Une journée totalement banale pour Haebin, du moins il le pensait. Il s’était levé bien trop tôt avait pris une bonne douche et avait filé dehors. Sa condition de loup-garou faisait qu’il supportait de moins en moins les espaces clos. Sortir était une nécessité, même si c’était simplement pour marcher dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Le jeune homme poussa un soupire de bien être quand il sentit le soleil taper contre sa peau. Par chance, il faisait encore plutôt bon à cette période de l’année.
Le Coréen n’avait aucune destination en tête et avait fini par se retrouver dans un parc. Il s’assit sur un banc quelques minutes et se vida un peu l’esprit. Il en avait besoin…
Même si ça faisait longtemps, Fleur était encore dans sa tête. Ca faisait 5 ans qu’elle était morte et plus les jours avancé plus il sentait le stresse l’envahir, cette nuit où il avait eu le flash de la tuerie qu’il avait provoqué, il ne pourrait jamais l’oublier. Pourtant, il se disait qu’il devait faire son deuil, parce qu’au final, ce n’était pas vraiment lui qui l’avait tué. Mais il était effrayé à l’idée de remettre les pieds dans une ville où sa tête était connu, entre son mentor et ses amis de fac, il risquait pas mal de croiser des « fantômes » de son passé.

Au bout de quelques minutes à se dire qu’il devait faire autre chose, Haebin se leva et déambula de nouveau dans la ville. Cette fois ci, ce fut son nez qui lui dicta la direction à prendre. Il aurait très bien put être attiré par l’odeur des croissants chauds d’une boulangerie, mais c’était plus une odeur animale qui l’intrigué. Il y avait un nouveau loup dans la ville ? Sa curiosité était piquée jusqu’à ce qu’il se retrouve juste derrière une jeune fille. Elle ne devait sûrement pas connaître la ville vu le quartier dans lequel elle se trouvait. Le Coréen se sentait plutôt mal à l’aise, cet endroit n’était pas réputé pour son amour du surnaturel. D’ailleurs, lorsqu’il vit la demoiselle se diriger vers une boutique, il accéléra le pas pour lui attrapa le bras et la tirer vers un endroit moins dangereux.


L’animateur l’avait sûrement effrayé mais c’était le moyen de lui faire comprendre qu’ici, c’était dangereux pour elle. Il l’avait finalement tiré à l’extérieur du quartier pour plus de sécurité. Les chasseurs étaient certes réputer pour être discret, si les « monstres » se jetaient dans la gueule du « loup », il était sûr que ce serait un véritable carnage.
Il avait dû lui empoigner le bras avec beaucoup de force et ceux sans même s’en rendre compte. Il savait que les loups-garous avaient l’instinct protecteur avec leur semblable mais absolument pas à ce point-là. Il la lâcha lorsqu’ils furent assez éloigné de la « zone » avant de se présenter, ouais, ça pouvait être pas mal vu la situation !


Une voix plus douce et un : « Je m’appelle Haebin, je suis comme toi, là-bas c’est dangereux » aurait peut-être été mieux, mais bon, connaissant le Coréen, la délicatesse et lui, ça faisait 2.

Haletante et en sueur, c'est ainsi que je me réveille depuis près de sept ans maintenant. Me redressant violemment sur mon lit, je me jette sur la bouteille d'eau qui est restée à mes côtés toutes la nuit pour tenter d'éradiquer cette odeur, cette sensation de sang et de chaire fraîche. Je vide la bouteille à une vitesse éclaire, frustrée en constant qu'une fois encore cette sensation ne disparaît pas. Je frissonne au centre de mon lit, non pas par froid, mais par la peur et le dégoût que je ressens envers moi-même. Je me laisse lamentablement retomber sur mon oreiller en soupirant longuement. Comment faire pour me débarrasser de ce souvenir qui me hante depuis ce soir de camping et qui se sont amplifiés à l'instant même où j'ai... Où j'ai ... Je n'arrive même pas à me le dire tellement ce souvenir est des plus horribles. Ce souvenir qui fait que je me déteste un peu plus chaque jour, chaque nuit pour être devenue un tel monstre. M'enfonçant un peu plus dans le silence qui se prolonge, je me relève sans même un regard pour mon réveil et me dirige vers la salle de bain. Je me fige devant le miroir. Je ne m'attarde pas sur mes cheveux couleur flamme en bataillent, mais sur les larmes qui coulent le long de mes joues. Larmes que je ravale et essuie rapidement. Larmes que je n'avais même pas sentit couler le long de mon visage. Je me suis autrefois promis d'enfermé mon coeur dans un étaux de glace et de pierre, mais de tout évidence, ma protection était remplie de faille. Rageant quelque peu, je me glisse lentement sous la douche, ferme les yeux et tente de laisser mes sombres pensées couler sur moi tels l'eau.

Les minutes passent, j'ai l'impression que l'eau se froidit sur ma peau et c'est pour moi le signal pour m'inciter à sortir de la douche. Je termine de me préparer dans des gestes des plus mécaniques et me vêtis d'une tenue des plus ordinaires avant de me glisser dans la petite cuisine, les cheveux encore humides. Je prépare le café, contemple les placards vides et retourne dans la salle de bain pour m'y sécher les cheveux. Je les coiffe, puis me sers un café, un second et encore un jusqu'à ce que la cafetière soit vide. Tremblante et commençant à ne plus vraiment supporter d'être enfermé dans cette pièce, je me précipite dehors en emportant uniquement mon portable et mon porte-feuille que je fourre dans les poches de mon pantalon. M'efforçant de reprendre une respiration ordinaire, je referme la porte de ma chambre et me glisse dans les rues de la ville. La journée commence tout juste et les commerces ouvrent les uns après les autres, pourtant j'ai déjà envie qu'elle se termine. Ne travaillant pas aujourd'hui, je ne sais guère comment occupée ma journée en admettant que celle-ci se déroule sans problème.

Je m'arrête un instant au marchant de fruit du coin et m'achète une pomme qui résumera mon petit-déjeuner. Tout en mangeant mon fruit en toute tranquillité, je commence à déambuler dans la ville, découvrant les recoins que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter jusqu'à aujourd'hui. Je déambule, jetant mon trognon dans la première poubelle qui croise ma route. Finalement, une odeur étrangement familière me parvient et sans même m'en rendre compte, je commence à la suivre. J'arrive dans un quartier que je n'ai jamais encore vu. Je laisse mon regard vagabonder autour de moi quand ce dernier s'arrête sur une petite boutique d'herbes et épices. Je m'arrête devant et détaille la vitrine en me demandant qu'elle pouvait bien être cette odeur. Ma curiosité humaine et surnaturel piquée au vif, je m'apprête à entrer dans la boutique lorsque quelque chose m'en détourne. Une main inconnue m'agrippe le bras et me détourne de l'objet de ma curiosité, ce qui a valu à l'inconnu un regard noir de ma part. « Hè ! Lachez-moi. » Je lâche ses mots sur le ton le plus froid possible. Je me fige lentement à la réplique de cet inconnu qui me laisse sans voix. « Comment ... » A été tout ce que j'ai réussis à articuler en fixant l'inconnu quelque peu surprise. Je m'interroge sur l'odeur dont il veut parler, mais surtout, je me demande comment il a bien pu deviner que je ne suis humaine.

Je me laisse entraîner, curieuse et suspicieuse en faisant abstraction de la légère douleur dans mon bras. Une douleur qui m'indique que la force de cet inconnu n'a pas grand-chose d'humain. Il n'a pas fallu bien longtemps avant qu'il ne s'arrête, loin du quartier où se trouve cette mystérieuse boutique et me lâche enfin le bras. Autrefois, un soupire de soulagement m'aurait échappé, mais cette douleur est tellement éphémère et des plus moindres que je n'en fis rien. Je me contente de détailler l'inconnu d'un regard méfiant qui s'intensifie lorsqu'il prend finalement la parole. Alors, comme ça, c'est aussi un loup-garou, mais cela n'explique pas pourquoi ou comment il a fait pour comprendre ce que je suis. « Comment as-tu su ce que j'étais? » Je pose cette question toujours aussi méfiante. Je ne peux guère m'en empêcher, après tout s'il ne ment pas, il s'agirait du premier de mes semblables que j'ai rencontrée depuis que j'ai été mordue.

Haebin était loin, mais vraiment très loin de s’imaginer qu’il était face à ce qu’il avait pu être quelques années plus tôt, un loup-garou novice dans le domaine. Par chance lui n’avait attendu que quelques mois avant de tomber sur un de ses semblables qui l’avait pris sous son aile mais la demoiselle avait sûrement dû attendre bien plus longtemps.
Si lui avait pu se montrer très méfiant et peu curieux, la fille dont il allait empoigner par le bras était son opposé. Jamais il avait suivi une odeur et encore moins au point d’entrer dans une boutique, trop dangereux. Sans savoir comment, Haebin c’était toujours dit qu’il y avait des personnes qui traquaient les exceptions de la nature. Après tout, dans son Canada natal, il n’avait jamais croisé une bestiole inhumaine…

Finalement dans un acte héroïque, le Coréen attrapa une rouquine par le bras pour lui éviter la case abattoir. Trainer dans ce quartier était vraiment dangereux pour des êtres surnaturels. En arrivant, l’animateur avait visité la ville et avait banni ce quartier. Il y avait trop d’odeurs de produits anti-loups et autres. Et puis, avec le temps, reconnaître des chasseurs était devenu une deuxième nature – ou plutôt troisième dans son cas – D’un autre côté, ici, ils ne se privaient pas de le revendiquer.
Le loup tira sa semblable plus loin, à l’abri, tout en lui indiquant qu’il savait qu’elle n’était pas humaine. Il fallait bien qu’il lui fasse comprendre qu’il n’était pas un fou prêt à la violer mais plutôt quelqu’un qui voulait la mettre en sécurité. L’instinct protecteur des animaux était vraiment impressionnant, il n’aurait jamais pensé réagir si vivement en voyant un autre loup en danger. Une fois loin de ce maudit quartier, Haebin lâcha la rouquine avant de se présenter, ce n’était pas une présentation gentille mais plutôt une sorte de sermon. La réaction de la demoiselle le fit sourire faiblement. C’était la même que la sienne quand il avait rencontré son mentor ! La même méfiance.


Non, il avait plus l’intention de la protéger qu’autre chose, c’était limite incontrôlable comme besoin. Vu le nombre de loup-garou dans les parages, ils devaient se protéger mutuellement, moins ils éveilleraient des soupçons, mieux ce serait pour eux. Il détailla la demoiselle face à lui, elle était plutôt frêle et pas très vieille sûrement.
Haebin reprit finalement la parole, il avait quand même été un brin froid avec la demoiselle alors qu’elle avait l’air perdu en ce qui concernait les loups-garous.


Après tout, même avec les années, le Coréen avait encore des lacunes sur les produits toxiques pour son organisme. Et aider la demoiselle lui servirait peut-être. La preuve avec son petit problème au restaurant avec sa sœur…

Après une nuit semblable à toutes les autres, mouvementée et hantée par de nombreux cauchemars, je me suis levée. Sans le moindre regard en arrière pour l'heure qu'affiche mon radio-réveil, je me suis contentée d'agripper ma quotidienne bouteille d'eau vide que je laisse mollement tomber dans la poubelle la plus proche sur le chemin de la salle de bain. A peine ai-je allumé les lumières de l'étroite pièce que je me fige devant le miroir qui surplombe le lavabos. Je ne m'attarde nullement sur le champ de bataille en flamme qui me sert de chevelure, mais sur les larmes qui coulent le long de mes joues. Des larmes silencieuses qui me montrent à qu'elle point ma carapace peut se briser aussi aisément que je le fus il y a quelques années de cela. Essuyant ses traînées de larmes sur mon visage, je tente lentement de reconstruire ce masque taciturne et sans expression qui est le mien depuis que je suis devenue ce monstre avant de me glisser sous l'eau de la douche. Fermant les yeux et espérant en secret de toutes ces sombres pensées se déverseront sur moi pour disparaître dans le siphon. Hélas, le moment que l'on m'a accordé est bien trop court, l'eau semble refroidir au contact de ma peau et il est grand temps pour moi de sortir. Après ça, mon rituel matinal continu. Je me vêtis, prépare le café, m'occupe de ma chevelure et vide ma cafetière avant de commencer à étouffer dans cette chambre d'hôtel dans laquelle je vis depuis mon arrivée.

Avec la plus grande hâte, je fourre porte-feuille et portable dans les poches de mon pantalon avant de rejoindre les rues de la ville. Je respire profondément, tentant de faire abstraction des odeurs désagréables qui me parviennent. Des odeurs que je ne devrais pas percevoir et qui pourtant semblent évidente à présent. L'odeur du pain tout juste sortie du four à l'ouverture de la boulangerie, l'odeur du café, celle d'un ivrogne qui tente de dessaouler. Je suis d'ailleurs soulagée de constater que je réussis au moins à contrôler quelque peu une partie de cette chose en moi, bien que ce ne soit pas celle que je craints le plus aujourd'hui. Bon, pas la peine de déprimer une fois encore. Je tente de placer tout cela dans un coin de mon esprit et vagabonde de nouveau après mettre arrêter un instant au marchant de fruit. Pomme en main, il ne m'a guère fallu longtemps pour la terminer tandis que mon regard dérive sur les boutiques qui s'ouvrent les unes après les autres.

La matinée continue lorsqu'une odeur étrangement familière me parvint. Toujours aussi curieuse que d'habitude, je n'ai pas pu m'empêcher de la suivre jusqu'à une petite boutique d'herbes et épices dans un quartier qui m'est inconnu. Détaillant un instant la vitrine, je tente de m'a rappeler quelle odeur peut bien m'attirer ainsi. Je m'apprête à le découvrir en entrant dans cette charmante boutique lorsqu'on m'en détourne avec une poigne de fer. Abasourdis et surtout méfiante à l'égard de la personne qui me tire par le bras, je lui lance un regard aussi sombre que possible en le somment de me lâcher. Hélas, mes mots n'ont aucun effet contrairement aux siens qui déclenchent la confusion dans mon esprit. Comment a-t-il pu savoir que je ne suis pas humaine, mais un monstre? Est-ce si évident? Des questions qui trouvent des réponses, loin de l'objet de ma curiosité, lorsque l'inconnu disant ce nommé Haebin se décide enfin à me lâcher. Je le fixe, plus méfiante que jamais tandis que mon bras retombe le long de mon corps. Je l'interroge sur le moyen qu'il à trouver pour savoir que je suis un loup-garou, comme lui semble-t-il. Je reste silencieuse à sa réponse et tente de tester sa théorie en toute discrétion. Est-si simple pour un loup de découvrir ses semblables? A l'odeur? L'effet est quelque peu étrange, après tout ce n'est pas comme si je m'amuse à sentir tous ceux qui croise ma route, non. J'ai pris l'habitude de restreindre mon odorat, à tenter d'oublier cette capacité qui fait de moi quelque chose de pas très humain. Mais, cet Haebin n'a pas tort, quelque chose dans son odeur me donne instinctivement envie de lui faire confiance ou du moins croire ses paroles.

Silencieuse, j'acquiesce ses mots. M'aider? Pourquoi? Et surtout, pourquoi voudrais-je en savoir plus sur ce que je suis? Je le sais déjà, un monstre qui doit rester loin des autres pour éviter un nouveau désastre. A moins, qu'il puisse me dire comment de débarrasser de cette chose, je ne vois pas en quoi il peut bien m'aider. « Pourquoi vouloir m'aider? » Curieuse?! Méfiante ?! Moins, bien moins que j'aurais dû l'être. C'est juste qu'après avoir fuis toute sorte de relations aussi bien en tant que simple connaissance, pourquoi devoir tout changer pour en découvrir plus sur ce que je souhaite oublier ? Et puis, nous sommes peut-être semblables sur le point surnaturel, je ne comprends pas pourquoi il souhaiterait m'aider. « Ce n'est pas que je refuse ton aide, mais je m'interroge c'est tout. Je me suis toujours demandée s'il était nécessaire d'en savoir plus... Ce que je sais me suffis, ou si tu as davantage un moyen d'oublier tout cela à la place. » J'enchaîne sur ces mots dans un souffle. Détruire le monstre m'a toujours semblé être la meilleure des choses, en savoir plus ne m'a jamais semblé nécessaire, le contrôler m'a toujours semblé impossible et je pensais autrefois être la seule dans ce cas. Je n'avais jamais rencontré l'un de mes semblables et je ne me doutais pas qu'ils pouvaient parler aussi ouvertement de cette chose en nous qui n'attend que le moment propice pour dévorer tous ceux qu'il voit.