Symphonia, j’ai besoin de toi. Oui vas-y jubile devant ton téléphone, ça sera bien un des seules fois où tu pourras le faire. J’t’invite à boire un café…

Il devait être aux alentours de trois heures du matin quand Jeremy envoya ce message à sa meilleure ennemie. Il avait beau ne pas pouvoir se l’encadrer parce que leur pouvoir était totalement opposé, c’était machinalement vers elle qu’il s’était tourné. Il aurait très bien pu voir Mewang, mais c’était étrange pour lui encore de vivre dans la même ville que son âme sœur. Puis ça faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient rien partagé qu’il n’avait pas envie de le faire paniquer. Et il préférait éviter le sujet avec Clara puisqu’elle était en quelque sorte une victime du fameux problème dont le pâtissier voulait faire par à Symphonia.
Le Coréen poussa un long soupire avant de tenter de trouver le sommeil, sentant sa petite-amie se coller plus vivement à lui. Il avait l’impression d’être le nouveau facteur de ses cauchemars, après tout, depuis un moment maintenant, il était responsable de pas mal de crise de larmes sans le vouloir. Aokin était bien moins tendre que Jeremy, un peu plus animal quoi. Il avait du mal à faire cohabiter les deux entités, c’était un peu comme s’il était schizophrène quelques fois. Le Coréen savait qu’il fallait du temps pour que tout s’équilibre.

Jeremy s’endormit un moment plus tard et se réveilla dans un lit vide. Clara devait sûrement être partit bosser. Elle avait dû augmenter la fréquence de ses contrats pour ne pas se retrouver trop souvent avec lui. Il pouvait comprendre, mais ça lui faisait un petit picotement au cœur. Il se leva durement et prit une bonne douche, son visage était marqué par les heures de sommeil qu’il n’avait plus. Il poussa un soupire en voyant sa face dans le miroir et passa de la crème, comme si ça pouvait le rendre plus réveillé… Son portable se mit à vibrer, c’était sûrement la rouquine qui avait vu son message et qui lui répondait, lorsqu’il vérifia, il fut soulagé de savoir qu’elle était d’accord pour qu’ils se voient.
Une fois le lieu de rendez-vous fixé ainsi que l’heure, Jeremy se prépara et partit. Il se retrouva rapidement dans le café qu’ils avaient choisi et attendit quelques instants l’autre démon. Tous les deux étaient plutôt ponctuels du coup, pas besoin de poiroter des heures. Ils prirent chacun leur boisson que Jeremy régla avant de s’installer dans un coin calme, à l’extérieur, histoire que pas grand monde entende leur conversation.


Il avala une gorgé de sa boisson et soupira doucement. Jeremy n’était pas du genre à réagir de cette manière, non, c’était plutôt un battant qui tentait d’allier son côté démoniaque à son côté humain. Mais là, on sentait qu’il n’arrivait plus à lutter.


Le pâtissier connaissait un tas d’autres démons et pourtant c’était vers elle qu’il s’était tourné. Il avait beau dire qu’il ne pouvait pas se la voir en peinture, il l’appréciait vraiment, elle ne marchait pas ses mots avec lui. Et c’était ce dont il avait besoin, qu’on le secoue une bonne fois pour toute.

   

Tout juste réveillée par les rayons du soleil qui traversaient mes rideaux, je me levais et marchais d'un pas lent vers la cuisine. Beaucoup c'était passé dernièrement, j'étais notamment rentrée saine et sauve de mon petit voyage au Texas en compagnie de ma nouvelle conquête du moment. Ce n'était pas non-plus le meilleur terme pour décrire ma relation avec Morgan, mais je ne préférais pas opter pour autre chose par peur de ne trop m'impliquer à cause de cela. Le chasseur qui avait ma tête dans son viseur ne semblait plus faire partit du décors, ce qui m'arrangeait grandement. J'avais bien trop de travaille dernièrement pour m'attarder sur un collectionneur qui voulait ma peau. Mon acheteur habituel m'avait commandé quelques tableaux et la moitié de mes essais avaient fini en cendre. Fire avait même tendance à prendre ses distances lorsque je travail, mais là... Enfin, je tentais de me vider l'esprit pendant mon petit-déjeuné et d'autant plus en me prélassant dans mon bain. Je prenais tout le temps que j'estimais nécessaire, puis me vêtis d'une tenue ordinaire, m'occupais de mes cheveux et me maquillais légèrement avant de faire une halte dans ma chambre. J'ouvris la fenêtre, agrippais mon portable et ce fut avec la plus grande surprise que je vis que mon meilleur ennemis m'avait envoyé un message. Un sourire amusé s'étirait sur mes lèvres tandis que je le lisais. Jeremy avait besoin de mon aide?! C'était bien une première et il m'invitait pour un café. Il devait être dans une situation critique pour faire appel à moi. Pour sûr, on ne se supportait pas comme la glace et le feu. Je lui répondis, acceptant sa demande tout en précisant que oui, sa requête m'amusait autant qu'elle me surprenait. Après tout, il était mieux pour le manoir que je prenne un peu de distance avec mes toiles pour un moment.

Peu de temps après, la rencontre était arrangée et j'avais pris la direction du petit café. Heureusement, la pluie n'était pas présente et il devait faire beau pour encore plusieurs jours avant que ma mauvaise humeur se multiplie par cent. A mon arrivée, Jeremy m'attendait déjà, mais depuis très peu de temps. Je le saluais tout juste, le remercia pour mon thé avant que je ne m'installe en face de lui à une table en terrasse. Il avait d'ailleurs assez bien choisit l'endroit. La table était assez éloignée des autres afin qu'on puisse être tranquille tout en espérant que nos éléments respectifs n'éclatent pas comme d'ordinaire. Cela dit, ce déroulement me paraissait peu possible, car c'était une rencontre prémédité. Je buvais tranquillement une gorgée, détaillant mon aîné qui semblait différent que notre dernière rencontre et pas uniquement dans son apparence. Lorsqu'il prit la parole il ne fit que confirmer ce que je pensais. Reposant ma tasse, je ne pus m'empêcher de remarquer une fois encore à quel point nous étions différents. Je fuis mon humanité et lui dit vouloir la rattraper à tous prix. « Et c'est peut-être le cas... » Soufflais-je avant de prendre une nouvelle gorgée et d'enchaîner. « Enfin, pour te répondre, j'aimerais bien. C'est une question de facilité et après tout je ne pense pas être le seul démon à vouloir s'en débarrasser de son humanité. Mais, laisse-moi te dire une chose et je parle en matière d'expérience, l'humanité n'est pas une chose qui s'en va simplement en claquant la porte avec un signe de la main. C'est plutôt une sangsue qui ne te lâche qu'à la toute fin de ta vie et peut-être après, qui sait, pour être honnête je n'ai pas eu l'honneur de rencontrer un fantôme. »