La deuxième nuit s’était mieux passée que la première. Tout d’abord, parce que rien ne pouvait être pire que de subir la première transformation. Ensuite, peut-être parce que l’intervention d’un certain nain blond de Londres avait fait son effet.
Ils avaient parlé, vraiment parlé, pendant la journée de la veille. Marshall ne s’était pas enfui la queue entre les jambes pour digérer tout seul la nouvelle. Et ces quelques heures où ils avaient agis en étranger l’un envers l’autre était déjà de l’ordre du souvenir.
La culpabilité ? Oh, elle était toujours là et elle mettrait longtemps avant de se déloger. Sans doute qu’elle ne partirait même jamais. Mais Marshall l’avait surmontée hier au profit de sa fiancée.
Le deuxième soir, lorsqu’ils avaient quitté Jonathan pour aller s’enfermer dans cette même crypte, l’ambiance était moins lourde et moins anxieuse. Roxanne était un peu plus détendue, sachant maintenant ce qui l’attendrait trois nuits par mois jusqu’à la fin de sa vie. Marsh avait commencé à faire la paix avec lui-même, ce qui avait également aidé sa future femme pour approcher sa seconde expérience de façon plus zen.

Cette nuit là, il ne chercha pas à expliquer quoi que ce soit. Il s’était juste tenu à ses côtés et avait accepté de repousser sa transformation le temps de se faire broyer la main qui tenait celle de Roxy. Le bon côté de se faire rompre tous les os du corps pour devenir un loup était que se faire casser la main par sa copine juste avant n’avait aucune conséquence le lendemain.
Un lendemain qui, à l’image de la veille, se déroulait également mieux que le précédent. Tout ce qu’il y avait eu d’étrange, mal aisé et anormal ne s’était pas produit ce matin.

Ce matin, lorsque Roxy ouvrit les yeux, un peu hagarde en se souvenant peu à peu ce qu’elle faisait nue sur le sol d’une crypte, le frisé avait souri. Il était réveillé depuis un petit moment déjà et avait eu amplement le temps de remettre son pantalon.
Vil de ne pas l’avoir couverte avec sa veste ou autre chose ? Sûrement. Si Jon avait été là, il aurait haussé les épaules en disant que tout était seulement revenu à la normale ! — quoi que si Jon avait été là, Marshall aurait assurément recouvert le corps de sa fiancée…

« Ça va mieux ce matin ? »

La première expérience était toujours la pire.
Et le fait qu’il soit assis sur sa robe, c’était voulu ça?
Hummm, peut-être un peu, mais s’il se faisait accuser, il nierait tout de bloc ! Quoi que l’étincelle gourmande qui brillait dans ses yeux sombres parlait pour lui.
Ébouriffée, la peau sale par endroit, allongée à même le sol en tenue d’Eve, le loup ne saurait mentir en disant que cette image n’était pas attirante.
Le dos appuyé contre la pierre fraiche et humide du matin, Marshall n’était pas dans un état plus soigné, sauf que dans son cas, on avait l’habitude du look débraillé et négligé.
   

Difficilement, elle avait ouvert les yeux sur le sol de cette crypte. Manquant d'un brin de force et de motivation pour s'en étonner plus vivement, elle avait mis un peu de temps à émerger pour enfin se redresser dans un sursaut. Calme Roxy, ce n'est pas la première fois. Seulement la deuxième, mais un peu de travail avec ce cerveau dont elle aimait tant se servir en temps normal la rassurerait rapidement.
Passant une main sur son visage, jusqu'à cette nuque qu'elle avait frotté comme pour chasser les courbatures, son regard s'était promené avant de finalement tomber sur lui. C'était impressionnant, presque injuste pour d'autres, le pouvoir que pouvait avoir un Marshmallow sur sa vie. Un pouvoir que jamais personne d'autre n'aurait, même dans ses prochaines vies. Et oui, évidemment qu'elle comptait également passer ses prochaines existences à ses côtés. Il ne lui serait même pas étonnant d'apprendre que cette envie remontait à l'ancienne Egypte et que leurs existences étaient liées depuis des millénaires.

Mais plutôt que de fâcher les sceptiques, les allergiques au romantisme, nous ne contenterons de cette présente scène. Se réveiller dans une crypte, froide, humide, le corps courbaturé, n'aurait rien dû avoir de rassurant. Pourtant, la brune avait sourit. Ses idées s'étaient remis en place, elle se souvenait, mais elle avait néanmoins sourit.
Comme toujours, seule la présence de Marshall avait de l'importance à ses yeux. Tant de folie, tant d'inconscience, on pouvait en penser des choses mais un tel amour ne se comprenait que lorsqu'on le vivait.
Et puis, l'avantage de se réveiller ce matin c'était que, désormais, il y avait un mois pour se préparer à la prochaine fois et laisser un peu de temps à cette nouvelle vie de se faire une place.

Quittant finalement son regard, elle avait semblé chercher quelque chose sur le sol de la crypte avant que ses yeux ne s'arrêtent en dessous des fesses de son fiancé.
Pourquoi avoir cherché plus loin en premier lieu ? C'était la question qu'elle s'était probablement posée en se relevant enfin après avoir replacé inutilement ses cheveux de ses doigts. Pour arriver un résultat, il faudrait un bon bain. Jusque là, elle aurait l'air d'une sauvage, d'une sauvage entièrement nue.
... voilà une excellente raison pour qu'un Marshall ne daigne pas bouger ses fesses

« ça va. » et ce n'était pas un mensonge. Ce n'était peut-être pas la même grande forme qu'elle avait pu avoir d'autre matin, avant qu'elle ne change. Mais elle se sentait bien... rassurée plutôt. Qui ne le serait pas avec un Marshall à ses côtés « Mis à part le fait que je ne trouve pas ma robe. »

Ah oui, c'est embêtant ça. Très embêtant même. Probablement un voleur qui s'attaquait aux gens qui dormaient dans les cryptes les soirs où la lune était pleine.
Jouant un air intrigué, gardant un demi-sourire sur le visage, elle s'était approchée de lui, s'arrêtant à moins d'un mètre pour s'agenouiller en face de lui :

« Tu ne l'aurais pas vu par hasard ? »

Il avait observé chacun des gestes de sa belle comme s’il s’agissait d’un rituel important. Il avait encore du mal à concevoir qu’elle ne lui en veuille pas pour ce qu’il lui avait fait. Comment pouvait-il avoir autant de chance ? Il avait eu un meilleur ami pour accepter ce qu’il était devenu et pour le lui faire accepter également. Puis il avait eu cette femme pour accepter ce qu’il était, complètement, même dans ces nuits du mois où il devenant une bête dangereuse. Et cette femme ne lui en voulait pas aujourd’hui.
Pouvait-on encore parler de chance ? Marshall avait dû être gracié quelque part, il ne voyait pas d’autres explications.

Au sourire de Roxanne, le frisé oublia qu’il était le plus veinard des idiots de ce monde et laissa toute sa concentration foisonner sur ce qu’il voyait. Une magnifique femme, qui était sienne, se levant pour chercher ses vêtements. Lui, ne bougea pas d’un poil. Il se sentait beaucoup mieux, avec cette fibre joueuse qui était revenue comme si elle n’était jamais partie. Il l’observa tenter de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux. Peine perdue, mais le spectacle en valait la tentative. Comment pouvait-elle encore l’envouter de cette façon après toutes ces années ? Pour un homme comme Marshall, dire qu’il s’agissait de magie n’était pas si déplacé que ça. Et s’il y avait un contre sort quelque part, il n’en voulait surtout pas.

« Ta robe ? »

Dans un surjeu terrible pour un maitre de l’arnaque comme il l’était, l’anglais balada le regard sur le sol de la crypte. Il voyait bien son t-shirt, sa veste, des chaussures, des sous-vêtements féminins, mais hélas, aucune robe.

« Tu es bien sûre que tu avais une robe ? »

Parce qu’elle se serait promenée dans les rues de la Nouvelle Orléans en sous-vêtements ? Nous en doutons fort. Jamais cette femme n’aurait pu sortir de sa chambre d’hôtel si peu vêtue, pas avec ce fiancé. Ou, à tout le moins, ils n’auraient jamais atteint le cimetière sans que quelle qu’envie d’adulte que ce soit ne vienne interrompre leur marche.

« Je me souviens d’aucune robe. »

Il fit mine de réfléchir, son regard se perdant au plafond un moment avant de revenir sur le corps plus qu’alléchant de sa future femme.

« Mais je suis peut-être pas une bonne référence. Peu importe le vêtement, d’habitude j’imagine seulement ce qu’il y a dessous. »

Il était définitivement revenu à la normale. Il ne manquait qu’un Jon pour le dire haut et fort —et, surtout, pour s’en approprier tout le mérite.

« Parce que franchement, c’est la tenue que je préfère. »

Le sourire tendre, qui était passé à taquin, devenait maintenant beaucoup plus suggestif —et sans la moindre honte s’il vous plait.  
   

Dire que tout avait commencé dans un tombeau à réveiller une momie endormie depuis des siècles. S’ils ne l’avaient pas fait, ils ne seraient pas…
Ils ? Avec un « s » ?
Ce n’était pas parce qu’elle avait changé de nature qu’elle allait changer de version sur cette histoire. Mais elle était loin cette momie, très vieille, et de nouveau en train de reposer dans son tombeau avec des pièges et tout le blabla classique. Pourquoi parler de momie quand on était nue face à un homme aussi séduisant que pouvait l’être son Marshmallow ?
Parce que tout avait commencé ainsi. Et que c’était grâce à cette monstruosité qu’ils s’étaient rapprochés.
Certains diraient que sans elle… elle serait toujours humaine à l’heure actuelle.
Franchement, elle préférait se dire qu’elle était toujours en vie. Il ne lui avait apporté que du bon. On pouvait discuter les évènements récents, c’est vrai. Mais c’était inévitable et parfaitement gérable. Surtout avec un blond dans le coin pour les prendre par la main comme des enfants.

Aaaah Jon, il faudrait qu’elle pense à le remercier en lui payant le truc le plus cher, le plus luxueux et sans doute le plus inutile qui soit. Un truc brillant et imposant !
Mais laissons le troisième anglais là où il se trouvait. Oublions la momie, et récupérons cette robe.
Pas si sûr… ce n’était pas si urgent que ça finalement. Pourquoi gâcher tout le plaisir du jeu ?

« Oh… je l’avais peut-être oublié alors. J’ai tendance à être un peu tête en l’air… c’est vrai. » ce n’était pas faux, mais de là à oublier une robe, il y avait quand même une sacrée différence « C’est embêtant… vraiment. »

Ah oui, c’est sûr que, l’un comme l’autre, ils avaient l’air tellement embêtés.
Dire qu’elle était là, sous ses yeux et sous les fesses de Marshall ! Aaaah, si seulement sa vue n’était pas si mauvaise, elle serait déjà habillée.
Ou elle aurait pu aussi enfiler le t-shirt de son marshmallow, sa veste ou au moins ses propres sous-vêtements au lieu de rester en tenue d’Eve.
Oui… mais elle était stupide, si stupide, l’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit !
Et alors que Marshall confessait préférer la tenue qu’elle portait actuellement, un sourire avait éclairé son visage. Ah oui ? Alors peut-être qu’ils devraient rester ici… après tout, la pleine lune n’était peut-être pas entièrement terminée… c’était plus prudent. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de sortir.
Aaaaah, quelle prudence, vraiment !

« Dans ce cas… je devrai peut-être rentrer comme ça à l’hôtel. » C’est sûr, Marshall la laisserait rentrer sans rien sur le dos « A la vue de tous les pervers… tu me protégeras ? » Ne taquine pas le mâle Roxy. « Ou alors tu pourrais me prêter tes vêtements. »

Et rentrer nu ? Elle partagerait la vue de son mâle ?
Jamais de la vie, mais il pouvait rester là jusqu’à ce que sa robe ne refasse surface. Mais pour cette idée, elle avait préféré la partager avec un tout autre langage en rapprochant son visage de celui de Marshall, encadrant d’abord son visage de ses mains avant de les laisser glisser jusqu’à sa nuque pour attirer ses lèvres contre les siennes.
Ce matin, comme tous les autres matins et tous ceux à venir… elle l’aimait. Plus que tout. Et c’était la seule chose qui comptait.

La vue était loin d’être désagréable. L’idée que sa fiancée se balade ainsi dans les rues, à la vue de tous et n’importe qui, lui donnait toutefois un goût plus détestable en bouche. Vulgaire ruse d’une arnaqueuse toute aussi douée que lui mais qui eut le mérite d’arracher une grimace au loup qui n’avait pourtant pas bougé les fesses d’un traitre millimètre. Il aurait tout le temps de s’interposer avant la mise en exécution de cette menace, n’est-il pas ? De toute manière, il doutait fort que l’idée principale de sa compagne soit de sortir dès maintenant de crypte néanmoins peu confortable.
Elle aurait dû avoir froid, vue la saison, et lui aussi. Pourtant, l’un comme l’autre avait le sang bouillant en ce moment. Et ce n’était peut-être pas entièrement à cause du gène du loup-garou. Du moins, en ce qui concernait Marshall, il avait d’autres raisons plus émoustillantes de voir sa température corporelle augmenter.
C’était une bonne chose, non, que son corps soit encore si réceptif à la vue de celui de sa fiancée après toutes ces années ?
Le seul qui trouverait à y redire était sans conteste un futur beau-père qui se situait à des centaines de kilomètres de là. Et puis, pourquoi ce soucier des autres ? Ils étaient fins seuls ici, dans ce trou humide qui, cette nuit, avait protégé le monde de leur violente bestialité temporaire.

« Je pourrais, c’est vrai. Mais est-ce que je le devrais ? »

Son regard en coin gourmand se promena alors sans vergogne sur le corps à découvert de sa compagne. L’envie de la couvrir était dure à trouver avec une telle vue. Sauf que n’importe qui poserait les yeux sur sa fiancée dans cette tenue que Marshall s’empresserait de l’envoyer à l’hôpital et plus précisément à la morgue. Ce n’était pas franchement conseillé. Les autorités avaient déjà suffisamment de raison de l’envoyer en prison, ajouter le meurtre n’était peut-être pas la meilleure des idées.

Non, la meilleure des idées, c’est Roxy qui l’eut en se rapprochant de lui pour l’embrasser. Bon joueur —ou mauvais, au choix—, il s’était laissé faire avant de se mettre à participer davantage à l’échange qu’il prolongea quelques instants avant de revenir à sa malice initiale.

« Ou alors on pourrait attendre un peu et voir si cette vilaine robe refait surface d’elle-même. »

C’était une option comme une autre, n’est-ce pas ? Si on ne comptait bien sûr pas le fait qu’il était assis dessus.
Le frisé n’attendit pas plus amples invitations et vint quémander un nouveau baiser, d’abord avec douceur, du bout des lèvres. Ses mains ne se firent pas prier plus longtemps avant de partir à l’aventure sur ce corps qu’elles connaissaient par cœur et dont elles ne se laissaient jamais.

« C’est pas pour me vanter, mais j’ai deux trois idées intéressantes pour passer le temps en attendant. »

Et toutes étaient très certainement classées pour adulte, mais si ça surprenait Roxy, aussi bien annuler le mariage tout de suite…  
   

Elle avait l'homme le plus parfait au monde.
A ceci près qu'il n'était pas entièrement humain au sens où la définition commune l'entendait et qu'en règle général on ne disait pas de quelqu'un qu'il était parfait parce qu'il avait des idées perverses et qu'il planquait si mal votre robe.
... demandons à un certain chasseur rencontré dans des cachots s'il était bon de lancer Roxanne sur la défense d'un Marshall ou sur tout sujet concernant Marshall. Non, à moins qu'on ne veuille lire un nouveau genre d'encyclopédie vantant les mérites de Monsieur Montgomery.
Qu'est-ce qu'elle y pouvait après tout si quand elle regardait, elle sentait encore son coeur se serrait ou si elle ne pouvait s'empêcher de sourire comme elle l'avait fait maintenant avec cette pointe de malice dans le regard.

« Je vais devoir te convaincre que je suis méritante ? »

On se doutait bien de la manière de convaincre qu'elle pouvait avoir, et autant placer une étiquette "scène adulte" tout de suite.
Elle n'avait pas tellement envie de sortir de toute manière, non ? Ou alors, elle avait une curieuse manière de le montrer à goûter ainsi les lèvres de son fiancé. Aaaah ceux qui disaient que les couples ne tenaient plus la distance de nos jours n'avaient sans aucun doute jamais rencontré ces deux-là. Une chance, personne ne pouvait les égaler, on avait finit par le comprendre.
A la question si elle préférait chercher sa robe ou retrouver les lèvres de son homme, nous ne prendrons pas la peine de fournir une réponse bien trop évidente quand la dites cachette était déjà bien connue de la chercheuse. Elle trouvait des momies... alors une robe, c'était d'une simplicité surtout quand Marshall était dans le coin. Et pourtant ...

« Je pense que c'est mieux... après tout, si quelqu'un l'a volé, il aura peut-être mauvaise conscience et décidera de la ramener. »

C'est sûr. Eux, quand ils volaient quelque chose, ils avaient mauvaise conscience.
Des fois... en de rares occasions ! ça lui était arrivé... là, tout de suite, elle n'avait pas tellement le temps de chercher un exemple mais elle voulait bien y réfléchir plus tard quand elle aurait l'esprit un peu moins occupé par les idées que pouvaient bien avoir son fiancé pour passer le temps.

« Tu veux qu'on parle des arrangements floraux pour le banquet ? »

Non. Mais ça, elle le savait déjà, autrement pourquoi ses mains se seraient glissées dans la nuque de son Marshmallow pour l'attirer contre elle et retrouver ses lèvres, puis le goût de sa peau quand son cou était devenu la nouvelle cible. Et pourquoi l'aurait-elle attiré davantage encore pour l'entraîner vers le sol ?
Rester assis, c'était fatigant, ça devait être ça

« Mais par solidarité, je trouve que tu devrais retirer tes vêtements. »

Question qu'elle se sente moins seule ?
La solitude, l'ennemi de la femme !

« Tu peux toujours essayer. »

De le convaincre de lui prêter des vêtements pour la couvrir ? Oui, elle pouvait toujours essayer. Le résulta n’était pas franchement garanti par contre, puisqu’en vérité, s’il faisait ça, ils se retrouveraient dans un cul-de-sac. Si elle portait les vêtements, lui n’en aurait pas et le délicat problème actuel serait toujours présent. Parce que si Marshall était possessif, Roxanne ne donnait pas sa place non plus dans le domaine. Qui les en blâmerait de toute façon ? Ce n’était pas comme s’ils faisaient du mal à quelqu’un !
Peut-être pas, mais les bêtises, elles, continuaient de s’accumuler, bien qu’il n’y avait personne pour en faire la mention ou même le décompte. Maintenant que Marshall suggérait d’attendre patiemment que la robe revienne toute seule de sa promenade matinale, Roxy évoquait la possibilité d’un voleur à la notion de culpabilité non atrophiée.
Ce genre de voleur était une honte à la profession, mais le loup préféra ne rien en dire et embrasser sa belle à la place.
La belle qui ramena les fleurs sur le tapis. Nop, ce n’était pas vraiment ce que le frisé avait en tête lorsqu’il parlait de passer le temps et il ne se gêna pas pour le faire savoir.

« T’as un Joni qui ronfle à l’hôtel pour ça. »

Et lui, ça lui faisait grand plaisir de parler de fleurs et de palettes de couleurs alors Marsh lui cédait sa place volontiers lorsqu’il était question de ce genre de discussions.
À ceci près que Joni n’était pas en train de ronfler —mais comment aurait-il pu le savoir— et que Roxy n’avait pas plus l’intention que lui de causer d’arrangements floraux. Un sourire mi goguenard mi satisfait poussa sur ses lèvres pendant que sa fiancée l’entrainait lentement vers le sol tout en lui torturant le cou. Le poids de son corps nu et chaud complètement aplati sur le sien était l’une des choses les plus agréables qu’il y avait dans ce monde et les mains de Marshall continuaient de courir sur la peau douce de Roxanne.

« Ah ouais ? Je sais pas. Je suis pas d’un naturel très solidaire d’habitude… »

Ce n’était pas un trait très répandu chez les voleurs et les arnaqueurs, il faut bien l’admettre.

« Mais si tu m’aides, on arrivera peut-être à trouver un terrain d’entente. »

Il ne savait plus retirer un pantalon maintenant ? C’est qu’il l’avait enfilé il n’y avait pas si longtemps que ça, il ne pouvait pas déjà avoir oublié le fonctionnement pourtant très simple d’une fermeture éclaire, si ?
Les matins suivant les nuits de transformations avaient parfois cet effet léthargique sur le cerveau. On oubliait facilement les mécanismes les plus simples. Comme défaire un pantalon ou faire du café ou trouver une robe, par exemple.
   

On espérait réellement que des gens n’essayaient pas de plaider leur cause de cette manière. En tout cas, pas pour récupérer des vêtements ou avoir un prêt dans le domaine. Parce qu’on se retrouverait face au pire plaidoyer de l’univers.
En revanche, si le but était de ne rien récupérer du tout, on était pas mal. Et s’il était de se laisser complètement aller à la manipulation pas si odieuse que ça d’un fiancé qui avait si mal planqué notre robe… alors on était très bon !
Il était par contre très peu probable que la conversation se tourne vers des arrangements floraux. Hypothèse confirmée dès l’instant où « Jon » avait été prononcé. Oui, c’était plus lui l’homme de la situation pour parler de ces sujets qui ne semblaient pas déclencher autant de passion chez le voleur de robe.
Ça n’avait pas tant d’importance que ça si ?
Non, à chacun son rôle après tout. Mais le jeu valait bien qu’on insiste un peu sans trop de conviction

« Oui mais on sèche un peu… on pourrait vraiment avoir besoin de ton avis sur la question. »

Ah oui ?
Lui montrer quelques photos pour le voir pointer la plus proche après y avoir jeté à peine un coup d’œil ce serait utile ?
Ne soyons pas médisant avec le Marshmallow, il pouvait faire l’effort de s’y intéresser de manière un peu plus crédible si elle lui proposait de partager une douche pour voir si la pression de l’eau était bonne dans cet hôtel !
Que voulez-vous… pas besoin de faire trop d’efforts sur les excuses chez eux, la discrétion n’était manifestement pas une priorité ! Autrement, Marshall aurait-il demandé de l’aide pour retirer ses vêtements de cette manière. Non.
Mais visiblement, face à ce sourire malicieux, nous pouvions supposer sans crainte de nous tromper que Roxanne n’en n’avait pas été gênée.

« Tu sais… si t’as besoin d’aide pour te déshabiller et si j’ai tendance à égarer ma robe, on ferait peut-être mieux de vivre nus. »

Quoi ? L’idée n’était-elle pas excellente ? Plaisante en tout cas. Si plaisante qu’elle n’avait pas attendu pour aider le Marshall à l’élan de solidarité en déboutonnant son pantalon tout en retrouvant avec plaisir ses lèvres.
Laissant son autre main redescendre le long de son dos, elle s’était redressée quelques secondes le temps de l’aider à se débarrasser d’un habit encombrant. S’il fallait jouer et laisser un dernier rempart avant que sa nudité ne soit complète, l’envie impatiente avait eu du mal à se contenir mais de là à être parfaitement sage et résister à celle de briser la distance entre eux, à celle de goûter de nouveau ses lèvres dont elle connaissait pourtant parfaitement la saveur… non être Sainte jamais… être lassée d’un Marshall encore moins ! La perversité, ce n’était pas quelque chose qu’ils perdaient dans leur couple. Et elle l’avait prouvé moins d’une minute plus tard, une minute passée à jouer avec ses lèvres, avant de le repousser finalement un peu pour être deux personnes nus quelques secondes plus tard.
Et oui, les cabines d’essayage, c’était d’un démodé :

« Tu vois, ça va déjà mieux, je suis certaine que le nudisme est fait pour nous. » négligemment, elle avait promené ses doigts le long de son torse, se mordant la lèvre avant d’ajouter « Et la paresse… on devrait passer nos journées entièrement nus, toi et moi juste à « s’occuper ». »

Pas besoin de dessin, pour l’occupation, on avait deviné ce qui lui faisait envie.

« Plus tard. »

C’était tout ce qu’il avait ultimement répondu à propos des fleurs, plus tard. Demain, dans un mois, jamais… mais plus tard. Pour le moment, il y avait franchement mieux à faire dans une crypte décrépie comme celle-ci. Mieux comme embrasser une jolie fille et élever un peu le bassin au passage d’un jeans récalcitrant. Enfin, si jamais on lui demande pourquoi il n’est pas fichu de se dévêtir lui-même, ce sera ce qu’il dira —parce que Roxy, elle, n’avait apparemment aucune difficulté avec la pièce de vêtement.
Vivre nus était une idée. Une idée intéressante, mais qui comportait certains problèmes. Quelques uns d’ordre légaux, entre autres choses, et les autres…

« Ah ouais ? T’aimes beaucoup trop tes fringues pour ça. »

C’était vilain de se moquer, mais, entre deux baisers, le vilain loup n’avait pas su s’en empêcher. Tôt ou tard, il fallait néanmoins l’avouer, Roxy ne saurait résister à l’appel de la haute couture, des bijoux brillants de leurs pierres précieuses et des chaussures, particulièrement des chaussures… quoi que, elle pouvait toujours en porter et demeurer nue, ça, ça pouvait se faire.
Mais le frisé commençait à s’égarer, revenir aux lèvres de sa belle était bien plus intéressant, surtout maintenant qu’ils étaient à égalité niveau nudité.

« Moi, j’ai rien contre l’idée » alla-t-il murmurer à son oreille qu’il mordilla sans retenue, « mais c’est pas comme ça qu’on va payer la noce. »

Et quelle noce ! On aurait pu croire qu’avec leurs revenues ils étaient en moyens de payer le mariage de leurs rêves les yeux fermés… sauf que Roxy avait de grands rêves. Des rêves, géants… démesurés… des rêves coûteux et le mariage n’en était qu’un parmi d’autres.
C’était bien pour ça qu’ils se trouvaient à la Nouvelle Orléans et qu’ils étaient maintenant deux à partager le fléau du poilu.
Mais à plus tard tout ça. Ils étaient nus et avaient plus agréable à faire que réfléchir. De toute manière, ce n’était pas l’occupation préférée du Marshall des bois. Il préférait de loin être nu et fin seul avec une fiancée toute aussi nue que lui.
Batifoler dès le réveil n’était pas peu commun pour le couple. Le faire au milieu d’un cimetière dans une crypte où ils avaient passé la nuit à rugir et grogner comme des bêtes… ça l’était peut-être un peu plus, ok, mais ne dit-on pas que le secret des couples qui durent c’est de ne jamais s’enliser dans la routine ?
En tout cas, ça convenait très bien à ce couple-ci qui, inévitablement, s’était enflammé à même la vieille pierre froide et poisseuse d’un caveau. Pour un œil extérieur, c’était peut-être étrange, pour eux, ce n’était qu’un très désiré retour à la normale.

Ce ne fut d’ailleurs qu’après un long moment à profiter l’un de l’autre que Marshall retomba sur le dos, le souffle court.

« Ah… Elle était là, ta robe. »

À moins d’un mètre, il avait encore un pied dessus, comme quoi, elle n’avait jamais été bien loin tout compte fait.

« Mes yeux ont dû me jouer des tours. »

Non Marshall, un examen de la vue dirait sûrement que ta vision n’est pas seulement d’excellente qualité, mais de qualité supérieure à l’humain normal !
   

D’accord plus tard. Elle avait le caractère facile, elle s’adaptait. S’il ne voulait pas discuter maintenant, elle pouvait attendre.
…
Et dans la version un peu moins « messe du dimanche », les arrangements et tout ce qui allait avec pouvaient bien attendre. Même si la discussion avait eu quelque chose de sérieux, de vital, d’absolument urgent, ça aurait pu attendre. Parce qu’il fallait reconnaître une chose au Marshmallow des temps modernes, c’était qu’il était passé maître dans l’art de lui faire perdre le fil.
Alors en plus de ne pas chercher à pousser la taquinerie plus loin, elle n’avait pas cherché à se défendre de l’évidence. Bien sûr qu’elle ne pourrait jamais sacrifier ses vêtements, non elle ne trahirait pas Louboutin, Gucci ou encore Louis Vuitton. C’était une amitié trop forte pour qu’elle la balaie d’un simple revers de main.
Mais jouer aux nudistes de temps en temps, régulièrement… oui, ça perdre une robe… ça pouvait se faire.

Comme à présent où la disparition tragique de ce bout de tissus n’était plus qu’un « mauvais souvenir » et où l’exploration d’un caveau était devenue la priorité.
Ça pouvait devenir une sorte de tradition de nuits de pleine lune. A Roxanne, ça lui irait bien en tout cas. D’accord, pleine lune ou pas, ils prenaient toujours à cœur leur « entraînement » de future vie maritale, mais tous les prétextes étaient bons ! Celui-ci, ou plutôt le moment, l’avait été tout particulièrement.
Et elle ne semblait toujours pas décidée à bouger pour qu’ils puissent débuter une journée « normale ». Au contraire, elle était venue se blottir contre son tant aimé Marshmallow après qu’un rire lui ait échappé :

« Ah oui… » ce qu’elle était bien cachée cette robe ! « Faudra penser à faire un tour à l’ophtalmo dans la semaine. »

Oui, ou penser à se chercher des excuses un peu moins bidons que le coup de la mauvaise vue. Mais Marshall s’était déjà fait pardonner au cours des minutes précédentes.
Toujours pas décidée à enfiler cette robe curieusement invisible un peu plus tôt, elle avait néanmoins enchaîné sur un peu convaincu :

« On devrait rentrer à l’hôtel. » ou bien déménager ici « Probablement… » Si c’est avec un « probablement » qu’on se motivait maintenant, on n’irait jamais bien loin « Jon doit sûrement nous chercher. »

… ou pas. Jon était un spécialiste en Marshall/Roxanne.
Pourtant, malgré toute cette recherche de motivation médiocre, ils avaient bien finit par se lever pour s’habiller et quitter ce « nid douillet ». Mais ça, c’était peut-être parce qu’elle lui avait proposé de rentrer faire la « sieste ». Des adolescents. Voilà ce qu’ils resteraient toute leur vie. Mais avouons que ça sonnait toujours mieux que pervers !