Si j'avais été vivant, il aurait été certains que je n'aurais pas réussi à dormir. Heureusement, cette notion était complètement abstraite pour moi, le sommeil ne m'était plus essentiel à présent et dans ce genre de situation c'était un petit plus. Je ne voulais pas dormir dans la voiture durant le trajet en compagnie d'Haebin. J'aurais été gêné si jamais je m'étais endormis. Et si j'avais ronflé? Et si j'avais bavé? Un frisson me parcourus la colonne vertébrale. Je ne voulais même pas y penser. Je ne savais même pas pourquoi une chose pareille me gênait ainsi. Enfin, j'attendais patiemment mon chauffeur, invisible à la vue de tous, non loin de chez lui. Je ne tenais plus en place et étrangement, je ne voulais pas qu'il me voit ainsi. Je lui avais ainsi laissé le temps nécessaire pour se préparer sans pour autant m'avoir dans ses pattes pour une fois. D'ailleurs, une question m'avait trotté dans la tête absolument toute la nuit. Pouvais-je rentrée dans une voiture? La traverserais-je? C'était des questions sans doute complètement stupide, mais me rendait particulièrement curieuse. Je ne voulais pas avoir l'air d'une total idiote en passant à travers... En même temps, je pouvais bien m'asseoir sur une chaise, alors pourquoi pas dans une voiture. En fait, mes interrogations me paraissaient complètement stupide maintenant.

Le jour se levait tout juste sur la Nouvelle-Orléans et je devais avoir fait les cent pas sur le trottoir toute la nuit. Impatiente, j'étais incapable de tenir en place et d'hanter normalement comme j'avais l'habitude de le faire. C'était la première fois que je sortais de la ville depuis ma mort, alors j'étais quelque peu stressée. Quelque chose m'empêcherait-il de sortir de la ville? Un peu comme un voile invisible... En même temps, tout cela était bien nouveau pour moi, je ne savais pas quelles étaient la totalité des possibilités que pouvaient avoir un fantôme dans ce type de cas. Tortillant les cheveux, j'aurais absolument tout donné pour pouvoir croquer dans un morceau de chocolat. J'avais tendance à en manger lorsque j'étais stressée ou bien encore impatiente.

Les personnes commençaient à se bousculer dans la rue, me traversant au passage. Je détestais vraiment ce sentiment. Je ne voulais plus qu'on me traverse, je tentais d'éviter le maximum de personne lorsque ma patiente arriva à son terme. J'apparus chez Haebin, silencieuse et invisible. Dormait-il encore? Je m'installais, visible cette fois-ci, dans salon. Le silence régnait.

Demain c’était le grand jour. Le voyage, enfin la découverte des alentours de la ville pendant quelques jours. Haebin regardait sa valise comme si elle allait se faire seule. Ça serait bien hein ? Mais c’était loin d’être le cas, alors il devait un peu se bouger. Ses habits étaient rangés par piles sur le lit : Sous-vêtements, check, jean, check, t-shirt, check, chaussettes, check, vestes check. Et les accessoires : chargeur du téléphone check, trousse de toilette de la mort, check, PC check. Il ne manquait plus qu’à les mettre dans le sac.
Vers deux heures du matin, le Coréen ferma enfin son sac et s’étala avec la grâce d’un phoque. Il regarda le plafond, la journée de demain s’annonçait longue et il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Excité à l’idée de partir, son cerveau ne voulait pas qu’il dorme. Quelques heures après il sombra enfin. Son réveil sonna d’ailleurs bien trop tôt à ses yeux. C’est une main sortant de la couverture qui l’arrêta comme elle put. Le garçon se leva durement en poussant un grognement. La prochaine fois, il prendrait un somnifère.

Parker pris une bonne douche s’habilla avant de s’étaler sur son lit, il avait une grosse demi-heure avant que la demoiselle arrive. L’animateur aurait juré avoir fermé les yeux seul quelques secondes mais au final, une bonne heure c’était écoulé.  Ce qui le réveilla fut de sentir un liquide chaud sur ses lèvres. Il passa une main sous son nez avant de

Ca faisait bien un an que ça ne lui arrivait plus de saigner du nez pendant qu’il dormait. Il jura avant de se lever. Y’en avait partout, sur le lit sur ses fringues, sur lui. Ce qu’il pouvait détester ça. Levant son T-shirt, il se dirigeant vers la salle de bain, toujours la main sous le nez, il se retrouva face à Zéplynne. Il s’arrêta net dans sa lancée.

Il s’écarta avant de faire ce qu’il venait de dire. Ça ne lui avait pas pris plus de dix minutes. Il était pressé de partir ! Haebin pris sa valise et alla à sa voiture en compagnie du fantôme. Si elle pouvait s’assoir sur le siège d’une salle de cinéma, elle pouvait bien s’assoir à côté de lui ? Grande question. Le jeune homme jeta sa valise dans la petite mal de sa Ford Mustang cabriolet noir mat. N’est pas fan de Fast & Furious qui veut.
C’était son bébé, il bichonnait cette voiture comme si c’était un trésor. Elle n’était pas spécialement récente mais il comptait la garder toute sa vie. N’importe quel fan de voiture sait qu’une Mustang n’a pas de prix.

Et ça se dit être mature et avoir 25 ans…Manquait que la danse de la victoire, et il s'était retenu. Mais bon, il fallait que ça sorte et dans le parking de là où il vivait, ça ne dérangerait personne. Au pire, on le prendrait pour un fou si ce n’était pas déjà le cas mais en tout cas, rien à foutre, il allait faire la grass’mat’, boire du coca toute la journée, prendre des tas de photos et faire des conneries.
Jettant un coup d’œil à droite à gauche – faut pas non plus se faire interner – il lança à Plùme

Le temps défilait et je n'avais pu m'empêcher de fixer l'indicateur d'heure le plus proche de moi. Etait-je en avance? M'étais-je trompée de jour? Ben quoi? J'étais tellement pressée de faire cette journée que j'aurais très bien pu louper un jour ou deux dans le calendrier... Au pire, Haebin pensera que je le hante comme presque tous les jours. Ma présence ne devrait pas trop le surprendre. Bref, je me tenais incroyablement immobile et j'aurais juré que pendant un instant j'avais arrêté de respirer, mais ce qui me surprit davantage fut le bon que je fis lorsque qu'un juron brisa le silence dans lequel était plongé l'appartement. Totalement surprise, je m'étais levée d'un bon avant de disparaitre et d'apparaitre de nouveau. Etait-ce normal pour un fantôme d'avoir peur ? Ce n'était pas eux qui étaient censé faire peur? En même temps, sur ce coup-là, n'importe qui aurait eu peur... Crier ainsi en brisant un tel silence. En même temps, j'étais soulagée de mettre extirpée du bruit de la pendule. Malgré tout, la provenance de ce juron m'inquiétait un peu. Je pris lentement la direction de sa provenance lorsque je tombais nez à nez avec Haebin. Se tenant le nez, il s'excusa auprès de moi avant de me lister une suite d'action qu'il allait accomplir. Je restais fixe, un peu bête lorsque j'avais aperçus son sang sur son t-shirt. Je détestais le liquide rouge, j'en avais étrangement peur et je ne voulais même pas mentionner l'idée d'une seringue. J'en tremblais rien qu'à y penser.

Effaçant cette idée de mon esprit, je me plantais devant la porte d'entrée de l'appartement et attendu qu'Haebin eu terminé de se préparer. Une fois de plus, le temps me paru tellement long, même si seulement dix minutes passèrent... J'étais tellement excitée par ce voyage que tenir en place était un véritable supplice. D'ailleurs, je n'avais pu m'empêcher de faire les cent pas devant la porte en attendant mon chauffeur. Pouvais-je vraiment monter dans une voiture? Une théorie qui serait bientôt vérifié. Un large sourire s'affichait sur mon visage lorsqu'Haebin arriva enfin. J'étais à la limite de faire un bond, mais rassemblais toutes mes forces pour rester clouer au sol avant de le suivre jusqu'à sa voiture. Cette dernière était cool, digne des films d'actions. Je jetais un coup d'oeil au jeune homme qui mettait sa valise dans sa voiture et retenais un léger rire. C'était particulièrement de ne rien avoir à trimbaler comme ça. J'avais l'impression de tout avoir oublié... Enfin, c'était bel et bien le cas, mais je n'avais pas besoin de tout cela à présent, donc c'était différent. Wouah ! Etre un fantôme. Bien plus compliqué qu'on pourrait le penser.

Silencieuse, je fixais la voiture. J'étais à deux doigts de lui demander si elle allait accepter que je m'installe à l'intérieur, mais j'aurais eu l'air d'une totale cinglé... Je ne savais vraiment pas pourquoi j'étais aussi septique à ce sujet. J'arrivais à m'asseoir sur un tas de siège alors pourquoi pas celui-ci? Peut-être parce qu'il était en mouvement? C'était stupide dit comme ça... Je rassemblais tout mon courage et m'installais au côté d'Haebin. C'était une victoire ! Enfin, pour le moment... J'étais encore un peu stressée à ce propos, je devais bien l'avouer, même s'il n'y avait aucune raison pour que cela ne fonctionne pas. Haebin me sortit littéralement de mes pensées. Je me tournais vers lui et lançais un léger sourire. « Oui, je suis prête. » répondis-je avec une pointe d'appréhension. Je me préparais également à m'accrocher au siège si cela était nécessaire.

Si Haebin n’avait pas saigné du nez, il ne se serait surement pas réveillé si vite. Il était partit pour récupérer ses heures de sommeil en moins. Il aurait dû dormir plus tôt. Ouais mais il était tellement excité a l’idée d’avoir enfin quelques jours au calme. C’pas tous les jours que son patron acceptait de lui donner ses congés. En plus, il ne partait pas seul ! Et pour une fois ce n’était pas avec une des pestes qui lui servaient d’amies.
Par chance, il n’avait pas mis bien longtemps à réparer les dégâts causé par son nez. Du moins, il ne fallait pas aller dans sa chambre : boule de linge dans un coin. Il s’en foutait personne n’avait pas les clés et le fantôme venait avec elle. Problème réglait !

Prenant enfin sa valise, il prit route vers sa voiture. Il aurait presque pu lui donner un prénom, mais non, il avait encore un peu de bon sens. Bon ok, il lui disait ma puce des fois. Mais pas devant Plùme, ça risquait de l’effrayer et elle ne voudrait peut-être plus accompagner un fou. Haebin sourit à sa pensée avant de mettre ses affaires dans la voiture. Enfin, enfin, il avait l’impression d’être libre. A tel point qu’il avait laissé son téléphone éteint ! Les vacances c’est sacré.
La demoiselle était aussi prête que lui, alors autant partir ! Il démarra donc sa voiture et pris route vers l’autoroute, jusqu’à ce qu’il se dise que c’était bien mieux de passer par des petits chemins. Il décapota même la voiture pour que les derniers rayons de soleil de l’année fassent le voyage avec eux. Il faisait encore bon dehors, alors autant en profiter, l’hiver avançait à grand pas et il détestait ça.

Petit surnom affectueux qu’il lui avait donné. Ben quoi, à force de la voir chez lui, il avait appris à l’apprécier la petite demoiselle. Puis elle était attachante, c’était de sa faute à être trop chou ! è_é
Ca faisait un petit moment qu’il roulait mais il avait quitté la ville depuis longtemps. Il était au milieu des beaux paysages que pouvait offrir la Louisiane. C’était beau… Un petit sourire c’était dessiné sur les lèvres de Parker. Il ne lui en fallait pas beaucoup pour avoir l’impression d’être loin de sa vie infernale.

Mais voilà, à vouloir fermer les yeux quelques secondes, Haebin n’avait pas eu le temps de déjeuner. Son ventre lui rappela très bien cet oubli en grognant. Le jeune homme avait légèrement rougis en regardant sa voisine du coin des yeux.

Et voilà que dix petites minutes plus tard, il se gara devant un restaurant assez bizarre mais rien à faire, il avait trop faim pour ça.

Disparaissant dans le café, le Coréen pris un café et de quoi manger avant de revenir à la voiture. Hors de question qu’il mange dedans, surtout avec le regard que lui avait lancé le serveur. Non, il n’était pas gay même si des fois, il en avait vachement l’air ! Il grogna en montant dans la voiture avant de reprendre la route et se garer de nouveau un peu plus loin dans un coin tranquille

Ouais, les hommes c’est connu, ça à la reconnaissance du ventre… Faibles hommes
Mais en attendant, il était en train de savourer son café comme si c’était la première chose qu’il buvait depuis des jours.

Je fermais légèrement mes yeux, à deux doigts de m'agriper au fauteuil du côté passager de la somptueuse voiture d'Haebin. Allais-je rester sur place comme une abrutie qui faisait la chaise au milieu d'un parking ou bien partir avec la voiture? Une question des plus stupides étant donné que je pouvais m'installer sur des chaises et même tourner sur une chaise de bureau, enfin avec un peu de volonté... Je rouvris finalement les yeux plus tard pour être totalement soulagé. Haebin avait déjà fait une dizaine de mètre et j'étais toujours à ses côtés. Je souriais de plus belle, quoique cette fois-ci, ce sourire reflétait le bonheur qui bouillait en moi. Mon premier voyage hors de la Nouvelle-Orléans, je profiterais enfin des vacances qui m'avaient amené dans cette ville il y a quelques temps.

Je regardais attentivement de chaque côté de la route, découvrant un peu de tout. J'étais comme une enfant qui découvrait le monde pour la première fois de sa vie. En même temps, c'était assez vrai. Je découvrais le monde pour la première fois, pour la première fois que j'avais des yeux de fantômes. J'avais appris à voir le monde différemment, à faire d'autant plus attention à ce qui m'entourait, à ce que je voyais ou entendais. Je me tortillais sur mon siège, tout en faisant attention de ne pas déranger mon ami, au volant. J'avais beau être morte, je ne voulais pas d'accident afin que Haebin se retrouve dans la même situation que moi. Néanmoins, à la question de mon ami, je me figeais. CasperGirl?! C'était quoi? Un surnom? C'était la première fois qu'on m'appelait comme cela, ce qui expliquait ma surprise. Etrangement, je sentais que si j'en avais la possibilité, je serais en train de rougir. « Caspergirl? » Soufflais-je interrogatrice. Laissant cela de côté, un grand sourire se dessinait sur mon visage. « Oui, très heureuse ! » Lançais-je extrêmement joyeuse. Je me disais également que tous ceux que je hantais seraient heureux de ne plus m'avoir sur leur dos à longueur de journée, tout comme Philip.

Je fixais mon regard sur le paysage qui nous entourait. Haebin avait pris les petites routes, sans doute afin de nous permettre de profiter à fond de ces vacances et du paysage qui nous entourait. La Louisiane me changeait énormément des rues et de la vision de la ville que je ne cessais de voir depuis fort longtemps. J'étais heureuse de voir de nouveaux paysages, de changer enfin de décors. J'en avais les yeux qui brillaient, de nouveaux décors et une excellente compagnie. Cela pouvait sembler bizarre, mais j'avais l'impression qu'Haebin était le meilleur compagnon de route que je pouvais demander. Je fus extirpée de ma contemplation lorsque qu'un bruit se fit entendre dans la voiture. Je tournais mon regard vers le conducteur, je me rendis compte qu'il rougissait légèrement et compris assez vite avec ses propos. Un sourire en coin apparus sur mon visage. J'aurais certainement été dans le même cas que lui si ce besoin m'était actuellement inutile.

Restant silencieuse, j'acquiesçais lorsqu'Haebin sortit de la voiture pour se rendre dans un café où il prit de quoi se nourrir et sa boisson. Je lui jetais un coup d’œil en coin, mais laissais échapper un léger rire lorsqu'il s'écria "petit-déjeuner". C'était la première fois que je le voyais agir ainsi. Il devait vraiment avoir faim pour s'esclaffer ainsi, en même temps, je ne connaissais plus vraiment ce sentiment donc je ne pouvais pas pointer du doigt. « C'est le petit-déjeuné ou les vacances qui te donnent tant la pêche? » Demandais-je curieuse, le sourire aux lèvres.

L’idée que la demoiselle ne tienne pas sur le siège l’avait à peine effleuré. Comment il aurait géré le fait que Zéplynne ne puisse pas faire un bout de chemin avec lui dans sa voiture. On mise sur le mode : Panique !! Puis c’était pas drôle de faire le chemin tout seul. Le Coréen aurait quand même peut être dû y penser mais son cerveau était bien trop concentré sur : C’est les vacances que sur le reste. Mais bon, on ne peut pas lui en vouloir, il les attendait depuis tellement longtemps.
A peine hors de la ville, Parker affichait un sourire heureux et c’était aussi le cas de sa voisine de route. On aurait dit deux gamins de 16 ans qui fuyait leur problème de lycée, sauf que dans l’affaire, y’en avait un qui avait l’âge de voter. Si si…
Et voilà qu’il utilisa un surnom stupide pour lui parler. C’était un signe que l’animateur s’attacher au petit fantôme qui le hantait. Bon, il était pourrit mais elle était aussi mignonne que Casper alors. Puis c’était son premier fantôme à qui il pouvait donner un nom puisque c’était la première à qui il parlait.

Toi, tu veux la faire rougir, mais les fantômes, ça rougis pas
Tant pis, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Son sourire s’agrandit en entendant que Plùme aussi était contente de partir de la fille. Tous les deux profiteraient à fond de ces courtes vacances, il en était sûr. Puis ça le changerait des longues heures d’attente à l’aéroport, ici, ils iraient à leur rythme puisque c’est lui qui conduisait. Bon, ils iraient surtout au rythme de Haebin, entre pause repas/pipi et besoin de repos.
En parlant de pose repas, il avait clairement faim, son ventre venait de réclamer de la nourriture et pas du tout discrètement, à tel point qu’il avait rougit. S’arrêtant quelque temps après, il s’était installé dans sa voiture avec Zéplynne pour déjeuner tranquille et pour ne pas être pris pour un fou.
A peine une gorgé de café avalé qui était déjà en extase et ca se faisait entendre. Il lança un regard en direction de la demoiselle. Maiiiiiis, pour une fois qu’il était lui-même !

Il venait de perdre son côté sérieux en moins de dix malheureuse secondes. Pas grave ! Il mangea tranquillement lançant quelques petits gémissements de plaisir. Il n’y avait pas mieux qu’un petit déjeuner, surtout quand on crève de faim depuis la veille 10h30. Le Coréen n’avait pas mit plus de cinq minutes à calmer son estomac, puis il avait encore de la route à faire. Ni une ni deux, ils étaient repartit. Longeant le Lac Pontchartrain, Haebin se disait qu’il n’avait pas meilleure début de vacances que celui-là.


Oui, il n’avait jamais vu ce lac. En plus à quelques mètres il y avait un espace pour se garer et balader. Bon ben, autant en profiter, ils avaient plein de temps ! Le Coréen sortit de sa voiture fraichement stationné et commença à faire le tour du lac. A cette période de l’année, il n’y avait personne mais la vue était magnifique.
Chance pour eux, parce qu’en été, ça devait être bondé !

Il avait l’impression de l’aider à faire un genre de deuil et de réaliser ce qu’elle voulait faire depuis longtemps. Ça lui faisait chaud au cœur.
Définitivement, ça serait d’excellente vacances.

L'explication concernant mon surnom entraîna en moi une légère gêne qui m'aurait obligatoirement fait rougir si je n'avais pas été un fantôme. C'était d'ailleurs l'un des bons côtés d'être un esprit. Les sentiments tels que la gêne était plus difficile à discerner que pour les vivants. Le rouge qui me montait aux joues n'était pas quelque chose qui me manquait et encore moins dans cette situation. Savoir que je pouvais et étais en train de rougir m'aurait davantage mise mal à l'aise. C'était sans doute stupide, car ce n'était pas autant le surnom en lui-même que le fait de savoir qu'Haebin m'appréciait qui me donnait envie de rougir. Un léger sourire fit un rapide passage sur mon visage à ce moment. En même temps, s'il ne m'appréciait pas, pourquoi m'emmener aussi en vacance? Pour me débarrasser de moi une fois au loin? De toute évidence non et j'en étais soulagée. Je ne savais même pas pourquoi je doutais autant, car cela ne me ressemblait pas vraiment.

Son café en main, il ne fallut que peu de temps à Haebin pour effacer un peu la sensation de faim que son ventre c'était essayé à lui faire comprendre. Pendant, qu'il mangeait, il répondit à ma question. J'acquiesçais et relevais son association entre un petit-déjeuné et la mort. Aussitôt son encas avalé qu'il redémarra. Je laissais mon regard glisser sur tout ce qui passait de chaque côté de la voiture. C'était un paysage assez simple, mais je ne pouvais pas m'empêcher de le trouver magnifique. Haebin apporta mon attention sur un lac, le lac Pontchartrain. Somptueux, pourrais-je regarder mon reflet sur l'eau? Je reportais mon attention sur mon ami quand il releva qu'il avait uniquement vu ce lac en photo. « Je n'ai rien dis. » Lançais-je un léger sourire en coin après sa remarque.

Je fus agréablement surprise lorsqu'Haebin s'arrêta près de ce lac. Nous avions le temps, alors pourquoi ne pas en profiter?! Haebin avait dû avoir la même pensée que moi. Une fois le véhicule garé, je traversais la porte et attendis qu'Haebin face le tour de la voiture. Les yeux toujours rivés sur le lac, j'avais bien dû mal à les décoller de l'étendue bleue qui s'étalait devant nous. Mes prunelles brillaient de mille feux, un sourire de pure joie se dessinait sur mon visage. Je ne pouvais pas être plus heureuse, enfin c'était ce que je pensais avant que mon ami de voyage ne s'exprime. Mon coeur aurait certainement accéléré et mon visage aurait été similaire à une tomate si j'avais encore été en vie. Néanmoins, je pouvais encore ressentir ce petit quelque chose au fond de mon âme. Mon sourire s'élargissait. « Moi aussi. » Soufflais-je en jetant un coup d'oeil à Haebin.

Ni une, ni deux, je commençais déjà à m'élancer dans le chemin qui passait à côté du lac. Je me stoppais quelques instants et fis face au beau brun. « Alors ! On y va? » Lançais-je pleine de vie comme une enfant qui s'apprêtait à ouvrir ses cadeaux de Noël.

Haebin aurait bien voulu voir son « amie » rougir. C’est qu’il faisait tout le temps ça avec ses anciennes copines. D’ailleurs celle-ci avait tendance à lui hurler dessus que ce n’était pas le plus gentil de tous les amis. Mais au moins, quand il aimait quelqu’un, il le montrait clairement. Par contre, il aurait pu trouver mieux niveau originalité, mais peut-être que d’ici quelques temps, le surnom changerait. Parker aimait bien que les choses changent !
A peine son café et sa collation avalée, il avait redémarré. Ils avaient un bout de chemin à faire avant d’arriver là où ils passeraient leur première nuit, mais il avait quand même du temps. Ce fut d’ailleurs pour cette raison que le Coréen s’arrêta à peine quelque temps après au niveau d’un superbe lac. La remarque de la demoiselle l’avait fait sourire mais pourtant, il avait répondu :

Ouais, trouve toi une excuse pour jamais avoir vu ce lac autrement qu’en photo.
Pour sa défense, il avait vu le golfe du Mexique, de l’autre côté, pour arriver à sa ville d’adoption. Il avait bien aimé d’ailleurs. Au retour, il rentrerait par-là ! C’était décidé. Puis au moins, ils ne feraient pas le même chemin à l’allé et au retour, ce n’était pas Casper qui allait s’en plaindre.
A peine sortit, Haebin s’exprima sur cette sensation bizarre qu’il ressentait. Depuis qu’il était dans sa voiture, il avait la drôle d’impression qu’il venait de faire vraiment très important pour la demoiselle. Comme si Plùme pouvait profiter de ses vacances et se sentir moins différente en sa présence. C’était un sentiment inexplicable mais il se sentait bien. C’était aussi le cas du petit fantôme !

Perdu dans ses pensées, le Coréen n’avait pas vu que son amie s’était déjà lancé sur le chemin, ce fut lorsqu’elle parla qu’il « repris contact avec la réalité ».

Ni une ni deux, il se retrouva à côté de son complice de voyage. Elle avait l’air tellement heureuse, il voyait ses yeux pétiller de bonheur. Ca faisait bien des années que ce genre de regard avait disparu. Du coup, Haebin profitait du bonheur de son amie. Oui oui, c’est possible ça.
Le jeune homme s’arrêta pour prendre une photo, la vue était magnifique, et il fallait immortaliser ça autant pour lui que pour elle.

C’est qu’il était trop adorable à penser comme ça. Mais il se disait que puisqu’elle ne pouvait pas fouiller dans les albums photos alors, il lui ferait l’album photo sur un tableau qu’il accrocherait chez lui. Comme ça pas de jaloux, tout le monde profiterait des clichés.

Et modeste aussi…

A peine Haebin m'avait répondus, que je m'élançais de nouveau dans le petit chemin près du lac. Mon ami me rattrapa assez vite. En même temps, je n'étais pas la fille la plus rapide du monde, loin de là, je ne courais pas spécialement vite, mais au moins ma condition de fantôme m'avait apporté une incroyable endurance. Je ne fatiguais pas en courant, mais en essayant de toucher les objets plutôt. Ne plus ressentir la fatigue physique était tout simplement parfait, mais la fatigue psychique était tellement plus éreintant. Heureusement, je m'entraînais souvent ce qui me permettait de me remettre plus vite de cette fatigue. Hélas, s'il y avait un moyen de devenir tangible, j'étais certaines que j'allais multiplier mes efforts par dix ou bien cent...

Plongée dans mes pensées, je ne m'étais pas rendu compte de l'arrêt de mon compagnon de route. Je m'arrêtais net et retournais sur mes pas afin d'être à ses côtés. Je fixais le paysage qu'il prenait en photo. Les étoiles dans mon regard brillaient de nouveau, comme si elles ne s'étaient jamais arrêtées de le faire. Le paysage était somptueux et en détourner le regard était assez compliqué, j'aurais voulu que ce moment soit éternel. Je garderais sans doute le moment en mémoire, mais j'avais cette impression que cela ne serait absolument pas la même chose. Et ça de toute évidence, Haebin l'avait compris. Un cadre pour que je puisse profiter de cet instant encore et encore sans avoir à mettre toutes ma concentration sur le fait de tourner chacunes des pages de l'album photo. Un nouveau sourire se dessinait sur mon visage. Pourquoi faisait-il tout cela pour moi? Je n'étais qu'un fantôme, il pourrait facilement se débarrasser de moi en brûlant mes ossements, non? Et puis, il n'avait aucun intérêt à le faire... Sans doute était-il juste adorablement gentils avec moi comme il l'aurait été avec n'importe qui d'autre. « Merci. » Soufflais-je simplement, incapable de trouver autre chose à dire. En même temps, que pouvais-je dire d'autre?

C'était définitivement les vacances éternelles les plus belles de toutes mon existence. En fait, être morte était peut-être une bonne chose. Après tout, si cela n'avait pas été le cas aurais-je rencontré Haebin? Et bien d'autres qui sont devenues mes plus proches amis? Je ne préférais même pas y penser, c'était complètement inconcevable pour moi. La dernière réplique d'Haebin décrocha chez moi un léger rire. La modestie n'était pas vraiment son genre de toute évidence. En même temps, c'était sans doute ce qui faisait "son charme". « Et loin d'être modeste de toute évidence. » Lançais-je en tentant de m'arrêter de rire. Hélas, quelque chose me disait que je pourrais rapidement succomber à l'envie de rire de nouveau.

J'étais prête à agripper mon ami pour qu'on avance, qu'on s'élance de nouveau sur le chemin. Je m'arrêtais nette, me rappelant que c'était juste impossible pour moi. Je lançais un léger sourire gêner avant de faire un signe à Haebin et me remis en marche. J'attendis quelques instants qu'il marche près de moi pour prendre la parole. « Dis-moi, Haebin. Puis-je te poser une question? » Demandais-je curieuse.

Haebin marchait tranquillement proche de sa compagne de voyage, mais il s’arrêta très rapidement pour prendre des photos. Oui, il était du genre a immortalisé chaque instant de ses multiples voyages et développer chacune des photos. Dieu sait qu’il a des tas de cartons chez lui où il y a des tonnes d’images. Les plus belles étaient affichées sur un panneau dans son salon. Il n’était pas spécialement doué mais avec le temps, et la répétition, il commençait à faire des clichés assez classes. Puis Parker ferait beaucoup plus d’effort cette fois ci parce qu’il faisait ça pour une autre.

Le Coréen voulait tellement faire plaisir à son amie qu’il se donnait à fond. Pour lui c’était sa manière de la faire exister même si elle n’était plus du monde des mortels. C’était comme si son cœur lui hurlait d’aider cette fille dans cette quête de « bonheur ». Peut-être pour lui, le besoin d’oublier ses propres péchés en faisant de bonne action. Sa façon de se dire qu’il n’était pas qu’un monstre mais un ami sur lequel on peut compter. Haebin avait l’impression qu’avec elle, sa coquille se fendait doucement, qu’il redevenait l’homme qu’il était avant de devenir un loup-garou. Il s’était tellement empêcher de ressentir de l’amour et de l’amitié envers des personnes… Depuis des années. Zéplynne lui faisait peu à peu comprendre que ce n’était pas si mal que ça d’être une bonne personne.

Le jeune homme rigola doucement à la remarque du fantôme. La modestie ce n’était clairement pas son truc, mais bon, il avait emballé un tas de filles avec cette manière de faire. Faut croire qu’elles aiment les gars un brin arrogant. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres, ah que de souvenirs.

La demoiselle reprit route et Haebin ne s’en rendit compte que quelques instants plus tard lorsqu’elle lui fit un signe. Elle ne pouvait pas le toucher c’était vrai, alors il faudrait peut-être qu’il la regarde un peu plus souvent que prévu. Il avait plus l’habitude de ses amies tactiles que du petit fantôme. Une fois à sa hauteur, elle lui adressa la parole.

Parker avait l’impression que cette question était importante. Ça lui faisait bizarre de ce dire qu’elle changerait peut-être les choses. Il lui lança un sourire comme pour lui donner l’envie de lui poser cette question.

Sa réponse à ma réflexion sur son manque de modestie me fit assez rire. Il était d'autant plus certains que ce n'était pas un des domaines dans lequel il excellait. En même temps, cela l'était pour très peu de personnes. La modestie n'était une qualité particulièrement répandu dans le monde. Il y en avait, mais pas autant que de personnes orgueilleuses, non? Cela dit, Haebin atteignait des sommets niveaux manque de modestie. Bon, j'exagérais, mais il se disait tout de même parfait ce qui pour certaines personnes pouvaient être le début d'un problème de narcissisme. Néanmoins, je n'avais pas l'impression que mon compagnon de route soit tombé aussi bas.

Le sourire qui s'affichait sur mon visage ne dissipait quelque peu lorsque je tentais sans réussite d'attraper le bras de mon ami afin de lui faire signe d'avancer. Le fait que j'étais non-tangible me rattrapait encore. C'était vraiment une plaie parfois. Je m'y étais habituée, mais il m'arrivait aussi de l'oublier. Ces moments étaient rares, mais lorsque c'était le cas, la déception passait rapidement sur mon visage. Ce sentiment fut de courte durée pour de nouveau laisser place au bonheur du moment, après tout je ne pouvais pas changer grand-chose à ce problème.

Reprenant donc le chemin, je demandais à Haebin s'il acceptait que je lui pose une question. De toute évidence, il n'y avait aucun problème dans ce sens, cela dit j'avais l'impression que ma question était des plus étranges et encore plus la manière dont elle m'était venue à l'esprit. Je voulais également lui demander quel était ce fameux secret dont il avait refusé de me parler la dernière fois, mais je voulais également si à un moment il avait pensé me faire disparaître... Avoir un fantôme qui le hantait jour et nuit, cela devait être fatiguant, non? En même temps, vu son comportement, la réponse devait sans doute être négative... « Pourquoi tu fais tout ça? » Demandais-je finalement. J'étais curieuse. Il n'avait aucune obligation vis-à-vis de moi et pourtant... Et puis, ce n'était pas comme si se trimbaler un fantôme était agréable.  « Je veux dire, tu aurais pu facilement te débarrasser de moi, alors pourquoi choisir de m’emmener en vacances. » Ajoutais-je curieuse, tout en gardant la même allure.

Trop prit dans ses photos, Haebin avait mis un certain temps à se rendre compte que le petit fantôme avait disparu quelques mètres plus loin. Il sentit comme un petit pincement dans son ventre, elle devait être triste de ne pas pouvoir le toucher. Des fois, il avait du mal avec le fait de sentir les émotions des autres, surtout quand elles étaient assez négatives. Un jour, il s’y ferait. Il était un loup différent des autres donc…
Il ne tarda pas à la rejoindre tout en écoutant la question qu’elle voulait lui poser. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, un brin triste si on y regardait de plus près. Elle était ce qu’il avait été avant de devenir un monstre. Elle était ce qu’il essayait d’oublier.

Il devait lui dire ce qu’il était pour qu’elle comprenne ce qu’il racontait. On ne devient pas un être froid, contre tout type de relations, sans bonne raison. Ou alors c’était inné et pas un trait de caractère qui apparaissait au cours du temps.

Ça lui faisait bizarre de parler comme ça. Il avait mis du temps à en parler avec Yaëlle et encore avec elle, il l’avait sous-entendu, elle avait un moment à comprendre. Mais Plùme voulait connaître son secret, maintenant, elle le savait.

Haebin avait légèrement serré les poings en parlant de ça, se remémorant son visage terrorisée (Fleur). Il sentait aussi que la demoiselle ne savait pas trop ce qui venait de se passer. Il aurait pu amener la chose autrement, mais il savait que ça ne servait rien de passer par quatre chemins.

Parker avait eu le besoin de lui dire comme ça. Lui faire comprendre que même si elle n’était plus de ce monde, elle pouvait aider les autres, faire changer certaines choses. Il ne pouvait pas lui rendre la pareille alors il essayait de lui faire plaisir le plus qu’il pouvait. Elle lui rappelait la beauté du monde, la joie de vivre, d’avoir des amis dignes de ce nom, une famille de substitution. Elle lui offrait ce qu’il avait tenté des années d’oublier. Elle lui apprenait que même si on était diffèrent, on pouvait vivre. Zéplynne lui donnait une leçon de vie comme personne n’avait réussi.
Haebin ne pouvait faire que son possible pour lui faire plaisir, puis ce n’était pas comme s’il se forçait.

J'étais curieuse de sa réponse et à aucun moment je n'aurais pensé à cette dernière. Il voyait, en moi, la personne qu'il était autrefois. Je devais bien l'avouer, je n'avais pas la moindre idée de ce dont il pouvait parler sur le coup. Je devais principalement cette joie de vivre aux personnes qui m'entouraient. Sean, Yaya, Wendy, Haebin et d'autres. En leur compagnie, j'avais de nouveau l'impression d'être en vie, de faire partie de leur monde. Même si ce n'était pas tous les jours faciles, leur parler, passer du temps en leur compagnie me rappelaient les bons côtés d'une existence que ce soit dans la vie ou bien dans la mort. Sans eux, il y a fort longtemps que je serais devenue un Casper dépressif. C'était pour cela que j'étais étonnée d'entendre que c'était cette joie de vivre là qui était bénéfique à d'autres comme Haebin. Il était étrange de constater que c'était mutuel comme sensation. Un léger sourire passa sur mon visage à cette pensée. Hélas, il s'effaça lorsque mon compagnon de voyage me fit part de son histoire. Cette dernière n'était pas des plus joyeuses, pas des plus banales. Je compris rapidement que me raconter sa vie passée ne devait être quelque chose de facile et que pour cela il devait me faire un minimum confiance. J'étais touchée par sa confession. Confession qui répondait à la question que je me posais si souvent. Quel était son secret? A présent, je le connaissais et il était évident que j'avais pu le découvrir auparavant. Durant chaque pleine lune ou presque, j'étais en compagnie de Yaëlle et non pas en train de le hanter.

Une boule se forma au creux de mon estomac. C'était un sentiment de tristesse, de joie et de surprise. Après un passé aussi dur que celui-ci, comment, moi, pouvais-je le reconnecter à son ancien lui? Après tout, je n'étais qu'un simple petit fantôme qui s'amusait à hanter les autres. Je ne me pensais pas assez noble pour accomplir de telles choses comme le fait de réchauffer les coeurs et encore moins que quelqu'un pourrait faire de même avec le mien. J'étais vouée à la solitude, enfin c'était ainsi que je le voyais. Néanmoins, c'était une pensée qui devenait bien lointaine lorsque j'étais en compagnie d'Haebin. « Tu n'es pas un monstre ! » Rétorquais-je choquée par cette pensée. Je ne l'avais jamais vu comme tel et rien ne m'y ferait penser. Il n'avait rien d'un monstre et pour moi, il n'en avait pas le coeur.

« Mais, tu sais comment faire craquer une fille. » Lançais-je en souriant afin de balayer les larmes qui auraient pu sortir à n'importe quel moment, mais aussi l'ambiance de vacances qui devenait quelque peu gênante. Et puis, Haebin disait aimer ma joie de vivre, non lorsque j'étais en mode "larmes". Mon sourire s'élargissait et je m'élançais plus rapidement dans le chemin.

Haebin avait eu un peu de mal à parler de sa vie. Il avait mis du temps à encaisser le coup et sa vie d’errance l’y avait beaucoup aidé. Il aurait préféré avoir ses parents près de lui pour l’aider à surmonter tout ça, mais ce ne fut pas le cas, bien au contraire. Il remerciait Mr Llyod de lui avoir appris tant de chose et lui avoir prouvé que des fois, ce pouvoir pouvait être utile. Parker était bien un des seuls de son âge à ressentir tant de chose et à comprendre quand quelqu’un allait mal ou bien. Certains, loups-garous depuis des années n’y arrivaient pas.
Bref, maintenant la petite fantômette savait ce qu’il était. Ca l’étonnait quand même un peu de se dire qu’elle ne l’avait jamais hanté, les jours de pleines lunes, depuis qu’elle le connaissait. A croire qu’il avait une certaine chance. Parce qu’en plus de la transformation, il était légèrement – c’est peu dire xD – à cran ses jours-là. Autant vous dire qu’à cette période, il ne fallait pas lui chercher le moindre problème, voire même lui adresser la parole.
La remarque de Zéplynne le fit légèrement sourire, ne pas être un monstre, ça faisait bien cinq ans qu’il avait effacé ce fantasme de sa tête. Il était un tueur sanguinaire pendant trois jours, alors pour lui, il était un monstre et personne ne lui lèverait l’idée de la tête. Même l’amour ne l’avait pas aidé à se sentir moins « démoniaque ».

Son autre remarque le fit légèrement sursauter, il lança un regard à Plùme avant de sourire faiblement. Elle était tellement adorable.

Ni une, ni deux, il avait repris le chemin en regardant autour de lui ce qu’il se passait ; tout en observant le bonheur sur le visage du fantôme. Ils étaient déjà à la moitié du chemin mais pas grave, Haebin en profitait à fond, en plus, ça lui permettait de se reposer avant de prendre le volant. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, pour une fois, il n’était pas pressé. C’était presque un miracle le connaissant.

Ben quoi, ça lui trottait dans la tête depuis un moment. Il y avait certaines chose qu’elle pouvait faire comme un humain et d’autre ou gardait ses attributs de fantôme.
Pourquoi pouvait-elle s’assoir dans sa voiture et pourquoi ne pouvait-elle pas lui attraper la main ? C’était perturbant.

J'étais gentille de penser qu'Haebin n'était pas un monstre? Cela m'avait semblé tellement évident que le fait d'être gentille de le dire ne l'était pas. Après tout, je ne pouvais vraiment pas le voir comme tel, il n'en avait pas l'allure, ni le coeur. D'ailleurs, je ne le pensais pas, je l'affirmais. Enfin, je fus quelque peu surprise de voir la réaction d'Haebin à ma seconde réflexion. Un léger sursaut? Pourquoi? Mes paroles avaient-elles l'air si idiote? S'en était limite vexant. Néanmoins, je ne relevais pas son geste de surprise et m'élançais rapidement sur le chemin qui longeait le somptueux lac. Mon compagnon de voyage m'emboîta le pas. Côte à côte, nous regardions absolument tout ce qui nous entourait. Le paysage était des plus magnifiques et ne donnait pas la moindre envie d'en détourner le regard. Je m'émerveillais, un peu bêtement, devant la quasi-totalité de ce que je pouvais voir. Mes yeux se remplissaient d'étoiles tendis que mon sourire s'élargissait.

Soudain, je m'arrêtais au bord du lac, avec une question en tête. Une question qui m'intriguait quelque peu. Pouvais-je toucher l'eau? J'aurais sans doute dû tester cette théorie un peu plus tôt, tendis que mon ami prenait des photos, mais je n'y avais pas pensé à ce moment-là. Et puis, nous avions le temps, alors je pouvais en profiter. Je m'accroupis au bord de l'eau et regardais un instant mon reflet sur l'étendue bleue. Une nouvelle question me vint en tête, pourrais-je nager de nouveau? C'était sans doute stupide de penser cela. Je tendis ma main pour toucher l'eau lorsque je me stoppais nette. Je restais figée à l'interrogation d'Haebin. Pourquoi se posait-il ce genre de question? Cela me troublait quelque peu. Pourquoi s'intéressait-il au fait que je puisse ou non être tangible? Moi-même je m'étais posée la question à de nombreuses reprises, mais je n'avais jamais trouvé comment faire. Je n'avais sans doute pas assez d'expérience pour devenir comme tel. C'était déjà assez compliqué de devenir visible, mais si en plus je devenais capable de toucher tout à volonté. Un retenait un léger rire de frustration. « Je ne sais pas. » Répondis-je déçue de moi-même. Je tendis de nouveau ma main, traversant l'eau sans aucun autre résultat. Je n'étais même pas mouillée, rien. « Je ne préfère pas avoir trop d'espoir. » Continuais-je dans un souffle tinté d'une légèrement tristesse.

« Mais, pourquoi me demandes-tu cela? » Demandais-je à mon tour tout en me relevant. Je me tournais pour faire face à Haebin et repris le chemin, mon sourire légèrement effacé.

La phrase de son amie l’avait quelque peu ébranlé. Haebin n’était pas du genre à entendre ça sortir de la bouche d’une fille. En plus, elle pouvait avoir tellement de sens, bref, il était un brin déstabilisé mais rien de bien grave, un sourire apparu sur ses lèvres quelques secondes après.
Les deux touristes reprirent leur route tranquillement jusqu’à ce que le Coréen pose une question qui lui trottait dans la tête depuis un moment. Autant vous dire que niveau curiosité, il l’était autant que la demoiselle mais il le montrait que très rarement. C’était un vilain défaut ! Mais cette fois ci, il n’avait pas pu s’en empêcher. Il avait compris l’envie qu’elle avait eu de l’attraper par le bras pour lui faire comprendre qu’il fallait recommencer à marcher.

Puis, il y avait tant de signes qui montraient que même sous sa forme d’esprit, elle pouvait faire beaucoup de truc qu’un humain ferait : S’assoir dans la voiture, sur la chaise du bureau de Haebin. Tant de chose, et le Coréen se disait qu’avec du travail, elle devait pouvoir se rendre tangible pour plus de chose, pour toucher l’eau, une guitare ou des photos. Il avait bien réussit à ressentir sa partie animale et entrevoir ce qu’elle percevait les soirs de pleines lunes. Pas possible que ça ne marche que pour lui, devait aussi avoir des possibilités chez les fantômes !

Toi et le tact ça fait 20, un peu comme la modestie.
L’animateur avait légèrement rougit à sa phrase. Clairement, il était loin d’être doué pour ce genre de chose. En plus, Zéplynne avait eu l’air tellement déçue de ne pas pouvoir toucher l’eau et ressentir ce que ça faisait. Des fois Haebin aurait tout donné pour ne pas sentir les sentiments des autres… Ca lui faisait de la peine et il ne pouvait rien faire, même pas la prendre dans ses bras.

Le Coréen repris sa route avec l’Anglaise. Il se mordit l’intérieur de la joue un peu gêné d’avoir jeté un petit blanc sur leur début de vacances. Il avait le don de dire les choses au mauvais moment. Par chance, ils arrivent à la voiture et il s’assit contre la portière.

Ben il avait bien marché, le lac était super grands mais les trajets devaient faire environs une dixaines de kilomètres maximum, faut pas tuer les touristes. Et les flemmards pour cas d’Haebin.

Oui parce qu’Haebin était du genre à adorer bouger. Et puis dans cette ville, ils seraient plutôt bien placés pour la suite de leur voyage.

Continuant notre tour du lac, Haebin répondit à mon interrogation par ce qui semblait être une évidence. Il était vrai que je ne passais pas à travers absolument tous les objets, mais j'avais été amené à croire qu'il s'agissait davantage d'un exercice de gymnastique ou bien à de la lévitation plutôt qu'à un fait concret. Ce dernier étant que je pouvais m'asseoir un peu partout, une chaise, un canapé, dans une voiture. Hélas, je n'étais pas tangible pour autant. Ce qui était assez étrange, car je pouvais déplacer des petits objets ou bien encore tourner les pages d'un livre. Néanmoins, beaucoup de concentration et de force étaient requis. Alors, sans doute n'étais-je pas assez forte... J'aurais pu demander à Wendy de m'apprendre ou bien à Yaëlle de m'aider à passer ce cap, mais je m'étais faite à cette condition... Du moins, j'espérais qu'un jour je serais capable de le dire. Deux ans c'étaient écoulés depuis ma mort et à de nombreuses reprises j'avais voulu toucher quelqu'un. Un proche entre autre, mais à chaque fois, je ne récoltais qu'une sensation glaciale de malaise. Cette sensation particulièrement désagréable que je ressens en traversant quelqu'un. De plus, c'était autant déplaisant pour moi que pour le vivant qui était traversé... Enfin, j'esquissais un léger sourire à Haebin avant d'enchaîner. « Je connais peut-être quelqu'un... Elle m'avait apprit à devenir visible et à jouer des tours. » Mon sourire s'élargissait légèrement lorsque je me remémorais les longues heures passées avec Yaya à m'entraîner. Que de bons souvenirs...

Enfin, je me re-concentrais sur le chemin, car même si je le cachais assez bien, il m'arrivait d'être des plus maladroites. Ce n'est que quand mon compagnon de route s'appuya sur la voiture que je constatais que notre petit tour était terminé. J'esquissais de nouveau un léger sourire, mais plus moqueur cette fois-ci. Vraiment, ne pu ressentir ce genre de désagrément était parfait, néanmoins, je n'échappais pas toujours à la fatigue... Comme lorsque je restais trop longtemps visible. Après tout, ce n'était pas une chose à laquelle j'étais particulièrement entraînée. Il serait ainsi évident que la journée en perspective serait fatigante pour nous deux.

M'installant à côté d'Haebin, j'écoutais attentivement ce qu'il avait prévue pour la suite. Un bond m'échappa lorsque l'un de mes deux arts préférés fut mentionné. La musique. Rien que pour cela, je me devais d'aller dans cette ville.  « Qu'est-ce qu'on attend?! » Lançais-je de nouveau pleine de vie. Comme quoi, le problème de tangibilité pouvait rapidement être remplacé par une joie.

Mais ce n’était pas totalement la même chose ! Depuis quelques années, après la mort de Fleur, Haebin c’était tué à la tâche pour ne plus jamais tuer personne. Malheureusement pour lui, ça c’était passé une nouvelle fois et « grâce » à ça, il avait pu avoir un très bon professeur. Il avait fait d’énorme progrès depuis sa rencontre avec Philip.
Enfin la fin de cette balade. Le Coréen avait les jambes qui tiraient. Ca faisait un petit moment qu’il ne faisait plus beaucoup d’exercices, et il n’en avait pas besoin vu les tablettes de chocolat qu’il cachait sous son t-shirt. Il s’appuya contre sa voiture, tout comme le fantôme avant que celle-ci fasse un bond après sa prise de parole. Un sourire se dessina sur ses lèvres, elle était tout simplement adorable.

Il attrapa une bouteille d’eau dans la malle de sa voiture avant de prendre place au volant. Ils en avaient pour une heure, le temps de traverser le lac et d’arriver à Mandeville. Des fois, il rêvait d’avoir le don de téléportation, ça ne prendrait que quelques secondes. Mais tant pis, il devait faire avec. Puis avec Zéplynne ça passerait plus vite, il en était sûr.

Le pont sur le lac permettait de voir l’étendu de celui-ci, et c’était tout bonnement beau. L’animateur radio avait un léger sourire sur les lèvres, il était heureux et ça faisait bien longtemps que ce n’était plus vraiment le cas. Comme quoi, de simples vacances en Louisiane lui faisaient du bien. Son cerveau pouvait décompresser en paix.
L’heure passa plutôt rapidement, de toute façon, en parlant des projets pour les autres jours, ça ne pouvait que passer vite. Il savait pourtant qu’ils n’auraient clairement pas le temps de tout visiter.  Au pire, ils reviendraient une autre fois, ou ils iraient au Texas ! Le Coréen regarda l’heure sur le cadran de sa voiture. Déjà 14 heures, le temps passait bien trop vite. Il soupira légèrement avant de se garer devant l’office du tourisme de la ville.

Oui, pour Haebin, c’était plutôt mal de la laisser seule, mais il ne se voyait pas manger et discuter avec elle alors que personne ne la voyait. Puis si jamais on la voyait, merci la réaction, c’pas tous les jours qu’on croise un fantôme !  Mais tout d’abord, office du tourisme. Le jeune homme sortit de sa voiture et entra dans le bâtiment. Wow, plein de paperasses, plein de trucs à faire. On aurait presque un enfant à sa manière de réagir. Qu’est-ce qu’ils feraient ? Ils verraient ce soir, en parlant de ça, trouver un hôtel serait plutôt pas mal… Parce que dormir dans la voiture, il était bien trop vieux pour ça. Le garçon en avait repéré un près de l’office du tourisme qui avait l’air plutôt pas mal. Il irait voir plus tard. Pour le moment, collecte de documents pour le voyage.

J'étais tellement excitée en pensant au planning d'Haebin, que je n'avais pas pensé une seconde à sa condition humaine, d'être vivant. Je ne ressentais plus autant la fatigue qu'auparavant et il m'arrivait d'oublier que les autres pouvaient ressentir cette sensation d'épuisement parfois. Je me demandais comment cela pourrait évoluer avec le temps. Oublierais-je complètement que ma condition n'était pas la même que les autres ou bien réaliserais-je une fois pour toute que j'étais morte et que par conséquent je fatiguais moins vite? Une interrogation que j'oubliais bien rapidement. Quelque peu impatiente, j'attendis que mon ami de voyage ai terminé sa petite pause pour s'installer derrière le volant. Puis, en un clin d'oeil, j'étais à ces côtés en tentant de cacher quelque peu ma joie et mon excitation. Après deux ans à hanter les rues de la même ville, je n'avais rêvé que d'une chose et c'était de changer de décors. Si je dormais au moins, mais là, je connaissais presque la vie par coeur. Cela devenait presque ennuyant à la longue. C'était d'ailleurs la raison qui m'amenait à tellement apprécier le fait de hanter les vivants. Il s'agissait de l'une de mes rares occupations, alors je ne pouvais que l'apprécier...

Mettant toutes ces pensées de côté, je me collais presque à la vitre pour profiter une fois de plus du paysage. J'avais l'air d'une gamine, mais cela m'importait peu. J'étais tellement heureuse que je ne pouvais pas cacher cette joie qui bouillonnait en moi. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été ainsi. Néanmoins, j'avais, enfin, vraiment l'impression de profiter les vacances que j'étais venue prendre peu de temps avant ma mort. Visites, balades, amitiés. Je ne pouvais pas rêver de plus belles vacances. De plus, je ne pouvais pas dire que j'étais en mauvaise compagnie pour cette excursion en Louisiane. Je jetais un bref coup d'oeil à Haebin, sourire aux lèvres avant de me replonger dans le décors qui défilait à côté de nous. L'heure passa à une vitesse incroyable. J'étais limite déçue par la brièveté du voyage, mais en même temps, je ne pouvais pas non plus me plaindre. D'ordinaire, je n'aimais pas les longs voyages en voiture, mais là j'aurais étrangement préféré qu'il ne se termine jamais.

Haebin se garda prêt de l'office de tourisme de Mandeville. Je me figeais, tentant de faire un peu moins enfantine et écoutais attentivement mon compagnon de route. J'esquissais un léger sourire et acquiesçais sa remarque. Il était vrai que nous n'avions pas fait de pause pour manger à midi et comme il n'avait pas mangé depuis ce matin. Ainsi, Haebin devait avoir vraiment faim, je le comprenais et donnerais tout pour manger du chocolat. Je n'en avais pas besoin et je ne le pouvais pas non plus, mais c'était l'une des choses que je regrettais le plus. De plus, il ne voulait sans doute pas avoir l'air d'un fou en train de parler tout seul à table. Cela changeait quelque peu de Sean qui lui oubliait même que j'étais un fantôme. Enfin, Haebin avait raison, un peu de repos ne me ferait pas de mal.  « D'accord. » Lançais-je en avec un léger sourire.

Je commençais néanmoins pas suivre mon ami dans l'office de tourisme. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de paperasses et beaucoup de choses à voir. Devenant peu à peu invisible, je m'étais toute mon énergie à essayer de ne pas traverser les autres personnes qui se trouvaient autour de moi.

Tout en conduisant, Haebin regardait le fantôme près de lui. On aurait dit une gamine de cinq ans qui découvrait pour la première fois un lac. Il devait quand même avouer qu’il était plutôt beau ce lac. Mais avec sa vie de vagabond, il en avait vu des choses et il lui en fallait beaucoup pour être émerveillé.
Un petit soupire s’échappa de sa bouche. Il avait l’impression que maintenant qu’il était posé à la Nouvelle-Orléans, avec un coach de la mort, tout irait bien mieux. Il était presque soulagé de se dire qu’il voyait ses vacances comme tel et pas comme un énième moyen de s’enfuir, sans vraiment le faire, de la ville. Mais pas de temps à perdre, ils avaient une heure de trajet avant d’arriver à Mandeville. Une fois là-bas, ils seraient plus au calme. Les touristes arrivèrent enfin à la civilisation, l’animateur devait avouer qu’il aurait bien fait demi-tour, mais il avait besoin d’un toit pour la nuit et après plusieurs heures de route, il n’avait pas spécialement envie de conduire encore et encore.

Une fois arrivé, ils entrèrent dans l’office du tourisme. Ca grouillait de papier et d’hommes. Il n’était pas très à l’aise, il avait tendance à aimer la solitude avec toutes ses années de fuite. Malgré tout, il affichait un air plutôt serein et prenait les prospectus qui l’intéressaient. La ferme pédagogique ce n’était clairement pas son truc… Et sûrement pas celui de Plùme, même s’il devait avouer que donner le biberon à une chèvre ça devait être trop mignon. Mais bon, la demoiselle n’en profiterait pas et ces vacances, il les passait avec elle. Pas tout seul, comme d’habitude.
En parlant d’elle, elle avait disparu pour ne pas attirer l’attention. Zéplynne ne devait pas être à l’aise du tout. Le Coréen attrapa les derniers papiers intéressants avant de prendre la liste des hôtels de la ville et de sortir. Il avait l’impression de manquer d’air.
Le Coréen s’appuya contre sa voiture

Certaines odeurs lui restaient dans le nez, sûrement dû au loup en lui, mais malheureusement, le fantôme n’en avait pas, et la chercher dans la ville risquait d’être plutôt compliqué.
Lançant un dernier regard à sa compatriote de voyage, le jeune homme pris route dans la ville à la recherche d’un resto plutôt tranquille pour pouvoir manger. Il avait une sainte horreur des lieux bondé alors son regard jeta son dévolu sur un établissement familiale ou seulement les habitués venaient. Il s’y installa et pris seulement un plat. A vrai dire, il n’avait pas très faim, il s’était coupé l’appétit. Bon sang, il devait apprendre à maitriser ses « dons » d’animal.
Le Coréen avait de la peine pour le fantôme. Elle ne pouvait pas profiter des vacances comme lui, et il ne voulait pas la mettre plus mal à l’aise en faisant des choses qu’elle ne pouvait pas faire. Limite s’il ne se disait pas que pendant le voyage, il ne dormirait pas. En parlant de ça, à peine sortit du restaurant, il réserva une chambre pour la nuit dans un hôtel du centre-ville. Apparemment, celui-ci était proche du café jazz où les touristes avaient l’intention d’aller.

L’heure passa plutôt vite et le Coréen retourna à l’office du tourisme comme il l’avait convenu avec la jeune femme. Il passa une main dans ses cheveux avant de mettre ses lunettes de soleil. Il faisait beau pour une journée d’automne et ce n’était pas pour lui déplaire, le voyage ne serait que mieux.

Trainant dans l'office de tourisme, invisible aux yeux de tous, je tentais de suivre Haebin tout en évitant de me faire traverser par ceux qui se trouvaient autour de moi. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de touristes qui avaient eu la même idée que nous. Je détestais le sentiment que je pouvais ressentir lorsqu'un être vivant me traversait. Il s'agissait d'un sentiment des plus désagréable qu'il était possible de ressentir. C'était la raison principale pour laquelle j'appréciais très peu- être en compagnie d'un groupe important de personnes. Plus il y avait d'être vivant, plus j'avais de chance que cet incident se produise. De plus, à en voir Haebin, lui non plus n'était pas particulièrement à l'aise dans ce genre de situation. Je n'avais même pas fait tout le tour de l'office de tourisme que mon ami c'était déjà précipité hors du bâtiment afin de rejoindre la voiture. Je le suivis avec la plus grande précaution, qui, hélas ne fut d'aucune utilité, car une personne trouva le moyen de me traverser. Cette dernière se stoppait net à cause de la vague de froid tendis que pour ma part, j'accélérais le pas. Me tortillant dans tous les sens, toujours invisible pour tous, je tentais désespérément d'effacer cette sensation de mon esprit.

Redevenant peu à peu visible pour mon compagnon de voyage, je pris place à ces côtés contre la voiture. Je souriais à sa remarque. Je doutais fortement que le fait de me demander de ne pas me part face des miracles. Je n'avais pas un très grand sens de l'orientation dans un espace qui m'était totalement inconnu. Je pouvais reconnaître toutes les rues de Londres ou bien de la Nouvelle-Orléans, mais peut-être pas de cette petite ville. J'avais beau avoir une incroyable mémoire, étrangement dans ce genre de situation, j'étais comme un poisson rouge... « Je ferais attention. » Répondis-je avant de regarder Haebin partir pour se restaurer un peu avant la suite de notre visite.

Une fois seule et de nouveau complètement invisible, je m'élançais dans les rues de la petite ville. Je réalisais enfin que je n'avais aucun moyen de connaitre l'heure... Après tout, rare était les fantômes avec une montre au bras. Je devrais par conséquent faire en sorte de pouvoir garder un oeil sur une pendule. Je ne me voyais pas demander l'heure à une personne qui marchait dans la rue, il aurait davantage tendance à courir pour me fuir que de m'aider. Errant dans les rues, je tentais une fois de plus de ne traverser personne. Détaillant l'architecture des maisons, leur jardin, les moments historiques. Néanmoins, je tentais de ne pas m'attarder sur quoique ce soit. Après tout, je devais en garder un maximum pour découvrir la région avec Haebin. D'ailleurs, j'espérais qu'il est trouvé un endroit sympathique où manger un morceau.

Profitant de cet instant de solitude, je me rendis compte que je n'avais pas une seule fois regardé l'heure depuis que j'avais quitté Haebin. Je m'activais donc à la recherche d'un endroit où je pourrais voir l'heure, mais de toute évidence il n'y en avait pas là où je me trouvais. J'étais dans une rue déserte... Désespérée, je devins visible à la première personne qui passait par là. « Excusez-moi monsieur, avez-vous l'heure? » Demandais-je poliment. L'homme s'arrêta, me dévisagea. « Vous êtes pâle mon enfant. » Bredouilla-t-il avant de me répondre et de partir. Je me retenais de rire. Wouah, il avait vu un fantôme et c'était sa seule réaction. Je redevenais invisible et m'élançais rapidement pour retourner près de l'office de tourisme. J'étais en retard, très en retard... Enfin dix minutes ou peut-être quinze, ce n'était pas rien... J'aurais du faire plus attention à mon temps. Le point positif était que je ne m'étais pas perdue...

Je n'avais jamais courus aussi vite de toute mon existence. Haebin m'attendait à l'endroit convenu, je me précipitais à ses côtés et je devins visible à ses yeux. « Désoler du retard, mais je n'avais pas de montre. » Lançais-je à mon ami avec un léger sourire gêné.

Une heure tranquille et seul pour manger et réserver son hôtel ! Haebin devait avouer qu’il était plutôt content d’avoir quelques secondes pour lui et seulement pour lui, pas qu’il n’appréciait pas Zéplynne, c’était juste qu’il avait perdu l’habitude d’être avec quelqu’un. Il y a quelques années, le Coréen n’aurait jamais été comme ça…
Le jeune homme avait trouvé un restaurant tranquille pour manger. Ce qu’il adorait dans les villes qu’il visitait aux Etats-Unis, c’est qu’on le prenait rapidement pour un touriste étranger. La raison : Le style vestimentaire pas du tout américain mais clairement asiatique et la gueule de coréen. On lui offrait des trucs quelques fois et cette fois-ci, ce fut un café. En plus, il était accro, alors autant vous dire qu’il était plutôt heureux. Seulement une trentaine de minutes et avait filé à la recherche d’un hôtel et pour trouver le bar où il passerait une partie de la nuit avec le fantôme. Les habitants de la ville étaient plutôt gentils et lui indiquèrent le chemin pour se rendre dans ce « café jazz ».

Et voilà que l’heure passa, Haebin retourna à la voiture et s’installa contre. Plùme ne devrait plus tarder à arriver. S’il pouvait, il aurait essayé de sentir son odeur, mais ça paressait compliquer, c’était comme vouloir sentir le vent. Le jeune homme se faisait du souci, mais il savait très bien qu’à part se perdre, le petit fantôme ne risquait pas grand-chose. C’est presque s’il ne deviendrait pas papa poule sur les bords.
Le pire pour lui fut les 15 minutes qu’il dû attendre avant de retrouver le fantôme ! Ah, les coups de pression, il avait oublié ça.

Oui, il prenait les choses du bon côté, ça lui évitait les sortie avec Charlie où il avait l’impression de devoir faire le garde du corps – chien méchant – pour qu’on lui lâche la grappe. S’il y avait bien un concept qu’il ne comprenait pas c’était, la fille dit non mais le gars insiste. Mais non !
Bref, revenons à nos moutons. Le Coréen adressa un sourire à son amie avant de reprendre la parole.

Et les voilà partit dans les rues de la ville. Tant l’office du tourisme était bondée, tant dans les rues, il n’y avait pas grand monde. D’un autre côté, la ville n’était souvent qu’un point de passage pour se renseigner et repartir. Chance pour eux, au moins le fantôme pourrait être visible et tranquille.
Il aimait bien ce genre de ville, ça le changeait des villes d’Asie où il y avait toujours du monde, n’importe où à n’importe quelle heure. Un petit sourire se glissa sur les lèvres de Haebin.

Les vacances s'annonçaient fort en rebondissement. Ils commençaient tout juste et pourtant j'avais déjà vu de magnifiques décors, fais une belle balade et parler à une personne sans lui faire peur. En même temps, quelque chose me disait que ce dernier n'était pas tout à fait sobre. L'homme avait uniquement relevé la pâleur de ma peau. Maintenant que j'y pensais, c'était assez marrant. Cela dit, je n'avais pas le temps que m'y attarder. J'étais assez en retard comme ça, je n'allais pas en plus prendre le temps de m'esclaffer sur un fait si peu important. Espérant que Haebin ne m'attendait depuis pas trop longtemps, j'accélérais le pas, invisible et intangible. M'élançant dans les rues étrangement désertes, je tentais de prendre des raccourcis, le tout sans me perdre. C'était la dernière chose que je souhaitais faire, me perdre et arriver d'autant plus en retard auprès de mon compagnon de route. D'ailleurs, j'espérais que son repas se soit bien passé.

Arrivant non-loin de la voiture, je fis en sorte de redevenir visible aux yeux de mon ami. Il était adossé contre sa voiture, je le rejoignais rapidement et m'excusais. Je fus rassurée de constater que cela ne l'avait pas gêné de m'attendre une dizaine de minute en gros après avoir pris son repas. Affichant une mine légèrement pensive, je tentais de comprendre la deuxième moitié de sa réplique. « Un boulet? » Soufflais-je quelque peu perpelexe. Parlait-il de personnes qui ne pouvaient pas supporter ou bien de l'image du fantôme qui traîne à boulet derrière lui? Je devais bien l'avouer, j'avais un léger doute sur le sujet. « Je suis ravie que cela ne t'es pas gêné. » Prononçais-je un léger sourire sur les lèvres. Il était vrai, que je ne pouvais pas craindre grand-chose vu ma condition. J'étais déjà morte, alors que pouvais-je craindre d'autres mis à part me perdre dans une ville qui m'était inconnu. « Bien mangé? » Demandais-je quelque peu curieuse à mon ami.

Mes yeux s'illuminaient de nouveau lorsque Haebin évoqua le café Jazz dont il avait déjà discuté dans la journée. « Oui, faisons cela. » Répondis-je joyeuse et déjà pressés à l'idée de la soirée qui m'attendait. Excitée à la journée qui s'annonçait, je suivais Haebin dans les rues de la petite ville. « Par où on commence? » Demandais-je curieuse, une fois de plus.

Le fantôme avait l’air rassuré qu’Haebin ne soit pas spécialement gêné de l’avoir attendu. D’un autre côté, elle ne risquait pas grand-chose ! Et ça lui avait permis de réfléchir un peu plus à ce qu’ils feraient de leur journée. Aller au café Jazz à cette heure-ci n’était pas envisageable du tout. Déjà, il risquait d’être fermé et y rester jusqu’au soir pour attendre les artistes sans rien faire d’autre était inenvisageable. Oui, le Coréen était du genre à vouloir faire plein de chose. Ça lui rappelait ses premiers voyages où son corps faisait des crises d’insomnie pour lui permettre de faire des trucs jour et nuit. A croire que les gènes coréens lui permettaient d’être un surhomme quelques fois.
Puis, pour revenir à nos moutons, Zéplynne ne risquait pas de se faire suivre par ce qu’il nommait boulets. Elle était invisible, et au pire, elle leur ferait peur. Rien à craindre. Par contre, une sortie avec Charlotte ou Sora pouvait rapidement finir mal quand elle se faisait approcher de trop près. Haebin devait avouer qu’il était plutôt content de ne pas avoir à se soucier de ca en présence de Plùme.

D’un autre côté, si ces dits boulets arrêtaient de penser qu’il était leur pote gay, ça se passerait tellement mieux. A croire qu’être asiatique rimait avec être gay. L’horreur…

Voilà qu’Haebin proposa ce qu’ils feraient par la suite. La ville avait plutôt l’air pas mal, autant la visiter un peu. Ni une ni deux, ils commencèrent leur balade. Lorsque la fantômette lui demanda par quoi ils commenceraient, le jeune homme sourit. Pas la moindre idée, il était sûr qu’en marchant ils trouveraient des trucs à faire.

Haebin n’était pas un touriste infaillible, il connaissait les gros trucs à faire mais sinon, il marchait plus facilement au feeling ! Lui qui adoraiiiit trainer dans les rues, il était servi !
Il commença à papoter de tout et de rien avec la demoiselle à côté de lui. De son envie de reprendre la musique mais la peur de se retrouver face à une guitare ou un piano et ne plus savoir en jouer. Il aborda aussi son petit ras-le-bol de son émission radio, mais bon, il fallait qu’il travaille pour payer son crédit ! Le Coréen demanda aussi à l’anglaise si son enquête à propos de sa mort avait un peu avancé. Il comprenait bien son envie de savoir mais d’un autre côté, il pensait toujours que ce n’était peut-être pas une bonne idée de tout connaître. Peut-être que ça lui ferait plus de mal que de bien. La curiosité était parfois un très vilain défaut.
Les amis avaient visité la ville, la grande place, les quelques coins connus et avait fini par aller au bar aux alentours de 21 heures. Haebin n’avait pas mangé mais il n’avait pas faim, il devrait juste faire attention à la quantité d’alcool qu’il boirait dans la soirée. Ne pas être saoule ! Il se connaissait trop bien pour savoir qu’avec quelques verres dans le nez il était capable de devenir le connard qu’il essayait de caché à Zéplynne.

A peine arrivé, ils s’installèrent dans un coin tranquille où elle ne serait pas obligé de se cacher ni même de se faire traverser par des humains. Et voilà qu’il avait déjà une bière devant lui. On ne change pas un Coréen et sa passion pour l’alcool.
Sur la scène, une femme chantait accompagné de son groupe… ah ce qu’il pouvait adorer ce genre d’ambiance.

L'explication sur le fameux boulet me fit quelque peu rire. Ce n'était pas du tout le genre de boulet auquel je m'imaginais. Moi qui avait en tête le boulet que traînait les fantômes dans les genres de films à deux sous. J'étais complètement à côté de la plaque, mais en même temps, Haebin n'avait pas tout à fait tort. Personne ne me voyait, alors, le type de boulet qu'il voyait ne pouvait pas suivre quelqu'un qui ne pouvait pas voir. Cela aurait été quelque peu stupide. Et dire que la seule personne que j'avais croisé m'avait simplement fait une réflexion sur la pâleur de ma peau. Cela mit à part, je commençais à envier quelque peu Haebin. Il semblait à l'entendre avoir tant de connaissances, d'ami(e)s. Etre un fantôme n'était pas évident pour se faire ce genre de relations.

J'étais heureuse de savoir que mon compagnon de voyage avait bien mangé. Après tout, il aurait pu tomber sur le mauvais restaurant de la ville. Ce ne fut pas le cas et en plus on lui avait offert un café, la total en gros. Néanmoins, je fus quelque peu surprise par sa remarque sur le fait de vouloir profiter de cet avantage. Cela dit, je savais très bien qu'il blaguait, alors je ne relevais aucunement cette remarque. Je me contentais d'esquisser un léger sourire amusé. « Je suis ravie de tu sois tombé sur un bon restaurant. » Me contentais-je d'ajouter à sa remarque.

« Faisons cela. » Répondis-je à son plan pour visiter la ville. Marcher sans destination précise était quelque chose que je faisais souvent et que j'appréciais assez. Je trouvais cette façon de faire un peu plus amusant que de se diriger à un endroit prédéfinis. C'était quand même ce qui ressemblait de plus à une réel aventure. Marcher sans savoir où, sans savoir la destination. Cela me rendait d'autant plus curieuse et exciter à l'idée de ce voyage. La présence de mon ami ne faisait qu’accroître ce sentiment. Après tout, tout est meilleur à deux, non?

Nous avons marché tranquillement, discutant de tout et de rien. J'écoutais avec attention ce qu'il me racontait et vis-versa. C'était la première fois que j'avais discuté aussi longtemps avec lui, après tout, il y a peu de temps encore il ne croyait pas du tout à mon existence. En y repensant, j'avais l'impression que cela remontait à bien longtemps. Je le hantais depuis tellement de temps que j'avais le sentiment de déjà le connaître, mais ce n'était pas le cas. Il y avait beaucoup de choses qui m'avaient échappé. De mon côté, je lui racontais l'avancée de mon enquête sur les circonstances de ma mort, avancée qui s'était faites grâce à mon nouvel ami, Philip. Je voyais bien que tout comme ce dernier, Haebin n'était pas vraiment d'accord avec mon envie de déterrer la vérité sur cette partie de ma vie. Néanmoins, j'étais bien trop curieuse pour laisser cela passer, sans oublier que je pensais que cette vérité pourrait m'apporter un semblant de paix.

Finalement, c'était au alentour de vingt et une heure que nous sommes entrés dans le fameux café jazz. Celui-ci se remplissait déjà peu à peu tendis qu'une chanteuse et son groupe se produisait déjà sur scène. Je m'installais à la même table qu'Haebin, sur une chaise où je ne craignais pas de me faire traverser par n'importe qui. Je pensais d'ailleurs que mon compagnon de voyager avait choisis cette place exprès pour éviter que cela ne se produise. J'avais bien du mal à tenir en place, je me tortillais sur mon siège, sourire aux lèvres comme une enfant un soir de Noël. J'étais vraiment heureuse de me trouver là et le fait que je sois en si bonne compagnie ne faisait qu'agrandir cette joie. « J'en suis certaine. » Ajoutais-je à la réflexion de mon ami tout en écoutant le groupe avec attention. « Je dirais même plus, tout notre séjour s'annonce génial. » Rajoutais-je en jetant un rapide coup d'oeil à mon ami.