comme on me l'a appris. Une fois les connaissances sur la créature que je poursuis acquisse, je prends un rapide en-cas, mets ma tenue de chasse, attache mes cheveux en un parfait chignon et m'élance en toute tranquillité, armes en mains, dans les rues sombres de la Nouvelle-Orléans. Je profite de l'obscurité pour passer dans les petites ruelles jusqu'à arriver au lieu de vie de ma proie. Une grande demeure dans laquelle j'ai pu me faufiler une fois, apercevant un bon nombre de cadavres plutôt bien dissimulé. Enfin, pas si bien que ça, sinon je n'aurais pas été capable de les trouver d'une façon ou d'une autre. J'attends finalement, patiente qu'il sorte de chez lui pour le suivre aussi adroitement que j'ai pu le faire à bien de reprises. Je l'observe se balader comme le ferait n'importe qui, prendre une table dans un restaurant plutôt chic de la ville et sortir plus d'une heure plus tard. Je profite de ce délais pour m'étirer longuement avant de reprendre ma filature comme si de rien n'était.

Je m'éloigne lentement de la ville, me glissant dans les ténèbres de la forêt qui l'entour et profite du terrain pour me fondre dans ce dernier. Je me demande ce qu'une créature comme lui, aimant le luxe peut bien faire aux milieux des arbres et des feuillages humides. Cela dit, je ne me vois pas l'arrêter pour lui poser la question, se serait complètement stupide. Je suis peut-être impulsive et imprudente, mais je ne suis pas une idiote non-plus. Surprise par son arrêt violent, je me cache derrière le premier arbre proche de moi et y grimpe agilement pour me fondre dans les feuillages. Les feuilles s'agitent brusquement et en un rien de temps, je suis au sol, mon épée est dégainée et je fais face à ma proie. Ce dernier s'avère plus fort que je l'ai prévu, comme ce qui concerne la puissante de ce qui ressemble à des griffes sortant de sa chaire.

Le combat s'éternise et c'est blessé tout comme moi qu'il décide de prendre la fuite. Je range vivement mon épée et une moue de douleur se dessine un faible moment sur mon visage à cause de la plaie sur mon bras gauche. Je lâche une injure, deux ou peut-être plus avant de me lancer à sa poursuite. Hélas, cette dernière tourne cours à cause des événements pour le moins inattendu qui m'arrache un : « Zut. » entre autres choses.

La pleine lune était terminée depuis seulement deux jours. Haebin se sentait encore un peu faible mais pour une fois, il n’avait pas passé trois nuit dans le bunker, seulement deux. En effet, le dernier soir, Philip avait décidé de mettre enfin son entrainement à exécution, ou du moins, une nuit de pleine lune. Faisant plusieurs fois des tours dans la forêt avec de la viande fraiche avant de l’enterrer, il avait finalement laissé le Coréen gambader. Le but ? Essayer de se rappeler de ce qu’il avait durant la nuit. Quand il avait repris conscience, il était en plein milieu des arbres, c’était une bonne chose il n’était pas sorti du lieu.

L’après-midi avait été plutôt longue, en effet, pour une quelconque raison, le fantôme n’avait pas passé la journée avec lui. Le matin, il avait bien fait son sport et prit une bonne douche après avoir lézardé dans son lit, mais après le repas du midi, il s’était plutôt fait chier qu’autre chose. Il n’avait pas envie de regarder la télé, ni même vraiment envie de sortir.
Finalement, ce fut à 17 heures qu’il réaliser que préparer l’arrivée imminente de son meilleur ami serait une bonne chose. Il devait choisir ce qu’ils feraient pendant ses deux semaines avec lui. Il prit donc quelques feuilles et y nota toutes les choses à faire dans les environs et dans la ville. Chance qu’il ait déjà fait un voyage avec Zéplynne se dit-il.

Finalement à 21 heures, il avait fait un superbe emploi du temps sur son Pc ne leur laissant pas beaucoup de temps à glander. Ils avaient cette capacité de sortir en boîte un soir et ne pas avoir besoin de dormir. Ah, les Coréens et leurs corps bien différents des autres humains. L’animateur ferma son Pc portable avant de manger un yaourt et s’habiller plus convenablement pour aller dans la forêt. En effet, un pantalon à 100 dollars n’était pas la meilleure des choses à vêtir… S’il l’abimait, il s’en voudrait. Il opta pour un jean, et un tricot à manches longues noirs. Il attrapa son portable et les clefs de chez lui avant de sortir.

Il faisait encore jour, mais s’il allait là-bas à pied, il ferait sûrement nuit.
Une fois arrivée, le Coréen s’enfonça entre les arbres. Il faisait assez frais, mais il ne s’en plaignait pas. Il essaya de se concentrer et de se rappeler où il était allé cette nuit-là. Il avait bien quelques flashs mais rien de bien précis, c’était trop flou… Ou du moins, jusqu’à ce qu’il arrive près d’un arbre où on pouvait clairement voir des marque de griffes. Il passa ses doigts dessus en se rappelant du coup qu’il avait laissé comme pour libérer sa rage. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres, il voyait clairement la scène dans sa tête.
A peine s’était-il retourné qu’il avait vu une chose passer par là, à l’odeur, il n’avait rien d’humain, juste l’apparence. Puis une odeur de sang lui arriva dans le nez, avec celle de sa sœur. Il fit un petit bond en la voyant passer puis finalement s’arrêter en plein au milieu de sa course. Il vit clairement qu’elle était armée, et sa tenue laissait très bien comprendre qu’elle était chasseuse. Haebin avait les yeux grands ouverts, ne sachant pas trop comment réagir. Il avait bien du cligner des yeux 20 fois pour être sûr qu’il avait Pandora en face de lui.

Tout d’un coup, il comprenait beaucoup mieux sa réaction au restaurant, elle connaissait déjà le milieu. Haebin n’arrivait pas à s’en remettre, sa propre sœur pouvait le chasser, le tuer à cause de sa condition particulière.
C’était donc pour ça qu’elle avait trouvé des informations sur lui… Elle était rodée pour pister les gens. Tout s’expliquait petit à petit dans sa tête.

Réveillée par le vibremment de mon portable, j'ai eu droit à un nouveau sermon de la part de mon paternel. Fidèle à lui-même, il ne prit pas le temps de prendre de mes nouvelles, s'attardant sur mes erreurs passées plus que sur mes victoires présentes. Il profite de l'occasion pour me rappeler l'échec de ma première chasse en solitaire en passant par la qualité de mes rapports de missions que je prends le temps de rédiger pendant et après chacune de mes chasses. Je peux entendre la voix de ma mère en fond, appuyant certains faits. Je n'ai guère le temps de parler que la communication est coupée. Je soupire, laissant glisser l'une de mes mains sur la blessure qui me hante jour et nuit me rappelant sans cesse la gaffe que j'ai autrefois commise en chassant un kistune. Je m'attarde sur ma cicatrice un instant avant de commencer une journée des plus banales. Je commence par me préparer comme il se doit lors d'un passage dans la salle de bain avant de reprendre aussitôt mes recherches sur ma proie du jour. Un démon à l'apparence humaine, mais qui n'est rien de tel. Plusieurs jours de filatures et de planques m'ont donné assez de preuve contre lui. C'est uniquement dans le but de ne pas commettre la moindre erreur mortel que j'ai décidé de faire de plus ample recherche sur la créature que je devais abattre. Ses capacités de guérison sont décuplées, mais le tuer semble être une tâche aisée pour une chasseuse de mon niveau.

Une fois toutes les cartes en main, je commence ma préparation finale. J'enfile ma tenue de chasse, attache mes cheveux en un chignon avant de m'armer de mon arc et de mon épée. Je m'élance aussitôt dans les rues sombres de la Nouvelle-Orléans, profitant de l'obscurité pour me frayer un chemin en toute discrétion dans les ruelles les moins utilisées. Je me poste devant le domicile du démon et le suis pendant plusieurs heures dans la ville. Ce dernier semblant désirer passer une soirée en bonne compagnie avant de faire une banale nocturne dans les bois non-loin de la Nouvelle-Orléans. Je profite des ténèbres et des feuillages pour rester à bonne distance de la créature qui s'arrête plusieurs minutes plus tard. Disposant d'une vue limitée sur ses actions, je décide de grimper à l'arbre le plus proche. Cette hauteur me permettant d'avoir également un bon angle de tir si cela s'avère finalement nécessaire. Soudainement, le vent souffle, les feuillages s'agitent et en un rien de temps, je me retrouve sur le sol, mon épée est dégainée et ma position défensive. S'en suis un combat plutôt intensif contre la créature que je semble avoir sous-estimée. La théorie c'est bien, mais les notes ne s'avère pas toujours exacte lorsque ça concerne la force de chaque individu.

On échange plusieurs coups, je le blesse plutôt gravement au niveau de l'abdomen tandis que l'une de ses griffes vient se planter dans mon bras gauche. Le combat commence à s'éterniser lorsque la créature décide de prendre la fuite et je m'élance aussitôt à sa poursuite. Nos forces semblent être plus ou moins égale, ma dernière chance est l'une de mes flèches, mais je n'ai pas la possibilité de la lancer à cause de l'état de mon bras qui m'arrache une moue de douleur. Hélas, ma course poursuite tourne court lorsque je m'arrête pour tenter de décocher une flèche et aperçois un visage bien trop familier. Cette situation pour le moins gênante m'arrache un, zut, entre autre chose tandis que je range mon épée ensanglantée avec précaution. Un sourire gêné se dessine sur mon visage lorsque je me retourne pour faire face à Haebin. « Salut, frangin. » Je lance ses mots comme si de rien n'était. Après tout, mon père me tuerait pour avoir laissé échapper une proie qu'il qualifierait de simple et puis, blessée comme elle l'est, elle ne peut pas aller bien loin. « Euhm... Je ne sais pas vraiment ce que je suis censée dire dans ce genre de situation... Ca ne m'est jamais arrivée non-plus... » J'enchaîne en tentant de trouver le meilleur moyen de dire les choses sans les empirer. Il m'avait dit qu'il trouverait mon secret, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si tôt...

Chercher des informations sur la dernière nuit de pleine lune était un véritable casse-tête pour Haebin. La raison était très simple, il n’avait que de vagues souvenirs de ce qu’il avait bien pu faire lors de sa course nocturne. Il ne voyait pas clairement où il était allé, il avait l’impression d’être amnésique à chaque pleine lune. C’était un véritable calvaire car tant qu’il n’était pas conscient de ce qu’il faisait, il restait dangereux. Le jour où il verrait ce qu’il faisait sous sa forme lupine, il pourrait peut-être en prendre le contrôle et éviter les massacres qu’il avait pu provoquer.
Le jeune homme lâcha un long soupire avant de s’enfoncer dans la forêt. Il y voyait plutôt bien grâce à ses dons mais rien à faire, il n’avait que des flashs flous de cette fameuse nuit. Lorsqu’il se retrouva face à une trace de griffures, il se rappela avoir griffé le pauvre tronc comme pour calmer ses pulsions meurtrières.

Lorsqu’il se retourna, il vit passer une bête humaine mais avec de longues griffes. Elle était assez blessée, mais son odeur n’avait rien d’humain. Une odeur de sens arriva lentement aux narines du Coréen, suivit d’une odeur qu’il connaissait que trop bien. Il se retrouva quelques instants plus tard face à Pandora. Sa sœur était donc une chasseuse ?! Il avait sursauté mais tant de chose s’était éclaircit dans son esprit.
La plus jeune le salua comme s’il de rien était. Haebin n’arrivait pas encore à réaliser. Et puis l’odeur de sang ne le mettait pas plus à l’aise que ça. Il avait un côté animal et la chair humaine était quelque chose qui pouvait rapidement l’exciter.

Le Coréen ne laissa pas le temps à sa sœur de réagir et l’empoigna par le poignet et la tira hors de la forêt même si elle pestait.

Haebin l’avait grondé comme l’aurait fait un frère sous le coup de la panique. Elle avait beau être chasseuse, c’était aussi un membre de sa famille. Il n’arrivait pas à se dire qu’elle pourrait s’infecter le bras à cause d’une coupure ou une plaie. Les démons avaient souvent de bons moyens pour empoissonner les chasseurs ou autres monstres qui les attaqueraient. Les loups-garous donnaient des morsures qui s’infectaient bien plus vite que la normale.
Chance que l’animateur ne vive pas très loin de la forêt, en une trentaine de minutes, ils étaient arrivés. Haebin la tira dans la salle de bain et lui enleva carrément son tricot de toute façon, elle avait un soutient gorge et ce n’était pas la première fille qu’il voyait comme ça.

Il attrapa de quoi la désinfecter, à croire que sa trousse de secours avait de l’utilité depuis quelques jours… Haebin ne décrocha aucun mot, ni sur le trajet, ni pendant qu’il panser ses blessures. Il était encore sonné par la découverte. Même si elle avait parlé, il ne s’en était pas rendu compte, il était comme un robot, à faire les gestes machinalement. Lorsqu’il eut fini, il lui banda le bras.
Il sortit de la pièce et attrapa un –t-shirt qu’il lança sur sa sœur quelques instants plus tard alors qu’il était de retour dans la salle de bain.

Il avait du mal à encaisser que sa sœur aurait très bien pu lui décocher une flèche un jour…

La journée se déroule de façon particulièrement banal pour une chasseuse de ma trempe. J'ai terminé mes recherches sur la créature que je chassais depuis plusieurs jours, je me suis préparée et j'ai ensuite commencé l'affaire de terrain. Filant ma proie dans la ville en attendant le meilleur moment pour l'attaquer. Le suivre ainsi s'avère être un excellent entraînement pour mes chasses futurs et ainsi réduire la marge d'erreur possible. Enfin, elle est déjà plus ou moins faible avec les longues heures d'entraînement auxquelles j'étais autrefois obligée d'assister. Finalement, après une soirée bien remplit, le démon décide de se retirer dans la forêt. Je le suis à une distance raisonnable, profitant du décors pour me fondre dans ce dernier et facilité ma traque. L'apercevant s'arrêter au milieu de nulle part, je décide de prendre de la hauteur pour voir ce qu'il peut bien faire ici et grimpe aussitôt dans l'arbre le plus proche. Hélas, je ne tarde pas à être forcé d'y descendre par celui que je suis depuis quelques heures. Mon épée sortie et en position défensive, je me retrouve projetée sur le sol. Sans autre solution, je profite de cette occasion pour terminer la partie et enchaîne aussitôt le combat. Malheureusement, je me rends rapidement compte que les notes ne sont pas tout à fait exacte sur la créature et que sa force est plus importante que ce que j'ai pu prévoir. Nous blessant à tour de rôle, je me retrouve avec une blessure au bras gauche lorsque ma cible décide de prendre la fuite pour éviter une mort certaine des suites de ses propres plaies. Je peste un instant et m'élance à sa poursuite, persuadée qu'une flèche ferait l'affaire. Cependant, l'état de mon bras ne me facilite pas le travail.

En pleine course, je range mon épée et m'apprête à m'armer de mon arc lorsqu'un visage familier apparaît dans mon champ de vision. D'un geste instinctif, je m'arrête et dévisage Haebin qui se tient non-loin. Je peste de nouveau avant de regarder ma proie s'enfuir, désespérée. De toute façon, elle ne peut pas aller bien loin et je finirais tôt ou tard par avoir le droit à un nouveau sermon. Plaçant une main sur ma plaie, je salue mon grand-frère comme si de rien n'était avant de tenter de lui expliquer le tout. Cela dit, cette tâche s'avère encore plus difficile que celle de faire face à un démon, car toute nouvelle. Lui qui avait dit qu'il découvrirait mon secret, je ne me doutais aucunement que ce serait aussi vite. J'ai à peine eu le temps de terminer ma phrase qu'il commence à m'agripper le bras et me réprimander. Je reste sans voix à ces mots. C'est la première fois que quelqu'un se montre plus ou moins inquiet pour moi et notamment à cause d'une blessure de chasse. Mes parents accordent plus d'importance à la réussite de la chasse qu'à ma santé et ce depuis le début de mon apprentissage. La mère qui me serrait affectueusement dans ses bras avait disparu au même moment pour laisser place à une personne aussi froide que mon père. Autant dire que je n'ai pas la meilleure vision de la famille, mais j'en ai une, c'est déjà ça.

Je n'ai même pas eu l'occasion de faire la moindre remarque, de pester comme j'en ai tant l'habitude qu'Haebin me traîne à travers la forêt. Une fine expression de douleur se dessinant sur mon visage de temps en temps. Je ne donne pas cher de ma journée de demain, pleine de crampes et de bleus. Chasseuse est vraiment un métier super qui donne facilement envie de prendre un jour de repos après une chasse de ce style. Sur le trajet, je me demande où il me traîne comme cela et pourtant je ne lui pose pas la question, certaine qu'elle n'obtiendra aucune réponse. Je me contente de le suivre avec l'impression qu'il va m'arracher le bras d'une minute à l'autre. En une bonne demi-heure, nous étions arrivés à destination de toutes évidences. Son appartement. J'ai à peine de temps de détailler l'entrée qui donne sur le salon que je profite d'une excellente vue de la salle de bain. « HEY ! » Je lance ce mot en total désaccord avec ce qu'il faisait. Il est peut-être inquiet et c'est peut-être mon frère, mais tout de même. Il ne m'a laissé aucunement le temps de lui faciliter l'accès à ma blessure et a tout simplement retiré mon haut. Cela dit, mon mécontentement face à ça n'a pas semblé le déranger et commence à s'occuper de ma plaie.

Je soupire longuement et attend qu'il termine de faire le bandage. Une fois fait, il sort un instant avant de revenir et me balancer un t-shirt. Je le détaille un instant avant d'être surprise par sa soudaine prise de parole. Lui qui est resté silencieux depuis qu'il a commencé à me traîner ici. J'ai même pensé qu'il me jetterait dehors tout de suite après à cause de mon petit secret. Je dépose mes armes non-loin de moi, dépose mon haut dessus et enfile le t-shirt lorsqu'une légère expression de douleur se dessine sur mon visage au moment de passer le bras gauche. Ma chasse de toutes évidences terminée, je laisse tomber mes cheveux corbeaux dans mon dos et attrape mes affaires avant de sortir de la salle de bain. « Merci frangin. » Les remerciements sont la base et puis, sa brise un peu le silence qui s'est installé dans l'appartement de mon aîné. « Euhm.... Je pense que je ne vais pas pouvoir échapper aux explications alors... » Hélas, oui... Je suis à présent obligée de lui parler de mon activité non-officiel et de laquelle il n'aurait jamais dû être au courant. A cet instant-là, je remercie mes parents adoptifs d'avoir appris à mentir, car je compte bien oublier de leur parler d'Haebin découvrant mon secret tout je l'ai autrefois fait avec mes recherches sur ma famille biologique.

Haebin n’aurait jamais pensé que le secret de sa sœur était en rapport avec son activité. Chasseuse…
Lorsqu’il la vit, il ne réagit pas vraiment, il avait bien mit quelques minutes avant de comprendre que c’était bien Pandora devant lui et pas une autre personne qui étrangement lui ressemblerait.
Une odeur de sang lui arriva dans le nez, elle était blessée et il sentait très bien la douleur qu’elle ressentait. Il la sermonna comme l’aurait fait un adulte avec son enfant et la tira en dehors de la forêt pour la trainer chez lui. Il voulait nettoyer sa plaie pour s’assurer que rien ne s’infecte. Il avait déjà reçu des blessures de démons durant ses nuits d’errance et certaines aurait facilement pu le tuer s’il n’avait pas eu cette capacité à guérir bien plus vite que les humains.

Ils arrivèrent finalement une bonne demi-heure plus tard chez l’animateur et il ne prit aucunement la peine de lui présenter le lieu, il la traina rapidement dans la salle de bain et lui enleva carrément son tricot pour avoir un meilleure accès à la plaie de son bras. Il ne prit pas de gant et la désinfecta comme si ne craignait absolument pas ça. D’un autre côté, si elle ne l’avait pas croisé, elle aurait sûrement continué à courser le démon, elle devait avoir une très bonne résistance à la douleur. Une fois la blessure propre, il la banda avant de partir quelques instants et revenir en lui balançant un T-shirt dessus. Fallait qu’elle se couvre, c’était plutôt gênant d’être en sous-vêtement devant son frère. D’un autre côté, elle devait quand même se douter qu’il avait vu d’autres filles avec encore moins d’habits.

Pendant qu’elle finissait de se préparer, le Coréen s’assit sur l’accoudoir de son canapé en essayant de calmer ses nerfs qui étaient en train de lâcher. Tout d’un coup, il comprenait bien mieux la réaction de Zéplynne quelques jours plus tôt à la vue de ses blessures. En y pensant, il passa une main sur ses côtes.
Pandora sortit enfin et Haebin la regarda, il était à la fois inquiet, énervé, perdu, il ne savait absolument pas comment réagir face à cette découverte. Elle aurait très bien pu le chasser un jour… Sans savoir que c’était lui. Finalement la demoiselle prit la parole.

S’obliger au calme était une chose primordiale. Il ne devait pas perdre le contrôle, il savait que depuis sa morsure, il était devenu bien plus violent qu’il ne l’était déjà, mais faire du mal à sa sœur était intolérable.

Si jamais son Alpha entendait dire que la sœur de son petit surdoué était une chasseuse, se serait à Haebin de la tuer, il le savait. Il ne pouvait pas se permettre que cette information s’ébruite. Non, c’était bien trop dangereux, autant pour lui que pour elle.

Rencontrer mon frangin au plein milieu d'une chasse qui commence à s'éterniser n'est pas vraiment ce que j'aurais souhaité, bien au contraire. J'entends déjà mon père me faire la morale sur une chasse qui n'a pas fini aussi vite qu'elle l'aurait dû. Cela dit, la blessure que j'ai infligée à ma proie l'empêche d'aller bien loin et puis, je peux toujours le pister une fois mon problème familial réglé. Je me retourne de façon à faire face à mon aîné tandis que ma main droite glisse sur ma blessure au bras gauche. Je salue finalement Haebin un peu comme si de rien était et avec une pêche incroyable comme à mon habitude. Même si la douleur est présente, j'ai connu bien pire et puis, j'ai été plus ou moins habituée à supporter ce genre de choses le temps d'une chasse entière. Cela dit, mon point de vue ne semble pas être le même que celui de mon aîné qui me sermonne à propos de ma blessure et mon manque de prudence avant de me tirer assez violemment par le bras. Heureusement, il n'a pas tiré sur le bras gauche, car il m'aurait entendu pester.

Je n'ai pas la chance ou bien l'envie de pester contre le comportement d'Haebin, car bien trop surprise par ce dernier. Créer l'inquiétude chez une personne de ma famille n'est pas une chose à laquelle je suis habituée depuis que j'ai commencé mon apprentissage pour devenir une chasseuse accomplit. D'ordinaire, mon père me crie dessus accordant une importance moindre à ma condition physique et préfère se concentrer sur le résultat de ma chasse. Autant dire que j'ai appris depuis fort longtemps à être la seule à m'inquiéter pour ma vie et ce n'est pas vraiment une réussite, notamment à cause de mon imprudence perpétuelle. Une pensée qui s'efface lorsqu'un léger rictus de douleur se dessine sur mon visage, non seulement à cause de ma plaie infligée par le démon, mais aussi la poigne d'Haebin qui est plutôt forte. Heureusement, il n'a fallu qu'une demi-heure pour qu'on arrive à destination. L'appartement d'Haebin. Il ne me laisse aucunement le temps de détailler ce dernier ou bien de faire le tour du propriétaire qu'il m'entraîne dans la salle de bain où il s'occupe de ma blessure. Dis comme ça, il n'y a aucune raison que je me mette en colère, mais lorsqu'il retira mon haut en toute simplicité je n'ai pas pu masquer mon mécontentement. Cela dit, ma réaction n'a pas l'air de le déranger et il poursuit dans sa lancée. Un soupire m'échappe lorsque je me rends à l'évidence et que rien ne semble le faire réagir. Il est peut-être pour frère, mais il y a des limites tout de même. Heureusement pour lui, en tant que pur garçon manqué, je ne suis pas pudique à l'extrême et je me contente d'attendre qu'il est terminé.

Finalement, il sort de la pièce et revient un instant plus tard en me jetant l'un de ses t-shirt. Je dépose mes armes dans un coin de la salle de bain et dépose mon haut de tenue de chasse dessus avant d'enfiler lentement le fameux t-shirt. Enfin, comme à chaque fin de chasse, je laisse tomber ma chevelure corbeaux dans mon dos et agrippe mes affaires avant de sortir à mon tour de la pièce. Je passe calmement dans le salon et aperçois aussitôt mon aîné installé sur l'accoudoir du canapé. Je le remercie poliment avant d'ajouter à contre-coeur que les explications sont de rigueur et qu'hélas, je ne peux pas y échapper. A la réaction de mon aîné, l'esquisse un sourire quelque peu amusé avant de déposer mes affaires sur la table basse. Je passe la main droite dans ma chevelure et me plonge en pleine réflexion, me demandant comment je peux bien lui expliquer tout ça. « Euhm... J'ai été adoptée par une famille de chasseur et j'ai commencé mon entraînement lorsque j'avais sept ans. J'ai à la base été envoyé à la Nouvelle-Orléans à cause du surplus de démon qui s'y trouve. D'ailleurs, je pense que je ne vais pas échapper à une nouvelle leçon de moral de la part de mon père pour l'avoir laissé s'échapper.... » Voilà, Haebin a eu droit à un résumé de mon expérience de chasseuse, tout comme la raison qui m'a poussé à venir ici. Enfin, j'ai également profité de l'occasion pour partir à la recherche de mon aîné qui selon mes recherches vivait en ville.

J'affiche finalement un moue surprise et peu contente à l'égard de la réflexion de mon aîné. Pour qui me prend t-il pour faire passer l'intérêt d'une chasse avant celle de ma famille?! Il pense sans doute que je suis le genre de chasseuse à sauter sur toutes les créatures qui bougent, mais c'est loin d'être le cas. « Pour moi, ce n'est pas une obligation et je ne ferais JAMAIS passer la chasse avant la famille. Je suis loin d'être ce genre de personne. » Il est vrai que ma loyauté est entièrement dirigée à ma famille avant tout et la chasse arrive après. Je suis ainsi, je ne tiens absolument pas à chasser mon aîné et puis quoi encore ! « Mais, si tu ne me fais pas confiance et que tu vois ça comme un devoir... Je t'en pris, prend mon épée. » Étrangement sérieuse dans mes propos, j'espère cependant qu'il ne pense pas à vraiment dégainer mon épée. C'est une solution sans doute extrême, mais s'il pense que c'est un devoir de me tuer pour se sentir en sécurité, je ne veux pas lui barrer la route. Et oui, pour ceux qui le l'on pas encore remarquer, je peux être une véritable folle parfois surtout quand on remet plus ou moins en cause ma loyauté.

Pendant un peu plus de 30 minutes, Haebin avait tiré Pandora. Il ne savait même pas s’il avait brutal ou non, et de toute façon, il en avait rien à foutre à cet instant précis. Il voulait simplement la mettre à l’abri et lui panser le bras comme le ferait une famille normale. Malheureusement, il n’y avait rien de normal chez eux, ils étaient des opposés, le loup et le chasseur. Il aurait pu avoir l’instinct protecteur et la tuer, mais il n’en était pas capable… C’était sa sœur, même avec un sabre et un arc sur elle.
Finalement, ils arrivèrent et Haebin ne présenta aucunement son appartement à sa cadette, il la traîna directement dans sa salle de bain. Sans même lui demander l’accès à sa blessure, il lui leva son tricot. C’était plus pratique, elle avait un soutif et puis, elle avait qu’à faire plus attention. Ensuite, il lui banda le bras et fila quelques instants pour finir par lui balancer un T-shirt dessus.

Haebin sortit ensuite de la pièce pour s’installer sur l’accoudoir de son canapé. Il devait se calmer, il risquait de devenir un peu trop violent. Il se massa les tempes en attendant que Pandora se ramène dans le salon. A peine était-elle face lui qu’une discussion commença. Le Coréen lui demanda de ne surtout pas seulement dire qu’elle était chasseuse après tout, il l’avait remarqué. Il entendit alors son histoire, ou du moins une partie. Sa vie n’avait pas dû être bien rose, un peu comme la sienne.

Oui, les loups-garous avaient ce don merveilleux de sentir quand une personne allait mourir. C’était une odeur particulière. Et puis, elle l’avait plutôt pas mal blessé et il avait perdu beaucoup de sang, démon ou non, il n’était sûrement pas immortel.
Puis Haebin lui mentionna le fait que normalement, elle devait le tuer et que l’inverse aussi était vrai. Si jamais cette information s’ébruitait, elle serait en danger. Si son Alpha l’apprenait, il devrait la tuer lui-même, de ses propres mains. Il ne voulait pas ça, il ne tolérait pas devoir ôter la vie de sa sœur pour sa meute. Mais il savait que s’il ne le faisait pas, son chef le ferait, et il serait peut-être plus méchant que lui.
Les remarques de sa sœur lui faisait assez mal mais il n’y prêta pas attention, il risquait de s’énerver bien plus qu’il ne l’était déjà.

Les histoires de famille se réglait en famille, c’était un peu comme les chasseurs qui se faisait transformer, ils devaient se donner la mort pour ne pas déshonorer leur famille, ça marchait de la même manière dans une meute. Pour ne pas déshonorer la meute, il faudrait que la demoiselle meure.
Le Coréen poussa un long soupire. Finalement pour lui faire comprendre la chose, il décida de lui dire en la mettant dans une situation qu’elle comprendrait mieux.

L’animateur venait à peine de retrouver un semblant de famille, il ne voulait pas la détruire pour une histoire de meute à la con.

Traînée plus ou moins de force jusqu'à l'appartement de mon frère, je n'ai aucunement eu la chance de pester ou de protester. Cela dit, je doute également que la moindre de mes remarques ne soient prises en compte par le grand gaillard qui me donne l'impression que m'arracher un peu plus le bras à chacune des secondes qui s'écoulent. Il ne prend pas le temps de grand-chose à vrai dire. De son appartement j'ai uniquement la chance d'apercevoir l'entrée et une partie du salon, sans oublie la salle de bain où il me traîne. Il ne me laisse même pas le temps de me mettre à l'aise pour lui laisser accès à ma blessure, non. Il est vrai que retirer lui-même mon haut sans beaucoup plus simple ! Il ne régit même pas à mon mécontentement et continue comme si de rien n'était. Il a beau être mon frère, cela a tout de même une dimension quelque peu gênante. N'importe qui l'aurait pris pour un fou et pourtant, je me contente de soupirer longuement, le laissant s'occuper de ma plaie tandis que je pose mes armes non-loin de moi. Une fois le bandage mit en place, il sort et revient finalement en ma balançant un t-shirt. Un nouveau soupire m'échappe avant que je ne dépose mes affaires sur mes armes et enfile le haut avec une moue de douleur sur mon visage au moment de passer mon bras gauche.

Je sors quelques minutes plus tard de la salle de bain, mes affaires en main avant de les déposer sur la table basse. Au même moment, une discussion commence et Haebin ne me laisse aucune change d'échapper aux explications que je redoute tant. Raconter mon histoire et surtout la partie qui implique ma vie de chasseuse n'est pas vraiment mon truc. En même temps, c'est quelque chose qui est censé rester un secret pour les personnes hors de la famille Bae. Enfin, ne voyant aucune échappatoire à ma situation, je commence à lui faire un résumé de mon histoire. L'âge auquel j'ai débuté mon entraînement, la raison première de ma venue aux Etats-Unis et la leçon de moral qu'il me serrait impossible de louper à cause du fiasco de ma chasse. « Peut-être... Mais, c'est l'équivalent d'une chasse ratée pour mon père... » Je souffle ses mots désespérés en entendant déjà le sermon que je vais recevoir pendant de longues heures. Une fois encore, je suis une déception pour mes parents et je hais ce sentiment. Mais, il m'a été impossible de passer à côté de mon grand-frère et de tout simplement ignorer sa présence. De toute façon, la leçon de moral est de mise depuis le moment où j'ai été attaquée par ce démon, car la première offensive n'est pas de moi...

Finalement, je me fige, surprise et pour le moins mécontente de la réplique suivante de mon aîné. J'ai l'impression qu'il ne me fait pas confiance, remettant la loyauté dont je fais preuve à l'égard de ma famille et je déteste ce sentiment. La sensation est pire que celle que je ressens à cause de l'échec de ma mission. Je réplique sans réfléchir, de manière impulsive une fois encore. J'insiste sur l'importance de ma loyauté pour ma famille et le fait que jamais je ne fais passer l'intérêt de la chasse avant de bien des miens. C'est une idée qui m'est inconcevable. Cela dit, si contrairement à moi, il se fait un devoir de me tuer parce que je suis une chasseuse pour se sentir en sécurité, qu'il prenne mon épée. Je suis étrangement sérieuse dans mes propos, mais surtout blessée par ceux de mon frère. Mais, si ma mort est l'unique moyen pour qu'il se sente en sécurité, je n'ai pas le droit de le lui interdire. Une fois encore, je ressemble à une personne légèrement folle sur les bords, mais c'est ma manière de penser.

J'attends sa réaction et tente de rester aussi calme que possible lorsqu'il réplique enfin. Il faut dire que ce n'est pas mon meilleur atout, bien au contraire, mais à cet instant je ne me vois pas m'emporter aussi facilement que d'ordinaire. Je décide de rester silencieuse. La notion de famille et d'être protégée est quelque chose d'abstrait à la base pour moi. Le fait d'avoir un frère loup-garou qui semble-t-il fait partit d'une meute plutôt conventionnelle l'est d'autant plus. Je ne pensais aucunement que les choses tourneraient ainsi lorsque j'ai commencé à chercher mes origines. J'étais et je suis toujours heureuse d'avoir un grand-frère, mais je ne savais pas que les choses pouvaient devenir aussi compliqué. Je n'aime pas l'idée d'avoir peur d'un futur qui n'est pas encore écrit. Pour moi, cela résume le présent à un moment qui ne vaut pas la peine d'être vécu. Mais, malgré tout, je ne veux pas être obligée de forcer Haebin à me tuer. La rancune des Bae est plus ou moins tenace et je ne veux pas qu'il se retrouve menacer à cause d'une chose aussi stupide que ça.

Après un long soupire, Haebin reprend finalement la parole avec un exemple pour tenter de me faire comprendre la chose. De tout évidence, l'esprit de meute ne semble pas être ma tasse de thé et la comprendre est au-dessus de mes moyens. Je reste un instant pensive à son explication. Prudente? Moi? Ce n'est pas une chose que je suis apte à promettre. Je n'ai jamais été prudente et ce même après la monstrueuse erreur de ma première chasse. C'est tout simplement quelque chose dont je ne peux pas faire preuve. On ne m'a pas appris à l'être. On m'a appris à prendre des informations et à s'en servir. On m'a appris à ne pas avoir peur des monstres sous mon lit, ou dans mon placard, mais à les combattre. On ne m'a pas appris à jouer à la poupée, mais comment manier une épée et un arc. Je suis une chasseuse qui a été entraînée à suivre son instinct et non pas à jouer la carte de la prudence. Je soupire à mon tour, désespérée par la tournure des événements. « J'ai compris... » Dis-je faiblement avant d'enchaîner aussitôt. « Mais, que veux-tu que je fasse alors? Parce qu'être prudente ou bien faire attention ne sont pas vraiment des domaines dans lesquels j'excelle. Ce n'était pas vraiment dans mon apprentissage, hélas. Je dois me planquer? Faire profile bas? Arrêter ce pourquoi j'ai été entraînée ? » J'enchaîne les interrogations, tentant de trouver une solution qui nous convienne à tous les deux. Hélas, je doute fortement qu'il en existence, car la plupart me forcerait à faire taire que je suis ou bien obligerait Haebin à me saigner comme il le disait plus tôt.

Après s’être occupé de sa sœur, Haebin s’installa sur l’accoudoir de son canapé. Il tentait de se calmer du mieux qu’il pouvait. Elle n’était pas habituée aux élans d’amour familial et lui encore moins. Sous la panique il était plus du genre à devenir violent qu’autre chose. Il s’étonnait d’ailleurs de ne pas lui avoir fait si mal que ça en la désinfectant. Bon ok, il avait failli lui arracher le bras en la tirant chez lui, mais c’était de SA faute, c’était elle qui s’était mis bêtement en danger.

Après évoquer son enfance assez dure, le Coréen confirma à Pandora que son démon ne devait sûrement pas avoir survécu à ses blessures. Il avait une odeur typique des gens en train de mourir et cette odeur avait commencé à prendre place sur sa cadette quand il l’avait croisé. La blessure était profonde et sûrement empoisonné ou s’infectant plus vite que la moyenne… Si elle avait continué elle aurait peut-être les mêmes problèmes que sa proie. Ah, ce qu’il pouvait regrettait d’avoir une sœur, il n’aimait absolument pas s’inquiéter. C’était trop compliquer à gérer pour lui.
Sa cadette lui avoua que son père se fichait de la mort de l’être, prenant la fuite de celui-ci comme une chasse raté. L’homme ne devait absolument pas être doux. Sa famille militaire devait être mille fois plus douce en comparaison.

Finalement Haebin lança un sujet sensible : Leur rivalité.
Normalement, Pandora devrait le chasser et lui aussi. Et le Coréen ne tarda pas à essayer de faire comprendre à la demoiselle que si jamais un autre loup apprenait leur lien de parenté, ce serait lui qui devrait la tuer pour ne pas déshonorer sa meute. Il savait aussi que s’il ne le faisait pas, quelqu’un d’autre le ferait et peut-être moins rapidement que lui. Son Alpha était loin d’être réputé pour être le plus doux du monde, non, c’était plutôt la cruauté incarné. Et dire qu’on critiquait les vampires.
Lorsque sa cadette reprit la parole, Haebin soupira, effectivement, elle n’avait pas l’air vraiment familiarisé avec le fait de faire attention, un peu comme lui. La suite le fit grogner faiblement, tant qu’elle y était, elle pourrait lui remettre la faute dessus pendant qu’elle y était. La seule chose qu’il voulait, c’était la protéger.

Il avait beau avoir une bonne place dans sa meute, il ne donnait pas cher de la peau de sa cadette si jamais on s’en rendait compte.
Finalement il se redressa et passa une main dans ses cheveux avant de lâcher un long soupire.

Haebin prit ensuite route vers sa cuisine pour faire un bon repas à lui et sa cadette. Il réfléchissait, la famille qu’ils formaient était assez étrange et pourtant, c’était une des seules fois de sa vie où le Coréen avait l’impression de ne plus être orphelin. Il s’occupa enfin du repas et installa les plats sur sa table avant d’inviter sa sœur à s’assoir avec lui.
Le Coréen regarda un instant sa cadette, ils avaient vraiment beaucoup de point en commun. Elle était aussi impulsive que lui, il le sentait, et elle avait l’air de foncer tête baissé durant ses chasses. Un véritable garçon manqué à son image. Ca l’amusait pas mal de se dire que même s’ils ne s’étaient jamais vu, il avait le même caractère.

Juste après, il prit une bouchée de son plat comme s'il venait de dire qu'il y avait beaucoup d'étoiles dans le ciel ce soir -là

La discussion s'enchaîne tandis que je m'emporte une fois encore avec une incroyable aisance. Je ne suis pas susceptible, loin de là, mais parfois je ne peux pas m'empêcher de m'emporter surtout lorsque je suis à deux doigts de me faire enguirlander pour avoir laissé une proie lors d'une chasse à cause d'un élément que je n'évoquerais sans doute pas auprès de mon père. En même temps, je ne dispose aucunement d'un caractère de jeune femme fragile et enfantine contrairement à ce que mon apparence peut laisser penser. J'ai été élevée pour être une chasseuse, non pas une jeune fille qui doit prendre la relève en tant que femme au foyer. D'ailleurs cette idée me fait rire rien que d'y penser. C'est davantage l'idée d'une parodie que d'une vision possible de l'avenir. Enfin, là n'est pas réellement la question, loin de là. La discussion est à propos de la différence majeure entre mon aîné et moi, différence qui aurait donné facilement naissance à une rivalité. Après tout, loup-garou et chasseuse, on est pas fait pour s'entendre et Haebin ne tarde pas non plus à évoquer le fait que l'un devrait tuer l'autre. Une réplique qui me blesse quelque peu à cause de la loyauté sans borgne que j'ai à l'égard de ma famille et Haebin en fait partie. Je soutiens le fait que jamais je ne fais pas passer une chasse avant cette notion qui pourtant m'est abstraite. Je soutiens malgré tout que s'il se fait un devoir de me tuer, il peu utiliser mon épée et terminer les choses maintenant.

Le sujet dérive et finalement, Haebin tente de me faire comprendre davantage la situation à travers un exemple illustré et me demande d'être plus prudente. Hélas, il me demande l'impossible pour moi. Je n'ai jamais vraiment été prudente et mon père ne m'a pas vraiment apprit à l'être non plus lors de mon entraînement. En même temps, ma vie ne lui a pas semblé particulièrement importante. Je ne compte même plus le nombre de blessures que j'ai reçu au cours de mes entraînements en sa compagnie. Je me rappel les longues heures que j'ai passé avec une épée à la main jusqu'à les avoir en sang. Je lâche un faible soupire pour extirper ses souvenirs de mes pensées et enchaîne les interrogations pour mon aîné afin de trouver une solution. Je suis sans doute un peu dur et donne l'impression de rejeter la faute sur lui, mais ce n'est pas le cas. Je tente de trouver un moyen qui convienne à l'un comme l'autre, mais une fois encore je m'emporte un peu trop. Je ne suis pas vraiment habituer à être protégée par une autre personne et encore moins par mon grand-frère. Après tout, ce n'est pas non plus une notion qu'on m'a apprit. Mon père a davantage tendance à me répéter qu'une chasseuse qui à besoin d'être protégée est une chasseuse faible. Cela dit, ce n'est peut-être pas la meilleure façon de réagir face à ça. « D'accord. Je ne vais plus m'occuper des loup-garou. » Je réponds plus calmement qu'auparavant comme pour remercier mon aîné de vouloir me protéger.

Je reste un instant surprise par le changement soudain de conversation et me contente d'acquiescer silencieuse. Je détaille un instant la pièce en faisant dériver mes yeux sur mes affaires sur la table base et le t-shirt que mon grand-frère m'a prêté. Je me demande finalement si c'est là l'image d'une véritable famille. Je m'interroge en passant instinctivement ma main droite sur ma blessure avant de visiter plus ou moins l'appartement de mon aîné. Il semble faire la même taille que le mien, mais je ne m'attarde pas vraiment sur la décoration et le rangement de ce dernier en retournant dans le salon. Je reste étrangement calme en attendant qu'Haebin m'appelle pour que je prenne place avec lui à table. Je m'installe en face de lui, morte de faim. Après tout, on ne peut pas dire que j'ai eu l'occasion d'avoir un repas décent aujourd'hui et puis, avec ma blessure, j'ai assez faim. Je m'apprête à manger lorsque je sens le regard de mon aîné sur moi et je me fige un instant avant qu'il prenne la parole. « Ah... D'accord. » Répondis-je. Il est vrai que je doute que les loups mordent au hasard leur victime. Un chef de meute veut sans doute disposer des meilleurs éléments dans son équipe. Une déduction qui m'aurait échappé s'il m'avait pas semblé évident qu'Haebin soit membre d'une meute après notre conversation. « D'autres révélations pour continuer sur la lancer? Ou d'autres que tu veux savoir? » Je pose cette interrogation comme si c'est une discussion des plus ordinaires. Puis, je commence tranquillement à manger le plat préparé par mon aîné.

Haebin avait beaucoup de mal à encaisser le fait que ça sœur soit une chasseuse. L’inverse n’avait pas eu l’air si compliqué pourtant… Pandora n’avait pas frôlé la crise cardiaque en apprenant qu’il était un loup-garou. D’un autre côté, elle devait faire preuve d’un sang-froid redoutable lors de ses soirée chasse. Lui était bien plus nerveux, et ça empirait avec les années. Il savait très bien qu’il lui avait fait mal pour la ramener chez lui, qu’il n’aurait pas dû être si sec avec elle… Il aurait dû faire preuve de Self-control. Dès fois Fleur lui manquait, elle avait ce don de le calmer rapidement, là, il ne faisait que monter dans les tours et s’énerver un peu plus à chaque fois que la Coréenne ouvrait la bouche.

Haebin avait plusieurs fois inspiré et expiré assez fort comme pour tenter de se détendre, mais au final c’était peine perdu. La raison ? Il se disait que la famille qu’il avait enfin retrouvée avait des chances de se faire saigner par ses propres mains si jamais la nouvelle se rependait. Son alpha ne laisserait jamais passer ça, et il ne pouvait pas toléré que ce monstre pose ses mains sur sa sœur. Il risquait de prendre son temps et de la faire souffrir pour qu’Haebin le sente. Par chance, après quelques haussements de voix, les deux Coréens s’étaient mis d’accord : Pandora ne devait pas courser un loup-garou pour que leurs odeurs ne puissent pas être rapprochées.
Finalement, pour se changer les idées, il annonça à sa frangine qu’il leur préparait un truc et il se dirigea vers la cuisine. Il avait fait quelque chose de simple, il avait juste eu besoin de faire une pause dans la discussion. La sensation de ne plus vraiment être orphelin l’avait envahi depuis que la chasseuse était entrée dans sa vie, mais au fur et à mesure, il avait l’impression que cette dite sensation s’envolait. Il ne savait pas s’il aurait le courage de voir une nouvelle fois sa famille se déchirer. Haebin n’en avait plus le courage…

Quelques minutes plus tard, il installa le repas sur la table et appela sa sœur. Mais à peine installé, il prit la parole pour expliquer la raison de sa morsure. C’était un moyen de lui dire clairement ce qu’il était histoire qu’il soit à égalité. La réaction de sa sœur le fit sourire et la réplique qu’il suivit encore plus.


Son regard avait dérivé sur son plat. Cette plaie était encore bien ouverte, malgré les années et il se doutait que toute sa vie il y penserait. C’était son premier meurtre, et en plus, c’était la fille qu’il avait le plus aimé de sa vie. Son premier amour…


Ses yeux étaient toujours rivés sur le plat, parler de ça, de cette manière était encore une véritable épreuve pour lui.

Je reste plantée là, dans le salon de mon grand-frère en soupirant faiblement. Le moins qu'on puisse dire est que cette journée est riche en rebondissement. Une chasse plus ou moins ratée, une rencontre qui n'aurait pas dû avoir lieu, une dispute avec mon aîné et pour plus tard dans la soirée ou bien encore demain un long serment de la part de mon père à propos de ma chasse de la soirée. Je redoute déjà ma rédaction de mon long rapport dans lequel je me dois d'omettre plusieurs points comme le fait que je sais que je suis adoptée, que j'ai retrouvé mon frère et que ce dernier est un loup-garou. Je soupire de nouveau en pensant que ma prochaine chasse allait devoir un véritable chef-d'oeuvre sans la moindre erreur. Pourquoi avait-il fallu que cela se déroule ainsi ce soir ? C'est peut-être un secret en moins pour ma famille, mais cela n'arrange pas ma situation. J'espère que mon père n'allait pas m'envoyer aux trousses d'une meute ou je serais dans une situation des plus délicate. Mettant cela de côté pour le moment, je me place en face de mon aîné à table tandis qu'il revient de la cuisine. Aussitôt, je réalise que je meurs de faim comme après chaque chasse et une journée dénuée de bon repas. Je le remercie, lui souhaite bon appétit et m'apprête à manger lorsque je sens sur moi le regard de mon aîné. Je me fixe, l'écoute et acquiesce sans rien dire d'autre. Alors, comme ça, Haebin peut ressentir les sentiments des autres avec plus d'aisance. Il fait donc partit d'une meute qui recherche des membres dotés que capacité spéciale. Je secoue faiblement la tête en réalisant que je pense exactement comme une chasseuse à cet instant. Une déformation professionnelle.

Finalement, je lui demande s'il a d'autre révélation en vu ou bien s'il veut savoir quelque chose à mon sujet. Je commence tranquillement à manger, mais m'arrête un instant lorsqu'il reprend la parole. Je veux peut-être en savoir plus sur lui, mais je n'avais aucune idée qu'il me révélerait un tel truc. Je reste silencieuse et étrangement calme au vu de cette découverte. En même temps, le sang-froid que je ne possède qu'en mode chasseuse est primordiale et semble s'activer tout seul à cet instant. Cela dit, il est aisé de voir que je suis bien trop calme pour mon caractère. En même temps, comment dois-je réagir?! Je comprends mieux pourquoi il a tendance à me "sur-protéger" ou pourquoi il m'avait ainsi rejeté à notre rencontre. Mais, je ne sais pas vraiment quelle réaction je dois avoir. Ce n'est pas non plus comme si je suis habituée à ce genre de situation. Je dépose ma fourchette, passe une main dans ma chevelure. « Je comprends mieux maintenant. » Ouais, ce n'est pas trop terrible au vu de la situation. J'aurais sans doute dû dire un truc comme toutes mes condoléances pour ta perte ou dire que c'est horrible. Je n'en ai pas la moindre idée. Les sentiments et la compassion ne sont pas mon fort. Je suis nettement plus à l'aise avec une arme blanche ou un crayon, mais là. « Honnêtement, je ne sais pas trop quoi dire dans ce genre de situation. » A ces mots, je laisse mon regard dériver dans la pièce. Ce n'est pas simple de dire un truc du genre, non? Je dois le remercier pour cet acte de confiance, le voir comme un avertissement ou autre chose. C'est trop compliqué.

C’était une soirée un peu trop mouvementé pour Haebin, il ne se doutait absolument pas que sa sœur était une chasseuse et dès qu’il le comprit, il se rendit compte que c’était finalement très risqué pour eux si jamais d’autres personnes l’apprenaient.
Si au début, il s’était montré silencieux en nettoyant sa blessure, son sang-froid avait vite disparu lorsqu’il lui annonça que si jamais on apprenait leur lien de parenté en plus de leur condition respective, il devrait la tuer. En fait, pour dire vrai, il avait peur, peur que quelqu’un détruise ce qu’il construisait doucement avec sa sœur, lui faire perdre cette sensation de famille qu’il ne connaissait que vaguement.

Pour se changer les idées, il leur cuisina un repas et s’installa avec elle pour finalement dire clairement qu’il était un loup-garou. Un moyen comme un autre de les mettre clairement à égalité. Il lui avoua que c’était pour un don particulier qu’on l’avait mordu des années auparavant. Ce don de sentir les émotions et les sentiments plus facilement qu’un autre loup. Il détestait ça, parce qu’il ne savait absolument pas le contrôler. Il y avait des fois où il rêvait de pouvoir le mettre en sourdine.
Finalement, il enchaîna sur un fait plus douloureux, mais qui ferait comprendre à sa cadette cette peur qu’il avait de construire quelque chose avec elle. Après tout, il avait l’impression que quand quelque chose marchait, le monstre en lui faisait tout pour le détruire. On sentait clairement que c’était encore une blessure vive, même avec les années.
La réaction de sa frangine fit doucement sourire Haebin. Il avait l’habitude des « je suis désolé » et le fait qu’elle ne lui dise pas lui faisait un bien fou. C’était comme si pour une fois, on ne tentait pas de panser sa blessure, mais plus de la comprendre.


Effectivement, c’était une manière de voir les choses et c’était celle qu’avait adopté le Coréen.
Haebin sentit un malaise doucement s’installer et invita alors sa sœur à manger. Il y avait certes un petit silence pesant mais il en avait l’habitude dès que le sujet devait être abordé. Et en ce moment, c’était comme si le monde s’acharnait pour qu’il en parle.


Effectivement, il avait eu une année tellement dure niveau boulot qu’il était quasiment en congés jusqu’au nouvel an. Ca le soulageait parce qu’il en avait un peu marre de la radio et avait envie de travailler dans autre chose, mais au vu de sa condition de loup, il ne savait pas trop dans quoi se réorienter. C’était assez compliqué pour lui.

Assise en face de mon aîné, il m'a guère fallu bien longtemps pour oublier notre récente prise de becque. J'ai beau être rancunière et avoir du mal à passer à autre chose, je sais quand le moment est mal choisis pour ce genre de choses. Et puis, j'ai tendance à pardonner plus facilement la famille, surtout quand dans le fond ce n'est pas bien méchant. Je n'aime pas le fait qu'on veuille me protéger comme on le ferait pour un enfant, je n'y suis pas habituée, mais je ne peux pas lui en vouloir pour ça. J'ai été élevée pour devenir une dure à cuir, chasseuse de démon, mais une petite poupée fragile qui ne jure que pour son maquillage et ses talons aiguilles. Enfin, ce débat intérieur n'est pas à l'ordre du jour et ne sera certainement pas à celui de demain également. D'ailleurs, tout ce qui pense à cet instant, c'est mon estomac. Je n'avais aucune idée d'à quel point j'avais faim jusqu'à ce que Haebin m'invite pour le souper. Je m'apprête donc à manger lorsque le regard insistant de mon aîné m'arrête dans ma lancée. Malgré les cris silencieux de mon estomac, je me tourne vers mon frère et écoute ses mots avec la plus grande attention. J'acquiesce et lui demande finalement s'il y a quelque chose qu'il souhaite connaître à mon sujet. Cela dit, je ne m'attendais pas à ce qu'il me donne plus de détails sur son passé, pas à ce point et ce même s'il est vrai que je souhaite le connaître davantage. Je dis mieux comprendre, mais je ne sais que dire de plus. Les moments sentimentaux comme celui-ci ne sont pas ma tasse de thé, une fois encore à cause de la manière dont j'ai grandis. Je commence lentement à détourner mon regard, mal à l'aise. Dois-je lui dire que je suis désolée pour sa perte? Mes condoléences? Lui dire que je comprends parfaitement ce qu'il ressens? Je ne pense pas que de telles paroles soient les bienvenus dans ces cas précis, mais ce n'est pas comme si je m'y connais parfaitement. Tout cela est bien trop compliqué pour moi, autant dire que je préfère de loin m'entraîner ou me faire sermonner par mon père, car au moins je sais quoi faire.

M'arrêtant dans mes pensées, la réponse de mon aîné me rassure quelque peu sur l'attitude que j'ai adoptée. Il est vrai que peu importe ce que je fais à cet instant-même, je ne pourrais rien en changer, rien apporter de bien. La pitié n'est pas le meilleur remède, bien au contraire. Il y a des situations dans lesquelles il faut savoir se taire et c'est exactement le cas à présent. C'est d'ailleurs un miracle que je me taise au bon moment, alors autant en profiter. J'acquiesce donc dans le plus grand silencieus avant de suivre le mouvement d'Haebin et de manger ce qu'il m'a proposé. Délicieux, cela me change des plats rapides, des sandwichs et des en-cas peu conseillé pour la ligne que je mangeais lorsque j'étais en pleine chasse. Alors, autant dire que je profitais de chaque bouché d'un plat fait maison. « Oh, ne t'en fais pas, j'ai l'habitude tu sais. » Qu'il soit froid? En quelque sorte, après tout c'est le terme parfait pour décrire notre première rencontre. Enfin, il n'est pas le seul non-plus et ce depuis que j'ai commencé mon entraînement pour suivre les traces de mes parents adoptifs. Les étreintes chaleureuses d'une mère et les mots rassurant d'un père ne faisaient pas vraiment partit de leur programme. Sans parler de leur attitude à mon égard depuis ma première chasse ratée. Je soupirais lentement en me rappelant leur dispute et le sermon d'une journée auquel j'avais eu le droit.

Ma réflexion s'enchaîne sur la proposition d'Haebin qui est a considéré. Exténuée après une telle journée, je n'ai guère la force d'écrire un rapport de plusieurs pages pour que s'en suive un sermon interminable. Je suis persuadée que j'aurais le temps de faire une bonne sieste avant que mon père n'ai terminé. L'horreur. Je ne veux même pas penser à la prochaine mission qu'il me donnerait pour se venger de mon incompétence. « C'est une proposition alléchante... Je n'ai pas envie de faire mon rapport et de me faire gronder comme une enfant. » Ce que je suis exactement en train de faire à cet instant même, mais bon, mais la peine de le dire. Et c'est ainsi, qu'après le repas, je me suis misérablement écroulée sur le canapé de mon aîné et que le lendemain j'eu droit au plus long de tous les sermons.