Baladant dans les rues de la ville, Haebin avait discuté avec le fantôme. Il l’appréciait vraiment et tout ceci c’était fait rapidement. Ca ne faisait pas très longtemps qu’il se connaissait mais il avait l’impression de renouer avec son passé grâce à elle. Peut-être qu’avec le temps, il réussir à accepter qu’il n’était pas fautif dans la mort de Fleur. Il pourrait poser des fleurs sur sa tombe… Oui bon il avait encore du chemin à faire avant que ce soit faisable !
Ils en arrivèrent aussi à parler des recherches de Zéplynne sur sa mort. Il devait avouer qu’il était contre cette idée mais la demoiselle était tellement motivée à savoir qu’il était dur de la faire changer d’avis. C’était comme lui ôter sa raison de rester dans ce monde. D’ailleurs le Coréen se demandait ce qui se passerait quand elle saurait la vérité. Si elle retournerait dans le monde des morts ou si elle resterait ici ? Il devait avouer qu’imaginer son départ lui faisait un brin mal au cœur mais bon. Si c’était de cette manière qu’elle pouvait reposer en paix…

Finalement, le temps était passé vite à discuter dans les ruelles de la ville. Ils avaient pu voir pas mal de choses comme une superbe église d’époque et de beaux bâtiments. Comme quoi des fois, il ne fallait pas obligatoirement aller dans les lieux touristiques.
Le jeune homme avait encore pris quelques photos dans une de lui-même en train de faire une grimace devant un magasin « asiatique » de la ville.
A 21 heures, ils entrèrent enfin dans le café jazz. Haebin adorait ce genre d’endroit, il n’avait jamais l’occasion d’y aller, alors il profitait. Les touristes s’installèrent dans un coin tranquille où Haebin savait que la demoiselle ne risquait rien. Lui venait de prendre une bière, comme à chaque fois qu’il mettait les fesses dans un bar. Il devrait cependant ne pas boire beaucoup puisqu’il n’avait pas mangé depuis un moment. Le Coréen devait cacher son côté connard à la fantômette histoire de ne pas la choquer et de baiser dans son estime.

La chanteuse était tellement douée que Haebin était « sous le charme ». Ca faisait bien longtemps qu’il n’avait pas entendu d’une si belle voix ! Ca le changeait des nanas qu’il entendait à la radio.
Une bière se posa de nouveau sur la table à peine la première terminée. Lui qui s’était juré de ne pas finir éméché durant la soirée. Il lâcha un petit soupire, il était vraiment trop faible face à l’alcool, c’est que ça lui avait permis oublié tellement de chose à une époque.
Il regarde son amie avant de lui dire :

Oui, ses racines le poursuivaient. Puis c’pas comme si les Canadiens n’abusaient pas non plus de la boisson. Bref, il ne devait quand même pas trop boire ce soir. C’était mal de passer pour un alcoolique alors qu’ils se connaissaient depuis peu de temps.
La soirée s’annonçait bien, les chansons étaient toutes meilleures les unes que les autres. Il se sentait bien pour une fois.

Parce qu’elles commençaient à se voir à force de dormir pas très longtemps la nuit. Changer de métier ne lui ferait peut-être pas trop de mal pour recommencer à avoir un rythme de vie un peu plus sein.
Le jeune homme lança un sourire à son ami. Il aurait tellement aimé partager un verre avec elle, l’embêter comme il le faisait avec les autres. Il devait avouer qu’il était frustré surtout à cause de cette envie de lui toucher ne serait-ce que la main.

Notre petit séjour débutait à peine et pourtant l'un comme l'autre nous étions persuadés que ce dernier allait être une petite merveille. Une seule et unique journée c'était déroulée et elle renfermait uniquement des bons souvenirs... Sauf peut-être ce petit moment où mes pensées se sont égarées une fois de plus sur les mauvais points de ma condition de fantôme. Des conditions auxquelles je pensais m'être habituer il y a quelque temps déjà... Hélas, il semblerait que je me mentais à moi-même. Je ne me ferais sans doute jamais à ce que je suis devenue, mais une chose était certaine, être un fantôme avait beau être un fardeau, ce que j'étais devenue m'avait apportée bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. J'ai pu grâce à ma mort faire de nombreuses rencontres. Bien entendu, je ne pouvais pas affirmer qu'elle était toutes positives, mais je ne pouvais pas passer à côté de chacune d'entre elle. Ma vie me manquait, c'était certain, mais je ne pouvais pas dire que le bonheur ne frappait pas à ma porte malgré tout.

En cette douce soirée, soirée marquant le premier soir de mon séjour touristique, il m'était impossible de cacher la joie que je pouvais ressentir. Assisse aux côtés d'Haebin dans ce petit café jazz, le sourire que j'arborais depuis plusieurs minutes déjà refusait de s'effacer. Je n'arrivais pas à masquer mes sentiments à ce moment présent et ce surtout lorsque mon compagnon de voyage et ami me promis un séjour des plus géniales. Je le croyais et j'étais certaine qu'il respecterait cette promesse. Sans oublier, que ce séjour une visite des lieux pour la première fois pour lui tout comme pour moi.

Les yeux rivés sur la chanteuse et son groupe qui se performait sur scène, je ne faisais pas vraiment attention aux personnes qui entouraient notre table et encore moins à la serveuse qui venait de déposes une bière devant Haebin. Ce qui pouvait s'avérer assez étrange étant donné que cette dernière avait été obligée de couper mon champ de vision pour poser la boisson de mon ami. Ce fut d'ailleurs ce dernier qui m'extirpa de mes pensées en m'adressant la parole. « Je ferais de mon mieux. » Répondis-je en élargissant mon sourire, bien que ce dernier s'avérait être quelque peu taquin. Cela dit, j'ignorais totalement comment je pourrais l'empêcher de boire. Juste en lui interdisant? Si cela était si facile, il n'aurait sans doute pas besoin de moi pour l'empêcher de boire trop de bière.

J'allais me replonger dans la musique quand la question sur laquelle Haebin enchaîna me déstabilisa quelque peu. Qu'allais-je faire cette nuit? Honnêtement, je n'en avais aucune idée. J'avais complètement oublié cette notion de sommeil dont les humains avaient besoin pour être en forme. Je restais pensive un instant, ne sachant quoi répondre. « Je n'y avais pas pensé... Je ne sais pas du tout. » Répondis-je en toute honnêteté. Jouant légèrement avec mes doigts que j'avais posés sur mes genoux, je tentais de répondre à la question ne serait-ce que mentalement... Hélas, je n'avais vraiment aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir faire.

La soirée s’annonçait géniale en compagnie de Zéplynne dans ce café bar. L’ambiance était super, la chanteuse savait touchait son public. Haebin ne pouvait pas demander mieux. La journée c’était plutôt bien passé, il aurait quand même pensé qu’il y aurait eu un soucis car oui… Oui, il avait toujours un problème quand il partait en vacance. La dernière fois, son avion avait été retardé de plus de 3 heures parce qu’un idiot avait oublié d’étiqueter sa valise. Autant vous dire que le jeune homme avait eu des envies de meurtre ce jour-là. Pourtant cette fois-ci, rien à redire. Enfin, il avait saigné du nez le matin mais rien de bien grave.

Le fantôme avait l’air vraiment heureux et ça lui réchauffait le cœur tout doucement. En sa présence, il avait l’impression d’être normal et d’être utile à quelqu’un. Cette impression ça faisait bien longtemps qu’elle l’avait quitté mais à croire qu’avec ce petit bout de femme les choses changeaient petit à petit.
Une nouvelle bière se posa rapidement sur la table. Ca le détendait de boire… Mais peut-être qu’avec l’estomac vide, ce n’était pas la meilleure des choses à faire. Puis ça lui rappelait le moment où il noyait son chagrin dans l’alcool et les études. Un frisson le parcouru lentement. Le jeune homme sourit à la demoiselle à ses côté. Elle n’aurait qu’à lui dire de ne plus boire et il ne le ferait plus, mais de lui-même, il avait du mal.

Haebin avait cru voir un air taquin dans les yeux de Plùme mais il avait du rêver.
Mais voilà qu’ils discutèrent de ce que ferait le fantôme pendant la nuit. Malgré ses crises d’insomnie plutôt répété, le jeune homme avait quand même besoin de sommeil. Il fallait qu’il tienne un bon rythme durant les vacances pour ne pas trop délaisser son amie. Et oui, Haebin était du genre à se rendre mal pour que ses amis profitent de ce qu’ils faisaient.
Oups, elle n’avait pas pensé à ce qu’elle ferait. Essayons de trouver des pistes pour un fantôme en détresse. Haebin fronça légèrement les sourcils en faisant une petite moue. Pose réflexion tout à fait adorable mais qui lui permettait réellement de se concentrer.

Il sourit faiblement. Haebin avait peu de livre en anglais chez lui, ils étaient souvent en Français ou Coréen. Peut-être un ou deux en japonais qui trainait par-ci par-là.

Faut dire que l’insomnie, il connaissait bien alors pour occuper son temps, il avait développé plusieurs tactiques. Il avait perfectionné les langues qu’il connaissait et en avait même appris une nouvelle. Grâce à ça, il avait donné quelques idées à son amies.
Le jeune homme termina sa bière tout en écoutant la chanteuse. Elle était vraiment doué, ça faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu des frissons. Malheureusement, il bailla. La journée avait été longue pour lui, et la veille, il n’avait pas tellement dormit que ça. L’animateur se frotta les yeux un instant. Il voulait encore profiter un peu…

La musique du groupe qui se produisait sur scène s'élevait dans le petit café jazz au milieu du bruit. A gauche, à droite, tout autour de moi, des personnes parlaient de tout et de rien. Parlant de leur journée, fatigante pour certain, amusante pour d'autres. Parlant de leur projet futur ou bien passé. Parlant du groupe comme de véritable critique musicaux. D'ordinaire, je n'aurais pas apprécié cette ambiance, mais étrangement, rien ne semblait pouvoir me déranger en ce moment présent. Depuis que j'étais passée de l'autre côté, j'avais appris en quelque sorte à apprécier les discussions des autres et ce peu importe si elles pouvaient me sembler futile. C'était amusant, un peu comme si je vivais à travers leur vie. C'était un peu étrange et je n'aimais pas vraiment faire cela, mais c'était la seule occupation que je pouvais avoir en tant que fantôme. Suivre et écouter les autres vivres. C'était assez déroutant au début, mais je m'y étais rapidement faite. Après tout, ce n'était pas comme si j'avais un grand choix d'activité à disposition...

J'esquissais un léger sourire lorsque Haebin me remercia. Il souhaitait que je l'évite de boire un peu trop, alors j'allais faire de mon mieux pour que cela soit le cas. Cela dit, je ne savais pas vraiment si une simple demande de ma part allait suffire pour l'empêcher de prendre une autre bière. Je tenterais quand même le coup et trouver autre chose après si la première tentative ne fonctionnait pas. « De rien. » Me contentais-je de répondre, ne sachant pas vraiment quoi ajouter de plus à mon discours.

J'allais me replonger dans l'écoute de ce qui m'entourait lorsque mon compagnon me demandait ce que j'avais bien pu prévoir pour la nuit à venir. En toute honnêteté, je n'avais absolument rien prévue. J'étais tellement excitée à l'idée d'un voyage hors de la nuit dans laquelle j'avais été bloqué pendant deux ans que je n'avais pas pensée au besoin de sommeil d'Haebin. Je me devais donc de trouver quelque chose, un petit truc que je pourrais faire tendis que mon ami rejoignait les bras de Morphée. J'avais déjà visité la ville avec Haebin et toute seule durant la journée, du coup je devais trouver autre chose pour passer le temps. J'acquiesçais chacune des idées d'Haebin. Visiter les monuments vides la nuit, regarder les brochures, lire ou bien apprendre une langue étrangère. Un petit rire m'échappa lorsqu'il me fit part de son idée de lecture, surtout quand il me déclara que le livre qu'il avait en sa possession n'était pas vraiment une langue que je pouvais lire couramment. Je ne disais pas que j'avais envie de l'apprendre loin de là, cela pourrait être une activité intéressante. Dans mon cas se serait un bon passe-temps et puis, j'adore apprendre de nouvelles choses donc cela ne gâchera rien. « Apprendre une nouvelle langue est une idée intéressante... » Commençais-je avant de faire une légère pause pour me plonger dans une petite réflexion intérieure avant d'enchaîner. « J'ai appris quelques mots en regardant les touristes à la Nouvelle-Orléans... » Enchaînais-je encore un peu dans mes pensées avant de m'y extirper entièrement. « Cela dit, je crains ne pas avoir ce qu'il faut sur moi pour apprendre une langue étrangère cette nuit. » Terminais-je avec un léger sourire. Bien entendu, j'aurais pu demander à Haebin, mais le but était tout de même de trouver une activité le temps qu'il dorme, non?

« Je vais peut-être visiter les monuments du coup... » Ajoutais-je quelque peu pensive. Au pire, j'improviserais au fur et à mesure. Ce n'était pas comme si je n'avais pas prise cette habitude depuis que je suis un fantôme. Et puis, qui sait, je trouverais peut-être une télévision allumée sur un film pas trop nul dans le coin...

La Soirée s’annonçait bien, une bière et une bonne compagnie, que demander de mieux. Ils discutèrent un peu jusqu’à ce que le souci du sommeil de Haebin les rattrape. Il avait besoin de dormir et devrait donc abandonner Plùme quelques heures. Il risquait de ne pas tenir le rythme s’il ne fermait pas les yeux, c’était clair et net, et puis sa mauvaise humeur risquerait de causé des soucis. Car oui, un Haebin mal léché, ce n’est pas ce qu’on préfère !
Le jeune homme proposa alors quelques activités à la demoiselle, certaines étaient réalisables, d’autres pas tellement. Apprendre une langue étrangère pouvait certes faire passer le temps, mais sans livre, ça paraissait plutôt compliqué. Tant pis, elle remettrait ça pour ses nuits à la Nouvelle-Orléans. Ce n’était pas vraiment perdu !

Ou comment dire que ton cerveau a eu du mal à apprendre cette foutue langue qui ressemble pourtant à la tienne.
Le fantôme opta alors pour visiter les monuments de la ville. C’est ce qui paraissait le moins compliqué à réaliser et qui l’occuperait peut-être plus que de lire des prospectus. Il aurait bien voulu lui donner d’autres idées, mais elle ne pourrait pas les faire car il fallait être tangible pour cela. Gérer l’insomnie quand on était humain était vraiment plus facile. Haebin se disait que ça devait être vraiment difficile pour la demoiselle de s’occuper chaque nuit depuis deux ans.

Ils profitèrent du reste de la soirée avant de devoir se séparer à l’entrée de l’hôtel du Coréen. La journée avait été bien trop longue et aux alentours d’une heure du matin, il avait senti la fatigue l’envahir. Il sourit alors à la demoiselle avant de lui dire.

L’animateur entra alors dans le bâtiment pour rejoindre sa chambre. Il devait avouer qu’il n’aimait pas tellement laisser la demoiselle seule. Pour chasser ses vilaines pensées, il prit une longue douche bien chaude. La journée avait été longue, il avait beaucoup marché, et il avait bu, alors autant se calmer tranquillement sous l’eau. Le jeune homme passa les mains sur son visage en soupirant doucement.

A peine sortit et vêtu d’un boxer, il s’échoua sur le lit et s’endormit rapidement. Malheureusement, encore une fois, la nuit s’annoncerait mouvementé. Il se revoyait avec Fleur, dans une allée longeant des arbres près de leur université par une froide soirée d’hiver. Ils revenaient de la fête foraine pas très loin et Haebin tenait un énorme nounours qu’il avait gagné pour sa belle. Si ça pouvait paraître un bon souvenir en extérieur, c’était pour Haebin le pire de tous, c’était la dernière fois qu’il l’avait vu sourire.
Le Coréen commença à bouger dans ce lit avant de se réveiller en sursaut avant de voir son visage terrorisé. Un frisson parcouru son corps et il se frotta le visage un instant avant de se remettre à l’aise sous la couverture. Il n’était que quatre heures du matin, il fallait qu’il dorme encore un peu. Il avait bien mit trente minutes à se calmer avant de sombrer de nouveau dans les bras de Morphée. Aux alentours de sept heures, il ouvrit les yeux d’un coup. Non, ce n’était pas un énième cauchemar, mais plus quelque chose de déstabilisant. Rapidement, il se rendit dans la petite salle de bain pour se mettre de l’eau glacée sur le visage.

A peine dit qu’il se remouilla le visage encore une fois.
Mais qu’est ce qui lui était arrivé pour qu’il en arrive à rêver qu’il embrassait le fantôme. Ok, elle trainait tout le temps dans ses pattes et il avait un petit picotement quand elle n’était pas là ! C’était juste parce qu’il était habitué à sa présence, rien d’autre.

Oui, remettre la faute sur l’alcool de la veille…

Je souris légèrement à la remarque d'Haebin. Tout comme moi, il pensait qu'apprendre une langue étrangère était bien mais, pas vraiment pour passer le temps en cette soirée. Du coup, j'avais décidé de visiter les monuments qui devraient être déserte à cette période de la journée. Après tout, qui pourrait-on trouver dans un musée en pleine nuit, mise à part le gardien. D'ailleurs, je devrais faire attention de ne pas effrayer ceux qui pouvaient se trouver sur mon chemin. En même temps, ce n'était pas comme si j'avais pris l'habitude de faire ça lorsque je hantais les lieux fréquentés et même ceux qui étaient peu fréquentés. La discrétion était devenue ma plus grande qualité, mais peut-être aussi mon plus grand défaut. Il était vrai que peu de personnes appréciaient quand je me faufilais derrière eux ou bien encore apparaissais devant eux. Même si c'était ma principale activité, j'avais appris à faire sans parfois.

Je me re-concentrais ensuite sur le groupe qui jouait toujours sur scène, puis sur les discussions qui m'entouraient. La soirée défilait incroyablement rapidement, trop rapidement sans doute. Je n'avais pas envie que la soirée, que ce moment se termine. Je me sentais particulièrement bien, alors c'était compréhensible, je ne voulais pas me retrouver seule à errer. Cela faisait deux ans que je n'avais pas ressenti ça. Ce manque que je pouvais ressentir peu de temps après ma mort. Ce sentiment qui te rappelle encore et encore que tu n'es plus vivante. Je détestais ce dernier et je m'étonnais de le ressentir aussi intensément aujourd'hui encore. Je suivis Haebin, silencieuse, jusqu'à l'entrée de l'hôtel. « Bonne nuit alors. » Déclarais-je dans un souffle avec un faible sourire. Je me contentais de disparaître à la vue de tous, immobile et attendant que mon compagnon de route referme la porte derrière lui.

Je marchais tranquillement et silencieuse dans les rues complètement désertes de la petite ville. Pour la première fois depuis le début de notre petit voyage, je ne sentais pas pleine de vie. J'étais comme vidée de mes forces. Ce n'était pas vraiment étonnant, j'étais restée visible à Haebin toute la journée, ou presque. Cela dit, j'avais l'impression qu'il s'agissait d'autre chose, comme si mon énergie avait été drainée. Je marchais tout de même, puis traversais la porte du musée. Je me contentais de flâner, le regard vide, dans le bâtiment. Je ne prêtais que peu d'attention à ce qui se trouvait autour de moi. Je m'arrêtais nette, me trouvais un mur et me laissais tomber contre celui-ci. Pendant un instant, je me demandais Haebin dormait bien? Une question à laquelle je trouverais certainement une réponse lorsque le soleil aurait montré le bout de son nez. Je soupirais, me mis en boule avant de fermer les yeux. La tête posée sur mes genoux, j'attendis patiemment que le temps passe. C'était la seule chose que je pouvais, enfin voulais faire. Après tout, il me restait encore plusieurs heures avant que Haebin ne quitte tranquillement les bras de Morphée.

Plusieurs heures passèrent, je me décidais enfin de me lever, lourdement, comme si j'avais un poids sur les épaules qui m'empêchaient de me lever avec souplesse. Je commençais une fois de plus à errer, sortant du bâtiment pour me balader une fois encore dans les rues sombres de la ville. Je restais silencieuse un moment avant qu'une douce mélodie ne s'échappe de ma gorge. Je fredonnais, chantais comme j'avais l'habitude de le faire autrefois. Je pouvais en profiter, il était certain que personne ne puisse m'entendre. J'errais telle un véritable fantôme dans une ville qui m'était inconnu. Un fantôme hautain, sans joie de vivre. Un fantôme qui ne me ressemblait pas du tout et qui était opposé à celui que j'étais la veille. Je continuais de marcher et me laissais finalement tomber devant la porte de l'hôtel d'Haebin. Je repris la même position que plus tôt au musée, silencieuse. Immobile, j'attendis, les yeux fermés comme si je voulais m'endormir.

Je me relevais brusquement lorsqu'une personne ouvrit la porte qui me traversa au passage. Le soleil était présent, le ciel dégagé. Haebin était sans doute réveillé. Un léger sourire se dessinait sur mon visage. Je traversais sans hésiter le mur, je renseignais rapidement et m'élançais sans réfléchir jusqu'à la chambre d'Haebin. Je me stoppais nette devant la porte. Et s'il dormait encore? Je ne devais pas l'embêter... Je m'installais à côté de celle-ci, debout en tentant de rester immobile, ce qui me demandait un effort surhumain. Je faisais des petits sauts sur place, attendant avec impatience que mon ami se réveil. Je jetais un coup d'oeil autour de moi avant de m'accroupir et de reprendre la douce mélodie que je chantais plus tôt dans la soirée.

Haebin était loin de penser que sa nuit allait le marquer à ce point-là. S’il se doutait qu’il allait faire un cauchemar, il ne se doutait pas que le petit fantôme serait dans un de ses rêves, elle aussi.

Rêver de Fleur était toujours difficile pour lui, car même avant de savoir qu’il était responsable de sa mort, il faisait des cauchemars sur la façon dont elle mourrait. Ça avait commencé dès le lendemain de sa disparition, alors que rien à ce moment-là ne disait qu’elle était morte. En y repensant, il se disait que son subconscient avait peut-être voulu le préparer à l’annonce de sa mort.
Depuis qu’il était conscient de lui avoir ôté la vie, il rêvait toujours de cette dernière soirée avec elle. Haebin considérait ce souvenir comme étant le plus douloureux qu’il pouvait avoir. Se dire que la veille de son meurtre, on lui offrait un nounours. Il en avait vomi les premières fois.
Et dans ces rêves là uniquement, il avait des sensations si fortes. L’animateur avait l’impression de pouvoir la toucher une dernière fois, de sentir son parfum très Frenchie comme il disait. Si au début de sa phase de sommeil, il souriait, ce n’était plus le cas quand il voyait son visage terrorisé, sachant très bien que c’était la fin et qu’il n’y avait aucune échappatoire !

Par chance, cette nuit-là, il avait réussi à se réveiller juste avant. Le Coréen avait eu du mal à se rendormir, mais pour une fois, il pourrait retrouver les bras de Morphée. Une véritable chance !
Mais la tourmente continua, cette fois, c’était plus frustrant. Il s’était retrouvé avec l’Anglaise dans un coin tranquille où Haebin sirotait un café face à l’Océan et il l’avait embrassé. A cette vision, il avait ouvert grand les yeux. Il était choqué d’avoir pu rêver de ça.
De un c’était impossible, et de deux elle était bien trop jeune pour lui et de trois, elle avait surement rien à foutre d’un Coréen ! Oui, Haebin avait de très bonne raison, et elle resterait encrée solidement dans sa tête durant tout leur voyage. Avoir des idées du genre était bien trop dangereux !
Ni une ni deux, il était allé se mouiller le visage plusieurs fois, histoire de reconnecter le peu de neurones qu’il avait.

Le jeune homme s’habilla tout en essayant de se sortir de la tête ce rêve étrange dont il avait été victime. Il avait même faillit se prendre la petite table dans la hanches à faire les 100 pas dans la chambre. Clairement, il était perturbé. Il fallait qu’il se ressaisisse avant de voir la fantômette où il était fichu. Fermant enfin son jean, il poussa un long soupire laissant sa tête partir en avant. Il avait une moue adorable sur le visage, on aurait presque dit un enfant.
L’animateur jeta un coup d’œil à sa montre, sept heures trente, bon il avait dormit environs cinq/six heures ! Ca suffirait pour la journée. Il ferma son sac de voyage et l’attrapa pour sortir. A peine la porte ouverte, il sentit une présence. Difficile d’expliquer ce que c’était, mais c’était son instinct animal qui réagissait. Ça devait sûrement être Zéplynne invisible.

Haebin avait limité l’impression d’être bon à enfermer avec cette phrase. Et si elle n’était pas là ? Non, elle était là, il était sûr. Il avait plus ce petit picotement aussi… C’était étrange comme sensation, quand elle était là, ça allait quand elle n’était pas là, il avait l’impression qu’il manquait quelque chose et que son corps lui faisait remarquer en piquottant au niveau du ventre.

Tu te rends compte que tu parles à du vide pour le moment.
Le Coréen priait juste pour que personne ne sorte d’une chambre. La honte qu’il aurait si jamais ça arrivait.

J'avais passé une nuit silencieuse, bien trop silencieuse. Cela ne me ressemblait absolument pas. Seul quelque parole m'avait échappé dans le courant de la nuit. Une douce mélodie que j'affectionnais de mon vivant et que j'avais l'habitude de chanter lorsque je me sentais seule. Seule. Ce sentiment de solitude m'était inconnue depuis ma mort, enfin c'était ce que je pensais. En deux ans, je n'avais jamais ressentis ce vide, ce pincement, comme si mon coeur s'arrêtait de battre. Un sentiment des plus étranges pour une personne qui ne faisait plus partie du monde des vivants. Je m'étais demandée à de nombreuses reprises durant la nuit, pourquoi je me sentais ainsi, vide de toute énergie, de tous sentiments. Je n'avais jamais ressentis cela et je ne me serais jamais crus capable d'être aussi calme. Le silence et le calme de la nuit m'avait contaminé. Le plus étrange était que ce sentiment avait débuté dès lors que je fus forcée d'abandonner mon compagnon de route pour la route. Je m'étais contentée d'errer dans la ville déserte. Pour une fois depuis fort longtemps j'agissais comme un véritable fantôme. Un fantôme qui n'avait aucune raison de sourire, le regard vide.

La nuit avait peu à peu laisser place à la lueur du soleil et dès que cela avait été le cas, je m'étais instinctivement retrouvée devant l'hôtel dans lequel Haebin avait passé la nuit. Immédiatement, ma joie de vivre m'était revenue. J'avais la sensation qu'un poids c'était retiré de mon être. Une sensation des plus étranges sur laquelle je ne m'attardais que très peu. Ce sentiment n'avait que peu d'importance pour moi, tout ce qui comptait était de retrouver mon compagnon de route et continuer notre petit voyage, le tout le sourire aux lèvres. J'avais tout d'abord attendu quelques instants à la porte de l'hôtel jusqu'à ce qu'une personne me traverse en ouvrant la porte du bâtiment. Je m'étais relevée en toute vitesse pour finalement m'élancer dans ce dernier.

J'étais impatiente de retrouver mon ami, mais finalement, je me contentais de rester immobile devant la porte de sa chambre. Accroupis, chantant la mélodie que j'avais chanté quelques heures auparavant. Je n'eus pas le temps de terminer ma mélodie que la porte à côté de moi s'ouvrit. Je me relevais nette prête à de nouveau devenir visible aux yeux d'Haebin. Je m'arrêtais dans mon élan, surprise de l'interrogation de ce dernier. Casper? C'était moi de toute évidence, mais comment savait-il que j'étais là? Je n'étais pas encore visible et il ne pouvait pas m'entendre lorsque c'était le cas. Alors, comment? Je mis mes interrogations de côtés le temps d'apparaître à ce dernier et l'écouter m'exposer ses actions futurs. « Comment savais-tu que j'étais là? » Demandais-je curieuse.

Enfin bref, généralement lorsqu'on voyait une personne comme ça, le matin, on commençait par une phrase des plus simples. « Bonjour au fait. » Déclarais-je avec un grand sourire aux lèvres. « Tu as passé une bonne nuit? Tu as bien dormis? » Enchaînais-je rapidement, curieuse.

Haebin avait soupiré en se regardant dans le miroir de la petite salle de bain de sa chambre d’hôtel. Mais pourquoi, pourquoi avait-il rêvé de ce genre de chose ? De toute façon, ce n’était pas possible alors il ne comprenait pas pourquoi son subconscient imaginait ça. Ok, ça devait être parce qu’il en avait envie sûrement. Cette idée refusa de faire plus de chemin dans son cerveau alors qu’il s’habilla pour enfin sortir.
A peine la porte ouverte, il n’avait su comment l’expliquer mais il avait senti une présence. En ce moment ses dons de loup-garous avaient tendance à s’améliorer. Haebin était incapable d’expliquer d’où ça venait mais ses comme si son cerveau lui disait « tu n’es pas seul ». Ce fût d’ailleurs pour cette raison qu’il interpella le petit fantôme. La demoiselle fût autant choqué et lui demanda directement comment il avait fait.

Oui, de vieilles croyances disant que certains plus sensibles que les autres ressentait plus de choses. Il savait qu’il en faisait partie mais ce don-là ne s’était jamais manifestait avant. En parlant de manifestation, depuis qu’elle était là, ses picotements avaient disparu et il devait avouer qu’il était plutôt soulagé.

«Ni une ni deux, il descendit à l’accueil pour régler la note et sortit pour se retrouver de nouveau avec un fantôme visible. Aujourd’hui, la journée serait aussi longue… Ils iraient à Bâton-rouge, ce n’était pas très loin d’ici, juste à une heure en voiture.

A peine retourner à l’office du tourisme pour retrouver sa belle voiture, le Coréen y déposa sa valise et se rendit au café juste à côté pour prendre un graaaaaaand café bien serré. Il s’installa au volant de sa voiture. Il s’étira quelques instants avant d’adresser un sourire à son amie. Il avait envie de lui ébouriffer les cheveux mais il ne pouvait pas. Il devait avouer qu’il se sentait frustré…
Il serra le poing contre le volant avant de boire une gorgé de son café et démarrer sa voiture. Il s’arrêterait surement au milieu du chemin dans une ville entre Mandeville et Bâton-rouge. Oui, ça leur ferait du bien de s’arrêter dans un petit village pour visiter les alentours.

Il serra son volant, non il ne pouvait pas évoquer le rêve de la veille…Autant se reprendre.

Excuse foireuse quand tu nous tiens….

Accroupis à côté de la porte de la chambre d'Haebin, je chantais une douce mélodie. Je me trouvais particulièrement étrange. Pourquoi je me sentais si vide? Pourquoi avais-je cette sensation d'être drainée de toute énergie? C'était assez bizarre lorsqu'on prenait en compte le fait que d'ordinaire j'étais un petit fantôme débordante de vie. Mon caractère était complètement à l'opposer des autres esprits, mais en ce moment et durant la soirée qui venait de se terminer. Je ne savais même pas pourquoi je me sentais ainsi et encore moins pourquoi je m'étais sentis comme telle après que je me sois séparée de mon compagnon de route. Je m'étais juste contentée d'errer dans les rues dans la ville comme l'aurait fait n'importe quel fantôme avant de rejoindre l'hôtel où séjournait mon ami.

Ma mélodie n'était pas encore achevée que Haebin sortit finalement de sa chambre pour rapidement sentir ma présence. Je fus d'ailleurs surprise qu'il sente ainsi ma présence, mais son explication tenait la route. Cela venait de ses sens affûtés de loup apparemment. Je le croyais, après tout, je n'avais aucune raison de douter et puis, je ne connaissais pas assez les loup-garou pour m'opposer à cette explication. Je me contentais donc d'acquiescer sa réponse à ma question tout en faisant en sorte d'être bien visible à ses côtés. « Peut-être parce que je suis le seul fantôme qui te colle.... » Me contentais-je de supposer. C'était sans doute la seule explication qui démontrait pourquoi il n'avait jamais ressentis cela avant. Il régnait ma présence et maintenant qu'il savait qu'un fantôme le suit, il n'y avait pas vraiment de surprise sur ce point-là.

Enfin, cela mis à part, je saluais et demandais à mon ami s'il avait passé une agréable nuit. Je me sentais assez curieuse à ce sujet et j'espérais que la réponse soit positive. J'espérais que le matelas était confortable et que les chambres étaient bien insonorisées. Je m'inquiétais comme une personne des plus normales envers un ami qui venait de dormir... Enfin, peut-être un peu plus. « Des rêves étranges? » Relevais-je curieuse, une fois de plus. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas dormis, pas rêvée que ce concept me semblait à présent totalement inconnu. « Oui, j'ai passé une nuit... Calme. » Enchaînais-je pour répondre à sa question sur la nuit que j'avais pu passer. Calme était, en effet, le meilleur adjectif pour qualifier la soirée que j'avais passé dans les rues de la petite ville, puis dans le musée.

Sourire aux lèvres et de nouveau pleine de vie, je m'élançais derrière Haebin qui descendit à l'accueil pour payer sa chambre et sortit rapidement du bâtiment. Je le suivis, silencieuse en écoutant attentivement les projets d'Haebin pour le reste de notre voyage. Mon sourire s'élargissait. Haebin était vraiment un excellent guide pour notre petit voyage. Depuis le début de ce dernier, je n'avais jamais perdu ma joie de vivre et mon sourire... Enfin, juste une fois, lorsque j'avais été séparée de mon compagnon de route pendant la nuit. C'était d'ailleurs assez étrange et je ne pouvais pas m'empêcher de me demander pourquoi j'avais été comme ça.

Je m'installais dans la voiture, attendant avec impatience qu'Haebin revienne avec son café à la main. Je lui retournais son sourire. « Oui? » Demandais-je lorsqu'il commençait à me parler. De quoi pouvait-il bien me parler? J'étais assez curieuse, une fois encore. Je fus également étonner de le voir serrer son volant d'une bonne poigne. C'était si dur de me parler? Il semblerait que non, cela dit, je ne compris pas vraiment sa réaction pour simplement me parler d'une librairie et des fameux livres d'apprentissages dont nous avions pu parler la veille dans le café. « D'accord... » Répondis-je quelque peu pensive avant d'enchaîner rapidement. « Quelque chose ne va pas Haebin ? » Demandais-je curieuse, un peu comme si je sentais que quelque chose n'allait pas...

Haebin était clairement perturbé par cette nouvelle manifestation de don. S’il commençait à sentir la présence des esprits, il s’enfermerait chez lui sans plus jamais en sortir. Il se disait qu’il n’avait jamais ressenti ça avant car son subconscient ne croyait pas aux fantômes ? Thèse à voir avec le pro du surnaturel : Philip. Limite si le jeune homme n’était pas aussi choqué que sa copine de voyage. C’est que ce petit plus allait être pratique pour qu’il puisse la repérer !
Le jeune homme rigola doucement à la remarque de son ami. Peut-être que ça avait aidé à ce que ce don se manifeste ? Peut-être. Haebin ne savait absolument pas comment ça fonctionner ni même si ça marchait pour d’autres fantômes. Bref, bien trop de questions en tête.

C’est qu’il ne lui en fallait pas beaucoup quelque fois pour être perturbé par quelque chose. Il s’était habitué à ce qu’elle traine dans ses pattes tout comme Sora. Et il devait avouer que si elle disparaissait un moment, il le vivrait plutôt mal. Mais bon elle avait d’autres trucs à faire sûrement et lui ne pouvait pas être avec elle tout le temps. Bordel, pourquoi cette idée lui avait traversé la tête.
Mince, l’animateur avait éveillé la curiosité du fantôme en parlant de rêves bizarres. Bon en fait, il en avait fait qu’un d’étrange… Avec elle, et il se voyait pas tellement aborder le sujet.

Oui, puis se le dire à haute voix aussi ça aide à passer à autre chose. Zéplynne avait passé une nuit calme ? Etrange, la connaissant, elle aurait sûrement visité un tas de truc, fini devant un télé quelque part. Bref, il ne pensait vraiment pas que cette nuit aurait été calme.
Mais voilà, Haebin partit au quart de tours payer sa chambre d’hôtel et acheter un grand café pour survire à la journée. Mais voilà que son con de subconscient commença à le faire parler dans le but d’évoquer le rêve de la veille et que son cerveau c’était vite repris en sortant une phrase ridicule. Nan mais la crédibilité du Coréen venait de s’effondrer lamentablement. Ca faisait tellement pas naturel, puis ça manière de faire. Trop grillé… La remarque de Plùme le fit sursauter. Il aurait presque oublié qu’elle le connaissait bien à force de l’avoir observé.
Le jeune homme se mordit l’intérieur de la joue tout en souriant du mieux qu’il put. Déstabilisé, pas du tout ! Enfin si beaucoup…

Comment se rassurer en une leçon ! Haebin devait avouer que ce rêve l’avait touché et le travaillait encore.
D’un autre côté, à cette réflexion-là, il avait dû inquiéter la demoiselle près de lui. Sur la petite route tranquille, Haebin reprit une gorgé de sa boisson avant de lâcher un soupire d’aise. Accro au café, il ne pouvait pas commence une bonne journée sans en boire. Et il savait aussi qu’il avait besoin de ça pour tenir le coup. Il devait aussi avouer que contre toute attente, ça avait tendance à le calmer et là, il en avait grandement besoin.
Il sentit cependant qu’un malaise prenait peu à peu place. Il décida de s’arrêter sur un côté quelques instants. Il pourrait boire tranquille et rassurer le petit fantôme à ses côtés.

Pour une fois que ses cauchemars pouvait le sortir d’un pépin. Il en parlait presque naturellement, mais à force d’en faire, c’était presque habituel pour lui.
Le jeune homme avala une nouvelle gorgé avant de sourire à la fantômette. Peut-être que ça n’éveillerai pas de soupçons sur la vraie raison qui le perturbait.

Je souriais à sa réflexion. Je me doutais grandement que se dire qu'un groupe de fantômes le suivant comme je pouvais le faire ne l'enchanterait pas vraiment. Cela dit, j'étais certaine d'être la seule à le vivre. D'ailleurs, peu de fantômes et ce n'est aucun ne suivait un être vivant pendant autant de temps. Enfin, pour ma défense, j'avais une fâcheuse tendance à m'attacher facilement aux vivants. La preuve étant que peu de mes connaissances étaient des esprits. Malgré tout, il était vrai que je collais plus facilement à Haebin qu'aux autres ce qui en soit était assez étrange. Cela faisait quelques temps déjà que je me demandais pourquoi je m'attachais autant à Haebin... Était-ce vraiment dans le but qu'il reconnaisse mon existence? Et même si c'était le cas, pourquoi en faire autant? Honnêtement, toutes ces raisons m'échappaient. Je savais juste que je retrouvais une certaine joie de vivre à ses côtés. « Ne t'en fais pas je peux t'assurer que je suis belle et bien le seul esprit à te coller. » Me contentais-je finalement de répondre avant qu'il ne se rendre à accueil, règle sa note et partit à la recherche d'un grand café.

Pendant ce temps, je m'étais installée dans la voiture comme pour la veille. Cette fois-ci, je m'installais sans attendre et sans réfléchir. Après tout, à présent je savais que je n'allais pas rester sur place tendis que la voiture aurait commencé à avancer. J'attendis mon compagnon de route impatiente et silencieuse. J'avais particulièrement hâte de continuer notre petit voyage. Hélas, cette fois laissa rapidement place à une inquiétude qui pouvait facilement se lire dans mon regard. Haebin n'avait pas l'air au plus haut de sa forme, alors je m'inquiétais pour lui. Avait-il réellement passé une bonne nuit? Ses rêves avaient-ils été plus qu'étrange? Je me posais d'innombrable questions et j'avais cette mauvaise impression que mon ami tentait de me cacher quelques choses. Le regard inquiet et insistant, je regardais Haebin tendis qu'il me répondit et commençait à prendre la route. « Je croyais que c'était juste des rêves étranges? » Soufflais-je. C'était ce qu'il m'avait dit, alors pourquoi cela semblait le tracasser autant, je ne comprenais vraiment pas.

Je me tournais, dos à la portière dans l'espoir de desseller la source du problème sur le visage d'Haebin. De toute évidence, il sentit rapidement mon inquiétude et s'arrêta sur le bas côté. Je fus surprise par son choix. S'il s'arrêtait c'était qu'il devait s'agir de quelque chose d'assez grave, non? Je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter et je sentais que ça n'allait pas vraiment avec le fait que je tentais de rester visible aux yeux de mon compagnon de route. Et puis, ce n'était pas juste en me disant de ne pas m'inquiéter que j'allais m'exécuter, bien au contraire... Néanmoins, son explication me suffit à me rassurer quelque peu. C'était donc ça les rêves étranges qu'il avait fait.. Du coup, je comprenais sa réaction et son attitude. Faire face à Fleur dans ses rêves ne devaient pas être facile, enfin c'était ce que je pouvais en déduire et encore moins lorsqu'il en faisait plusieurs dans une même nuit... une fois de plus, je ne pouvais que le supposer, car il avait bien parlé de plusieurs rêves...

Je soupirais légèrement, étrangement soulagée. « Je comprends. » Me contentais-je de répondre en m'installant de façon à faire de nouveau face à la route. Je retrouvais le silence qui semblait mettre bien trop familier depuis quelque temps, mais je supposais qu'Haebin n'avait pas vraiment envie de parler de ça et encore moins avec un fantôme. De plus, je ne savais pas vraiment comment l'aider à passer ce moment et je doutais fortement qu'évoquer ma rencontre avec la personne concerner dans l'au-delà faciliterait la discussion.

Fixant mes mains posées sur mes genoux, je ne savais pas quoi ajouter pour aider Haebin. Peut-être que mon silence l'aiderait à se vider l'esprit et ainsi ne plus penser à ces rêves... De plus, pour une raison inconnue, je me sentais incapable d'en dire plus.

Haebin devait avouer qu’il était rassuré de savoir que Zéplynne était le seul fantôme à le hanter. E, avoir plusieurs sur le dos risquait d’être compliqué à gérer surtout s’il était aussi présent que la demoiselle à ses côtés. Non pas qu’il était déranger par sa présence régulier, c’était plutôt qu’il ne voulait pas que ce soit quelqu’un d’autre qui fasse intrusion dans sa vie.

A sa phrase, le Coréen se mit à rougir. C’était peut-être pour cette raison qu’il avait rapidement fuit à l’accueil. Bordel, ce foutu rêve l’avait VRAIMENT perturbé au point qu’il dise des conneries toutes banales et qu’il se mette à rougir comme s’il avait fait une demande en mariage. Ok, sa phrase était un peu étrange mais bon, il pourrait dire qu’il n’avait pas tellement d’affinité avec ce monde-là et qu’il ne voulait pas avoir plus qu’elle comme esprit ? Avec le tact dont il savait faire preuve, sa risquait plus de donner un truc affreux, autant ne pas tenter…
Rapidement, ils avaient pris route pour rejoindre Bâton-Rouge. Ils n’en avaient pas pour très longtemps, mais plus ils arriveraient tôt, plus ils pourraient faire de choses ! Après tout leur vacance était du genre : un jour une ou deux villes. Haebin était du genre à adorer faire un tas de trucs dans la journée, ça lui permettait d’évacuer tout ce qu’il pouvait garder en lui. Mais voilà qu’il devenait bizarre et que Casper s’en rendait compte. Il aurait bien voulu éviter le sujet mais il sentait l’inquiétude de la demoiselle l’envahir. A tel point qu’il avait sursauté pour pas grand-chose et avait préféré ce garer histoire d’éviter l’accident.

Il avait annonçait que la cause de cet état était le fait d’avoir rêvé de Fleur. En temps normal, ça l’aurait perturbé mais pas autant qu’embrasser un fantôme. Haebin avait presque l’impression d’être bon à internet avec ce genre de rêve. Nan mais s’il devenait fou si jeune, ça donnerait quoi dans quelques années ?!
Le petit bout de femme avait quand même l’air touché par le fait qu’il soit plutôt inquiétant ce matin. Il trouvait ça adorable de sa part. A peine la « conversation » terminée, il avala la fin de son café et repris la route après s’être étiré. Le silence dans la voiture le mit un peu mal à l’aise, il avait l’impression de devoir se confesser. Ah Sora et ses techniques psychologiques pour qu’il vide son sac, à croire que Plùme avait lu le même type de livres, ou alors, elle était tout simplement vraiment inquiète pour lui. Le Coréen refusa de croire à cette idée, ils n’étaient pas assez proches, ou il ne se l’avouait tout simplement pas.

Oui parce qu’aussi gros que toi n’était clairement pas la meilleure des choses qu’il lui avait sorti, mais elle l’aimait comme ça. Il sourit faiblement se concentrant sur la route, tant qu’il rêvait juste de ce jour-là, tout allez bien…

Sa réaction le fit rigoler un peu plus. Il avait juste l’impression de passer pour le grand-frère de services. Mais clairement, il n’était pas doué pour ça, il avait tendance à être un peu trop solitaire et les vacances avec lui pouvaient s’avérer être un calvaire.

Le silence qui suivit mes paroles semblaient se prolonger. Une situation qui avait d'ordinaire tendance à très vite m'agacer, mais là, en ce moment présent je le trouvais étrangement apaisant. J'avais l'impression qu'il tombait pile au bon moment. Mon enthousiasme et ma joie de vivre m'avaient une fois de plus quitté. Comme quoi, le séjour allait peut-être être plus calme que ce que j'avais pensé au départ. A l'instar de notre premier jour, je regardais paisiblement le paysage qui défilait à travers la vitre qui se trouvait à mes côtés. J'étais de temps à autre tenté de tendre le bras pour sentir la douce brise sur ma peaux, mais hélas ce n'était plus quelque chose que je pouvais faire. J'y renonçais rapidement, me contenant de regarder l'extérieur, le regard figer sur un point fixe. Je n'avais pas la force de m'extirper de ce silence qui régnait dans la voiture et je n'arrivais encore moins à retirer l'inquiétude qui siégeait sur mon visage. J'étais comme ça. Ma curiosité et mon sens de l'observation pouvait souvent m'amener à m'inquiéter pour les autres plus que je ne devrais. C'était un peu comme lorsque j'avais dû laisser mes proches, ne plus les hanter pour leur permettre d'avoir une vie plus normal que possible. J'avais eu du mal à retirer ce poids, cette inquiétude qui avait élu domicile dans mon estomac.

Je sursautais légèrement lorsque qu'Haebin m'extirpa de mes pensées et brisa le silence. Il avait sans doute le trouver trop pesant pour le briser ainsi. Je tournais mon regard vers mon compagnon de route pour l'écouter avec toute mon attention. Il m'explica la raison pour laquelle il détestait rêver de la défunte Fleur. Je me demandais d'ailleurs ce qu'il l'avait amené à me faire cette confession. Je n'avais absolument rien contre le faite qu'il me parle de son passé, mais pourquoi maintenant? Avait-il trouvé le silence aussi insupportable que cela? Honnêtement, je n'en avais aucune idée et je ne voulais pas l'obliger en plus à me révéler cette dernière.

Un faible rire et un sourire associé m'échappait en écoutant la petite histoire d'Haebin. « C'était en effet, peut-être pas la meilleure façon de lui offrir. » Me contentais-je d'ajouter. N'importe quelles filles auraient pu mal le prendre, mais de toute évidence Fleur devait bien le connaître ou bien beaucoup l'aimer pour mettre cette réflexion à propos de son poids de côté. Enfin... Je ne savais pas vraiment si mon avis sur le sujet était des plus appropriés étant donné la situation, mais ce dernier m'échappait bien trop souvent à mon goût. J'étais sans doute trop franche et il m'arrivait souvent de parler avant de penser ce qui pouvait être un problème.

Je plantais une fois encore mon regard dans la route en face de moi lorsque Haebin me demanda ce que souhaitait faire de mes vacances... Je voulais en premier lieu sortir de la Nouvelle-Orléans, voir du pays et de nouveaux paysages, mais pour ce qui est du reste je n'avais pas d'idées fixes à soumettre à mon compagnon de route. Je relevais tout de même le reste de son interrogation. « Ne t'en fais pas, ça me plait aussi. » Répondis-je en toute honnêteté. C'était vrai, je ne m'étais jamais ennuyée depuis le début de notre séjour et j'avais adoré les activités proposées à Haebin. En même temps, je ne pouvais pas refuser lorsqu'il s'agissait de musiques et de beaux paysages. Je me mis néanmoins à la réflexion de mes envies. Qu'avais-je envie de faire? Je réfléchissais paisiblement à la question.

Haebin détestait les silences. Il avait assez vécu avec sa solitude pour avoir du silence pour plusieurs vies. En plus il avait juste l’impression d’avoir jeté un froid alors qu’il ne voulait pas ça. Il ne voulait simplement ne pas évoquer le rêve étrange qu’il avait fait entre lui et la demoiselle à ses côtés. Ça pouvait paraître normal…
Le petit fantôme n’avait pas tellement l’air prête à le briser alors il se lança en parlant de son premier rêve. Il ne savait absolument pas pourquoi il revivait cette scène indéfiniment mais il fallait croire que c’était sa punition. D’un autre côté, c’était aussi son plus beau souvenir, plus foireux aussi… Parce que sa manière de lui offrir le nounours était plutôt particulière. Ce jour-là, il se rappelait avoir profité de sa force pour gagner un des meilleurs prix du stand. Ben quoi, il devait bien y avoir un avantage à être un loup-garou !

Haebin rigola doucement en entendant la remarque de Zéplynne. Elle n’avait pas tort et lui aurait dû tourner une centaine de fois sa langue dans sa bouche pour ne pas sortir une atrocité pareil. N’importe qu’elle autre fille l’aurait sûrement giflé, mais la défunte n’avait rien fait, juste prit un air totalement outrée.

Car oui, sous ses airs de beaux parleurs, il y avait du travail. Avant, limite s’il ne disait pas : « T’es sexy, t’as un beau cul, on baise ? » … Chance pour lui d’avoir croisé la route d’une Française !
L’animateur décida aussi que le voyage ne devait pas se faire dans le silence, il reprit alors la parole pour demander à Plùme si le voyage lui convenait aussi. Haebin avait tendance à programmer les choses sans vraiment lui demander son avis.  Chance pour lui, elle s’amusait avec tout ce qu’il lui faisait faire. Pas comme si il avait besoin de faire beaucoup de choses pour s’occuper la tête. Il avait réussi à remonter la pente comme ça de toute façon. Ne pas laisser une seconde de répits à son cerveau c’était bien son truc.

Pour une fois qu’il pouvait se montrer docile, à l’inverse de quand il était avec d’autres personnes comme Charlotte par exemple. Cette idée le fit clairement sourire. Pour une fois qu’il ne s’énervait pas sans bonne raison ou n’était pas de mauvaise humeur.
Le jeune homme baissa les yeux au niveau de son volant et remarqua qu’il était grand temps de faire de l’essence où ils finiraient coincé sur une route désertique. Il soupira doucement, s’il y a bien un truc qui l’enmerdait avec la voiture, c’était de faire l’essence, ça puait, il sentait l’odeur pendant des heures. Glamour quoi… Finalement pas très loin, il y avait une station avec un petit restaurant. Il savait déjà qu’il allait la payer bien plus chère que ce qu’elle valait à l’heure actuelle mais bon tant pis, pour que le voyage continue, c’était nécessaire.

A peine dix petites minutes après ils étaient repartit. Ou comme vous dire que plus vite il s’éloignait de là mieux son nez se porterait. L’odeur, si elle lui restait trop longtemps dans le nez le rendait malade au point de le faire vomir et il voulait épargner ça à la fantômette. Il priait mentalement pour que la nausée qui arrivait parte aussi vite qu’elle était arrivée.

L'atmosphère se détendait peu à peu dans la voiture ce qui était assez rassurant tout de même. Je m'étais peut-être sans doute trop habituée à ces silences pour venir à les apprécier quelque peu ainsi. Cependant, à ce moment précis, le silence était devenu un peu trop apaisant et je veux soulager que mon compagnon de route le brise ainsi. Nos rires bien que léger pour le mien semblait faire disparaître les tensions qui se créaient peu à peu. Je souriais à la remarque d'Haebin sur la situation qu'il m'avait exposé un peu plus tôt dans la conversation. Il n'avait pas vraiment les bonnes méthodes pour offrir un cadeau à une fille et il le reconnaissait. Cela dit, Fleur, devait le connaître assez pour reconnaître la maladresse dans les propos d'Haebin et c'était pour cela qu'elle ne l'avait pas mal prit. Je me souvenais d'ailleurs que durant ma rencontre avec cette dernière, elle n'avait pas dit de propos qu'il me laissait penser le contraire.

Un léger pincement au coeur me forçait à changer le fil de mes pensées. D'ailleurs, Haebin m'aida un peu pour cela et dévia la conversation sur notre itinéraire de route en me demandant s'il me plaisait pour le moment. Je n'avais rien à dire de négatif, depuis le début du voyage et durant celui-ci je n'avais cessé de m'amuser. Un sourire était toujours présent sur mes lèvres, enfin... A un seul moment ce dernier c'était effacé et c'était durant la nuit en solitaire que j'avais passé dans la ville déserte et silencieuse. Je ne comprenais d'ailleurs toujours pas pourquoi je m'étais sentis aussi vide d'énergie... En même temps, depuis quelques jours je ne me comportais pas comme d'ordinaire et la raison m'était totalement inconnue...

Un nouveau sourire apparut sur mon visage à la nouvelle réplique de mon camarade de voyage. « D'accord, ne t'en fais pas, si j'ai une idée, je t'en ferais part. » Lançais-je avant de retenir un léger rire. « Cela dit, je ne suis pas confiante... » Commençais-je calmement. « Tu es sûr que tu ne mords pas? » Terminais-je sur un ton amusé et taquine. Étrange... Ma joie de vivre et le sourire qui était constamment sur mes lèvres étaient réapparus aussi rapidement qu'ils avaient pu disparaître. Comme quoi, il en fallait peu pour me faire rire ou sourire. Une blague totalement idiote et peut-être quelque peu déplacé... Que voulez-vous? J'étais comme ça, j'aimais taquiner les êtres avec qui je me sentais à l'aise et de toute évidence Haebin en faisait partie.

Retenant mon rire cristallin, je tentais de reprendre un certain calme lorsque mon ami s'arrêta pour faire le plein d'essence. Je m'attendais à une pause plus longue et je m'apprêtais à sortir prendre l'air. Je me stoppais net et restais fixe sur le siège passager en voyant Haebin s'activer autant pour fuir au plus vite de la station. Je m'installais confortablement au fond du siège avant de le regarder intriguée. J'étais sur le point de lui demander la raison de cette hâte, cependant il me prit de vitesse. J'acquiesçais son explication. « Je comprends, l'odeur n'est pas agréable. » Ajoutais-je avec un léger sourire.

Par peur qu'un nouveau silence puisse prendre place dans la voiture, mais aussi instinctivement, je tendis la main pour atteindre la radio... Je m'arrêtais juste avant de traverser l'objet et déposais mes mains sur mes genoux. La mémoire musculaire n'était pas toujours une bonne chose de toutes évidences... Je lâchais un faible soupire et me tournais légèrement vers Haebin. « Oh faite... Haebin. Je me demandais, pourquoi as-tu choisis d'être animateur radio sur le surnaturel? » Demandais-je curieuse en abandonnant l'idée d'allumer la radio.

Parler de Fleur avec autant de détachement, ça faisait bien des années que ça ne lui était pas arrivé. Il devait avouer qu’avec la demoiselle, il arrivait à en parler sans provoquer une crise de larmes. Peut-être parce qu’elle la connaissait ? Ou peut-être parce qu’elle lui mettait du baume au cœur. Il ne savait pas trop, en tout cas, il était vraiment heureux de passer un petit moment avec elle.
Haebin était du genre à éviter de trop penser à ce qu’il ressentait. Déjà jeune, il avait eu un blocage mais après la mort de Fleur, il s’était totalement refermé sur lui-même. Il avait bien des amis qui le sortaient de sa coquille progressivement, mais ils se heurtaient souvent à son mauvais caractère. Pour le moment avec Plùme, il n’avait rien fait de très méchant.

Etre sûr qu’il ne mordait pas ? Haebin rigola, comment ça, ce n’était pas parce que c’était un loup-garou qu’il était du genre à mâchouiller la chair si facilement. Mais voilà qu’il ne put retenir un :

Comment passer pour un pervers en environs 5 secondes. L’animateur était gêné d’avoir évoqué ce sujet « glissant » avec la demoiselle. Ok, elle n’avait pas seize ans, mais presque et puis elle était trop jeune pour lui et… Tant de raison pour ne pas parler de ça en sa présence. Il se mordit la langue en se disant que la prochaine fois, il tournerait sa langue dans sa bouche d’abord.
Bref, il fut heureux de croiser une station essence pour se changer les idées. Haebin n’avait mis que quelques minutes à faire le plein. Il détestait ce genre d’endroit, alors plus vite il partait mieux il se portait. L’odeur n’était pas agréable et ça, il l’avait fait comprendre à Zéplynne en reprenant la route aussi vite que ce qu’il était arrivé. Sa remarque le fit légèrement sourire, elle avait raison et par chance, elle n’avait pas ses sens développé à cause d’un montre en elle.

Fantômette reprit rapidement la parole, sûrement pour ne pas que le blanc du début du voyage reprenne place. Trop adorable se dit-il avant de réfléchir quelques instants pour lui répondre.

Haebin avait commencé par une petit licence de commerce, mais une fois Fleur morte, il avait mis la tête dans les études pour ne pas avoir une seconde de répit pour y penser. Entre son boulot de serveur et ses études, il avait réussi à ne pas trop y penser.

L’animateur regarda le paysage en conduisant. Sa vie n’avait pas du tout filé comme il le voulait, tout était toujours précipité ou tombait du ciel. Cette réflexion le fit légèrement sourire. Comme quoi, tout ce dont il avait pu rêver n’était jamais arrivé.

Curieux ? Oh oui !

J'avais voulu me montrer taquine, mais sans doute n'aurais-je pas dû. Ma plaisanterie avait fait planer un certain malaise. Je restais quelques instants pensives au sens de sa réplique sans vraiment la comprendre en premier lieu. Pourquoi évoquait-il mon âge? Ah.. Je supposais comprendre les propos de mon ami, mais ne comprenait pas pourquoi il avait été amené à penser à cela... Je me contentais de le fixer, surprise par le sens de ses propos, mais aussi de la façon dont il était arrivé là... Je pouvais apercevoir mon compagnon de route rougir à vue d'oeil avant de finalement s'arrêter à une station essence.

Cette conversation quelque peu gênant oubliée, je m'apprêtais à profiter de cet arrêt pour prendre l'air, mais j'eus tout juste le temps de faire face à ma portière que Haebin était déjà de retour devant le voulant. Je m'étais retournée, intriguée par la vitesse à laquelle Haebin avait pu remplir son réservoir et était remonté dans son véhicule. Il ne voulait pas prendre l'air? Se dégourdir les jambes? Curieuse au plus haut point j'avais l'intention de lui demander les raisons de cette hâte, mais il ne m'en laissa aucunement le temps. Je compris rapidement son choix en expriment à mon tour mes sentiments par rapport aux stations essences avec un léger sourire. L'odeur y était juste abominable. Je me demandais d'ailleurs comment les personnes pouvaient y travailler toute une journée. Je pensais dure comme fer que cela me donnerait la nausée. Maintenant que j'y pensais... L'odeur devait être pire que désagréable pour Haebin, lui qui avait les sens plus développés que moi. J'acquiesçais cette information d'un hochement de la tête.

Instinctivement, par habitude, mais aussi par peur d'un nouveau silence je tendis le bras vers la radio dans l'espoir de mettre un peu de musique. Hélas, mes capacités de fantôme particulièrement limité me rappelèrent que c'était l'action la plus simple que je ne pouvais pas exécuter. Abandonnant toutes chances de toucher l'appareil, je laissais tomber mes mains sur mes genoux et me tournais vers mon ami. Je lui posais mon interrogation. Je me demandais pour quelles raisons il avait choisis de devenir animateur radio spécialisée dans le surnaturel. J'étais, pour une raison inconnue, curieuse de savoir pourquoi il avait fait ce choix et comment il en était arrivé là. J'écoutais avec attention sa réponse, comme un enfant devant un dessin animé. Alors, comme ça, le chemin qu'il avait choisis n'était pas celui qu'il avait suivis. J'esquissais un léger sourire. C'était assez marrant, car au fond j'étais dans la même situation. J'avais prévue tant de choses et me voilà fantôme, morte et enterrée je ne savais où. La vie pouvait parfois être dure. « Pourquoi interprète dans l'armée? » Demandais-je une fois sa réponse posée. Je n'avais jamais été aussi curieuse à propos d'une personne. C'était un peu comme si les questions sortaient sans même que mon cerveau y ai pensé.

Je restais un instant pensive lorsqu'il me demandait si de mon vivant je croyais au surnaturel. Comme chaque enfant, j'avais cru aux monstres sous mon lit, aux dragons et aux sorcières dignes des contes de fée. Je me demandais si en grandissant j'avais perdu cette croyance? J'étais une personne assez réaliste alors, le surnaturel n'entrait pas vraiment dans mon registre de croyance... « On ne peut pas vraiment dire que j'y croyais... » Débutais-je avant de marquer une légère pause tendis qu'une moue pensive se dessinait sur mon visage. « Je trouvais cependant que c'était un domaine assez intéressant et exploité de bien des manières. » Terminais-je. Je n'y croyais peut-être pas, mais cela ne m'empêchait pas d'apprécier la littérature qui s'inspirait du monde qui était à présent le mien. « Et toi? Tu croyais au loup-garou avant d'en devenir un? » Enchaînais-je curieuse.

Haebin s’en voulait d’avoir glissé sur la pente de la perversité en présence de Zéplynne, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Pour lui, les morsures, ça lui rappelait soit sa nuit de souffrance, soit les filles sado-maso avec qui il avait eu une aventure. Et cette fois ci, son cerveau avait décidé de choisir les filles. Mais bordel, pourquoi passé-t-il en sortant ça ? Tant pis, elle connaîtrait un nouveau trait de sa personnalité. Après tout, elle devait le savoir qu’il avait l’esprit mal placé si elle connaissait Fleur et si elle l’observait depuis un moment. Entre les nanas qu’il avait ramenées chez lui et les conversations au taff avec les gars.
En pensant à ça, il eut un petit pincement au cœur. C’était comme si son esprit regrettait ce qu’il avait fait avant. Cette sensation était plutôt étrange, et Haebin tenta de la chasser de son esprit. Il remercia tous les Dieux pour avoir mis une station essence sur sa route, il pourrait reprendre le contrôle…

Rapidement après, la demoiselle reprit la parole pour sûrement ne plus laisser de silence s’installer. Haebin n’avait pas remarqué qu’elle avait voulu allumer la radio, il était concentré sur la route. Ils en arrivèrent à parler du métier du Coréen, il n’avait pas vraiment choisi, il devait avouer. En lus, ça n’avait vraiment aucun rapport avec sa formation initiale ni même son rêve d’adolescent.

Comme s’il allait provoquer la merde entre les soldats américains et coréens, à croire les forces américaines, c’est envisageable qu’un Coréen le fasse. Bref, ils étaient cons.
Ce fut alors au tour du Coréen de poser une question. Ben quoi, il était curieux et le revendiquer. Un sourire se dessina sur ses lèvres en entendant la réponse. C’est vrai que le monde exploitait bien le surnaturel. Il avait envie de savoir si les auteurs de ce genre d’œuvres étaient eux-mêmes des êtres différents où s’ils avaient juste beaucoup d’imagination. Certaines œuvres étaient bien trop renseigner sur la chose…

Haebin remarque un panneau sur la route. Tiens, un Parc national, pour une balade matinale ça pouvait être pas mal. Il décida donc de les suivre. Ça lui ferait du bien de marcher un peu dans la forêt, il avait besoin de se dégourdir les jambes. Quelques instants plus tard, il était garé et sortait de la voiture en lançant un :

Vu ta manière de faire, on sait que tu es à la limite de tuer la première personne que tu vois parce que tu en as marre de la voiture.
Haebin était capricieux, pas patient, alors dès qu’il sentait qu’il allait craquer, il faisait quelque chose qui le détendait. Aujourd’hui c’était crise de voiture et besoin de se balader au milieu de nulle part. Ici, Plùme ne risquait rien, devait pas y avoir beaucoup de randonneur et il faisait assez froid. Parfait ce dit-il avant de prendre route vers le sentier les cacahouètes à la main. Ben quoi, il n’avait pas besoin de se trimbaler sa valise ici, ni son sac, juste son téléphone au cas où et il était prêt.

Un silence pesant et une ambiance qui le semblait tout autant c'était installée dans la voiture. La raison était des plus simples. Une remarque suivit d'une réflexion qui sortit complètement du contexte en laissant derrière elle une légère vague de malaises. Je me demandais comment la conversation avait pu virer ainsi et j'étais d'autant plus surprise du sens des paroles d'Haebin. Pourtant, je le hantais depuis bien longtemps, je devrais connaître une bonne partie de sa personnalité, mais ce n'était pas le cas... En même temps, c'était comme le fait de savoir que c'était un loup-garou. Comment je faisais pour être sans arrêt absente ces nuits-là? C'était fou tout de même... Enfin, mon compagnon de route avait dû sentir la tension qui prenait place et se précipita à la première station essens. Bon, ce n'était sans doute pas l'unique raison, mais elle avait favorisé sa hâte. D'ailleurs, je n'avais même pas eu le temps de sortir que nous avions déjà repris la route. J'avais été surprise, mais compris rapidement ses raisons. L'odeur des stations essens était particulièrement désagréable et avec ses sens décuplés cela devait être pire que pour moi, non?

Je n'avais pas insisté plus que cela et avait enchaîné sur un autre sujet de conversation dans l'espoir de ne plus connaître de silence gênant. J'avais tenté sans réussite la radio avant de poser une question à mon ami. J'étais curieuse après tout, je savais bien que je ne connaissais pas tout sur Haebin et je ne comprenais pas vraiment pourquoi je pouvais être aussi curieuse à son sujet. J'écoutais ses réponses avec la plus grande attention et acquiesçais à chacune d'entre elles.... Alors, comme ça, Haebin voulait devenir interprète? Je n'y aurais jamais pensé, je ne savais pas vraiment pourquoi d'ailleurs. J'avais pensé qu'animateur radio était ce qu'il avait toujours voulu faire, mais de toute évidence je me trompais une fois encore. Je terminais avec un léger sourire lorsque Haebin enchaîna à son tour sur une autre question.

J'étais restée un instant pensive ne sachant pas vraiment quoi répondre. Est-ce que je croyais au surnaturel avant de devenir Casper? Honnêtement, mon temps de réflexion avait été bien long par rapport à la simplicité de ma réponse. J'avais crus aux monstres et aux contes de fée comme chacun enfant, mais en grandissant j'étais devenue un peu plus réaliste. Je ne croyais plus qu'aux choses que je pouvais voir. Cependant, mon point de vue sur la chose avait une fois encore changé. Comment ne pas croire au surnaturel à présent? Je faisais partie intégrante de ce monde, chose que je regrettais... Enfin d'ordinaire, car en ce moment-même je ne savais pas vraiment quoi en penser. Si je n'étais pas devenue un fantôme, aurais-je rencontré Haebin? Une question qui pour une raison inconnus me laissait une boule dans l'estomac. Pourquoi je pensais à tout ça? Je secouais un instant la tête pour effacer toutes ces pensées avant de retourner sa question à mon compagnon de voyage. Étrangement, je n'étais pas du tout surprise de me dire qu'Haebin ne croyait pas en l'existence du surnaturel avant d'avoir dû y faire face. Il avait eu le même comportement envers moi et les fantômes en général. De plus, j'étais dans le même cas que lui. Je n'y croyais pas, mais ça c'était avant. « Ce n'est pas fou, ça n'a pas été facile de te faire croire en l'existence des fantômes. » Répliquais-je avec une moue boudeuse. « S'en était presque vexant. » Enchaînais-je en toute honnêteté. J'avais eu bien dû mal à accomplir la mission que je m'étais donnée et j'avais été profondément vexé l'absence de réaction à ma première apparition devant lui. Il m'avait ignoré...

Quelques minutes plus tard, je me rendis compte que la voiture ralentissait, puis s'arrêta. Oh ! Haebin voulait faire une pause? De toute évidence oui. Je traversais tranquillement la portière et m'étirais longuement avant de me placer aux côtés d'Haebin qui s'était déjà élancé dans le chemin de terre. « Je ne serais peut-être pas là pour te le dire. » Répliquais-je avec un faible sourire. Après tout, si c'était comme la nuit dernière, nous serions séparé et je n'aurais aucunement l'opportunité de le lui dire. A cette idée, la sensation de solitude m'envahissais quelque instant avant de laisser place à une sensation étrange. J'avais des frissons dans la nuque, comme si j'avais l'impression de quelqu'un m'observait ce qui était complètement stupide... Cependant, j'avais été tellement surprise et prise d'un mauvais pressentiment que je ne savais même pas si j'étais encore visible à Haebin.

Zéplynne avait vraiment mis beaucoup de temps à ce que Haebin croit aux fantômes. Même une apparition face à lui n’avait rien changé. Au début, il avait cru que l’alcool ingéré le soir n’avait pas été bien assimilé, et la seconde fois, il avait mis ça sur le dos de la fatigue. Sa vie aussi avait fait qu’il n’avait pas voulu croire aux spectres. L’idée de se retrouver face à Fleur lui avait glacé le sang et avait bloqué son avis par rapport aux fantômes alors qu’il savait très bien que le surnaturel existait. Il était pourtant content d’avoir croisé la route de la fantômette. Il ne savait pas très bien mais il avait besoin de l’avoir dans les pattes alors que d’habitude, il aimait sa solitude.

Aussi têtue que Sora avec ses missions pour qu’il reprenne goût à la vie sans se noyer dans son travail comme il avait eu l’habitude de le faire avant. Elles se ressemblaient sur certains points.

Rapidement après, l’animateur décida de s’arrêter dans un Parc National. Par chance, on pouvait le visiter, alors autant que les deux touristes profitent du ras-le-bol de la voiture qu’avait le plus vieux. Il n’avait pas demandé l’avis de Plùme mais à ce moment-là, il ne pouvait pas faire autre chose que vouloir s’aérer la tête en marchant. A peine garé, il était sorti de la voiture en s’étirant. Oh oui, il avait vraiment besoin de faire une pause.
Et voilà qu’il se plaignait de futures douleur au niveau des jambes, c’est vrai que s’ils marchaient longtemps, il aurait sûrement mal mais bon, c’était le prix de la flemme. S’il avait continué à faire du sport comme avant, il n’aurait jamais eu ce genre de problème. La réponse de la demoiselle lui fit mal. Il ne savait pas pourquoi mais il avait un pincement au ventre à chaque fois qu’il se séparé d’elle et ça n’avait commencé que depuis leur voyage, c’était étrange.

Haebin s’élança sans même remarquer que Zéplynne n’avait pas suivis le mouvement. Il n’avait pas non plus sentit la présence qui avait fait disparaître son amie. A vrai dire, il était occupé à s’aérer la tête à ce moment précis. Puis, il fallait avouer qu’il n’avait pas tellement l’habitude d’être accompagné quand il baladait. Ce fut le silence qui lui fit remarquer qu’il y avait un problème. Le Coréen se retourna et se retrouva face au vide. Heu… Elle était où ?! Il n’avait pourtant pas tellement avancé que ça ? Assez quand même, il ne voyait déjà plus sa voiture. Un frison parcourut son corps : Comment allait-il faire pour la retrouver.
Le coup de chance du matin était-il vraiment un don ou bien juste quelque chose arrivée comme ça ? Il savait bien qu’on disait que les chiens pouvait sentir les morts, mais il n’en était pas vraiment un. La panique l’envahit lentement alors qu’il savait très bien qu’il ne pourrait rien lui arriver. Bon sang… Il allait presque regretter d’être en vacance pour cette raison. La demoiselle lui avait prouvé qu’elle savait se débrouiller, ils se retrouveraient, il en était sûr.

Haebin rebroussa chemin en appelant son amie. Est-ce qu’elle pouvait l’entendre là où elle était ? Et ce qu’elle était de nouveau visible pour lui ?
A son tour, l’animateur se sentit observé. Ce n’était pas la même sensation que quand la demoiselle était près de lui, c’était plus froid, plus bestiale. Et voilà qu’il paniquait en se disant qu’il y avait un tueur en série près à tuer de l’asiatique pour rajouter une victime à son tableau de chasse.

Le temps qui était passé depuis ma première apparition devant Haebin me semblait si lointain. J'avais passé tellement de temps à l'observer dans l'espoir qu'il reconnaisse enfin ma présence que je me demandais à présent pourquoi j'avais fait tout ça et sa remarque sur ma motivation m'amenait d'autant plus de questions. Je lui esquissais un simple sourire en tentant tant bien que mal de répondre à mes interrogations. Quelle avait été cette fameuse motivation? Était-ce une question de fierté ou bien autre chose? Et si c'était le cas? Je secouais faiblement la tête en tentant d'effacer mes nombreuses questions pour lesquelles les possibilités de réponses semblaient se multiplier. Je me demandais même si hanter Haebin n'était tout simplement pas devenue une habitude, un geste instinctif. Hélas, une fois encore, je pouvais me demander, pourquoi? Par simple curiosité, bien plus ou pour avoir une attache de plus dans le monde des vivants? Franchement, je ne savais pas où avoir la tête. Prendre l'air serait une idée, une idée partagée.

Je sentis la voiture ralentir peu à peu avant de s'arrêter totalement. Je fus tout d'abord surprise par cet arrêt, mais mon compagnon de route en expliqua rapidement la cause. Un besoin de ne plus conduire, de marcher. Il enchaîna une réponse à laquelle ma réflexion ne semblait pas lui plaire. Il l'a contra alors, en m'informant qu'il me ferait part de ses douleurs avant que nous nous séparions pour la nuit. C'était un moment qu'étrangement je redoutais. Ce dernier entraînera une fois encore un incroyable sentiment de solitude et de vide en moi, comme la nuit dernière. Une nouvelle émotion à laquelle je devais faire face lorsque j'étais séparée d'Haebin et ce depuis le début de notre petit voyage... Sa provenance m'était inconnue et je n'osais pas vraiment en parler avec le principal concerné.

Inquiète et intriguée par ses interrogations, je tentais de suivre Haebin quand une sensation me pétrifia. Des frissons dans la nuque, l'air glacial et cette incapacité à bouger le moindre muscle. Je me sentais observée, ce qui était ridicule vu ma condition de fantôme, condition que je n'arrivais plus à contrôler. Enfin, c'était dû moins ce que je craignais. Effrayée par cette sensation, je cherchais instinctivement mon ami des yeux en vain. J'étais sans doute restée pétrifiée plus longtemps que je le pensais. C'était donc tremblante que je repris mon chemin à la recherche d'Haebin tendis que je restais invisible aux yeux de tous. Ce sentiment glacial et la peur qu'il provoquait en moi m'empêchait de me concentrer assez pour devenir visible à quiconque.

A chacun de mes pas, je jetais un regard autour de moi avant de finalement m'accroupir sur le côté du chemin. Étrangement frigorifiée, je n'avais plus la force d'avancer. De plus, cela me donnera davantage de chance de trouver Haebin, même si au vu de ma condition l'inverse avait peu de chance d'arriver. Malgré tout, l'importance pour moi à ce moment précis était de retrouver mon ami et me débarrasser de cette sensation qui me pétrifiait. Regardant un instant autour de moi, je priais pour avoir choisis le même chemin qu'Haebin... En fait, je ne savais même plus quel chemin j'avais pris... Un petit sentier sans doute, à cause des multiples arbres qui pouvaient m'entourer.

Je n'étais pas vraiment du genre à céder rapidement à la panique, surtout depuis que j'étais devenue un fantôme. Cependant, à ce moment précis, il me semblait que c'était un excellent moment pour paniquer. J'étais perdue, loin de la Nouvelle-Orléans, loin de toutes choses que je pouvais connaître... Je pouvais dès lors sentir des larmes me monter aux yeux, enfin juste ce que l'on ressent lorsqu'on est sur le point de fondre en larmes. « Haebin... » Soufflais-je avant de me rendre compte des paroles qui m'avaient échappé... Le vide se formait de nouveau en moi. Mais, pourquoi étais-je devenue ainsi?

Zéplynne devait être du genre à ne jamais lâcher l’affaire. Ce style de personnes qui se donnent un objectif quasi irréalisable mais qui finissent pourtant par réussir.
Haebin ne pouvait être qu’admiratif, à sa place, il aurait sûrement tout laissé tomber, il était du genre à ne pas se compliquer la vie. Après tout, il avait fui à chaque fois qu’il avait eu des problèmes. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, il était content de savoir que le fantôme avait insisté et qu’ils s’étaient enfin « officiellement » rencontrée. C’était une bonne chose pour lui que la demoiselle soit entré dans sa vie, il prenait enfin conscience qu’empêcher toute relation n’était pas une bonne chose. Et il devait avouer que ça lui faisait chaud au cœur de voir quelqu’un de si joyeux malgré sa condition.

Peu de temps après, il se gara, clairement : il voulait bruler sa voiture, arracher le cuir des siège et un tas d’autre chose horrible qu’il ne pouvait pas faire à sa Mustang. Pour se détendre, il avait besoin de marché, c’était une sorte de rituel. Certaines personnes pourraient vous dire qu’il faisait aussi ça du temps de la fac quand il avait des notes de merdes à ses partiels de Coréen alors qu’il le parlait couramment.
A peine stationné, il était sorti de la voiture comme une flèche. Comment vous dire qu’il avait vraiment besoin de calme pendant les 20 prochaines minutes. Ni une ni deux, il commença à marcher vers le sentier le plus proche et s’y lança. L’animateur avait mis environs trois/quatre minutes à se rendre compte que Plùme n’était plus là. Il s’arrêta pour rebrousser chemin, elle n’était sûrement pas très loin et visible. Haebin était loin de se douter qu’en fait, elle était pétrifié par la peur et attendait son retour.

Une sensation étrange gagna son corps, comme si on l’observait. Il était incapable de dire si cette présence était humaine ou non. Dans ce genre de lieu, il était autant probable de se retrouver face à un dangereux psychopathe que se retrouver face à un loup ou un ours. La première option lui semblait la plus dangereuse et il secoua la tête pour ne plus y penser.
Le Coréen rebroussa donc chemin dans l’espoir de retrouver son amie. Il se disait qu’elle ne risquait rien mais son cœur battait si fort qu’il avait l’impression que sa tête allait exploser. Il n’avait clairement pas l’habitude de paniquer autant, et surtout pas pour une fille qu’il connaissait depuis peu. Son cœur se serra doucement en imaginant le pire pour le fantôme.

Malgré la panique, Haebin ferma les yeux un instant en se disant que la sensation d’être observé était peut-être la raison qui avait fait que la plus jeune ne l’avait pas suivi. Il savait que ce n’était pas Zéplynne qui la provoquait mais plutôt quelque chose d’autre. Et si elle avait peur, elle ne serait sûrement pas visible, alors autant qu’il essaye d’utiliser son instinct animal pour la retrouver. Il avait du temps avant de se calmer et ainsi pouvoir se concentrer. Ou pouvait-elle bien être ? Elle ne lui avait pas fait faux bond pourtant.
Et puis voilà qu’il sentit cette étrange sensation, celle qu’il était incapable de décrit mai qi devait surement correspondre à l’aura de la deuxième touriste. C’était plutôt lointain mais maintenant qu’il la sentait, il serait surement capable d’aller à sa rencontre. Haebin essaya de s’orienter grâce à ce merveilleux don mais eu un brin de mal avant de se retrouver proche des arbres, sur un sentier parallèle au sien. Le Coréen était incapable de savoir où elle était mais elle était là, tout comme cette sensation de froideur qui ne cessait de s’approcher d’eux mais dont il ne se préoccupait plus.

Son cœur se serrait, et si elle n’était plus là, et si elle l’avait laissé ? Non… Il délirait.

Le voyage avait si bien commencer, à aucun moment je ne me serais doutée que la joie que j'avais ressentis depuis le début de ce dernier allait aussi vite se transformer en une peur telle que je m'étais retrouvée paralysée. Accroupis au milieu des arbres, je ne me sentais pas capable de bouger le moindre muscle. La peur, cette sensation glaciale que je ressentais m'avait pris au dépourvus et j'avais perdu Haebin des yeux. Tout était arrivée si vite, je n'aurais sans doute pas dû essayer de le retrouver. J'aurais dû rester sur place, ainsi nos chemins se seraient plus rapidement croisée. Hélas, j'avais eu cette impression que je devais absolument fuir, m'éloigner de la source de cette peur. Je m'y étais résignée, peu importe où je me trouvais, je ne pouvais pas la fuir... Tremblante et en boule, je n'avais qu'une pensée des plus étranges, Haebin. Aurais-je moins peur à ses côtés? Je me sentais bête de me demander cela et ce encore plus lorsque son nom m'échappa.

Mon coeur se serra, tendis que j'avais l'impression que des sanglots allaient bientôt m'échapper. Pourquoi je ressentais ce vide au fond de moi? Il était identique à celui de la nuit dernière... Pourquoi étais-je ainsi? Avais-je passé un peu trop de temps avec Haebin pour trouver sa présence si rassurante? C'était stupide... J'avais passé beaucoup de temps avec celui qui me considérait comme son imaginaire également, mais je ne me sentais pas vider lorsque j'étais séparée de lui, alors pourquoi étais-je comme cela avec Haebin? D'ailleurs pourquoi avait-il été la première personne à laquelle j'avais pensé dans cet état de panique?

Je serais davantage l'étau de mes bras sur mes jambes avant de fermer doucement les yeux... Et s'il ne me retrouverait jamais? Un frisson me parcourus le dos tendis que mon cœur semblait se serrer davantage. Je paniquais de plus en plus à cette pensée et ma peur se décuplait. Me considérait-il comme un fardeau à présent? Étais-je en train de gâcher ses vacances avec cette peur insensée? Après tout, personne n'était censé pouvoir me voir, non? Je me sentais stupide et particulièrement vide pour la première fois de mon existence de fantôme. Je me demandais vraiment pourquoi j'avais pu changer en si peu de temps et surtout à l'égard d'Haebin uniquement...

Au loin, je pouvais entendre des pas se rapprocher... Je fermis les yeux, retenais ma respiration qui pouvait sembler des plus inutiles avant de trembler davantage. Une voix résonna et le poids sur mon coeur disparu tendis que mes yeux s'embrumèrent. Je fixais alors la silhouette qui se tenait loin de moins. « Haebin... » Soufflais-je une fois encore en me relevant d'un bond pour m'élancer en direction de mon compagnon de route. J'avais eu la réaction typique d'une personne terrifiée qui retrouvait un ami après s'être perdue dans un lieu inconnu. Hélas, ma réaction était sans doute trop humaine. Tellement humaine que j'en avais oublié la condition de fantôme pour finalement traverser Haebin et me laisser tomber sur le sol derrière lui. « Désoler... J'avais...oublié... » Prononçais-je faiblement, les yeux embrumés et de nouveau visible.

Haebin ne savait pas depuis combien de temps Zéplynne n’était plus derrière lui. Mais pourquoi l’avait-elle abandonné alors que tout se passait bien depuis qu’il était en vacances ? Non, il avait surement dû arriver quelque chose à la demoiselle ! Le jeune homme s’inquiétait, il était incapable de savoir où elle était, même ses dons de loup-garou ne lui permettait pas de la retrouver. Certes, celui qui avait marché le matin même était utile à ce moment précis, mais il ne savait pas l’utiliser. L’animateur se maudissait de ne pas savoir utiliser ses fameux dons quand il le voulait.

Revenant sur ses pas, Haebin sentit une présence, comme s’il était observé. Il devait sûrement délirer ou c’était simplement un oiseau qui passait par là. Ah les animaux, ils se sentent traquer alors qu’il n’y a rien et c’est encore pire quand ils sont moitié-humain moitié-loup. Le jeune homme tenta cependant de se concentrer, le don qu’il avait utilisé le matin même l’aiderait à retrouver Zéplynne. Mais où pouvait-elle être ? La forêt était si grande, et son nouveau pouvoir si instable… Il se sentait déjà désespéré avant même d’avoir commencé.
Il sentit une boule se créer au creux de son estomac. Pourquoi son absence le rendait-il si mal ? Qu’est ce qui se passait dans son cerveau ? L’animateur s’obligea au calme et se concentra pour retrouver l’adolescente.

Une sensation étrange avait tout d’un coup envahit son corps. Il sentait la présence du fantôme dans les parages, pourtant, il avait du mal à savoir où elle était exactement. Rapidement, il se retrouva sur un sentier parallèle au sien, avec plus de végétation. Elle était là, il en était sûr ! Il ne put que l’appeler en espérant une réaction de sa part.
Ce fut quelques instants plus tard, lorsqu’une sensation glacé s’empara de son corps que le jeune homme se rendit compte que Plùme était bien là. Il se retourna pour apercevoir la jeune fille à genoux au sol. Son cœur se serra fort d’un seul coup. Elle avait dû vouloir le prendre dans ses bras… Il se sentait presque aussi mal qu’elle puisqu’il ne pouvait pas l’aider.

Il n’eut pas le temps de terminé sa phrase que cette atroce sensation l’attrapa de nouveau. Mais que ce passait-il ? Lorsqu’il releva la tête, il put voir seulement quelques mètres plus loin, un loup. Pourquoi la bête venait-elle si près d’eux ? Les loups étaient pourtant réputés pour être plutôt peureux… Est-ce la présence du fantôme qui le faisait réagir ainsi ou la présence d’Haebin, à la fois compatriote et ennemi juré…

Si jamais la bête était trop effrayée, elle risquait d’attaquer. Et la seule personne mangeable ici était le Coréen et Dieu savait qu’il ne voulait pas se retrouver de nouveau à l’hôpital à cause d’une blessure faite par un loup.
Cette journée s’annonçait vraiment mouvementé. En l’espace de quelques minutes, la fantômette s’était perdue et ils étaient face à un loup qui n’avait pas du tout l’air rassuré à l’idée de se retrouver face à deux êtres étranges. Vivement que la situation avance et qu’ils reprennent la voiture, car oui, tout d’un coup, son ras-le-bol de la voiture était passé ! Autant vous dire que là, il avait limite envie de fuir avec sa Mustang plutôt que de rester là.